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Vieux 08/04/2008, 16h46
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Chapitre I : Des (in)discutables qualités de médecin d'Otto Grandpieos



En ce mois de mars 180, la nouvelle a traversé le campement en quelques minutes. Bravant le froid de l’hiver qui persistait toujours à Vindobonna (*Vienne) comme un peu partout sur le continent, les hommes sortaient des tentes et se réunissaient de leur propre chef à proximité de la place centrale. Le plus bel hommage que des soldats puissent faire à leur chef, l’intimité du campement étant bien éloigné de la frénésie qu’il y eut quelques jours plus tard à Rome, où le deuil et le voyeurisme se mêleraient dans une des ces fêtes dont la ville seule avait le secret.


Vienne, son camps fortifié, ses barbares, son cadavre impérial

Pour l’heure, c’était le profond respect qui dominait. Les soldats connaissaient depuis des jours l’état de santé du vieil empereur, que l’on disait malade depuis notre arrivée au bord du Danube. J’avais facilement pronostiqué le mal terrible qui frappait César : la peste, contre laquelle seuls des offrandes faites aux Dieux étaient susceptible de les inciter à laisser encore un peu de vie dans le corps douloureux de Marc Aurèle. Hélas… leur choix avait été bien différent, et l’Empire connaît depuis un nouveau maître.

Je n’ai certes pas le temps pour m’appesantir sur l’homme que la destiné à laisser comme guide suprême de Rome. Ni le temps, ni le recul, et c’est avec ironie que je me surprends à me demander ce qu’il adviendra de notre monde. Jugez plutôt : pour la première fois, nous aurons un César né dans le pourpre. Pour la première fois, celui qui nous dirige est né avec une cuillère d’argent dans la bouche. Au choix du plus digne, nous avons eu la préférence du sang. Puisse Mercure nous éviter les folies que nous avons connues le siècle dernier ! Enfin cela ne me concerne plus, et le caractère emporté de Commode l’emmènera, lui et Rome, là où bon lui semble.

Quant à moi, cela fait maintenant 2 mois que j’ai perdu celui que je devais sauvegarder, et les quelques traces de fausse affectation que j’ai pu saisir ici ou là dans l’entourage de l’ancien empereur, ont laissé place à une grande solitude. Si, fut un temps, l’on chantait les louanges d’Otto Grandpieos, il s’agit dés lors d’un lointain souvenir, qui me semble parfois même irréel. Il n’est de plus grande honte pour un médecin que de ne pouvoir sauver ceux dont il a la charge. Il est certain qu’en ces circonstances précises, le poids que j’ai sur l’âme, je l’emporterai avec moi sur le bûcher funéraire. Si j’en ai un.

Quant aux souvenirs que je garderai, ils sont nombreux, mais l’un d’eux frappe plus encore mon esprit que tout autre – car c’est peut être là que tout avait commencé, et que tout se finit toujours … à Rome.





Nous avions mis plusieurs semaines pour remonter toute la péninsule italienne depuis notre arrivée à Brindisi, ralentis que nous étions par la colonne de soldats nous escortant, mais aussi et surtout par le peuple qui était venu acclamer son Empereur tout le long de la Via Appia.
En ce petit matin d’octobre 176, nous avions quitté l’ultime halte et le peuple présent sur les bas côtés nous pressait toujours de plus prés, dans un concert de vivas et une joie toute latine que je n’avais pas connu depuis longtemps.

L’événement était de taille, puisque nous nous approchions enfin de la métropole romaine, après une très longue absence. Il n’avait été nulle époque où un César s’était absenté aussi longtemps du cœur de l’Empire. Ainsi, alors que j’observais les visages épanouis des Romains à travers le long voilage matelassé fermant les côtés de la litière que je partageais avec ma femme et ma fille, je repensais à cette absence de prés d’un an qui avait précipité la chute de Néron, un siècle plus tôt.
Parti aux jeux de Grèce où il concourra (et remporta) toutes les épreuves réservées habituellement à des acteurs, il était revenu dans une ville noyautée par le soupçon, la peur et le complot. Deux mois après, s’en était finit de Néron, ses déclamations enflammées devant une population ennuyée et ses concours d’éloquence.

On aurait pu craindre les Romains rancuniers envers un empereur trop souvent absent. Pensez donc : Marc Aurèle, lui, n’était pas revenu à Rome depuis plus de 7 ans, un réel exploit quand on connaît le besoin vital de tout Romain de pouvoir sentir, toucher, observer César, que ce soit en flânant sur le Forum, en assistant aux Jeux ou en longeant les palais du Palatin.

Mais les raisons de César étaient nobles, et son caractère bien différent de certains de ses prédécesseurs. Nous avions tous quitté Rome en 169, après que Marc Aurèle ait présidé aux derniers hommages en la mémoire du co-empereur tout juste décédé, Lucius Verus. Durant ces 7 années, nous avions voyagé aux frontières de l’Empire, repoussant les barbares au-delà du Danube, avant de rejoindre l’Asie face à des Parthes toujours plus belliqueux. Un début de guerre civile écrasée dans l’œuf, un détour par les provinces d’Egypte et de Grèce, et déjà 7 années s’étaient enfuies, sans même que je m’en rende compte, tout à ma tâche de veiller sur la santé de César.


En sale état, quand même, l'Acropole ...


Je repoussais de la main le voile de la litière, me laissant bercer par les bruits de la foule tout autour. Ma fille ne cessait de poser des questions à sa mère concernant Rome, une ville dont elle avait presque tout oublié après une si longue absence. Dehors, le bruit s'amplifiait, et le paysage se modifiait au fur et à mesure que nous nous rapprochions de la Porte Capéne. Les champs avaient laissé place à de vastes monuments funéraires, et plus nous remontions parmi les morts, plus nous approchions des vivants.
Les tombes devenaient de plus en plus anciennes, de gigantesques mausolées protégeaient les restes de familles remontant bien avant la chute de la République, et déjà, au-delà des remparts, on distinguait les collines de Rome. Je me penchais à nouveau hors de la litière pour observer le Palatin, la colline impériale, où nous nous rendions.



Au fond, les riches édifices du Palatin assiégés par des mouettes rieuses


A l’avant du cortége, la Plèbe ne cessait d’applaudir Marc Aurèle, qui avait abandonné sa tenue militaire pour une simple toge, montrant ainsi l’homme légaliste qu’il était, tandis que son fils Commode devait certainement parader à ses côtés, avec toute la morgue dont il était capable. Cet enfant était fier comme un paon, et ce n’était pas ce que m’avait glissé à l’oreille César quelques jours plus tôt qui allait le rendre moins morveux : Commode participerait au triomphe de son père, avant d’être nommé Consul, à tout juste 17 ans.



Petit morveux deviendra Grand... j'aurais mieux fais de ne pas l'opérer de ses glaires... sale gosse !

Dernière modification par marlouf ; 08/04/2008 à 16h53.
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