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Vieux 26/10/2005, 22h40
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Par défaut Recits de Batailles (par Rigolo)

Cet oeuvre a ete trouve sur le cache de benzo. Elle appartient a Rigolo qui est libre de decider ce qu'il veut en faire.




La Bataille de Londres (1640): l'échec de la Grande Armada Ottomane (sic)


à partir de la GPO4


Le contexte:

depuis les débuts du XVIème siècle, l'Europe chrétienne vivait dans la peur du Turc et la nécessité de stopper son ascencion fulgurante avait soudé la chrétienté. Cette dernière avait été lourdement battue en 1534, après une longue guerre qui avait vu la France, l'Autriche, l'Espagne et la Russie se coaliser pour lutter contre l'hydre ottomane. Cette défaite avait ouvert à Soliman une voie royale dans les Balkans, et non content d'avoir annexé la moitié de la Hongrie, ses terres s'étaient étendues jusqu'en Istrie, à quelques lieues de Venise! Les Turcs avaient également fait basculer toute l'Afrique du Nord dans leur giron au détriment de l'Espagne. Sous le gouvernement de Sokullu Mehmet Pacha, les Turcs avaient ensuite déferlé sur l'Italie et transformé Saint Pierre de Rome en Mosquée.


Carte d'Europe en 1573


A nouveau coalisée contre les Turcs dans une longue guerre indécise de 1573 à 1586, la chrétienté était parvenue pour la première fois à les limiter et à leur faire payer des indemnités de guerre... Puis, dans une Guerre Sainte de reconquête, avait libéré l'Italie après 10 nouvelles années de guerre achevées en 1610. Depuis cette date, les frontières européennes de l'Empire Ottoman étaient restées peu ou prou inchangées.


Carte d'Europe en 1649


Si les orthodoxes russes avaient très vite saisi la terrible menace que faisait peser la furie sanguinaire des Turcs et n'avait pas ménagé leurs efforts pour soutenir les catholiques, l'Angleterre avait joué depuis les années 1520 un rôle bien plus trouble. En effet, sans oser afficher publiquement la moindre accointance avec les Turcs, la très protestante Angleterre de Henri VIII, et encore plus d'Elisabeth Ière, avait établi de suivis et fructueux contacts avec la Sublime Porte. Elle renseignait les Turcs sur les intentions de la coalition chrétienne, et était pour tout dire ravie de voir les royaumes d'Europe continentale se ruiner dans leurs tentatives de limiter l'hégémonie ottomane. Durant une bonne partie du siècle, l'Angleterre avait ainsi pu coloniser des terres en Amérique et effacer les traces de la ruine dans laquelle l'interminable guerre de 100 ans l'avait plongée. Mais dès les années 1580, les Sultans rompaient leurs contacts avec l'Angleterre car ils s'étaient rendus compte que la paix et la prospérité dont elle bénéficiait depuis trop longtemps en faisaient une dangereuse ennemie potentielle. A la fin du XVIème siècle, l'Angleterre avait développé un tel réseau commercial que les revenus de son gouvernement commençaient dangereusement à se rapprocher de ceux de la Sublime Porte.

Or les Turcs ne pouvaient concevoir d'amitié qu'avec des royaumes qui leur prêtait plus ou moins allégeance et dont la puissance ne pouvait se comparer à la leur. Ainsi une véritable guerre mercantile opposa les Turcs aux Anglais et conduisit ces derniers à soutenir ouvertement les catholiques dans la guerre de 1599-1610 qui expulsa les ottomans d'Italie.

Cette défaite ottomane, la première depuis deux siècles, entraîna un véritable bouleversement diplomatique: jugeant Istanbul moins dangereuse, la France et la Russie se montrèrent moins hostiles. L'Espagne déclinait à vue d'oeil, écrasée par l'inflation, et n'avait plus les moyens d'entretenir la lutte. Quant à l'Autriche, elle était trop exposée et trop fragile pour lutter seule contre son puissant voisin et tachait surtout de se faire oublier. Tout opposait alors les deux plus grandes puissances d'Europe qu'étaient l'Empire Ottoman (malgré sa défaite, il restait le plus peuplé, le plus riche, et le plus avancé des Empires du monde connu) et l'Angleterre, qui était seule à même de rivaliser avec l'innombrable flotte turque. Leur rivalité dans les années 1610 à 1640 était :

- commerciale

La forte progression des prix des ressources économiques (non seulement exotiques, mais aussi traditionnelles comme le vin, les métaux, le sel, le poisson...) avait considérablement accru la valeur stratégique du commerce, et ces deux puissances commerciales se livraient une guerre sans merci dans toutes les villes marchandes d'Europe, tout en entretenant des embargos respectifs. L'Empire Ottoman avait ainsi usé de la diplomatie et de la menace pour amener l'Autriche et la France à placer l'Angleterre sous embargo. Il avait également annexé Ispahan et Ivoria pour en chasser définitivement les marchands anglais.

- navale

A elles deux, Londres et Istanbul détenaient près de 90% des navires de guerre opérationnels dans les flottes des grands pays d'Europe, après que les Turcs aient détruit les flottes autrichienne et espagnole lors des dernières guerres. Chacun voulait assurer à son profit le contrôle des mers et investissait lourdement dans ce domaine.

- personnelle

Les Sultans ne supportaient pas qu'un royaume chrétien puisse prétendre se hisser à leur niveau de prospérité, alors que de leur côté les anglais étaient scandalisés d'avoir fait l'objet d'un revirement d'alliance unilatéral de la part d'Istanbul. Dans un grand élan religieux, l'Angleterre se voyait comme le guide de la chrétienté et se devait de lutter contre les Turcs, reprenant en cela le flambeau d'une France épuisée d'avoir mené les trois coalitions successives qui avaient affronté les Turcs jusqu'en 1610.

Dans ce contexte qui pouvait conduire à tout moment à une guerre sans merci, un plan particulièrement audacieux avait été conçu à Istanbul: l'invasion de l'Angleterre avec la plus grande flotte qui ait jamais été construite.


LA CONSTRUCTION DE LA GRANDE ARMADA OTTOMANE


En 1637, le Sultan Murad IV ordonna que toutes les flottes turques qui patrouillaient en Méditerranée soient rassemblées au large de la Corne d'Or, et que tous les arsenaux de l'Empire soient mis à contribution pour mettre à flot le plus grand nombre possible de navires de guerre. La propagande officielle, prompte à teinter de religion tous les actes politiques et militaires de Murad IV, diffusa le mythe selon lequel le frère du Prophète en personne lui serait apparu en songe pour ordonner la construction de cette armada! Toujours est-il qu'après trois ans de laborieux efforts et grâce à la mobilisation de toutes les ressources fiscales de l'Empire, la Grande Armada comptait 430 vaisseaux, dont 230 vaisseaux de ligne et 200 galères.

Jamais une flotte aussi imposante n'avait été assemblée dans l'histoire, et la technologie navale ottomane étant à cette époque la plus avancée au monde, il semblait acquis que nul ne pourrait résister à la Grande Armada.

Pour mener à bien le projet d'invasion, 160 000 soldats et 100 canons furent chargés sur l'Armada en Mer Egée, et en 1639 elle appareilla dans le plus grand secret vers Oran, en Algérie, où elle devait se ravitailler une dernière fois avant de passer Gibraltar pour mettre le cap vers l'Angleterre...


LE VOYAGE VERS L'ANGLETERRE


La traversée de la Méditerranée se déroula sans encombre, et les 430 voiles turques abordèrent fièrement les côtes barbaresques. Hélas, quelques jours après le départ d'Oran, l'Amiral Sissaou, qui avait reçu le commandement de l'Armada, devait décéder. L'Armada se retrouvait sans amiral réellement compétent, et ce défaut de commandement allait peser lourd par la suite.

Engagée sur les flots de l'Atlantique, l'Armada qui n'était jamais sortie de Méditerranée atteignit en quelques mois les côtes de Bretagne, puis la Manche, et enfin traversa le détroit au large de Calais pour faire voile vers les côtes anglaises et l'embouchure de la Tamise. Sur les flots parfois déchainés de l'Atlantique, les Turcs perdirent bon nombre de galères, et leur flotte ne se montait plus qu'à 370 vaisseaux quand elle arriva à destination. La chance avait néanmoins favorisé les Turcs: les espagnols n'avaient pas remarqué le passage de l'immense flotte (dont ils auraient évidemment immédiatement prévenu les anglais), et les anglais n'avaient placé aucun navire de surveillance dans la Manche. Lorsque la Grande Armada jeta l'ancre face aux côtes, le gouvernement anglais fut totalement surpris, n'ayant jamais imaginé qu'un Empire dont la capitale se situait si loin oserait venir le défier sur son sol. La déclaration de guerre envoyée par les Turcs aux Anglais tomba donc comme un coup de tonnerre et secoua l'Europe toute entière.


LA BATAILLE DE LONDRES


Immédiatement, les 150 000 soldats encore opérationnels sur la Grande Armada débarquèrent à Londres. Face à eux, l'armée anglaise ne comptait que 40 000 hommes, et c'était la seule force terrestre dont disposait l'Angleterre sur son sol. Les fortifications de Londres n'avaient jamais été renforcées, aussi étaient-elles minimales, et il ne faisait aucun doute qu'un simple assaut des Turcs suffirait à enlever la ville!

Avec l'énergie du désespoir, les anglais tentèrent de faire front. Ils ne pouvaient faire sortir leur flotte de 250 vaisseaux du port, car l'abaissement provisoire des coûts de maintenance la promettait à une défaite rapide. C'est donc sur terre qu'il allait falloir lutter: immédiatement la couronne anglaise mobilisa son imposant trésor de guerre (près de 3 000 Ducats) pour lever des milices mercenaires dans les faubourgs. Ce sont ainsi 40 000 soldats supplémentaires qui furent levés en quelques jours et au cours de la bataille.

Dès le premier choc cependant, les Turcs prennent un avantage certain: un tiers de l'armée anglaise est fauché par l'artillerie amenée depuis Istanbul. Les ottomans saccagent Canterbury et progressent inexorablement. Mais peu à peu leur moral fléchit devant la résistance anglaise, car les nouveaux mercenaires que Londres embauche sans répit remplacent les pertes et ne subissent pas l'énorme attrition dont les Turcs sont victimes. Après trois semaines d'un combat sans merci, très incertain, les 35 000 anglais encore vaillants font face à 70 000 turcs assoifés de sang mais dont l'absence de progression commence à peser sur le moral. Et soudain, c'est la débâcle turque! Rompant leurs lignes, les Turcs refluent et tentent de réembarquer sur la Grande Armada qui attend toujours au large! Londres a résisté, contre toute attente, au formidable assaut!


LA DEBACLE DE LA GRANDE ARMADA


C'en est fait de la tentative turque de s'emparer de Londres dans une opération éclair. Mais le pire restait à venir, car soudain ragaillardi par ce succès qu'ils n'osaient espérer, les anglais font sortir leur flotte du port et s'attaquent à la Grande Armada pour empêcher le réembarquement de l'armée ottomane. Or bien que forte de "seulement" 250 vaisseaux (dont 75 vaisseaux de ligne), la flotte anglaise est admirablement commandée par l'Amiral Monck. Celui-ci utilise tout son savoir faire pour harceler une Grande Armada épuisée par le voyage depuis l'Algérie, qui est depuis dix mois en mer et qui comptait se ravitailler immédiatement après la prise de Londres. Galvanisés par leur succès sur terre, les anglais l'emportent sur mer, et la Grande Armada reflue en désordre vers Douvres et Calais.

Une course-poursuite sans merci s'engage alors vers le Sud, alors que les anglais achèvent de disperser les restes de l'armée ottomane qui a du rester à terre en Grande-Bretagne. La flotte de Monck poursuit ainsi l'Armada Ottomane dans l'Atlantique jusqu'aux côtes espagnoles. Dans un ultime sursaut, les Turcs parviennent à battre (enfin!) la flotte anglaise au large de Séville. Quelques semaines plus tard, les 170 vaisseaux survivants accostent à Oran après un an et demi de navigation sans escale, ayant laissé près de 300 vaisseaux dans l'Atlantique et l'intégralité de l'armée de 160 000 hommes qui devait envahir la Grande-Bretagne. Jamais l'Empire Ottoman n'avait connu pareil désastre!

Quelques mois plus tard, les Anglais signaient la paix en prélevant en outre 400 Ducats sur le trésor turc, ajoutant à l'humiliation de l'entreprise qui devait sonner le glas de la puissance anglaise.


LES CONSEQUENCES DE LA DEFAITE DE LA GRANDE ARMADA OTTOMANE


Jamais au cours des décennies suivantes les Turcs ne devaient retrouver la prééminence navale que la Grande Armada leur avait donné, et leur flotte de Méditerranée serait désormais réduite - et même inférieure à ce qu'elle était avant 1637! N'ayant plus ni les moyens ni la volonté de reconstruire une pareille flotte, les Turcs reconnurent plus ou moins qu'ils ne domineraient pas incontestablement les mers, et se concentrèrent sur leur puissance terrestre.

Quant à l'Angleterre, elle réhaussa nettement son prestige et son bellicisme vis à vis des Turcs s'en trouva accru. Elle allait alors oeuvrer dans les années suivantes à monter une nouvelle coalition contre les turcs pour tenter de leur infliger une défaire décisive. Elle devait alors trouver une oreille attentive dans de nombreux royaumes las de subir les diktats ottomans, et notamment en Russie, en Autriche et en Espagne...

La perte du contrôle maritime face à l'Angleterre devait d'ailleurs s'avérer particulièrement grave lors de la guerre qui éclata en 1660 après que l'Angleterre ait réussi à monter contre la Sublime Porte une coalition regroupant toutes les grandes puissances chrétiennes, sauf la France de Louis XIV. Une guerre qui allait durer plus de 20 ans et constituer le plus grand conflit que le monde ait jamais connu... Mais ceci est une autre histoire
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AAR Turquie HoI2 - L'Empire Ottoman est il vraiment mort ?

Malraux et De Gaulle sont dans dans les toilettes de la Comédie Française, durant l'entracte d'une représentation de théatre, chacun face à une pissotière.
Malraux, se tournant vers De Gaulle :
"- Belle pièce hein Mon Général ?
- Malraux, regardez devant vous !"

Dernière modification par Dandy ; 27/10/2005 à 00h32.
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