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Vieux 29/05/2008, 18h47
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"Nuit de Chine, nuit câline, nuit d’amour…"

Mouais, faut le dire vite, ça… Malgré la fatigue, je n’ai dormi que 5 heures. Bah, tant pis, c’est ça la dure vie des aventuriers du mécénat international ! Bon, une douche rapide, j’embarque le costard que je souhaite faire repasser car il n’a pas supporté la valoche et en route pour la joie. Je me présente à l’accueil et demande à une jeune employée de faire donner un coup de fer au bouzin… Et là, je tombe dans un trou du temps. Tout d’abord, il me faut préciser un point important. Contrairement à tout ce qu’on m’avait dit, beaucoup de Chinois parlent Anglais. En revanche, parmi ceux là, très peu le comprennent, et ça, ce n’est pas simple ! Sortis des lieux communs hôteliers habituels (et encore, mais j’y reviendrai), mes interlocuteurs sont vite perdus. Lorsque j’explique à la personne idoine que je souhaite que “This suit is to be ironed”, j’ai face à moi un grand vaste flot d’incompréhension. J’aurais aussi bien pu lui déclamer les stances de Camille que je ne l’aurais pas plus déstabilisé… Abandonnant l’Anglais pour la langue des signes, je lui mime la méthode de repassage que je connais. Alors, soit je suis un piètre mime, soit en Chine on repasse d’une autre manière ou soit encore suis-je tombé sur une personne assez peu ouverte aux subtilités des échanges internationaux mais je sens que cette conversation va dans le mur à la vitesse d’un cheval au galop. Un certain agacement commence à me saisir, car je dois encore aller imprimer les tradal d’hier soir aux “media center” et que je n’ai toujours pas déjeuné, ce qui ne me rend pas forcément très patient… Heureusement, un collègue de la jeune femme perdue vient pour prêter main- forte. Mais, hélas, je tombe à présent dans un second piège, le Logiciel Chinois ! En gros, nos amis comprennent tout (ou presque), acceptent tout (ou presque) et se plient en quatre pour le faire (ou presque) mais seulement si ça rentre dans leurs habitudes, ou plus exactement dans le “process” normal. Comprenez-moi, je voulais simplement que l’on repasse mon costume, pas qu’on l’envoie au pressing, ni qu’on le lave et qu’on le repasse, juste un coup de fer, quoi. Mais là, je sors du schéma classique. Donc pas possible. Il faut qu’on lave cette saloperie de costard pour qu’il puisse être repassé, sinon, c’est pas possible. Mon agacement se mue en impatience. Après encore 5 bonnes minutes de palabres, l’impatience frise la colère. Vous me direz, j’aurais pu accepter qu’on lave cette cochonnerie pour couper court à ce débat stérile, mais bon, parfois, on s’accroche bêtement. Au moment où je pousse un “Merde !” défoulatoire et retentissant, une jolie voix me dit en Français “Je peux vous aider, Monsieur ?“. Et là, tel l’ange tombé du ciel, apparaît Sophie, une Française expatriée qui travaille au Novotel et qui, en deux phrases, m’assure qu’elle va s’occuper de tout et que mon bien me sera rendu en temps et heures. Je la remercie avec effusion, me précipite au restaurant pour voler un croissant, tant pis pour le café, fonce récupérer mes impressions et je cavale vers l’hôtel de mes mécènes, je suis à la bourre…


Au milieu, Sophie, celle qui m'a sauvée

"Another brick in the wall"

Aujourd’hui, c’est le grand jour, LA visite que tout le monde attend, la Grande Muraille. Seulement, pour avoir la chance d’avoir l’un des meilleurs points de vue sur l’ouvrage, il va nous falloir nous cogner 2h30 de car pour rejoindre Simatai, le lieu en question. Bah, qu’à cela ne tienne, on n’est pas là pour rire, donc en route mauvaise troupe. Le bus rentre dans le trafic pékinois et je m’assieds à coté de notre guide, histoire de discuter un peu avec elle de la situation actuelle du pays et de sa vision des choses. Cécile est charmante, mais j’ai un peu l’impression de recevoir l’édito de “China today” pendant une demi-heure. J’avoue que la France en prend plein la gueule et quand j’essaye de donner des arguments contradictoires, je me prends une fin de non-recevoir. N’étant pas là pour donner des leçons aux gens et étant assez peu adepte du jugement définitif, je coupe court à ce débat et m’intéresse un peu au paysage. C’est joli. Mais long. Très joli même. Mais très long. Voire très très long… Bref, j’en ai plein le dos et j’ai envie de fumer. Pas grave, le temps passe quand même et au passage je vois ce truc improbable, un chantier au milieu de rien, où l’on construit, heu, je ne sais toujours pas, Cécile n’ayant pas été capable de me faire comprendre le but de ce travail.


Un mystérieux chantier dans la nature...

Enfin, nous voilà à Simatai. Nouvelle surprise chinoise. L’endroit est extraordinaire mais pour rejoindre la Muraille, nous devons encore nous cogner 20 minutes de téléphérique. Heu, c’est un bien grand mots, “téléphérique” pour ces espèces de cabines assez crades et où la rouille apparaît. Je garde mon grand sourire pour ne pas inquiéter mes voyageurs, les colle deux par deux dans ces engins et j’embarque dans le dernier. Aurais-je omis de vous préciser que je suis sujet au vertige ? Bref, pour éviter de penser que je me promène au dessus du vide dans une cabine qui me parait fort peu sécurisée, je photographie à tout va, ratant 80% de mes clichés au bas mot mais au moins, je vois le monde par l’œilleton de l’appareil, c’est moins flippant.


C'est haut !

En descendant des engins de mort, deuxième surprise. Pour arriver au pied des marches, c’est un funiculaire qui nous attend. Pour les Parisiens, ne croyez pas qu’il s’agit du joli petit train de Montmartre, non ! C’est en fait un char à banc en métal façon manège forain qui vous propulse dos à la montée vers le haut. Je tiens la barre d’appui avec vigueur et essaye de me rappeler dans quel ordre on respire, inspiration expiration et la suite.


Détail du funiculaire. J'aime beaucoup le "firmlyu"...

Ca y est, nous y voilà ! Heu, en fait pas vraiment. Car il reste encore un bon quart d’heure de grimpette sur des marches taillées à même la roche, pas vraiment les escaliers de Versailles. Là, je regarde mes mécènes et me dis que certain d’entre ne sont plus très jeune, ou sont en surpoids, ou ont des soucis de santé, voire cumulent l’ensemble. Je suis assez inquiet mais à la guerre comme à la guerre, j’envoie tout ce petit monde à la découverte de la Muraille de Chine, fermant la marche en voiture balai. Les plus sportifs font la montée en 10 minutes à peine, les autres, et moi également par obligation (et aussi un peu par manque de souffle, putains de clopes !) nous arrivons au somment en 20 bonnes minutes. Pendant toutes la montée des gentilles dames viennent nous éventer et nous tenir la main, et, totalement par hasard, nous proposent des cartes postales, des sifflets, des bobs et des tas de choses essentielles que j’ai le plus grand mal à refuser. Enfin, le sommet, je sors l’appareil photo, tout restant prudemment bien au milieu du passage (ben, oui, le vertige…) et commence à mitrailler. Mais je ne suis pas là pour la rigolade et quand la majorité du groupe décide de redescendre, content ou pas content, je dois suivre le mouvement. Un de mes invités décide de descendre à pied, il nous retrouvera en bas, il lui faut au moins une heure, tant pis on l’attendra.


Tour de garde de la Grande Muraille.


Vue partielle de la Muraille.


Une vue du bas des escaliers

Ceci dit, aussi impressionnant que soit cet ouvrage, je suis un peu déçu… Blasé ? Non, je ne crois pas. Mais ayant visité plus que ma part de château médiévaux en Europe, m’étant promené sur des dizaines de chemin de ronde, je ne ressens pas l’impression de puissance que doit dégager la Grande Muraille. Tout bien réfléchi, je crois que je serais plus sensible à tout cela si j’avais suivi le trajet de cet ouvrage d’art sur plusieurs kilomètres. Mais n’exagérons pas, le lieu reste un endroit à voir absolument.

Bon, donc redescente, en bas nous attends un “barbecue mongol” (heu, en fait, un méchoui sympathique et élégant, mais un méchoui tout de même…) sur une terrasse au bord d’un lac. Et là, encore une surprise. Le visiteur qui avait décidé de nous rejoindre à pied est déjà là ! Je me frotte les yeux en me demandant si j’ai l’Homme qui valait trois Milliards avec moi mais il me donne une explication beaucoup plus rationnelle (et un peu flippante pour l’organisateur que je suis sensé être…). Il a découvert un système de tyrolienne qui lui a permis de rejoindre le lac en moins de trois minutes, suspendu dans le vide… J’avale ma salive, sourit bêtement et lance le déjeuner.


Le déjeuner sur l'eau. Notez les jolis parasols typiquement chinois...

Café, thé, et nous repartons vers Pékin.
Arrivé à l’hôtel, nous nous donnons rendez-vous pour le dîner et je fonce me doucher, me changer et faire les dernières corrections à la traduction.

Ce soir, nous dînons dans un restaurant vietnamien (oui, je sais, ça peut paraitre étrange d'aller à Pékin pour manger vietnamien, mais bon...) dans un quartier branché où se retrouve les jeunes et les étudiants de Pékin, en passant par des rues où l'on trouve les siheyan, demeures traditionnelles de la région. Pour rejoindre le lac et pour visiter le fameux quartier traditionnel, nous somme embarqués dans des vélos taxis.


Départ façon 24 heures du Mans...

La poisse me poursuit. A peine le temps de prendre quatre cinq photo du groupe que mon appareil tombe en rideau. J'ai commis l'erreur d'acheter des piles chinoises, elles supportent une dizaine de clichés au maximum, tant pis pour les hutongs, les quartiers des siheyans, vous allez devoir me croire sur parole ! Il s'agit en fait d'une enfilade de petites maisons sans fioritures, toutes grises, car les couleurs étaient réservées à l'Empereur et à la Cour Impériale. C'est un dédale de petites ruelles tortueuses, sombre et mal entretenu et franchement, ça me rappelle les dessins d'Hergé représentant les rues autour de la fumerie d'opium dans le Lotus Bleu. Les habitant nous regardent passer, mi-amusés, mi-agacés, je sens confusément que ça ne doit pas leur plaire beaucoup de servir de zoo vivant pour une bande de touristes en goguette. Pendant que je me fait ces reflexions, nos chauffeurs se lancent dans une course effrénée, histoire d'amuser le voyageur. J'avoue que ça m'amuse assez modérément, surtout quand ces braves gens s'ingénient à couper la route aux voitures qui trainent dans le coin. mais allez donc expliquer votre vision de la bienséance dans les transports en commun à un Pékinois déchainé et rigolard, et qui ne parle pas un mot d'anglais. Je garde mes opinions pour moi et attends la fin de la promenade.

Nous arrivons à HouaHai, le fameux quartier branché. En nous promenant le long du lac, pour la première fois depuis notre arrivée, j'entends du rock depuis un bar. Enfin, du rock, c'est un peu exagéré, disons de la musique plus moderne que les trucs que j'ai entendu jusqu'à présent, avec de la guitare électrique dedans. Mouais... Pas sûr d'écouter ça en boucle finalement. Les troquets se suivent, dans certains des folkeux chinois massacrent joyeusement Simon and Garfunkel. Je me marre franchement. Tout les cinq mètres, des marchands ambulants se jettent sur nous pour proposer des tas de choses improbables (dont des montres avec Mao qui donnent, l'heure, le comble du mauvais goût, je le sais, j'en ai acheté pour des copains ) et font des affaires avec mes invités. Enfin, voilà le restaurant Nuage. L'endroit est charmant, tout en bois et la nourriture délicieuse (et trop copieuse, comme à l'accoutumé dans ce pays). A la fin du repas, je demande un café et, miracle, on m'annonce (avec force signes) qu'on m'apporte ça tout de suite. J'aurais du me méfier... On me refile une espèce de cappucino tiédasse. Et quand je demande du sucre, boum, le mur d'incompréhension. Essayez donc de mimer sucre, pour rire. Ben finalement, on m'apporte cérémonieusement un carré de sucre en me regardant comme un sauvage. Ce que je suis peut-être, d'ailleurs...

Allez, un petit tour de lac, un dernier verre en comité restreint et hop, taxi vers l'hôtel pour dormir un peu. Le chauffeur nous explique plein de choses sur la ville. Mais comme il ne parle que mandarin, c'est un peu perdu pour nous. La course me coûte 20 yuans, soit un peu moins de deux euros pour un quart d'heure de trajet. Je pense avec émotion aux prix parisiens en arrivant au Novotel, où je suis accueilli par les demoiselles de la veille. Pas le temps de discuter, je vais au lit. Demain, c'est l'inauguration.

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Vive le chat sur le toit des Franco !
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