Napoleon III de P. Milza

[Marco70]

Publiée en 2004, la dernière biographie de Napoleon III fera date, J'ai enfin eu le temps de la lire durant mes congés de fin d'année.

P Milza réussi un beau portrait en clair-obscur d’un des dirigeants les plus controversé de la France à l’époque contemporaine, notre dernier empereur : Napoleon III.

Dans un style accessible et sans aucune complaisance pour le personnage et la dynastie Bonaparte, il dresse une biographie complète et cherche à rendre justice des calomnies les plus communes contre Louis-Napoleon. Ainsi, au fil des pages, toute la grandeur de vue et l’œuvre modernisatrice du Second Empire se révèlent, loin des vociférations de l’exilé volontaire V. Hugo et des incartades revanchardes de la IIIeme République.

N’en reste pas moins un bilan mitigé, noirci par la terrible défaite de Sedan, les errements d’un politique étrangère aventurière et la persistance d’un climat insurrectionnel dans la vie politique française. Pis que la désastreuse guerre contre la Prusse de Bismarck, le plus grand échec de N. III fut, en effet, de ne jamais réussir le fameux consensus démocratique autour de sa personne dont il rêvait. Le césarisme trouve, d’ailleurs, avec le S.E. à la fois son plus bel aboutissement : voir les résultats des différents plébiscites y compris lors du crépuscule de 1870 et son plus retentissant fiasco, avec la chute du régime en ces quelques heures de septembre, la même année.

Entre un dynaste libéral, nouveau père bienfaiteur de la nation tel qu’il se voulut et un vulgaire opportuniste, usurpateur et épicurien tel qu’il fut –trop- souvent présenté, l’analyse ne saurait retenir qu’un grand Homme d’état prisonnier de son projet pour le pays, rongé par la maladie à la fin de son règne, qui ne pu ni ne su s’affranchir en politique des groupes d’intérêts et amenuiser les contingences idéologiques de son époque.

Pour conclure, une injustice demeure : enterré en son exil anglais avec l’Impératrice et le Prince impérial, son ultime réhabilitation ne serait-elle pas –enfin- d’offrir à un des fondateurs de la France moderne une sépulture nationale ?