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  #1  
Vieux 10/08/2005, 06h16
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Terminus Est Terminus Est est déconnecté
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Par défaut Au revoir, Colette

Au printemps 1968, je n'avais que 8 ans, ce qui explique que, malgré la forte politisation du milieu que je fréquentais principalement (à savoir l'auteure de mes jours et son cercle d'amis proches), les fameux "événements" qui se produisirent au sud de chez moi, notamment à Paris, étaient plus proches, dans mon esprit immature, d'une grosse déconnade d'étudiants, jouant à agrandir leur cour de récréation à une ville entière en courant partout, qu'à une quasi-révolution, statut que lui conféraient mes aînés.

A l'été 1968, la télévision, qui n'existait pas à la maison, était encore pour moi une véritable boîte magique, plus proche du conte de fées que du progrès technologique. Lorqu'à peu près une fois par mois nous nous rendions chez ma grand-mère maternelle qui, elle, en avait une, c'était un peu comme aller au cinéma: mes yeux et mon cerveau se gorgeaient des fabuleuses images en noir et blanc, faisant provision de souvenirs à ressasser jusqu'à la visite suivante.

Un personnage, ma grand-mère maternelle! Une femme de caractère, autoritaire, mais pas dans le style Folcoche à mon égard: au contraire, elle dispensait en quantité cette affection particulière qu'ont les grand-mères pour leurs petits-enfants. N'empêche que, quand elle avait décidé, pour forcer mon grand-père à arrêter de fumer, elle était tellement devenue "allergique au tabac" que la vue d'un paquet de cigarettes en chocolat suffisait à provoquer une de ses crises d'asthme!

A l'automne 1968, quand ma grand-mère Alice regarda les Jeux Olympiques avec ma mère et moi, et qu'elle se décréta supportrice de Colette Besson, bien évidemment, j'embrayai le pas et devint son grand supporter, moi aussi ... et quand la belle Colette, cinquième au début de la dernière ligne droite de la finale du 400 mètres, réussit l'exploit de remonter une à une toutes ses adversaires pour remporter la medaille d'or, je sautai de joie dans les bras de ma grand-mère, tout fier et très heureux de son talent de dénicheuse de championnes.

Hier, j'ai recommencé à travailler dans le café qui vit mes débuts dans le métier, il y a maintenant vingt-six ans. Aujourd'hui, Colette Besson nous a quitté. Et tout d'un coup, je me sens vieux, si vieux ... tu me manques, Alice ... tu me manqueras aussi, Colette ... Adieu!
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Ah oui , je me rappelle ce jeu ....à un moment j'avais voulu
l'acheter ... puis en fait non (un peu comme les gars des
jmj qui veulent aller sauver les enfants en Afrique, puis en fait non)
(Ar Sparfell, à propos de Grand Prix Legends, 22/8/2005)
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  #2  
Vieux 10/08/2005, 18h26
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ben ça le fait
Quel talent Terminus, sincérement !

Tu voudrais pas être le rédacteur attitré de chroniques nécrologiques du forum ?
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Il faut de la bière pour que la soif en vaille la peine
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  #3  
Vieux 10/08/2005, 19h21
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59 ans, morte des suites d'un cancer.


C'est vrai que je suis plus laminaire (désolé)


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Le Jedi Fou ..
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  #4  
Vieux 10/08/2005, 20h59
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Citation:
Envoyé par djop
ben ça le fait
Quel talent Terminus, sincérement !

Tu voudrais pas être le rédacteur attitré de chroniques nécrologiques du forum ?
Merci, c'est trop gentil

En fait, je ne sais pas si ça se ressent à la lecture, mais quand j'ai lu la nouvelle, j'ai eu ce flash de moi regardant les 400m de Besson chez ma grand-mère (j'étais devenu fan après les JO ), alors j'ai commencé à taper le message.
Puis, en cours de rédaction, ça m'a tout d'un coup remué les tripes, de penser à ma grand-mère, pour la première fois depuis très longtemps ... j'en avais les larmes aux yeux, quasi ... alors le post a pris un tour un peu plus personnel et différent de son intention première. Mais ça m'a fait du bien de l'écrire, un peu comme un exorcisme ou comme ces psys qui te demandent d'écrire une lettre à un mort pour "régler tes problèmes avec eux".

Sinon, j'ai pas l'habitude d'écrire des nécros, et le job ne me tente pas vraiment, mais si ça t'intéresse, celle que Luc Honorez (le "Monsieur Cinéma" belge) a écrite pour "Le Soir" (principal quotidien francophone belge) à la mort de Jean Yanne m'avait beaucoup remué ... alors la voici:

Décès - Jean Yanne est mort vendredi à 69 ans, à la suite d'un arrêt cardiaque

L'ours qui donnait le miel de son talent
LUC HONOREZ


CANNES

Le tendre bougon est mort... Et les artistes français participant à Cannes en sont abasourdis. Jean Yanne, né en 1933 à Paris, est parti d'un coup, dans sa maison de famille de Morsains.

Farcé qu'il est le Jean Yanne lui qui s'est tant moqué du monde. Je ne joue pas, je suis, c'est déjà faire un beau cadeau à un grand nombre de cons, affirmait-il, pensant sans doute, en partie au moins, à tous ceux dont ils se moquaient et qui se pavanent sur la Croisette.

Car, sur la Croisette, Jean Yanne n'y était même pas venu lorsqu'il avait reçu le Grand Prix d'Interprétation, en 1972, pour son rôle d'homme lâche vis-à-vis de la maîtresse qu'il aime dans «Nous ne vieillirons pas ensemble» de Maurice Pialat. Il s'était fâché avec le réalisateur.

Il adorait se faire virer, Jean Yanne! Une tactique, en fait, qui lui permettait de changer de métier, de registre, de s'aérer: il y a peu, à Los Angeles, il était encore fournisseur de meubles anciens pour films historiques.

Avec son complice de jeunesse Jacques Martin, Jean s'était fait chasser pour mauvais esprit des cabarets où ils avaient un hilarant numéro de camionneurs écoutant en pleurs du Bach. Puis, il reçut un coup de pied au derrière de la part des patrons de la radio RTL pour «impertinences au micro».

Faisant les belles soirées de la télé française publique (ses réparties dans le « Sacha Show » furent mémorables), il traita d'imbécile le ministre de la Culture et des Communications d'alors. Et il plia bagage.

Pour faire l'acteur au cinéma. Il accumula d'abord des nanars. Puis Chabrol remarqua la densité, la présence et la voix ronde, drue, entre le velours et l'après-cassoulet de l'acteur. Et il le starifia dans des rôles dramatiques. L'œil du malin de Chabrol avait remarqué que Jean Yanne était, aussi, un ours qui mendiait du miel. Ce qu'il n'aurait jamais avoué, même sous la torture.

Yanne est inoubliable dans « Que la bête meure » en chauffard cossu et malpoli qui maltraite sa famille... Puis, prodigieux de subtilité, de chagrin rentré et de pulsions non assouvies, il trempa le couteau de la personnalité dans ce qui est sans doute son meilleur film: «Le boucher».

Lorsqu'il vint tourner, en Belgique, «Enfants de salaud», de Tonie Marshall, alors que Nathalie Baye s'abîmait dans la concentration, Yanne lisait un «Spirou»! La réplique me viendra en la jouant. Pourquoi je me casserais le mou?, ronchonna-t-il. Mais avec ce ronron qui n'appartenait qu'à lui et engendrait une chaleur amicale et une gentillesse qu'il camouflait sous sa barbe dès qu'elle devenait trop visible.

Lorsque le romancier réalisateur belge Jean-Philippe Toussaint lui demanda de tenir le personnage d'un garagiste dans «La Sévillane», je me souviens avoir failli mourir de rire lorsque Yanne, face à la caméra, lança une tirade sur les cornichons qui valait son pesant d'or.

Pendant tout un temps, il fut réalisateur et producteur. Ses films, «Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil», «Les Chinois à Paris» et «Chobizenesse» sont une explosive caricature des années '70 vouées à l'argent, à la prétention et aux idées en «isme» (maoïsme, structuralisme, communisme, etc). Du foutage de gueule qui avait de l'allure et qui plut au public.

Plus discrètement, car Jean était extrêmement raffiné et cultivé, presqu'en cachette, il produisit l'austère et magnifique cinéaste Robert Bresson qui ne trouvait pas d'argent pour filmer «Lancelot du Lac».

Yanne y perdit sa culotte. Mais ne le regretta pas. Il eut plus de regrets à mettre en scène une super-production qui, elle, était une vraie daube: « Une heure moins quart avant Jésus-Christ ». L'insuccès de cet « avant-Astérix » lui coûta une fortune et il fila aux Etats-Unis pour y installer une société de décors et de costumes!

Cet homme qui disait détester «faire l'acteur», répétant qu'il prenait le fric pour se tailler, n'arrêtait pourtant pas de tourner: télé, cinéma. Il se goinfrait. Chaque fois le même. Chaque fois différent.

Une personnalité. Enorme. D'une pièce. Les «denses» de l'écran dansent souvent avec les loups de leurs sentiments fragiles. Voyez Lino Ventura. Jacques Audiard comprit que Yanne possédait cette faille et il l'utilisa parfaitement dans «Regarde les hommes tomber» dans lequel l'acteur, la voix devenue plus rauque à cause d'une première crise cardiaque, soulevait une émotion immense avec un personnage presque immonde confronté à Jean-Louis Trintignant.

Un Jean qui faisait aussi bien le «yanne» pour nous mettre le nez sur nos mesquineries, nos bêtises et le pauvre temps qu'on consacre à être heureux... Seigneur, qu'est-ce que ça va nous manquer !
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(Ar Sparfell, à propos de Grand Prix Legends, 22/8/2005)
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