Une présentation en bonne et due forme.

[TheNaq]

Chers Franconautes,

vous m'avez accueilli parmi vous et je vous en sais un plein pot de grés. Pourtant d'aucuns se demandent "Mais qui est ce nouveau membre, dont la finesse et la subtilité transparaissent à chaque message, même quand il n'en n'écrit pas, est-il fort, le bougre ?". Et il est vrai que la bienséance pousse le nouvel arrivant à se présenter à ses pairs sans attendre (ce qui ne signifie évidemment pas montrer ses attributs virils en concours que les adolescents adorent mais que les hommes de nos âges et de nos conditions ne se permettent que sous la pression d'une alcoolémie des plus virulentes, mais qu'est-ce qu'elle est longue cette phrase, vite, refermons la parenthèse) et permet à l'impétrant de faire son propre panégyrique dans une parfaite ignorance des règles de la véracité et de la modestie.

Donc.

Je me nomme TheNaq. Ou du moins tel est le nom que je porte sur le réseau des réseaux car mon prénom est Naqdimon (version hébraïque de Nicodème [du grec Nike, la Victoire et Demos, le Peuple, et on s'étonnera après cela que je fusse de Gauche ET Républicain...]). D'habitude, l'on me surnomme Naq mais comme les noms de trois lettres sont inutilisables sur le Oueb, j'y ai adjoint le The, me permettant ce subtil jeu de mots franglais avec The Knack, film d'une grande beauté formelle et d'une crétinerie supérieure de Richard Lester, ainsi que le nom d'un groupe de Glam-rock bramant "My Sharonna“ dans les années 80, mon Dieu, mon Dieu, que ce sujet est palpitant, j'en frémis...

Alors donc.

J’ai joyeusement franchi la barre fatidique de la quarantaine depuis trois ans et si mes cheveux sont encore là, mon front avance et une calotte théorique m’attaque le sommet du crâne. Je proteste contre les fabricants de jeans qui n’arrêtent de réduire la taille de leurs pantalons, le 40 que je mettais il y a à peine dix ans ne passe plus le nombril, c’est un scandale ! En revanche, c’est quoi, cette époque de géants ? Ils veulent tous devenir basketteurs ou quoi, les jeunes de maintenant ? Dans mon adolescence, on m’a doctement expliqué que la moyenne de la population se situait aux alentours du mètre soixante-dix et par volonté égalitariste, j’en étais resté là. Et voilà que les pisse-au-lit d’aujourd’hui me bouffe tous la soupe sur la tête, c’est à se demander où est passée la bienséance qui faisait des jeunes le bâton de vieillesse de leurs ainés… Tiens, tant qu’on en parle, je dispose d’une tripotée de nièces et de neveux (plus de la vingtaine, il faut nettement admettre que ma fratrie à bien travaillé…), j’ai même une petite-nièce, ouf ! le méchant coup de bambou derrière les étiquettes ! pour moi, un grand-oncle, c’est une espèce de vieillard sentencieux et barbu que l’on invite une fois l’an pour les fêtes de famille, pas un fringant jeune homme dans mon genre… Tout ça pour dire que pour ma part, je ne me suis pas (encore, à ce jour, et selon les informations dont je dispose) reproduit et que je n’ai ni chien, ni chat, ni aucune autre chose proche du règne animal.

Ainsi donc.

Comme travail, je suis, heu…, je suis, disons, mobile, voilà, c’est ça, mobile. Alors quand on me demande quelle est ma profession, je lance “Consultant !” avec suffisamment d’aplomb pour qu’il n’y ait pas à chercher plus loin. Et qu’est-ce que je peux bien consulter, pour gagner ma vie ? En tous cas, ni les astres, ni le marc de café et encore moins les pages saumon du Figaro. Je grenouille dans les milieux plus ou moins branchouilles de l’événementiel, quand je ne glande pas dans le commerce ou que je n’essaye pas d’extorquer l’argent chèrement gagné par les entreprises en leur fourguant contre espèces sonnates et trébuchantes mes faibles connaissances en communication. Et oui, c’est vrai, encore un escroc à la petite semaine qui surnage dans le grand bocal faisandé de la comm’. Mais moi, j’ai évité le catogan, les formules à l’emporte-pièce façon Séguéla du pauvre et l’air inspiré du Communicant avec un grand C et un petit QI… Cette amusante cohorte a tendance à me faire mourir de rire. J’ai rarement vu des gens se pignoler avec une telle énergie que les tenants du bon vieux Macluhan, surtout sur des formules toutes faites et des “problématiques” là où il y a des questions et des “briefs” quand il suffit de parler volontés du client. Ce n’est même plus le snobisme de l’anglais qui se joue là, c’est un genre de potlatch, de cajun, de pidgin, de technolecte, bref vous appelez ça comme vous voulez, mais ça se résume par l’idée de masturbation intellectuelle qui permet à ces gens de se croire important, alors que souvent ils ne sont qu’importuns !

Mais donc.

Je suis un (vieux, hélas) joueur de jeux de simulations, plus sur papier que par réseau, ma première partie de Donjons et Dragons datant de 1979, ce qui, avouons-le, ne nous rajeunis pas. J’ai connu avec la crise de la trentaine un glissement du Jeu de rôle au Jeu de stratégie avec une passion non assouvie pour Europa Universalis, mais dans sa version sur table, et j’ai fait partie d’une bande de fous furieux ayant enchainé quatre parties complètes de la Grande Campagne en 13 ans, mais on va beaucoup mieux, c’est fou ce que les petites pilules roses peuvent du bien, raaahhhh, j’attaque le Pfalz, crotte, flute zut, caca boudin, j’ai craqué… Ce week-end nous fîmes un excellent GWiE (Great War in Europe), excellent, car le jeu est simple et efficace et surtout car nous poussâmes les Puissances Centrales à cesser leur lâche agression sur les Démocraties vers le mois de mars 1916, quel bonheur de préserver ainsi la belle et bonne jeunesse française et d’avoir amené le Boche à résipiscence. Encore une grande victoire de la Civilisation sur la Barbarie !

Et donc.

Je suis aimable et sympathique, d’une extrême modestie, fort peu disert, d’une timidité maladive, ainsi que vous n’aurez pas manqué de le remarquer.



Et j’adore le Chasse-Spleen.



Merci de votre attention.

Vous pouvez aller en récréation, bande de petits sacripants.