Franconaute  

Précédent   Franconaute > Jeux Paradox > Europa Universalis > Europa universalis 2 > AAR EUII

Notices

Réponse
 
Outils de la discussion Modes d'affichage
  #1  
Vieux 26/10/2005, 23h40
Avatar de Dandy
Dandy Dandy est déconnecté
Eminence oisive
 
Date d'inscription: août 2005
Localisation: Paris
Messages: 1 711
Par défaut Recits de Batailles (par Rigolo)

Cet oeuvre a ete trouve sur le cache de benzo. Elle appartient a Rigolo qui est libre de decider ce qu'il veut en faire.




La Bataille de Londres (1640): l'échec de la Grande Armada Ottomane (sic)


à partir de la GPO4


Le contexte:

depuis les débuts du XVIème siècle, l'Europe chrétienne vivait dans la peur du Turc et la nécessité de stopper son ascencion fulgurante avait soudé la chrétienté. Cette dernière avait été lourdement battue en 1534, après une longue guerre qui avait vu la France, l'Autriche, l'Espagne et la Russie se coaliser pour lutter contre l'hydre ottomane. Cette défaite avait ouvert à Soliman une voie royale dans les Balkans, et non content d'avoir annexé la moitié de la Hongrie, ses terres s'étaient étendues jusqu'en Istrie, à quelques lieues de Venise! Les Turcs avaient également fait basculer toute l'Afrique du Nord dans leur giron au détriment de l'Espagne. Sous le gouvernement de Sokullu Mehmet Pacha, les Turcs avaient ensuite déferlé sur l'Italie et transformé Saint Pierre de Rome en Mosquée.


Carte d'Europe en 1573


A nouveau coalisée contre les Turcs dans une longue guerre indécise de 1573 à 1586, la chrétienté était parvenue pour la première fois à les limiter et à leur faire payer des indemnités de guerre... Puis, dans une Guerre Sainte de reconquête, avait libéré l'Italie après 10 nouvelles années de guerre achevées en 1610. Depuis cette date, les frontières européennes de l'Empire Ottoman étaient restées peu ou prou inchangées.


Carte d'Europe en 1649


Si les orthodoxes russes avaient très vite saisi la terrible menace que faisait peser la furie sanguinaire des Turcs et n'avait pas ménagé leurs efforts pour soutenir les catholiques, l'Angleterre avait joué depuis les années 1520 un rôle bien plus trouble. En effet, sans oser afficher publiquement la moindre accointance avec les Turcs, la très protestante Angleterre de Henri VIII, et encore plus d'Elisabeth Ière, avait établi de suivis et fructueux contacts avec la Sublime Porte. Elle renseignait les Turcs sur les intentions de la coalition chrétienne, et était pour tout dire ravie de voir les royaumes d'Europe continentale se ruiner dans leurs tentatives de limiter l'hégémonie ottomane. Durant une bonne partie du siècle, l'Angleterre avait ainsi pu coloniser des terres en Amérique et effacer les traces de la ruine dans laquelle l'interminable guerre de 100 ans l'avait plongée. Mais dès les années 1580, les Sultans rompaient leurs contacts avec l'Angleterre car ils s'étaient rendus compte que la paix et la prospérité dont elle bénéficiait depuis trop longtemps en faisaient une dangereuse ennemie potentielle. A la fin du XVIème siècle, l'Angleterre avait développé un tel réseau commercial que les revenus de son gouvernement commençaient dangereusement à se rapprocher de ceux de la Sublime Porte.

Or les Turcs ne pouvaient concevoir d'amitié qu'avec des royaumes qui leur prêtait plus ou moins allégeance et dont la puissance ne pouvait se comparer à la leur. Ainsi une véritable guerre mercantile opposa les Turcs aux Anglais et conduisit ces derniers à soutenir ouvertement les catholiques dans la guerre de 1599-1610 qui expulsa les ottomans d'Italie.

Cette défaite ottomane, la première depuis deux siècles, entraîna un véritable bouleversement diplomatique: jugeant Istanbul moins dangereuse, la France et la Russie se montrèrent moins hostiles. L'Espagne déclinait à vue d'oeil, écrasée par l'inflation, et n'avait plus les moyens d'entretenir la lutte. Quant à l'Autriche, elle était trop exposée et trop fragile pour lutter seule contre son puissant voisin et tachait surtout de se faire oublier. Tout opposait alors les deux plus grandes puissances d'Europe qu'étaient l'Empire Ottoman (malgré sa défaite, il restait le plus peuplé, le plus riche, et le plus avancé des Empires du monde connu) et l'Angleterre, qui était seule à même de rivaliser avec l'innombrable flotte turque. Leur rivalité dans les années 1610 à 1640 était :

- commerciale

La forte progression des prix des ressources économiques (non seulement exotiques, mais aussi traditionnelles comme le vin, les métaux, le sel, le poisson...) avait considérablement accru la valeur stratégique du commerce, et ces deux puissances commerciales se livraient une guerre sans merci dans toutes les villes marchandes d'Europe, tout en entretenant des embargos respectifs. L'Empire Ottoman avait ainsi usé de la diplomatie et de la menace pour amener l'Autriche et la France à placer l'Angleterre sous embargo. Il avait également annexé Ispahan et Ivoria pour en chasser définitivement les marchands anglais.

- navale

A elles deux, Londres et Istanbul détenaient près de 90% des navires de guerre opérationnels dans les flottes des grands pays d'Europe, après que les Turcs aient détruit les flottes autrichienne et espagnole lors des dernières guerres. Chacun voulait assurer à son profit le contrôle des mers et investissait lourdement dans ce domaine.

- personnelle

Les Sultans ne supportaient pas qu'un royaume chrétien puisse prétendre se hisser à leur niveau de prospérité, alors que de leur côté les anglais étaient scandalisés d'avoir fait l'objet d'un revirement d'alliance unilatéral de la part d'Istanbul. Dans un grand élan religieux, l'Angleterre se voyait comme le guide de la chrétienté et se devait de lutter contre les Turcs, reprenant en cela le flambeau d'une France épuisée d'avoir mené les trois coalitions successives qui avaient affronté les Turcs jusqu'en 1610.

Dans ce contexte qui pouvait conduire à tout moment à une guerre sans merci, un plan particulièrement audacieux avait été conçu à Istanbul: l'invasion de l'Angleterre avec la plus grande flotte qui ait jamais été construite.


LA CONSTRUCTION DE LA GRANDE ARMADA OTTOMANE


En 1637, le Sultan Murad IV ordonna que toutes les flottes turques qui patrouillaient en Méditerranée soient rassemblées au large de la Corne d'Or, et que tous les arsenaux de l'Empire soient mis à contribution pour mettre à flot le plus grand nombre possible de navires de guerre. La propagande officielle, prompte à teinter de religion tous les actes politiques et militaires de Murad IV, diffusa le mythe selon lequel le frère du Prophète en personne lui serait apparu en songe pour ordonner la construction de cette armada! Toujours est-il qu'après trois ans de laborieux efforts et grâce à la mobilisation de toutes les ressources fiscales de l'Empire, la Grande Armada comptait 430 vaisseaux, dont 230 vaisseaux de ligne et 200 galères.

Jamais une flotte aussi imposante n'avait été assemblée dans l'histoire, et la technologie navale ottomane étant à cette époque la plus avancée au monde, il semblait acquis que nul ne pourrait résister à la Grande Armada.

Pour mener à bien le projet d'invasion, 160 000 soldats et 100 canons furent chargés sur l'Armada en Mer Egée, et en 1639 elle appareilla dans le plus grand secret vers Oran, en Algérie, où elle devait se ravitailler une dernière fois avant de passer Gibraltar pour mettre le cap vers l'Angleterre...


LE VOYAGE VERS L'ANGLETERRE


La traversée de la Méditerranée se déroula sans encombre, et les 430 voiles turques abordèrent fièrement les côtes barbaresques. Hélas, quelques jours après le départ d'Oran, l'Amiral Sissaou, qui avait reçu le commandement de l'Armada, devait décéder. L'Armada se retrouvait sans amiral réellement compétent, et ce défaut de commandement allait peser lourd par la suite.

Engagée sur les flots de l'Atlantique, l'Armada qui n'était jamais sortie de Méditerranée atteignit en quelques mois les côtes de Bretagne, puis la Manche, et enfin traversa le détroit au large de Calais pour faire voile vers les côtes anglaises et l'embouchure de la Tamise. Sur les flots parfois déchainés de l'Atlantique, les Turcs perdirent bon nombre de galères, et leur flotte ne se montait plus qu'à 370 vaisseaux quand elle arriva à destination. La chance avait néanmoins favorisé les Turcs: les espagnols n'avaient pas remarqué le passage de l'immense flotte (dont ils auraient évidemment immédiatement prévenu les anglais), et les anglais n'avaient placé aucun navire de surveillance dans la Manche. Lorsque la Grande Armada jeta l'ancre face aux côtes, le gouvernement anglais fut totalement surpris, n'ayant jamais imaginé qu'un Empire dont la capitale se situait si loin oserait venir le défier sur son sol. La déclaration de guerre envoyée par les Turcs aux Anglais tomba donc comme un coup de tonnerre et secoua l'Europe toute entière.


LA BATAILLE DE LONDRES


Immédiatement, les 150 000 soldats encore opérationnels sur la Grande Armada débarquèrent à Londres. Face à eux, l'armée anglaise ne comptait que 40 000 hommes, et c'était la seule force terrestre dont disposait l'Angleterre sur son sol. Les fortifications de Londres n'avaient jamais été renforcées, aussi étaient-elles minimales, et il ne faisait aucun doute qu'un simple assaut des Turcs suffirait à enlever la ville!

Avec l'énergie du désespoir, les anglais tentèrent de faire front. Ils ne pouvaient faire sortir leur flotte de 250 vaisseaux du port, car l'abaissement provisoire des coûts de maintenance la promettait à une défaite rapide. C'est donc sur terre qu'il allait falloir lutter: immédiatement la couronne anglaise mobilisa son imposant trésor de guerre (près de 3 000 Ducats) pour lever des milices mercenaires dans les faubourgs. Ce sont ainsi 40 000 soldats supplémentaires qui furent levés en quelques jours et au cours de la bataille.

Dès le premier choc cependant, les Turcs prennent un avantage certain: un tiers de l'armée anglaise est fauché par l'artillerie amenée depuis Istanbul. Les ottomans saccagent Canterbury et progressent inexorablement. Mais peu à peu leur moral fléchit devant la résistance anglaise, car les nouveaux mercenaires que Londres embauche sans répit remplacent les pertes et ne subissent pas l'énorme attrition dont les Turcs sont victimes. Après trois semaines d'un combat sans merci, très incertain, les 35 000 anglais encore vaillants font face à 70 000 turcs assoifés de sang mais dont l'absence de progression commence à peser sur le moral. Et soudain, c'est la débâcle turque! Rompant leurs lignes, les Turcs refluent et tentent de réembarquer sur la Grande Armada qui attend toujours au large! Londres a résisté, contre toute attente, au formidable assaut!


LA DEBACLE DE LA GRANDE ARMADA


C'en est fait de la tentative turque de s'emparer de Londres dans une opération éclair. Mais le pire restait à venir, car soudain ragaillardi par ce succès qu'ils n'osaient espérer, les anglais font sortir leur flotte du port et s'attaquent à la Grande Armada pour empêcher le réembarquement de l'armée ottomane. Or bien que forte de "seulement" 250 vaisseaux (dont 75 vaisseaux de ligne), la flotte anglaise est admirablement commandée par l'Amiral Monck. Celui-ci utilise tout son savoir faire pour harceler une Grande Armada épuisée par le voyage depuis l'Algérie, qui est depuis dix mois en mer et qui comptait se ravitailler immédiatement après la prise de Londres. Galvanisés par leur succès sur terre, les anglais l'emportent sur mer, et la Grande Armada reflue en désordre vers Douvres et Calais.

Une course-poursuite sans merci s'engage alors vers le Sud, alors que les anglais achèvent de disperser les restes de l'armée ottomane qui a du rester à terre en Grande-Bretagne. La flotte de Monck poursuit ainsi l'Armada Ottomane dans l'Atlantique jusqu'aux côtes espagnoles. Dans un ultime sursaut, les Turcs parviennent à battre (enfin!) la flotte anglaise au large de Séville. Quelques semaines plus tard, les 170 vaisseaux survivants accostent à Oran après un an et demi de navigation sans escale, ayant laissé près de 300 vaisseaux dans l'Atlantique et l'intégralité de l'armée de 160 000 hommes qui devait envahir la Grande-Bretagne. Jamais l'Empire Ottoman n'avait connu pareil désastre!

Quelques mois plus tard, les Anglais signaient la paix en prélevant en outre 400 Ducats sur le trésor turc, ajoutant à l'humiliation de l'entreprise qui devait sonner le glas de la puissance anglaise.


LES CONSEQUENCES DE LA DEFAITE DE LA GRANDE ARMADA OTTOMANE


Jamais au cours des décennies suivantes les Turcs ne devaient retrouver la prééminence navale que la Grande Armada leur avait donné, et leur flotte de Méditerranée serait désormais réduite - et même inférieure à ce qu'elle était avant 1637! N'ayant plus ni les moyens ni la volonté de reconstruire une pareille flotte, les Turcs reconnurent plus ou moins qu'ils ne domineraient pas incontestablement les mers, et se concentrèrent sur leur puissance terrestre.

Quant à l'Angleterre, elle réhaussa nettement son prestige et son bellicisme vis à vis des Turcs s'en trouva accru. Elle allait alors oeuvrer dans les années suivantes à monter une nouvelle coalition contre les turcs pour tenter de leur infliger une défaire décisive. Elle devait alors trouver une oreille attentive dans de nombreux royaumes las de subir les diktats ottomans, et notamment en Russie, en Autriche et en Espagne...

La perte du contrôle maritime face à l'Angleterre devait d'ailleurs s'avérer particulièrement grave lors de la guerre qui éclata en 1660 après que l'Angleterre ait réussi à monter contre la Sublime Porte une coalition regroupant toutes les grandes puissances chrétiennes, sauf la France de Louis XIV. Une guerre qui allait durer plus de 20 ans et constituer le plus grand conflit que le monde ait jamais connu... Mais ceci est une autre histoire
__________________
AAR Turquie HoI2 - L'Empire Ottoman est il vraiment mort ?

Malraux et De Gaulle sont dans dans les toilettes de la Comédie Française, durant l'entracte d'une représentation de théatre, chacun face à une pissotière.
Malraux, se tournant vers De Gaulle :
"- Belle pièce hein Mon Général ?
- Malraux, regardez devant vous !"

Dernière modification par Dandy ; 27/10/2005 à 01h32.
Réponse avec citation
  #2  
Vieux 26/10/2005, 23h41
Avatar de Dandy
Dandy Dandy est déconnecté
Eminence oisive
 
Date d'inscription: août 2005
Localisation: Paris
Messages: 1 711
Par défaut

Cet oeuvre a ete trouve sur le cache de benzo. Elle appartient a Rigolo qui est libre de decider ce qu'il veut en faire.



LA BATAILLE DE VLISSINGEN (1589): LA REVANCHE DES HABSBOURGS SUR LA FRANCE
:vtff2:


à partir de la GPO10


Le contexte:

L'Europe avait été agitée de conflits meurtriers dans la première moitié du XVIème siècle, et l'une des raisons principales en avait été la volonté d'expansion française sur les terres de Bourgogne... Non pas seulement sur les territoires limitrophes du royaume de France, mais également sur l'intégralité des Pays-Bas.

Dès 1492, le royaume de France violait ouvertement le Traité de Senlis et réclamait la Franche-Comté et l'Artois, deux terres d'Empire que l'Empereur Maximilien ne pouvait évidemment pas accepter de lui laisser, et ce d'autant plus qu'elles lui appartenaient personnellement. Les années 1492-1520 avaient été l'époque de tous les périls pour l'Archiduché d'Autriche: rapidement brouillé avec la Pologne qui ne cessait de vouloir s'étendre dans le Saint Empire et avait annexé la Pomméranie, observé de façon malveillante par le Sultan Ottoman, Maximilien de Habsbourg avait pourtant su naviguer à vue et éviter un conflit meurtrier tout en développant ses terres:

- maintenant d'excellentes relations avec l'Espagne, il disposait d'un contrepoids dissuasif en cas d'attaque française. Maximilien avait également cultivé l'amitié de l'Angleterre, qui rencontrait de la part de la France des récriminations identiques sur Calais.

- alors que la Pologne et la France, unies dans leur aversion des Habsbourgs, avait pris langue et presque constitué une alliance, il était parvenu avec l'aide de son fidèle conseiller le Marquis von Rig-Holen à rompre leurs relations en conduisant la Pologne à trahir la France par des manoeuvres diplomatiques d'une habileté presque surhumaine ( ouais, je me lâche là :petard: ).

- ne ménageant pas ses efforts diplomatiques, il avait vassalisé dès 1510 la Bohême, dès 1515 la Hongrie, et avait adjoint à ses terres essentiellement par diplomatie le Duché de Saxe et le Margraviat de Brandebourg. S'assurant ainsi le contrôle de 4 des 7 voix au Collège électoral du Saint Empire, Maximilien avait définitivement installé la dignité impériale dans sa famille - certaines mauvaises langues, notamment françaises, disaient même qu'il l'avait dévoyée et détournée à son profit.


La France et la Pologne en avaient conçu une rage et une haine presque indescriptibles, et regardaient avec angoisse se constituer au coeur du Saint Empire une puissance centralisée qui leur était ouvertement hostile. Dès 1500, la Pologne avait fait l'objet d'avertissements sans détours de Vienne, et était susceptible d'être ataquée à tout moment; elle devait donc entretenir une armée trop nombreuse qui ruinait son économie alors que, en faisant traîner les choses, l'Autriche prospérait de l'autre côté de la frontière. Cette inquiétude se changea en fureur lorsque Maximilien mourut et que son fils Charles - bien vite surnommé Charles Quint - monta sur les trônes d'Espagne, de Bourgogne et d'Autriche (et par là même potentiellement ceux de Bohême, de Hongrie, sur le trône impérial, et sur toutes les terres qu'il ne manquerait pas de conquérir. Ainsi apparaissait, compte tenu de l'indéfectible alliance de l'Autriche et de l'Espagne, une puissance européenne telle qu'on n'en n'avait encore jamais vu.

La prise de conscience du danger que pouvait représenter les Habsbourgs fit bien vite basculer les Turcs et les Anglais contre eux. Les Turcs convoitaient la Hongrie, et savaient qu'en vertu d'un accord avec le parlement hongrois, la couronne reviendrait au frère de Charles de Habsbourg (l'Archiduc Ferdinand) dès la mort du roi Lajos. Ainsi ils devaient agir vite s'ils voulaient mettre la main sur la plaine magyare. Les Anglais, à qui la perfidie et le goût de la trahison servent de nature , commençaient par ailleurs à redouter la puissance coloniale espagnole, et virent là l'occasion de ravager le domaine colonial du plus riche royaume d'Europe. Ainsi en 1521, quand Charles Quint parvint à coiffer la couronne de Bohême par la persuasion et les voies diplomatiques, une vaste offensive débuta contre lui et provoqua en quelques années la ruine totale de l'Autriche... La paix de Paris de 1532 amputait l'Autriche de toute la Bourgogne, Pays-Bas compris, au profit de la France, et de provinces en Allemagne du Nord au profit de la Pologne. Par ailleurs, les Turcs et les Polonais s'étaient partagé la Hongrie, et en 1526 Charles Quint n'avait hérité que de Budapest (lol), coupé de son territoire par le Presburg polonais. Enfin, la Bavière et d'autres princes allemands avaient attaqué une Autriche n'ayant plus d'armée dans les années 1520 et lui avaient arraché des lambeaux de territoire.


La Carte de l'Europe en 1532 après le Traite de Paris


Quant à l'Angleterre, elle recevait le prix de sa trahison en prenant des colonies à l'Espagne, qui n'avait pas démérité pendant la guerre mais s'était avérée incapable d'empêcher la déroute en Europe Centrale.

Ruinés car ils avaient fait banqueroute pendant la guerre, humiliés, écoeurés et réduits à l'état de royaume chancelant n'ayant plus de moyens, les Habsbourgs de Vienne allaient passer plus de cinquante ans à patiemment et opiniâtrement reconstruire leur domaine. La double rivalité avec la France et la Pologne s'avérait invivable pour Vienne, aussi un spectaculaire rapprochement diplomatique eut-il lieu avec Cracovie. L'Autriche et la Pologne s'alliaient pour constituer le "Nouveau Saint Empire Romain Catholique", une étroite alliance englobant tout le Saint Empire plus la Pologne et la Lituanie! La vocation de cette alliance était de défendre le catholicisme face aux périls de l'Islam et de la soit-disant réforme qui se répandait comme une traînée de poudre en Europe.

La reconstruction autrichienne fut tout aussi spectaculaire qu'avait été son effondrement. En cinquante ans, grâce aux accords avec la Pologne et grâce à l'habile diplomatie de ses dirigeants, l'Autriche récupérait une bonne part de ses territoires allemands, trouvait en l'Italie une zone d'influence sur laquelle elle était maintenant la puissance dominante, absorbait la Bavière qui lui avait tant porté tort, et dépassait tous les autres royaumes par la modernité et la qualité de ses armées.


L'Europe dans les années 1580


C'était désormais la France qui faisait figure d'épouvantail en Europe, et celle-ci s'était alliée avec les plus grands ennemis du catholicisme: le Sultan Ottoman et les Tsars de Russie (pour prendre à revers l'alliance austro-polonaise). Ainsi, à la fin des années 1580, l'Europe était-elle au bord de la guerre, et la diplomatie toujours très active de Vienne tentait de faire basculer dans son camp le royaume d'Angleterre tout en ménageant son alliance privilégiée avec Philippe II d'Espagne et avec la Pologne. L'Autriche avait soif de revanche contre la France et ne devait pas tarder à trouver un bon prétexte pour l'attaquer.

Dans les années 1570, une guerre fait rage entre la Pologne et la Russie, mais c'est presque toute l'Europe qui est derrière ce conflit car la Pologne reçoit des aides et des subsides de l'Espagne et de l'Autriche alors que la France et l'Empire Ottoman subventionnent lourdement Moscou. La nette victoire de la Pologne dans ce conflit, qui ne fut pas loin de prendre des proportions plus larges, réhausse le prestige du Saint Empire Romain Catholique et donne confiance aux Habsbourgs.

Dès 1560, la France avait du donner leur indépendance aux Pays-Bas, tout en les maintenant dans un statut de vassalité. Or ceux-ci s'étaient étendu dans le Saint Empire et avaient annexé l'Oldenbourg et Hanovre. Une attitude intolérable pour Rodolphe II, qui depuis son château de Prague réclama auprès de la France le droit de mener une campagne contre son vassal et allié batave pour adjoindre ces deux territoires à ses propres terres. Refus catégorique de la France, qui voit bien quelles intentions se cachent derrière cette provocation.

De part et d'autre, les insultes à peine voilées par le langage diplomatique pleuvent entre la France et l'Autriche, et en 1588, après une mobilisation générale dans toutes les campagnes, Rodolphe II déclare la guerre aux Pays-Bas. Ceux-ci appellent leurs alliés français à la rescousse: c'est la guerre entre les deux plus grandes puissances continentales.


LA BATAILLE DE VLISSINGEN


phase 1: capture de la ville et repli stratégique

Nul n'a oublié à Vienne les tourments dans lesquels, 50 ans plus tôt, la coalition menée par la France a plongé tout le pays. 37 000 autrichiens font marche à travers l'Allemagne rhénane, la fleur au fusil, vers la capitale hollandaise située en Zélande, précisément dans la ville de Vlissingen. Ils y défont sans difficulté un petit contingent hollandais, puis lancent l'assaut contre les murailles et capturent la ville en quelques jours. Mais leur euphorie est de courte durée, car du haut des maigres remparts de la capitale, ils voient brusquement arriver une armée française qui occupe tout l'horizon! La France a dépêché une armée de 100 000 hommes, essentiellement de la cavalerie, qui a traversé la Flandres et va maintenant contre-attaquer pour défendre son allié!

Il est trop tard pour fuir et se replier sur Cologne, car la lourde artillerie impériale ralentit les troupes autrichiennes: il n'est donc aucune autre solution que de livrer combat, et il faudra le faire à 1 contre 3 (l'armée d'Autriche compte encore 35 000 hommes). C'est là que la modernité des armées impériales va peser de tout son poids: les immenses armées de cavalerie française avaient balayé les troupes autrichiennes 60 ans plus tôt, mais les grands progrès réalisés dans le maniement des arquebuses et des bouches à feu allaient permettre de faire une grande saignée dans les troupes à l'étendard fleurdelysé. De plus, les terrains marécageux de la Zélande conviennent fort mal aux cavaliers français qui s'embourbent et mettent un temps infini à atteindre les lignes autrichiennes, qui ont pendant ce temps tout latitude pour les arroser d'un déluge de feu. 30 000 français tombent pendant la bataille, et lorsque les français atteignent les lignes impériales, seuls 14 000 soldats autrichiens sont perdus avant que le signal de la retraite vers Cologne ne soit donné.

phase 2: la contre-attaque autrichienne

Les troupes d'Autriche se retirent donc du champs de bataille et rallient rapidement Cologne, où elles prennent quelques repos. Mais d'excellentes nouvelles leur parviennent bientôt: dans la précipitation, l'armée française a tenté de lancer l'assaut sur Vlissingen pour reprendre immédiatement la ville, et n'ayant que fort peu d'infanterie, elle a échoué lamentablement face à la garnison qui tient la capitale hollandaise. Ainsi, démoralisés et hagards, 65 000 cavaliers français errent devant les fortifications épuisées. Avec une intrépidité alimentée par la soif de répandre le sang français, les autrichiens font à nouveau marche vers la Zélande, et y surprennent quelques jours plus tard une armée française toujours aussi peu enthousiaste. 21 000 autrichiens font face à 65 000 français: la règle du 1 contre 3 n'a pas changé, mais les autrichiens ont pour eux un moral d'acier alors que les français ne pensent qu'à la fuite. Leur charge de cavalerie est sans entrain, et à nouveau la mitraille s'abat sur eux, et cette fois brise leur élan. 20 000 français trouvent la mort contre seulement 6 000 autrichiens: la supériorité militaire de l'Autriche est démontrée et l'armée ennemie bat en retraite vers le nord, coupée de la France.

Les troupes impériales ont remporté leur plus belle victoire, et Paris interloquée réalise que le contingent de 100 000 hommes qu'elle avait envoyé à grands frais pour défendre les Pays-Bas a été laminé et repoussé par une armée autrichienne trois fois moins nombreuse.


L'APOGEE DES HABSBOURGS


Outre la décisive victoire de Vlissingen, d'autres troupes autrichiennes se sont illustrées en prenant Hanovre sur les hollandais et en tentant une attaque en Lorraine qui a été couronnée de succès et a permis d'enlever cette province aux français. PLus au sud, la garnison française qui défendait le port de Gênes a été détruite par l'armée autrichienne venue de Milan, et la cité est désormais sur le point de se rendre aux impériaux. Sûre d'elle quelques mois plus tôt, la France découvre brutalement que ses armées ne sont plus au niveau, et par ailleurs les anglais sont entrés en guerre et ravagent ses colonies, alors que les espagnols massent des troupes à sa frontière sud. La France ne souhaite pas faire dégénérer un conflit mal engagé en y faisant rentrer ses propres alliés, et concèdera quelques mois plus tard une victoire sans équivoque à l'Autriche:

- elle lui cède la riche ville marchande de Gênes, qui donne à l'Autriche le contrôle intégral de l'Italie du Nord et renonce ainsi à peser en Italie

- elle doit accepter la prise par l'Autriche de l'Oldenbourg et de Hanovre au détriment des Hollandais.

Ainsi, grâce à la victoire de Vlissingen, les autrichiens tirent enfin vengeance de leurs humiliations passées et affaiblissent la France. La puissance des Habsbourgs de Vienne atteint son apogée...
__________________
AAR Turquie HoI2 - L'Empire Ottoman est il vraiment mort ?

Malraux et De Gaulle sont dans dans les toilettes de la Comédie Française, durant l'entracte d'une représentation de théatre, chacun face à une pissotière.
Malraux, se tournant vers De Gaulle :
"- Belle pièce hein Mon Général ?
- Malraux, regardez devant vous !"

Dernière modification par Dandy ; 27/10/2005 à 01h33.
Réponse avec citation
  #3  
Vieux 26/10/2005, 23h42
Avatar de Coelio
Coelio Coelio est déconnecté
Archevêque du Rebus
 
Date d'inscription: août 2005
Localisation: Dans l'éclat de mes conquêtes
Messages: 5 055
Par défaut

Et c'est reparti pour un tour sur la vigie
__________________

[20:58:20] Akmar Nibelung, Gott dit:
je m'incruste pour faire genre j'ai des amis autres que les pizzas
Réponse avec citation
  #4  
Vieux 26/10/2005, 23h44
Avatar de Dandy
Dandy Dandy est déconnecté
Eminence oisive
 
Date d'inscription: août 2005
Localisation: Paris
Messages: 1 711
Par défaut

Merci Coelio pour ce boulot
__________________
AAR Turquie HoI2 - L'Empire Ottoman est il vraiment mort ?

Malraux et De Gaulle sont dans dans les toilettes de la Comédie Française, durant l'entracte d'une représentation de théatre, chacun face à une pissotière.
Malraux, se tournant vers De Gaulle :
"- Belle pièce hein Mon Général ?
- Malraux, regardez devant vous !"
Réponse avec citation
  #5  
Vieux 14/06/2007, 15h36
Rigolo Rigolo est déconnecté
Sans forum fixe
 
Date d'inscription: juin 2007
Messages: 13
Par défaut

Hé mais c'est moi qui avais écrit ça!!! Je suis retombé dessus par hasard et ça m'a fait bien plaisir de retrouver ce genre de récits que je croyais perdu. Merci pour la récupération.

A tout hasard, quelqu'un aurait-il gardé quelque part les AAR de la GPO4 de Benzo (je jouais la Turquie, Crusader la Russie, Aedan l'Angleterre, etc...)? J'adorerais relire ça après quelques années...

Rigolo
Réponse avec citation
  #6  
Vieux 14/06/2007, 15h41
Avatar de Emp_Palpatine
Emp_Palpatine Emp_Palpatine est déconnecté
Ronald Reagan du QG
 
Date d'inscription: août 2005
Localisation: Höchlstr.2 8000 München 80
Messages: 5 298
Par défaut

Tiens, un autre pseudo familier qui revient dans la "vieille maison".
__________________
Bon... J'ai peut-être fait quelques petites concessions...
Réponse avec citation
  #7  
Vieux 14/06/2007, 16h00
Avatar de comeon
comeon comeon est déconnecté
Posteur Intergalactique
 
Date d'inscription: mai 2006
Localisation: Reims
Messages: 1 854
Par défaut

je crois que Dandy l'a posté ici http://www.franconaute.org/forum/showthread.php?t=690
Réponse avec citation
  #8  
Vieux 14/06/2007, 16h55
Avatar de Cypho51
Cypho51 Cypho51 est déconnecté
Franconaute
 
Date d'inscription: octobre 2005
Localisation: La Louvière, Henegouwen, Groot Nederland
Messages: 4 779
Par défaut

Et encore un ancien...

Bienvenue Rig!
__________________
Allez les Cajuns!! http://www.youtube.com/watch?v=0dglMqP_zEI
Parleeeez-nous à boire....

Réponse avec citation
  #9  
Vieux 14/06/2007, 16h59
Avatar de Chazam
Chazam Chazam est déconnecté
Un Franconaute, un vrai de vrai !
 
Date d'inscription: août 2005
Localisation: ça dépend des jours
Messages: 8 322
Par défaut

Citation:
Envoyé par Rigolo
Hé mais c'est moi qui avais écrit ça!!! Je suis retombé dessus par hasard et ça m'a fait bien plaisir de retrouver ce genre de récits que je croyais perdu. Merci pour la récupération.

A tout hasard, quelqu'un aurait-il gardé quelque part les AAR de la GPO4 de Benzo (je jouais la Turquie, Crusader la Russie, Aedan l'Angleterre, etc...)? J'adorerais relire ça après quelques années...

Rigolo
je me souviens de l'époque (reculééé, presque mythologique ) où j'ai lu ce compte rendu de partie.

Ca me faisait baver d'envie.

Un grand moment de mon expérience vidéo-ludique (par procuration dans ce cas précis).
__________________
"Péricliter = tourner autour du clitoris" d'après "Le Dictionnaire de ceux qui ne savent pas" de Ar Sparfell
Réponse avec citation
  #10  
Vieux 14/06/2007, 17h21
Rigolo Rigolo est déconnecté
Sans forum fixe
 
Date d'inscription: juin 2007
Messages: 13
Par défaut

C'est vrai qu'on s'amusait bien, dommage qu'il n'en soit pas resté plus que quelques textes épars... Ca date d'au moins 4 ou 5 ans maintenant. C'était un cauchemar technique (plusieurs plantages par soirée, incompatibilités de version... sans parler des prises de tête sur les abus de jeu et les règles maison) mais il n'en reste que des bons souvenirs. Et à part Vlad et Crus, j'ai perdu les autres de vue.
Réponse avec citation
Réponse

Outils de la discussion
Modes d'affichage

Règles de messages
Vous ne pouvez pas créer de nouvelles discussions
Vous ne pouvez pas envoyer des réponses
Vous ne pouvez pas envoyer des pièces jointes
Vous ne pouvez pas modifier vos messages

Les balises BB sont activées : oui
Les smileys sont activés : oui
La balise [IMG] est activée : oui
Le code HTML peut être employé : non
Navigation rapide


Fuseau horaire GMT +2. Il est actuellement 16h54.


Powered by vBulletin® Version 3.7.6
Copyright ©2000 - 2024, Jelsoft Enterprises Ltd.
Version française #19 par l'association vBulletin francophone