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  #1  
Vieux 02/05/2008, 00h42
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Pareil... Je m'extasie.
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"Péricliter = tourner autour du clitoris" d'après "Le Dictionnaire de ceux qui ne savent pas" de Ar Sparfell
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  #2  
Vieux 02/05/2008, 14h06
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Mais où vas tu chercher tout ça... ?
Pourtant, tu ne fais pas de GPO avec les Grands Fourbes
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Ce sont les événements qui commandent aux hommes et non les hommes aux événements.
Hérodote

Rien n'arrête le progrès. Il s'arrête tout seul.
Alexandre Vialatte
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  #3  
Vieux 02/05/2008, 14h56
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Merci ! Quant aux grands fourbes, je me rappele d'une gpo à laquelle j'avais participé (peu de temps) avec justement Danton et Coelio, pleine de rebondissements
Aprés c'est vrai que l'histoire romaine est tellement riche en trahisons de toutes sortes que même en accentuant beaucoup de chose, ça semble encore crédible




Chapitre 6 : le choix de Julius Sentencius


Alors que nous quittions notre dernière halte, un courrier appris à la Cour que le Sénat s’était enfin rallié à Marc Aurèle, et fait d’Avidius Cassius un ennemi de la Nation. Tout citoyen romain avait donc le devoir de s’en prendre à Cassius par tout moyen, et son éventuel meurtrier recevrait les remerciements du Sénat. Quand je pensais à ces vieux croûtons desséchés se réunissant dans la Curie afin de prendre ce type de décisions, je ne pouvais qu’éprouver un écoeurement certain. Les Sénateurs, qui avaient autrefois fait la grandeur de Rome, n’étaient plus que l’émanation satisfaite de notables serviles qui s’étaient peu à peu déchargés de toutes leurs responsabilités sur le dos de l’empereur, faisant du Sénat un coquille vide dont je ne comprenais plus vraiment la nécessité. Etant grec, il était évident pour moi qu’une assemblée se devait d’avoir un réel pouvoir, et que la soumission des Sénateurs allait à l’encontre de ce qu’on pouvait attendre d’un tel organe.



A Rome, quand l'empereur n'est pas là, le sénat danse


Marc Aurèle n’était heureusement pas de ces hommes qui éprouvent du bonheur devant la servilité des autres, et il appela publiquement à un peu plus de clémence envers Avidius Cassius. C’est certainement là que j’ai, pour la première fois, pris en défaut l’empereur philosophe, dont le comportement par la suite sembla démentir ses belles paroles.

Nous avancions dans une région particulièrement désertique, par une chaleur étouffante, et bien que parfaitement entraînées, les légions commençaient à marquer le coup après les milliers de kilomètres franchis à une allure soutenue. Les hommes devaient certainement penser aux hommes reposés qu’ils auraient à affronter d’ici quelques jours, des Romains comme eux, qui utiliseraient les mêmes armes, les mêmes tactiques, sur un terrain qu’ils connaissaient. L’étendue de la rébellion serait déterminante, même s’il semblait de prime abord que les légions d’Arabie et de la frontière parthe n’avaient pas rejoint Cassius. Contrairement à la seule crainte qu’avait pu avoir l’empereur, ses troupes ne seraient pas en sous nombre.

C’est une nuit, alors que le campement provisoire venait d’être achevé, qu’un cavalier isolé fit irruption et, abandonnant un cheval exténué aux soins d’esclaves, demanda une audience avec l’empereur. Sa cape et ses signes distinctifs étaient ceux d’un centurion, plus précisément un officier de ce qui devait être (je l’appris par la suite) la IIéme Légion Trajana Fortis, basée à Nicopolis, à proximité d’Alexandrie. En tant que proche de l’empereur, j’eus l’opportunité d’assister à l’entrevue, de même que les officiers de Marc Aurèle, Commode et son entourage (Schnickeon, Perennis et Chal)

C’est ainsi que je découvris pour la première fois cet étrange centurion qu’était Julius Sentencius. Grand, un visage qui avait autrefois certainement du séduire nombre d’autochtones, mais qui était aujourd’hui balayé par une grande balafre, souvenir d’une bataille en Arménie, un regard décidé qui vous vrillait jusqu’à vous rendre mal à l’aise, l’homme était l’exact image que l’on pouvait se faire d’un homme sorti du rang et qui, par ses exploits militaires, avait abouti au grade envié de centurion. Reconnu et estimé par son général, Avidius Cassius, il avait pu passer devant les 59 autres centurions de la Légion pour devenir centurion primipile : en charge de la première centurie de la première manipule de la première cohorte, c’était à lui que revenait l’honneur de lancer le premier son pilum sur les troupes adverses lors d’une bataille. L’homme était ainsi reconnu comme étant le plus valeureux des hommes de la légion.



Pas de pacotille ! Cuirasse ouverte, chaine en or qui brille, je danse le Sentenzia !


Aussi les nouvelles qu’il nous apporta d’Alexandrie nous stupéfiâmes, surtout quand on connaît l’honneur des soldats et leur dévouement pour leur général, fut-il classé comme traître par le Sénat. L’histoire avait été jalonnée de légionnaires qui avaient donné leur vie pour un général parti à la conquête de Rome. Il en avait été différemment dans le cas présent, comme voulu le prouver Sentencius en déposant un sac de jute sur l’une des tables de la pièce ou nous étions tous. Marc Aurèle, qui comprit aussitôt de quoi il retournait, gratifia Sentencius d’un regard où colère et tristesse semblaient mêlés. Il quitta la pièce, tandis que nous restions encore hypnotisés par ce sac noirci par la poussière et dont nous ne pouvions désormais faire abstraction de l’odeur lancinante qui s’en dégageait. Sous le regard imperturbable de Sentencius, Schnickeon renversa le sac sur la table et recula dans un sursaut, non sans avoir laissé s’échapper un cri qu'on aurait cru celui d'une femme. Je restais paralysé, tandis que Commode se rapprochait de la table, pour mieux observer la tête sanglante d’Avidius Cassius.

Je détachais enfin les yeux du trophée morbide et remontait jusqu’au centurion Julius Sentencius. Un homme capable de décapiter froidement son supérieur, un homme capable d’assassiner celui qui l’avait mis là où il était, un homme capable de trahir l’un des plus grands vainqueurs en Orient, cet homme là, quel que soit son courage ou ses motivations, n’avait plus grand-chose d’humain.



Le général Avidius Cassius, Empereur pendant 3 mois
avant d'être décapité par un centurion un tantinet énervé...



Alors que Commode laissait percer un sourire, je sortais de la pièce avec la furieuse envie de vomir, sous le regard glacial de Schnickeon. Me mettant à courir dans les couloirs, j’essayais vainement d’échapper au rire tonitruant qui sortait de la pièce, un rire d’une rare indécence, le rire d’un maniaque en pleine extase, annonçant la fin d’un siècle de Raison.
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  #4  
Vieux 02/05/2008, 21h42
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Un petit portrait du centurion, Julius Sentencius, pour les possibles fans



Comme disait un célébre humoriste nous ayant quitté il y a 20 ans : Etonnant, non ?
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  #5  
Vieux 02/05/2008, 21h59
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C'est très bien écrit, vraiment !

Remarques :
1) Dans la GPO, Danton et moi étions de pures brebis
2) Je note une répugnance du sieur marlouf à me faire apparaitre dans ses AARS. O tempora, o mores... As tu oublié notre fraternel passé ? Ces journées que j'ai passé à te réconforter le dimanche matin pour te dire que non, tu n'étais pas anormal.... Ingratitude de la jeunesse
3) L'Augusta Agrippine a certes probablement trempé dans la mort de Claude, mais sûrement pas d'Ahenobarbus. Dire que cette pauvre dame a empoisonné ses maris me semble donc exagéré :enculeur de mouches: :gerard languedepute:
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[20:58:20] Akmar Nibelung, Gott dit:
je m'incruste pour faire genre j'ai des amis autres que les pizzas
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  #6  
Vieux 02/05/2008, 22h22
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Envoyé par Coelio
C'est très bien écrit, vraiment !

Remarques :
1) Dans la GPO, Danton et moi étions de pures brebis
2) Je note une répugnance du sieur marlouf à me faire apparaitre dans ses AARS. O tempora, o mores... As tu oublié notre fraternel passé ? Ces journées que j'ai passé à te réconforter le dimanche matin pour te dire que non, tu n'étais pas anormal.... Ingratitude de la jeunesse
3) L'Augusta Agrippine a certes probablement trempé dans la mort de Claude, mais sûrement pas d'Ahenobarbus. Dire que cette pauvre dame a empoisonné ses maris me semble donc exagéré :enculeur de mouches: :gerard languedepute:
Quelques remarques :
1) Nous n'avons pas les mêmes souvenirs
2) J'ai bien pensé à toi comme un ascéte amenant un fils de bonne famille, Jmlus, sur la voie qui fut la sienne par la suite : honni des siens, rejeté, obligé de s'enfuir en Créte... enfin j'en parlerais plus tard
3) Tiens, il me pensait qu'elle avait déjà trempé dans la disparition du premier, en utilisant les soins d'une célébre empoisonneuse de Rome... Enfin je fais parfaitement confiance à tes connaissances là dessus
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  #7  
Vieux 02/05/2008, 22h30
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Envoyé par marlouf
2) J'ai bien pensé à toi comme un ascéte amenant un fils de bonne famille, Jmlus, sur la voie qui fut la sienne par la suite : honni des siens, rejeté, obligé de s'enfuir en Créte... enfin j'en parlerais plus tard
même po vrai Vous mériteriez que je vous emmène dans un resto sympa à Lutecia tiens ...
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  #8  
Vieux 07/05/2008, 09h57
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Bon, Madounet, faudrait s'y remettre...
Je sais que ce n'est pas commode
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  #9  
Vieux 07/05/2008, 11h42
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Ouah, l'autre !
J'étais ailleurs ce week end pour le boulot, donc je n'ai pas eu le temps de m'y remettre, et je suis rentré lundi soir... mais bon la suite est tout à fait faisable d'ici ce soir.
Ce sera peut être l'occasion de découvrir le côté trés sombre d'Otto Grandpieos
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  #10  
Vieux 31/05/2008, 12h37
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Chapitre 9 : La main tendue de Schnickeon



Schnickeon reprit dans sa main la petite fiole qu’il avait posée sur la table. La manipulant doucement, il la renversa et posa son doigt sur l’orifice, comme pour y retrouver une quelconque trace d’humidité, une goutte de poison. Il reposa le récipient en nacre à proximité des feuillets écrits par Faustine.

« - Imaginons un instant, Otto, que je sois empereur. Ma femme meurt étrangement lors d’un voyage en Orient, apparemment de fatigue, alors même qu’elle était soignée par un médecin extrêmement compétent, assez compétent d’ailleurs pour m’avoir déjà sauvé plusieurs fois, là où tous pensaient la chose improbable.
Imagine donc, qu’un matin, alors que je fais appeler quelques serviteurs pour me nourrir – oh, bien frugalement, je suis un vieil homme … et bien on m’amène en plus du déjeuner une petite surprise : la correspondance écrite par ma femme à l’un de mes valeureux généraux.
Comment penses-tu que je réagirais, si j’apprenais que mon médecin personnel, celui entre les mains duquel j’ai laissé le soin de ma propre vie, lui donnant un pouvoir supérieur aux Dieux, travaillait en secret pour ma femme ? Lui dévoilait tout de mon état, mais aussi, peut être, des affaires courantes de l’Empire ? Tu as du en entendre des choses, Otto, après ces années passées auprès de l’Empereur… Et voilà soudainement qu’à l’instigation de ma femme, le meilleur de mes généraux se dresse contre moi et tente de s’emparer du pouvoir ?
Qui aurait ainsi pu tourner l’esprit d’une simple femme, sinon son médecin ?
Et comment réagirai-je en apprenant que celui que j’ai engagé pour me soigner s’occupait intimement des petits maux de Faustine, à mon insu, alors même que je croulais sous la charge de l’Etat ?
Oh, suis-je bête ! Est-ce encore un médecin ? Que devrais-je penser quand je verrais cette fiole, et que j’apprendrais que Faustine a été empoisonnée ? Tu penses que stupidement, je prendrais quelques feuillets afin d’y écrire mes lamentations ringardes à destination de la postérité ? Non, non, je sais ce que tu penses, Marc Aurèle pourrait quand même te croire, te pardonner, et estimer qu’un complot bien plus grave est ourdi en secret par d’autres de ses proches ?

Pauvre imbécile, tu ne vois pas qu’il fait traquer la famille d’Avidius à travers tout l’Empire pour les punir des agissements de Cassius ? L’Histoire sera écrite selon la magnanimité proverbiale de Marc Aurèle, alors qu’il fait assassiner tout témoin de ce complot, et que Sentencius ira débusquer jusqu’à la pointe de la Lusitanie les fils Cassius pour les égorger !
Crois moi, Otto, si tu parles, tu mourras, ta femme sera égorgée et son sang souillera les derniers instants de conscience que tu auras ! Ta fille sera violée par un légionnaire peu regardant avant d’être elle aussi massacrée, et je suis sur qu’en bon médecin, tu apprécieras de contempler le temps nécessaire à une fille de 11 ans pour se vider de son sang. Une minute ? Moins ? Ou un peu plus ?
Fais quoi que ce soit en direction de Marc Aurèle, et tu mourras. Essaie de fuir, et tu mourras.
Si tu ne nous obéis pas, je jure par les Dieux que ta famille ne te survivra pas et que ton frère Chazam finira sa vie dans une arène, les tripes étalées sur le sable. Tu veux tenter l’aventure, Otto ? Autant jouer ta vie au dés, tu aurais plus de chances de sortir gagnant !
Pauvre Otto, regarde toi, qui te croyait au dessus des autres, as-tu oublié d’où tu venais ? Tu errais dans les mêmes ruelles athéniennes que moi, et pourtant tu continues à me regarder comme si j’étais un nuisible qu’on écrase du talon ? Mais les miens te survivront, Otto, car nous sommes l’avenir ! »

Schnickeon s’arrêta, les lèvres encore enflammées par les propos qu’il avait tenus. Tout en reprenant son souffle, il prit dans ses mains les feuillets qui jonchaient la table, et les remit dans les plis de sa toge. Il se saisit également du flacon de nacre, son assurance sur mon silence. Sur un signe qu’il adressa au colosse qui se tenait toujours dans un angle de la pièce, celui-ci ouvrit la porte qui donnait sur l’extérieur, une petite cour sombre et malodorante, certainement dans un des quartiers populeux d’Alexandrie. Schnickeon jeta un dernier regard sur moi et, pour la première fois, je le vis réellement sourire, le visage de l’homme fier de la tâche accomplie. Il disparu à la suite de l’esclave, et quelques instants plus tard, j’entendais des bruits de sabots s’éloigner.

Je me levais enfin, et le vertige qui s’empara de moi n’était pas dû uniquement au coup que j’avais reçu sur la tête. Je passais la porte par laquelle était sorti Schnickeon quelques minutes plus tôt, traversais la cour et après être passé sous une petite arche, me retrouvait dans une ruelle qui ne me disait strictement rien. L’endroit parfait pour Schnickeon, qui avait fait des ruelles et impasses d’Athènes son royaume, mais où je me retrouvais particulièrement vulnérable.
Les quelques heures que je passais à errer dans ce dédale de rues obscures et désertes avant de retrouver enfin un carrefour qui me disait quelque chose, je les mis à profit pour méditer ce qui s’était dit durant cette nuit. Schnickeon avait, je l’admettais avec horreur, raison sur certains points.



Ah ouais, super, Mappy, super ...


Quel que soit le bout par lequel je prenais ce qui s’était passé depuis 3 mois, ma situation était inextricable, et ma famille potentiellement en danger. Quelques semaines auparavant, j’aurais encore pu croire en la miséricorde de Marc Aurèle, mais la nouvelle facette du personnage que je découvrais avec le véritable contrat passé sur le dos de la famille d’Avidius Cassius et exécuté par Julius Sentencius, qui se comportait là plus comme un vulgaire exécutant que comme un centurion de la Légion romaine, avait laissé des marques profondes sur l’opinion que j’avais du vieil empereur. Pour la première fois, j’avais réellement peur, au point qu’il m’arriva, certaines nuits, de ne pouvoir trouver le repos, me tournant et me retournant, fuyant un sommeil dont les promesses étaient lourdes de menaces.

Je tombais enfin sur un poste tenu par des cohortes civiles, chargées de la lutte contre les incendies, et ils m’indiquèrent le chemin à prendre pour gagner le centre de la ville. J’arrivais exténué et allait soigner les marques que je portais sur le corps et le haut du crâne. Peu avant le lever du soleil, j’allais observer ma fille qui dormait encore, regardant sa poitrine se soulever et s’abaisser au rythme de sa respiration tranquille. Une fois n’était pas coutume, j’allais me coucher dans la même pièce que celle occupée par ma femme, l’observant à la dérobée, comme si mon regard trop insistant aurait pu la réveiller. La question qui m’obséda jusqu’à ce qu’enfin je trouve le sommeil, fut bien entendu le pourquoi. Pourquoi Schnickeon me demandait de garder ainsi le silence et n’utilisait pas ce qu’il avait pour m’éliminer, moi l’exemple même du notable grec qu’il exécrait entre tous.


Les cohortes civiles chargées de la protection contre l'incendie (ici deux préposés au seau d'eau luttant contre le grand incendie de 64 à Rome)


Bien sur je fus réveillé plus tôt que prévu par les hauts cris de ma femme, qui découvrait l’étendue des ecchymoses qui me striaient le corps. Je la rassurais autant que je pus, incapable de trouver une explication valable, et elle mit certainement cela sur le compte de quelques voleurs qui avaient voulu tâter de la bourse d’un Grec. Lorsque le soir, je me rendis au repas qui ponctuait chaque journée, et où Marc Aurèle pouvait ainsi retrouver tous ses proches, quelques regards étonnés accompagnèrent mon arrivée. C’était là deuxième fois que j’arrivais à l’un de ces repas avec, en mon tréfonds, un secret caché à Marc Aurèle. Je ne fus qu’à moitié étonné lorsque l’un des favoris de Commode, Perennis, nargua mon aspect dépenaillé, sous l’œil amusé de Commode. Ils étaient dans la confidence, j’en étais presque sur. Commode avait-il en revanche la moindre idée concernant la disparition de sa mère, sur ce poison préparé par moi-même et traîtreusement confié à Faustine par Schnickeon ? Je n’en avais alors qu’une idée bien confuse, même si le personnage de Commode ne me laissait aucun doute sur son indifférence quand à la mort de Faustine. Dans les faits, celle-ci n’avait finalement pas moins qu’essayé de marginaliser son fils pour mettre le général Cassius sur le trône.
A la question qui ne manqua pas d’être posée sur la cause de mon état, et alors que la salle faisait silence en espérant saisir quelques bribes de ce qui serait colporté dehors - certainement sur le médecin grec faisant le coups de poing avec des introvertis alexandriens - j’hésitais quelques instants, avant de répondre :

- Une mauvaise chute, une mule montée par un âne…

Et tandis que les rires secouaient les convives et que Marc Aurèle souriait pour une rare fois, je songeais à l’accord que je venais de passer, par ces mots, avec Schnickeon.



Encore une soirée trés légére, avec en entrée des ravioles au foie gras de zébu sur son lit de litchis.
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