Discussion: Vos livres d'histoire
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Vieux 25/09/2008, 22h21
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Franconaute
 
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Mon livre d'histoire préféré c'est une bio :




Pas mal , très détaillé avec des citations en vieux françois , mais l'auteur prends aussi de la distance pour expliquer le déroulement de son règne , c'est gros mais ça se lit bien

Citation:
Envoyé par note de l'éditeur
Le jeune Charles de Valois a tout connu : un père fou, Charles VI ; une mère réputée traitresse, Isabeau de Bavière ; l'exil, de Paris à Bourges ; le crime, avec l'assassinat du duc de Bourgogne Jean sans Peur ; les désastres militaires. Il lui fallut sept terribles années, 1422-1429, pour recevoir la légitimité du sacre et il eut encore la contrariété, à la fin de son long règne, d'avoir son fils et héritier Louis XI comme principal adversaire.
De plus, ce sont d'autres qui en son temps captent la lumière, et lui font de l'ombre encore aujourd'hui : Jeanne d'Arc, naturellement, pour laquelle l'auteur ne nourrit guère d'admiration, Dunois, Gilles de Rais, Jacques Coeur... Pourtant, ce roi mal connu et peu populaire mérite d'être revisité. Son entêtement, sa lucidité, sa culture aussi, l'ont conduit à construire patiemment un nouveau type de royauté, et à poser les bases d'un Etat moderne. A sa mort en 1461, les Anglais ont évacué la totalité du royaume, sauf Calais, le duc de Bourgogne s'est soumis, les grands féodaux, comme le duc d'Alençon et le comte d'Armagnac, ont été liquidés, la France est redevenue la première puissance du monde. Dans une société où la superstition, la folie et le crime sont à l'œuvre comme rarement, où la vieille chevalerie s'achève en extravagances, le roi Charles garde la tête froide. Son esprit inquiet, son cœur malheureux, en dépit de ses douze enfants nés d'avec Marie d'Anjou, trouvent le réconfort et le plaisir dans la jeunesse aimante d'Agnès Sorel, la Dame de Beauté, première maitresse royale officielle de l'histoire de France.

Je vous met un extrait de la fin du bouquin pour vous en donner une idée

Tous les chroniqueurs ont souligné le contraste entre la France dont a hérité Charles VII et celle qu'ils lègue à son fils. Quel règne peut se prévaloir d'une réussite aussi éclatante ? Mais cette réussite n'a pas valu au roi la réputation à laquelle il pourrait prétendre. c'est qu'il lui a manqué ce qui dans l'opinion publique fait le héros, le grand homme : le spectaculaire, le pittoresque, le panache. Il reste dans l'ombre, tandis que sur le devant de la scène s'agitent jeanne d'Arc l'illuminée, Jacques Cœur le brillant capitaliste, Richemont, La Hire, Xaintrailles les guerriers balafrés, Gilles de Rais le diabolique, Dunois l'étincelant bâtard, Philippe le Bon le magnifique, René d'Anjou le splendide perdant, Yolande d'Aragon l'autoritaire et la toute belle Agnès Sorel. Charles VII, dans le tableau de Fouquet, semble regarder tous ces comédiens, de son air las et désabusé. Il fait pâle figure à coté de chacun d'eux, et pourtant il les dépasse tous , car beaucoup mieux qu'eux il a discerné dans quelle direction se situe l'avenir, quel est le sens ou plutôt le non-sens de toute cette agitation. Et confusement il a conscience de vivre un age de transition, de mutations, le passage de l'ère médiévale à l'ère moderne. Charles VII incarne véritablement cette époque tragique qui marque le crépuscule du Moyen Age.
...
... Le roi est toujours là, mais derrière, en retrait, spectateur de son propre règne, et il est très difficile d'évaluer la part personnelle qui lui revient dans ses réussites.
Roi étrange, qui reste une énigme, et là réside justement son intérêt. Ce personnage a su préserver son mystère, son intimité. c'est ce qui le rends fascinant et très humain. Dès sa jeunesse il a appris à dissimuler et à prendre ses distance avec la comédie humaine.Septique, timide et indécis, il est naturellement opposés à tous les matamores qui l'entourent, et ne peut avoir qu'un face aux enthousiasmes inspirés du genre de Jeanne d'Arc. Terne dans un âge de flamboyance,hésitant dans un âge d'exaltation, prudent dans un âge de témérité sceptique dans un âge de certitude, il est sans cesse en décalage avec son époque. Il n'est pas fait pour séduire ses contemporains, ni pour enflammer l'imagination des générations futures. Charles VII ne sera jamais considéré comme un "grand homme". il serait plutot l'anti-héros. par là même il est très moderne, et devrai séduire notre époque désenchantée. il n'a aucune illusion sur la nature humaine, et sa mélancolie lucide est sa plus grande qualité. Agnès Sorel fut sans doute la seule personne qui illumina son existence.

Dernière modification par jmlo ; 25/09/2008 à 22h29.
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