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Vieux 25/04/2008, 02h37
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Par défaut La remontée de l'Amazone

Introduction :
Mes parents effectuent un tour du monde à la voile. A l'occasion de leur passage en Amazonie, possible uniquement sous escorte armée pour les bateaux de plaisance, je les rejoint pour 5 semaines dans leur périple. Plus tard, ma compagne Tania, nous rejoindra.



Jeudi 13 mars 2008 :
Parti la veille de Nantes, puis Paris, j’arrive à Rio de Janeiro dans la matinée. Juste le temps des formalités douanières et de retirer quelques Real et me voilà dans l’avion pour Belém.
A la sortie de l’aéroport je rencontre Martial, qui rejoignait également le RIDS (Rallye des Iles Du Soleil). Nous prenons le taxi ensemble jusqu’à l’hôtel Beira Rio, l’escale du rallye à Belem. Ce trajet me donne déjà un bref aperçu de la pauvreté générale de la ville. L’hôtel, étrangement , se situe dans un quartier assez pauvre au bord du Parà, un bras de l’Amazone. J’y retrouve mes parents ( Alain et Catherine) et je prend mes quartiers sur le Pulsion (un Dufour 44). Les 33 bateaux du rallye sont mouillés devant l’hôtel et il faut prendre l’annexe pour les rejoindre.
Je consacre le reste de la journée à récupérer de ces 24 heures de voyage (Caipirinhas, connection internet, piscine et resto).
Vendredi 14 mars : Aujourd’hui, nous partons tous les trois explorer Belém. Nous prenons le bus en direction du centre ville pour visiter le théâtre La Paz datant de l’âge d’or de Belém ( c'est-à-dire la période de l’exploitation du caoutchouc). Juste avant d’entrer, nous sommes accostés par un groupe de collègiennes pour une sorte de sondage pour leurs études, mais je les suspecte d’avoir surtout été intriguées par ma grande taille. Il est vrai que dans cette région, la population est en majorité d’origine amérindienne et d’assez petite taille.
Le théâtre quant à lui est très joli, avec sa marqueterie sophistiquée.
Nous nous rendons ensuite vers le marché « Mercado vero o peso », sur le port. On y trouve du poisson, des fruits ( maracuja et mangustan que j’apprécie particulièrement) et de la viande. Une viande qui traîne à l’air libre à 30 degrés et que les badauds tâtent à mains nue. Je comprend mieux d’où provient cette vague odeur de chair pourrie qui flotte sur un peu toute la ville. Sur le marché, nous trouvons également des petites échoppes où l’on mange du poisson accompagné d’açaì , un fruit très consistant qui se mange en bouillie ou en sorbet et qui pousse en forêt . C’est le plat traditionnel des indiens et la spécialité culinaire de la région.
Mais pour des raisons d’hygiène nous préfèrerons la galerie marchande moderne installée dans un hangar rénové où l’on trouve un restaurant « au poids ». C'est-à-dire que l’on paye au poids de l’assiette. Cette formule permet de découvrir de nombreux plats locaux délicieux.

La journée se poursuit en marchant à travers la vieille ville. Son architecture typique n’est pas vraiment mise en valeur et le quartier tombe un peu en ruine. Partout dans la ville de Belém, les gens s’activent dans tous les sens, roulent comme des fous aux volants de voitures flambant neuves qui détonent avec la misère apparente.
Nous finissons par trouver un petit parc zoologique avec plusieurs espèces d’oiseaux (dont les ibis rouge) et de papillons. Enfin un peu de nature et de calme !
Retour en taxi à l’hôtel via des sortes de favelas. Les gens y vivent très misérablement.

A l’hôtel, le soir, l’ambiance est toute autre lors de la soirée d’inauguration du départ de la remontée de l’Amazone : Caipirinha à volonté, discours officiels traduits (en ce qui concerne la ministre locale des sports et loisirs et d’autres officiels brésiliens dont l’identité importe peu), suivie d’un spectacle de danse réussit et très « hot », retraçant l’histoire de la région. Je profite également de la soirée pour faire connaissance avec les quelques jeunes du groupe. Pendant ce temps là, les parents profitent à fond de la caipirhina a volonté. Enfin, je pique une petite tête dans la piscine pour me remettre les idées en place et je ramène tout le monde à bord du bateau.


le port de Belém

Samedi 15 mars : C’est le jour du départ. Mais auparavant je vais retirer de l’argent avec ma carte car il faut faire le plein de cash avant de partir sur l’Amazone. L’opération n’est pas si facile car quasiment seule la HSBC permet de retirer de l’argent sans carte brésilienne. Mais encore faut il que le distributeur automatique accepte la VISA. Ce ne fût pas le cas au distributeur de l’Université et nous repartons en taxi à travers la favela pour trouver un autre distributeur.
Je profite également de la matinée pour donner les dernières informations par mail à Tania afin qu’elle puisse nous rejoindre à Almeirim. Un voyage un peu compliqué, que ce soit par voie fluviale ou aérienne.
Une fois revenus sur le bateau, le plein d’eau, de cash et de fruits effectués, nous attendons le départ de Belém prévu vers 15 heures. J’en profite pour attraper un gros coup de soleil, les rayons frappent vite et dur sous l’équateur !
Le navire guide/escorte, le Skalibur, finit par rejoindre le mouillage et nous partons.
Cette première étape sera assez courte, 4 heures environ, jusqu’ à un mouillage au bord de l’immense baie de Marajo dont on peine à voir l’autre rive. Le ciel s’est couvert de nuages gris et vaguement orageux comme c’est souvent le cas. Il fait même un peu frais en fin d’après midi et nous supportons une chemise.
La soirée sera courte, car demain il faut se lever à 4h00 pour une longue traversée.

Dimanche 16 mars :

Nous levons l’ancre vers 4h30 dans l’air frais (28 °C) de la nuit. Le convoi s’étire sur l’Amazone à une vitesse moyenne de 6 nœuds en slalomant entre les troncs d’arbre. Certains ont dû tomber de ces immenses barges qui descendent le fleuve chargées d’énormes quantités de rondins. Triste spectacle.
Nous arriverons à San Sebastian de Boa Vista vers 15h sans avoir essuyé d’averse. Le convoi passe en file indienne devant le village avant d’aller mouiller en face. Mouillés, nous le seront jusqu’au soir car la pluie tombera jusqu’à la nuit. Tout le monde restera à bord. De toute façon, nous avons 3 jours pour explorer les environs.

Lundi 17 mars :

Nous débarquons à SS Boa Vista en début de matinée. Le « Skalibur » fait office de sas et de ponton de débarquement auquel nous amarrons nos annexes.
La petite ville est très active, avec beaucoup d’enfants un peu partout.


les enfants de Boa Vista

Les gens sont tous très souriant et accueillants, les enfants adorent se faire prendre en photo. Mis à part une ou deux routes goudronnées, la ville est principalement lacustre. Les maisons sont en bois sur pilotis, avec en général un petit quai pour accéder au bateau.


la cité lacustre

Les habitants semblent passer la moitié de leur temps dans l’eau.


la vie dans l'eau

Certains membres du rallye se baignent dans l’eau marron de l’Amazone, mais j’hésite encore. Surtout depuis que j’ai vu quelques charognes traîner le long des berges boueuses. Malgré cet environnement, la ville et les gens sont assez propres, même en faisant leur linge dans l’eau de la rivière.
L’après midi nous partons explorer en zodiac le petit rio qui traverse le bourg. La balade est très agréable et la véritable exploration de l’Amazonie commence. La nature est magnifique et exubérante.
Lors de ces petites expéditions, il est nécessaire d’emmener la VHF, en cas de panne, et si possible de partir à plusieurs. Cette fois-ci nous étions accompagné de l’équipage du Sakti. Nous les retrouverons sur leur bateau pour l’apéro dans la soirée avant de nous coucher relativement tôt.

Mardi 18 mars : Cette journée ressemble un peu à la précédente : visite de la ville, du marché, photos avec les enfants, restau à midi. Il y a un cyber café avec une connection 56 ko, c’est pénible mais déjà mieux que rien.


pause resto à midi

L’après midi nous allons explorer un autre rio situé du côté du mouillage. Cette fois nous partons à 3 zodiacs pour une ballade d’environ 3 heures. Notre autonomie est relativement limitée puisque le courant nous oblige à utiliser le moteur la plupart du temps. Mais quand nous l’arrêtons pour continuer à la rame, nous pouvons enfin goûter au véritable charme de la forêt avec ses sons étranges qui bruissent un peu partout. La population locale, les caboclos (les métis indiens vivant au bord de l’Amazone), est très cool. Le stress de la vie moderne n’a visiblement pas atteint ces petits bras de rivière. Nous nous échangeons les coucous de la main et nous nous prenons mutuellement en photo. Il est souvent étrange de voir des gens vivre dans des sortes de huttes au milieu de la boue nous prendre en photo avec des téléphones dernier cri.


maison caboclo typique


la jungle commence ici

Malgré tout, la forêt semble vraiment impénétrable et l’on aperçoit quelques vols de perroquets au dessus de nous. Il est déjà l’heure de rentrer car un orage approche.
Dans la soirée nous mangerons les crevettes qu’un villageois était venu nous vendre sur le bateau avec sa pirogue.

Mercredi 19 mars :
Pour ce dernier jour à SS de Boa Vista, nous visitons l’usine de cœur de palmier dans la matinée. Cette visite improvisée nous a permis de discuter, en espagnol, avec le gérant qui nous a gentiment offert 3 boites de cœurs de palmier. Nous en mangerons le midi sur le bateau. Aujourd’hui le soleil cogne et nous restons un peu à bord avant de retraverser l’Amazone. A cet endroit de la rivière, il y a bien 2 kms entre les deux rives et il faut un peu limiter le nombre d’allers et retours entre le mouillage et la ville.
Il y a une soirée organisée par la mairie et nous flânons dans SS de Boa Vista en attendant les 19h00. La ville grouille de ses 8 000 habitants, dont certains d’entre eux n’ont, à ce qu’il parait, jamais vu de touristes dans le secteur. Avec le RIDS, la saison touristique dure désormais 3 jours par an ! Tous les gamins du coin nous tournent autour, simplement curieux ou dans l’attente d’un bonbon ou d’un stylo. Mais aucun ne mendie et il serait dommage que nous leur donnions cette habitude. D’ailleurs, les habitants nous font eux aussi souvent des cadeaux aussi surprenants qu’une chaise longue en bois par exemple (que nous refuserons, faute de place).
La soirée a lieu dans le restaurant/salle de fête du village dans une ambiance…villageoise, avec quelques habitants et gamins du coin venus participer à la réception. Nous avons droit à une petite démonstration de musique et de danse locale, le Carimbo, avec des enfants, ainsi que la désormais classique légende du dauphin rose qui se transforme en homme séducteur de femme. Ce sera la dernière soirée à SSBV, le départ est prévu le lendemain à l’aube.

Jeudi 20 mars :
Le convoi reprend sa route le long du rio Parà, le bras de rivière du delta qui longe l’immense île de Marajo, grande comme la Suisse. La veille doit être permanente car il y a toujours autant de troncs d’arbres qui croisent notre route.
En milieu d’après midi, nous mouillons près des îles Araras pour y passer la nuit. On nous a prévenus qu’il y aurait des moustiques, mais dans le ciel, nous ne voyons et n’entendons que des vols d’Araras (perroquets). A l’apéro, on parlera de serpents qui montent sur les bateaux durant la nuit, histoire de mettre un peu de piment à cette fin de journée assez inactive. Dans pareil cas, ou en cas de morsure par un animal, nous pouvons faire appel aux Bombeiros (les pompiers) présents sur le Skalibur.

Vendredi 21 mars :


le mouillage à l'aube

Le voyage reprend en direction de Brèves, la plus grande ville de l’île de Marajo (soit, environ 80 000 habitants). Je m’installe à l’avant du bateau dans un hamac afin d’observer les rondins. Un poste hautement stratégique !
Bientôt, un noria de petites pirogues se dirige vers le convoi. A l’intérieur desquelles, femmes et enfants, principalement, tentent d’aborder les bateaux pour recevoir bonbons et stylos. Heureusement, nous en avions quelques uns en stock pour l’occasion.



Quoiqu’il en soit, c’est surtout un prétexte pour nous approcher un peu et jouer avec les bateaux, car la manœuvre est souvent périlleuse.
video des pirogues
La rivière se rétrécit, mais par endroit il y a tout de même 33 mètres de fond !
Vers 13h nous arrivons à Brèves, encerclés par des gamins en pirogue. Ils s’agglutinent autour des bateaux au mouillage pour demander bonbons et stylo jusqu’à lassitude complète des uns et des autres.
En fin d’après-midi, un gros grain permet de remplir les cuves d’eau et de prendre une douche sous la pluie. Ca fait un peu pub pour gel douche mais je doute que nous renouvelions l’opération car le rinçage est très approximatif.
Aujourd’hui c’est Pâques et tout est fermé, y compris la station service. Mais demain, la journée à Brèves devrait assez chargée.

Samedi 22 mars :


Brèves

En ce jour de Pâques, tout le rallye se rend en "procession" à travers la ville, en passant par le marché, où les poulets sont égorgés sans autre forme de procès, l’église et enfin le centre culturel où se jouera une représentation de la Passion du Christ. Ce genre de spectacle me laisse en général assez froid (et la climatisation n’arrange rien), mais il faut admettre que les jeunes acteurs y mettaient de l’énergie et de la conviction. Du reste, le mélange de danse du ventre, de soldats romains au look inca, le tout en portugais avait quelque chose d’assez exotique.
Le reste de la journée s’écoula dans la lente moiteur amazonienne. La ville en elle-même ne présente pas beaucoup d’intérêt, on y trouve de nombreuses échoppes regorgeant de produits chinois (comme partout dans le monde) et, heureusement, quelques centres internet fonctionnant assez bien.


Tués, découpés, puis cuits dans l'échoppe d'en face


coupure pub (musique à fond)


la passion

Le soir, réception organisée par la municipalité : Caipirinha, danses folkloriques, la routine. En ville, les motos, 4x4 et jolies filles sont de sortie. Ici, la ville est plus métissée, plus grande qu’à SSBV et les gens ne font pas trop attention à nous. Néanmoins, j'apprendrai plus tard qu’une course poursuite a eu lieu entre notre escorte policière et une barque qui s’est un peu trop approchée du mouillage durant la nuit. Attaque ou simple curieux ? Nous ne le saurons probablement jamais. Mais j’apprend un peu plus tard que leurs deux occupants seront retrouvés morts dans une discothèque le lendemain…

Dernière modification par Tovi ; 25/04/2008 à 04h42.
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  #2  
Vieux 25/04/2008, 04h41
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Dimanche 23 mars :
Réveil un peu difficile au son des générateurs du Skalibur et des monocylindres fluviaux, avec en prime une petite tourista.
Au programme de la journée : une petite expédition dans une fazenda (ferme) à 60 kms environ. Je laisse les parents en ville et prend le taxi avec une vingtaine de membres du rallye. La route est boueuse et défoncée mais notre chauffeur passe avec brio les champs de boue. Excepté à l’entrée de la fazenda où il s’embourbe. Je prend une sorte de planche que je glisse sous la roue. Ca ne semble pas lui plaire mais cela s’avèrera efficace.


les joies de la saison des pluies

La ferme est aménagée en guinguette, avec de la musique très forte, comme d’habitude, et quelques tables au bord de l’eau. Je fais connaissance avec un perroquet qui grimpe sur mon épaule et prend quelques photos des Arras et Toucans qui déambule parmis les visiteurs du dimanche. L’endroit semble en effet apprécié des habitants de Brèves.


papagayo (perroquet)


Toucan


Arara (Ara)

Il faut dire qu’ici l’eau est plus propre et qu’on peut s’y baigner. Même moi qui ai été plutôt réticent à me plonger dans les eaux marrons de l’Amazone j’apprécie de me glisser dans ces eaux noires et transparentes (noires à cause du fond qui est noir). Je loue aussi une pirogue pour 2 reals, ce qui permet de m’éloigner un peu du bruit et de me faire mon petit trip « remontée de l’Amazone en pirogue » tout seul au milieu de la jungle.


Iguarapé en pirogue

En réalité, on est encore loin de la forêt vierge et l’arrière pays est plutôt composé de pâturages pris sur la forêt amazonienne.
Retour à fond sur la route défoncée, le chauffeur semble pressé de rentrer et double tout le monde avec sa petite voiture… je pense à tous ces 4x4 que l’on trouve à Paris et qui seraient bien plus utiles ici.

Lundi 24 mars : L’aventure continue, le convoi quitte Brèves dès 6h pour emprunter les petits bras de rivières qui rejoignent l’Amazone en contournant l’île de Marajo.



Quelques navires ont des avaries. Dans ces cas là, ils se font remorquer par le Skalibur, dans d’autres cas des Bombeiros plongent avec des bouteilles pour aller dégager des filets ou des plantes coincées dans les hélices. Sur le Pulsion, on profite du soleil pour réparer les nombreuses fuites de l’annexe.


le Skalibur en opération de remorquage

Dans les furo, ces chenaux plus ou moins naturels entre les îles, le passage est étroit et l’on peut observer la nature de près. Notamment de gros papillons noirs aux queues bleutées.
Si ces longues traversées au moteur nous permettent de recharger les batteries plus rapidement qu’avec le panneau solaire et l’éolienne, en revanche, notre stock de crayons et de bonbons diminue rapidement tant il y a de gamins en pirogue qui viennent s’amarrer aux bateaux.
Au terme d’une douzaine d’heures de navigation sous un soleil de plomb, nous nous arrêtons en un lieu nommé Tapajuru, pour la nuit. L’île de Marajo est désormais derrière nous. Nous sommes à peine entrés en Amazonie mais j’ai déjà la sensation d’être au milieu de nulle part tant la forêt semble immense. Le soir, on peut entendre des sortes de grillon chanter, suivis des grenouilles. Dans la nuit, un gros orage remplira à ras bord nos réserves d’eau. Je pense qu’au vu des quantités qui tombent tous les jours, nous pouvons l’utiliser sans compter.

Mardi 25 mars :
Ca y est, nous avons rejoint le fleuve Amazone à proprement parlé, encore qu’il soit difficile à identifier sur la carte GPS tant il y a de méandres, d’îles et de canaux en tout genre. Sans parler des îles flottantes qu’il faut éviter et qui cachent souvent un gros rondin de bois.
Nous nous relayons pour les quarts de veille à la barre. Pendant ce temps là, les activités à bord sont assez simples : lecture, écriture des blogs, cuisine, linge, sieste, photos et distribution de cadeaux aux caboclos.
Ainsi s’écoule la journée, dans la grisaille, jusqu’au mouillage du soir, à Mojoui, en face du petit village de Gurupà.



Mercredi 26 mars :
Prochaine étape : l’île de Macacos. Nous longeons les berges pour ne pas être freinés par le puissant courant de l’Amazone. Ce qui permet de voir le mur végétal de près et d’entendre les nombreux grillons dès que le soleil apparaît entre les nuages. Mais en dehors de quelques papillons nous ne voyons guère d’oiseaux. Nous les apercevrons une fois arrivés, en fin d’après midi, en descendant les petits iguarapés (bras de rivière) à côté du mouillage. A savoir : 2 toucans, 3 araras rouges et verts, des aigrettes, des aigles, de nombreux oiseaux pêcheurs et d’autres non identifiés.
Une bonne nouvelle m’attend au retour, un mail de Tania me confirmant son arrivée à Almeirim début avril.
Le soir, nous allons dîner sur Sakti. Il est étrange de s’habituer à la vie lacustre. Que ce soit sur les îles ou sur les bateaux, on ne touche jamais la terre ferme.

Jeudi 27 mars :
Réveil au son des bruits de la jungle (et des générateurs du Skalibur…). La forêt semble grouiller de vie, pourtant, les animaux sont assez difficiles à apercevoir. A l’exception de quelques moustiques qui commencent à apparaître. Comme il ne fait pas très beau, nous restons sur le bateau toute la journée. J’en profite pour travailler un peu mes cours du CNED …

Vendredi 28 mars :
Le voyage reprend à 6h30 le long de l’immense labyrinthe amazonien jusqu’à Porto de Mos, à 20 Nm. Un petit vent permet, comme souvent, de mettre le génois pour gagner un demi-nœud.
Porto de Mos est une petite ville amazonienne classique, avec la particularité de disposer de nombreuses moto-taxi. Nous commençons également à être habitués à la soirée organisée par la mairie, avec caipirhina et danses folkloriques d’enfants. Je n’ai d’ailleurs pas pu éviter une invitation à danser. Heureusement qu’elle était trop jeune car cela m’évitera une scène de jalousie lorsque Tania verra les photos.
démonstration de capoeira 1
démonstration de capoeira 2
La musique étant décidément trop forte, tout le monde rentrera vite aux bateaux. Hélas, à un autre endroit de la ville, la fête bat son plein, musique à fond, empêchant tout le monde de dormir. C’est dans ces moments là que l’on mesure la jeunesse de la population brésilienne : un tel niveau sonore à une heure du matin serait inimaginable dans n’importe quelle ville française.

Samedi 29 mars :
Le réveil est un peu difficile, mais le soleil aidant je suis vite d’aplomb pour la balade de la journée. Nous embarquons à 50 dans un camion de marchandises qui finira embourbé. Heureusement, il ne s’est pas renversé, mais il nous laisse à proximité d’un nid de fourmi rouges dont la morsure est particulièrement douloureuse.


vive la saison des pluies

Nous traversons à pied un quartier établi sur le site d’une ancienne tribu indienne. Le terrain est marécageux et sale. Depuis que la coupe sauvage de bois a été interdite dans la région (grâce à GreenPeace Brésil je crois), 40% de la population est au chômage et doit réapprendre à exploiter la forêt de façon durable, c'est-à-dire par la cueillette et la pêche principalement.
Nous prendrons ensuite un copieux brunch de fruits dans la petite fazenda, avant d’en rejoindre une autre à midi un peu plus loin, toujours en camion. Le paysan nous fera le tour de sa petite plantation et ses fruits étranges dont j’ai oublié le nom. La terre est rouge et sèche, parfois sableuse. On imagine sans mal que sans la forêt, ces terres deviendraient rapidement des zones désertiques lessivées par les orages.
Je me baigne dans une petite mare relativement propre avant de rentrer sur la bateau. J’ai mangé trop de viande et les odeurs de putréfaction alentours m’écœurent un peu.

Dimanche 30 mars :
Aujourd’hui nous effectuerons une nouvelle excursion dans les environs de Porto de Mos, en empruntant un bateau local cette fois. Première étape : une ferme sur piloti où l’on élève des buffles d’eau ( ?). C'est-à-dire qu’ils passent une bonne partie de la journée à nager. Au passage je découvre que je n’ai aucun talent pour la traite. Pas grave, je me rattrape sur la maîtrise de la pirogue en faisant un petit tour dans le marécage.


les buffles passent sous le ponton !

Deuxième étape : le village de Quilombos . Ainsi nomme t’on les descendants des esclaves en fuite qui ont souvent vécu complètement isolés du reste du Brésil. Le temps d’une coco gelado (du lait de coco glacé bu directement dans la noix avec une paille), d’une danse locale effectuée par les anciens du village cette fois et nous voilà déjà repartis vers PdM.


l'église des Quilombos. Minimaliste.

Avec l’humidité de la nuit qui s’évapore, l’atmosphère est très lourde et il fait trop chaud pour faire quoi que ce soit d’autre de la journée. D’ailleurs, entre 13h et 15h, la plupart des brésiliens font la sieste et tout est fermé.

Lundi 31 mars :
Aujourd’hui, la petite tribu RIDS (moins les parents restés sur le bateau) s’en va visiter une ferme de manioc avec le camion et un vieux bus. La ferme est assez rustique, pour ne pas dire misérable, mais les gens, comme ailleurs au Brésil, n’ont pas l’air malheureux.


ferme de manioc

Il existe deux sortes de maniocs, l’amer et le doux. L’amer contient du cyanure et en consommer tel quel entraîne la mort. C’est pourquoi il nécessite une certaine préparation (broyage, salage, décantation, séchage). Je n’ai pas vraiment discerné la différence entre les deux espèces à l’œil nu. Sa culture est simple : il suffit de planter un petit bâton dans le sol…


passage du manioc au tamis


récolte d'un peu de canne à sucre

Nous nous enfonçons un peu plus dans l’intérieur des terres quand soudain le bus derrière nous s’embourbe.


la saison des pluies c'est...bon je vais finir par me répéter.


Cette fois ce ne sont pas des fourmis rouge qui nous attendent mais une grosse mygale.


au pied de la tour de contrôle de l'aérodrome (une cabane en bois)

Mais le problème principal est de sortir le bus du trou. Finalement, il sera tracté par une élingue improvisée qui ne cèdera qu’une seule fois. Après avoir aidé à pousser le bus, mon tee-shirt est bon à laver.
A l’étape suivante nous découvrons la technique de cueillette de l’açai, qui consiste à grimper au palmier à l’aide d’une sangle en feuilles tressées autour des chevilles.
La route est longue, rouge, boueuse et chaotique jusqu’à la fazenda suivante. Petit à petit la forêt fait place à la campagne. Partout se dressent des arbres carbonisés, éventrés, comme le champ de bataille d’une guerre que livre l’Homme à la Nature. En l’absence des racines d’arbres, la terre argileuse rouge s’érode rapidement et laisse place à du sable. C’est tout le pays qui est menacé de désertification, même dans une région aussi pluvieuse que l’Amazonie.


déforestation récente


la couche d'humus

La pluie qui a duré toute la matinée s’arrête enfin et nous nous restaurons dans une petite fazenda autour d’un trou d’eau. Quelques animaux visibles ici : Jacaré (crocodile), Aras, tortues ( que je me refuse à manger ) et des sortes de gros ragondins amazoniens , les agoutis.
L’acalmie est de courte durée, sur la route du retour un énorme grain nous tombe dessus, et c’est une véritable tempête qui souffle sur le fleuve-océan. La houle et le vent fait déraper quelques bateaux au mouillage.

Mardi 1 avril :

Cette année il pleut plus que d’habitude et le niveau de l’eau est particulièrement élevé. Nous en profitons pour prendre un raccourci par le furo Aquiqui, plus au sud, pour éviter de naviguer à contre-courant de l’Amazone. Autre avantage : l’observation rapprochée des berges, puisque d’un bord à l’autre il n’y a qu’une trentaine de mètres. J’ai même pu observer furtivement deux dauphins.
Les caboclos du coin nous voyaient pour la première fois puisque le RIDS n’avait encore jamais emprunté ce passage. Nous échangeons les coucous habituels, tout en se demandant ce qu’ils peuvent bien penser de tels extra-terrestres. Je crois que certains habitants se méfient de nous car ils nous associent à des organisations écologistes.
Au fil de l’eau on aperçoit de temps en temps un anaconda mort, probablement tué par les villageois, pour se protéger eux même ou leur bétail (porcs, buffles…). Au loin, on commence à distinguer les premiers reliefs, signe que nous quittons le grand bassin d’alluvions du fleuve. Nous quittons le furo pour rejoindre l’immense lit de l’Amazone que nous traversons dans le sens de la largeur pour rejoindre Almeirim. A l’arrivée, nous avons droit à un petit comité d’accueil avec des pétards. Le soir, ce sera spectacle de danse, pour changer, mais au moins la population participe un peu plus que d’habitude à la fête.



Mercredi 2 avril :
Ce matin nous partons tous les 3 faire un petit tour de la ville. C’est pauvre, sale et sans intérêt avec une odeur persistante de charogne et de poubelle pourrissant au soleil.


Ah si, quand même, les cabines téléphoniques sont marrantes

L’après-midi sera plus constructif avec la visite du collège public (et catholique). Vient ensuite une réunion avec les élèves au cours de laquelle nous échangerons des questions sur les uns et les autres. Les plus curieux d’entre eux auront droit de visiter nos bateaux . Nous en accueillerons deux avec qui nous aurons une discution un peu fastidieuse en portugais. Du reste, elles étaient au moins aussi intéressées de savoir si j’étais célibataire que d’en savoir plus sur le bateau.



Dans la soirée je pars en virée avec quelques membres du rallye et policiers en civil pour goûter à la chaude ambiance des soirées brésiliennes. Je resterais bien entendu très sage car c’est dans la matinée que Tania doit arriver par bateau, sur le « Macamazon ». Je l’attend avec impatience.

[à suivre...]
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  #3  
Vieux 25/04/2008, 06h36
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Citation:
Envoyé par tovi
[..] savoir si j’étais célibataire[...]

alors ? t'es plus celibataire ?


.....





....


rah need tour du monde en bateau ... meme si çà doit être strange sur 1/3 des cotes
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  #5  
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merci de partager avec nous un tel voyage
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  #6  
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Jeudi 3 avril :
Elle arrivera finalement à 10 heures du matin.

arrivée de Tania

Nous filons ensuite tous les deux en combi-VW jusqu’à la fazenda où nous attendent le reste du rallye. De là, nous explorons les collines boisées alentour. C’est la première fois que nous explorons réellement la jungle. Peu de bestioles mais des plantes étranges.
Retour à la fazenda pour une baignade et un beach volley. Ca creuse, alors je préparerai un poulet coco pour tous les 4 le soir, sur le bateau, et nous prendrons le dessert sur le Skalibur, car c’est l’anniversaire D’Elo, la copine (d'origine indienne) de Nicolas, le guide du RIDS. A Almeirim, comme tous les soirs, une petite fête est organisée sur la place de l’horloge qui surplombe le port.


le mouillage est dangereux car les barges rasent le bord du fleuve

Vendredi 4 avril :
Aujourd’hui, excursion dans une petite communauté villageoise de 300 âmes située au bout d’un petit furo à une heure d’Almeirim en bateau. L’occasion d’apercevoir des paresseux dans les arbres et plus tard un autre capturé par un paysan. Après la balade, nous nous contenterons d’une sieste dans un hamac du bateau.


trempé et effrayé


un de nos deux "bus fluvial" du jour

En début de matinée Tania avait confié du linge à une femme d’Almeirim. Nous le récupèrerons le soir avec pas mal de retard. Je ne sais pas si nous renouvellerons la formule.
Dernier soir à Almeirim sur la place de l’horloge. Comme d’habitude, la nombreuse jeunesse est présente (et pas le rallye), pour assister aux danses traditionnelles.

Samedi 5 avril :
Adieu Almeirim ! La route reprend avec une nouvelle équipière qui devient très officiellement notre traductrice du bord. Une fonction essentielle qui nous permettra d’inviter à bord les 3 enfants de nos nouveaux voisins à Novo Horizonte, un petit village en bordure de furo. La journée sera ponctuée par une grosse averse en fin d’après-midi. Cela ne nous décourageras pas d’aller à la petite soirée organisée au village, malgré les moustiques.


nos voisins

Dimanche 6 avril :
Ce matin, après la messe, tout Novo Horizonte et le RIDS s’est réunit dans la salle communautaire pour recevoir les 20 litres de gasoil dont chaque bateau – ou presque- a fait don à la communauté. Cette initiative imprévue permettra à la petite communauté de s’éclairer (et de regarder le futebol à la télé) pendant 3 mois. Toutes les maisons sont organisées le long d’un long ponton de 1200 mètres de long sur lequel courent les câbles électriques dénudés, à 1m80 du sol parfois. De nouveaux pylônes en béton ont été installés mais les fils n’y sont pas encore accrochés. Le « tour » du village est donc vite fait et les activités sont peu nombreuses. Les policiers du Skalibur ont pêché quelques piranhas, ce qui, avec la présence supposée de serpent nageurs finit de nous dissuader de nous baigner.
Nous retrouvons nos jeunes voisins (16 et 11 ans) sur le bateau et en échange de quelques photos imprimées de leur maison et de leur famille, ils seront nos guides sur le petit iguarapé parallèle au furo. Sans eux nous n’aurions sans doute pas vu les singes perchés dans la cime des arbres.


ultime récompense : piloter le dinghy

Puis, vers 22h nous nous rendons à la soirée dansante du village. Le DJ était assez erratique mais, comme partout au Brésil, la musique latine, pour ne pas dire exclusivement brésilienne, est au rendez-vous. Je ne crois pas avoir encore entendu une seule fois de la musique anglo-saxonne. De toute façon, ils ne sauraient pas comment la danser. Car ici, ni drogue, ni alcool, ni violence, seule compte la danse.

Lundi 7 avril :
Un soleil de plomb accompagne notre traversée jusqu’au prochain mouillage, le furo d’utero . En chemin, beaucoup d’oiseaux et quelques dauphins. Tania s’essaiera aussi à la navigation fluviale. A l’arrivée il y la possibilité de se baigner et de débarquer à proximité d’une petite colline, mais notre modeste expédition va vite se heurter aux fourmis rouge, aux moustiques et à une charge de buffles, sans parler de la boue et de la forêt touffue. Bref, nous remontons sur les bateaux prendre une bière bien fraîche et ainsi profiter du paysage magnifique. Nous avons même aperçu les mythiques dauphins roses de l’Amazone, le Boto.


les pirogues sont tractées


il y a d'autres façon de s'amuser non ?

A la tombée de la nuit, une nuée de moustique envahie le navire. Les répulsifs de toutes sortes ne semblent pas être très efficaces, en revanche j’en ai tué une trentaine à coup de torchon.

Mardi 8 avril :
Le départ s’effectue dans la tempête sous 25 nœuds de vent et sans aucune visibilité dans un chaos total.


deuxième vrai coup de vent du voyage

Par chance aucune collision n’est à déplorer et la route reprend sous une pluie battante en contournant une île. Ce petit détour nous fera arriver à la tombée du soir à Monte Alegre. La flottille mouillera dans un petit furo étroit et marécageux en face de la ville. Nous devrions passer 3 jours sur place. J’espère qu’il n’y aura pas trop de moustiques et quelques activités à faire dans le secteur.

Mercredi 9 avril :
Pas trop de moustiques, mais beaucoup de grenouilles durant la nuit. Elles auraient plus tendance à me bercer qu’à m’empêcher de dormir malgré le niveau sonore élevé.


le matin, les bombeiros enlèvent les "salades" qui font châsser les ancres

Ce matin, farniente. Et l’après midi nous visitons Monte Alegre.


une vue splendide depuis la ville haute

Ce sera l’occasion de faire quelques courses et de se connecter une petite heure à internet. Tania fera quelques rencontres avec une femme travaillant des quartz et un gamin de rue.


le grand jeu

Nous mangerons au restaurant du port, face au Skalibur, qui propose de la viande à volonté. Mais je sature un peu de la viande en général et de la brésilienne en particulier, trop cuite et trop salée. Surtout quand on sait que la forêt est brûlée pour en faire des pâturages…

Jeudi 10 avril :
Levés à 6 heures du matin pour une expédition en pick-up. Nous sommes pas moins de 60 à embarquer sur les 7 pick-up loués à des paysans (pour la plupart). Le bitume laisse place, dès la sortie de la ville, à une piste en terre rouge boueuse. La pluie n’arrange rien. Heureusement, Tania et moi étions à l’abri dans la cabine.
video pick up
Puis la chaleur et le soleil reviennent rapidement et nous empruntons de petits sentiers à travers le zion jusqu’à destination, les peintures pariétales mystérieuses datant de plus de 10 000 ans, c'est-à-dire avant l’arrivée présumée des premiers indiens en Amériques.


des motifs étranges

Et ainsi de suite toute la journée : trajet en pick-up, marche à travers la forêt de broussailles, peinture dans les grottes gardées par des chauves-souris ou des guêpes. Les paysages sont vraiment superbes, même s’ils n’ont plus grand choses à voir avec la forêt primaire humide.


un petit vent frais caresse la falaise


un confort très relatif


un vaquero et son troupeau


les peintures rupestres marquent l'identité de la localité

Au retour, nous avons bien mérité une bière bien fraîche avant de remonter sur le bateau. Une petite demi-heure de moteur est nécessaire pour recharger les batteries du bateau, avec comme conséquence d’élever de quelques degrés la température dans la cabine arrière. Alors avec Tania nous sortons quelques temps dans le cockpit pour profiter de la fraîcheur de la nuit amazonienne et de son spectacle sons et lumières : les grenouilles et les oiseaux nous offrent leur concerto amoureux tandis que les lucioles dansent par dizaines entre le ciel emplis d’étoiles et leurs reflets dans la lagune, se confondant parfois avec les étoiles filantes. Plus loin, les éclairs illuminent brièvement l’horizon comme un feu d’artifice célébrant la vie nocturne de la Nature.


un coucher de soleil prometteur d'une belle nuit


Vendredi 11 avril :
Nouvelle expédition en pick-up. Cette fois-ci nous ne sommes plus qu’à deux voitures et nous nous rendons aux cascades de Cachoera, puis dans un petit étang d’eau clair où nous nous baignons avec délice au cœur de la forêt.


cascades


baignade
baignade au "lago azul"

De retour, un peu fourbu par ces voyages sur les pistes défoncées qui me vaudront un mal de dos jusqu’au lendemain.


le cheval ça a du bon aussi

Après un petit repas au resto, sur la place du port, nous voyons quelques jeunes pratiquer la capoeira avec beaucoup de ferveur. Un spectacle dont on ne se lasse jamais.

Samedi 12 avril :
Départ de Monte Alegre à 6 heures du matin, une ville agréable finalement. La navigation durera toute la journée, sans incident notable. Au mouillage, le Pulsion recevra des invités à dîner. Et me voilà bon pour préparer un gros plat de spaghettis pour 10 personnes.
Durant la nuit un gros orage surprend la flottille en plein sommeil ; certains bateaux chasseront sur leur ancre mais le Pulsion tient bon.

Dimanche 13 avril :
Dernière traversée de cette remontée amazonienne. Nous passons devant Santarem pour aller mouiller un peu plus à l’ouest à Alter Do Chão, une petite station balnéaire un peu incongrue, ici sur l’Amazone. Scooters de mer, optimistes, kayaks et même un bateau de plaisance local, on se croirait au bord de la mer. Le site connaît une seule marée : haute à la saison des pluies, basse à la saison sèche. Actuellement la plage est inondée et nous mouillons à proximité de paillotes recouvertes d’eau.


Alter do Chão

Ce soir, impossible d’échapper à la petite fête de réception de la municipalité, avec, comme d’habitude, la représentation de Carimbo par le club du troisième âge… Difficile de s’échapper car à l’extérieur l’averse semble ne pas cesser de la soirée, mais finalement nous pourrons aller dîner dans un (vrai) restaurant avant de rentrer nous coucher.

Lundi 14 avril :
Ce matin nous avons rendez-vous avec les gens de l’agence AmazonStar pour planifier l’excursion en forêt chez les indiens. Mais nous ne les trouverons que plus tard l’après
-midi. Tania est indécise et a peur de dormir deux nuits dans un hamac, j’essaye tout de même de la convaincre, ce sera la seule occasion de voir de « vrais » indiens. Nous passerons le reste de la matinée dans une autre agence où nous discutons avec un membre d’une ONG (Vila Viva) luttant pour préserver la forêt et le mode de vie des indiens. Les populations locales se laissent convaincre de passer à l’écotourisme, florissant ici à Alter de Chão, le gouvernement a d’autres projets, comme de dynamiter les 22 cascades en amont pour faire passer les containers de soja… En plus de ravager le site, cela contribuerait encore plus à la déforestation sauvage. Ici, on trouve beaucoup d’organisations écologistes, comme Greenpeace, et beaucoup d’européens (dont pas mal de français) venus vivre dans la région. Il faut dire que la ville est assez agréable, en particulier grâce à l’absence de moustique. Cette absence est expliquée par la volonté de dieu ou la présence d’eaux légèrement acides. Peut être un peu des deux. Mais il faut admettre que l’eau est très claire et que nous prenons plaisir à nous y plonger.
C’est étrange à dire mais j’apprécie aussi l’endroit pour son aspect touristique. Certes les prix sont un peu plus élevés qu’ailleurs sur l’Amazone, mais au moins on y trouve de bons restaurants et des magasins avec des produits corrects. En particulier un magasin d’artisanat indien très typique, avec de vrais sarbacanes (vendus avec le poison !), poteries, hamacs traditionnels etc… mais hélas hors de prix. Il faudrait être certains que les indiens en profitent réellement.

Mardi 15 avril :
Aujourd’hui je part avec Tania en bus à Santarem pour quelques courses. Rien de plus simple, il suffit de prendre le bus : 1 heure de route pour 2,3 R$.


arrêt de bus à Santarem

Santarem est une assez grande ville, sans architecture notable, une ancienne mission qui a grandit au gré de l’exploitation de l’hévéa, des ruées vers l’or et de la déforestation. Il y a en particulier un grand port d’où part le sojà. Nous recherchons un grand hamac pour dormir à deux et un sac pour mettre le hamac. Hasard, sur la grande place se tient un marché de petites échoppes qui ne vendent quasiment que des hamacs et des sacs…
Ceci nous fait gagner du temps pour trouver un tee-shirt, mais ici comme souvent ailleurs sur l’Amazone, il est difficile de sortir du standard brésilien : tong, short de surf (ou de jean) tee-shirt aux couleurs criardes et aux motifs américains, « surf » ou « street », avec paillettes… Les brésiliens (du Parà) s’habillent strictement tous sur ce modèle, plus beauf que surf au bout du compte.
De retour à Alter Do Chão, Tania finit par se décider à s’inscrire pour l’excursion. Nous passons ensuite un moment au bar/agence touristique où Eloivera chantera quelques chansons. Enfin, au restaurant, nous pourrons déguster une pizza aux chandelles et sans télé-novela en bruit de fond… grâce à une coupure de courant généralisée.

[à suivre...]

Dernière modification par Tovi ; 25/04/2008 à 14h18.
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  #7  
Vieux 25/04/2008, 16h10
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Citation:
Envoyé par syrco

rah need tour du monde en bateau ... meme si çà doit être strange sur 1/3 des cotes
Les côtes somaliennes, indonésienne ou philippines sont rigolotes pourtant...
__________________
Bon... J'ai peut-être fait quelques petites concessions...
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  #8  
Vieux 25/04/2008, 20h13
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Mercredi 16 avril :
Ce matin, quartier libre. Je travaille mes cours, papa entretien (tant bien que mal) le moteur, maman et tania vont faire du shopping. Après discussion, les parents se désistent pour nous laisser faire la balade à cheval dont les places sont limitées. Les chevaux sont calmes et habitués au climat et à la dense végétation de la forêt.


belle croupe

La balade est agréable mais les seuls animaux que nous verrons seront des mouches.
Les préparatifs pour l’expédition de 3 jours en forêt commencent : hamac, couverture, pantalon, chaussures de marche, machette, lampe de poche, poncho de pluie, répulsif anti-moustique, un peu de toilettes.

Jeudi 17 avril :
Nous embarquons sur le bateau fluvial qui nous promènera durant les prochains jours sur le rio Tapajòs.


notre "chambre", avec l'équipage

En tout, nous sommes 17 passagers du RIDS et une demi-douzaine de membres d’équipage, plus Jean-Pierre, notre guide, un français installé dans la région depuis quelques années. La première sortie débute par l’ascension d’une colline surplombant Alter Do Chão. A l’origine c’est un site sacré indien, à cause des nombreux éclairs qui y tombaient, mais aujourd’hui on y trouve une vague structure en fer représentant des croix chrétiennes. La vue est superbe.


manque plus que les Shamans

Après la chaleur de la marche nous nous baignons avant de repartir en bateau vers un petit bras de rivière abritant de nombreux oiseaux et des nénuphars géants.



En fin de journée nous reprenons la navigation vers le sud. A bord, le confort est très rustique mais on trouve quand même un cabinet de toilette/douche et la nourriture est excellente, c’est même une des meilleures que j’ai mangé au Brésil jusqu’ici. Je passerai la première moitié de la nuit avec Tania dans une des rares couchettes à l’avant du bateau, mais les ronflements d’un des équipiers brésiliens nous repousseront vers la cale du bateau, où nous dormirons, avec l’équipage, dans notre hamac double place. Pendant ce temps, les autres dorment tous, serrés, au dessus.

Vendredi 18 avril :
Finalement, on dort très bien dans un hamac. A bord, l’ambiance est bonne, tout le monde profite bien du voyage. Aujourd’hui nous visitons une communauté Caboclos, Vista Alegre. C’est une des premières communauté à s’ouvrir à l’écotourisme. Sa particularité est de faire cohabiter une population catholique d’un côté et évangéliste de l’autre. Au Brésil, la lutte fait rage, mais pour le visiteur non averti (non chrétien…) la différence ne saute pas aux yeux. Si ce n’est que les catholiques sont un peu plus nombreux et qu’ils disposent de maison en briques, fournies gratuitement par le gouvernement, alors que les évangélistes possèdent des maisons traditionnelles en bois. Mais ces maisons en briques sont de vrais fours sous l’Equateur et beaucoup reviennent à leurs constructions traditionnelles. L’école publique, que nous visitons, est laïque et abrite les enfants des deux communautés.


foudre ou guerre de religion ?


pressoir à manioc


maison traditionelle

Nous nous rendons ensuite dans un coin de forêt, sur un iguarapé, c'est-à-dire une petite rivière serpentant sous les arbres. En fait c’est toute une zone de forêt inondée à travers laquelle une trouée dans la végétation dessine comme une rivière, avec un léger courant et une eau très pure : les igapòs. Chaque barque est dirigée par un rameur local, ce qui est aussi une façon de donner du travail à un maximum de villageois.


deep forest
en mouvement et en musique (cliquez ici)

La balade au milieu de cette nature généreuse est enchanteresse, elle s’achèvera par un sprint entre les barques sur une grande étendue d’eau. Mon rameur semblait attendre ce moment depuis le début !
L’objectif principal de ce voyage de 3 jours est la rencontre avec de véritables indiens vivant de façon traditionnelle au milieu du parc national (parc « extractiviste fédéral » précisément) . Notre bateau mouille au milieu d’une sorte d’étang entouré de forêt. Alors que le repas s’achève, nous apercevons les lumières des embarcations indiennes s’approcher doucement dans la nuit. Instant très émouvant. Puis nous embarquons deux par deux dans les barques qui nous amènent sur la terre ferme à la seule lumière de la lune.


Pedro, journaliste brésilien qui suit le RIDS, embarque sur la pirogue


petite marche jusqu'au village

Et c’est justement la nouvelle lune que les Kurumundu fêtent ce soir lors d’une cérémonie toute simple, constituée de danses et de chants très beaux. Au début nous restons spectateurs, les flashs des appareils photos crépitent mais ils font échos aux éclairs à peu près permanents lors des soirées équatoriennes, même par temps clair. Les Kurumundu forment un cercle imperméable à notre présence, comme pour se protéger. Mais à la fin, ils nous invitent à les rejoindre dans leur cercle et à danser avec eux.


en musique...(cliquez ici)

Nous deux tribus sont réunies et le commerce peut commencer.


les deux tribus

Cette fois, nul doute que l’argent de la vente de l’artisanat ira directement à la source. Cet argent leur servira à défendre leurs droits auprès du gouvernement brésiliens, à éduquer leurs enfants (une arme à double tranchant) et à se soigner. Ce petit peuple de la forêt est si beau, si gentil, si fragile, comment ne pas essayer de les aider ? Peut être que cette formule, empreinte de respect mutuel, est la voie à suivre. Je ne suis même pas persuadé qu’ils aient besoin de quoi que ce soit de notre civilisation, la forêt est riche de toutes les médecines et de tous les savoirs, il suffit de savoir les lire.





Samedi 19 avril :
Cette nuit, tania et moi avons dormit chacun dans notre hamac, en bas. On dort un peu mieux seul qu’à deux, même dans un grand hamac, mais le matin il fait plus froid…


vive la sieste !

Après un copieux petit déjeuner amazonien (fruits, avocat, omelette, confitures, fromage etc.), nous avons fait le plein d’énergie pour la journée de marche qui nous attend.


l'aventure continue

La première étape commence par la visite d’un atelier de caoutchouc naturel, issu de la culture de l’hévéa. L’intérêt est surtout historique, car bien qu’il existe un petit artisanat du caoutchouc le long de l’Amazone, cette matière ne représente plus rien dans l’économie mondiale.


l'hévéa

La marche en forêt peut débuter. Pour atteindre la forêt primaire il faut auparavant marcher une bonne heure dans une forêt dite secondaire, c'est-à-dire en partie déboisée puis reboisée, donc moins riche, et avec la chaleur et l’humidité l’effort n’est pas négligeable.



La forêt primaire est beaucoup plus touffue, haute et ombragée, l’humus est plus dense et le sable n’apparaît pas. L’Amazonie est un chef-d’œuvre de la Nature, elle a réussit à faire vivre une si grande diversité d’espèces sur le sable d’un ancien désert. Pardonnera t’elle à l’Humanité cet assassinat ? Elle me donnera une réponse plus tard, dans la soirée.

Car notre guide, Jean-Pierre, nous a informé de l’existence d’une communauté shamanique pratiquant un rituel mystique autour de l’ayahuasca, une puissante boisson hallucinogène utilisée traditionnellement par les indiens dans toute l’Amazonie.
Le jeune shaman, Indiòs, nous accueille à Alter de Chão dans sa communauté, un petit terrain d’un hectare de forêt, de plantation d’ayahuasca et de cabanes. Je suis accompagné de Tania, Catherine, Viviane et Didier de Sakti, le couple de Witte Raf (ouverts d’esprits puisque hollandais…) et de Maelle, du RIDS. Sur place, les autres membres sont des locaux, des brésiliens ou des étrangers. La culture et la consommation de l’ayahuasca est tolérée, au Brésil, dans le cadre de ces rites spirituels, mais pas son commerce car c’est un produit puissant qui nécessite un cadre approprié (paisible, naturel et bienveillant). La cérémonie en elle-même est toute simple et sans fioritures, et consiste à absorber un petit verre de chà (thé) contenant l’ayahuasca. Le premier effet n’est pas très agréable, nausée, vomitif et laxatif mais sans être particulièrement violent, ces effets s’estompant au bout d’une heure (en général).
La suite est du ressort des expériences individuelles et les effets sont variables mais souvent très puissants, avec comme dénominateur commun un rapport intense avec la Nature. Mon expérience fût particulièrement intense et mystique ; Tania était à mes côtés. Il n’y a aucun plaisir physique, comme peut apporter le tabac ou l’alcool par exemple, mais plutôt des séries d’expériences mystiques hallucinatoires, enthéogènes pour être précis, très fortes, comme de voir des animaux ou se transformer en son animal totem…, ressentir la Vie, la Terre ou Dieu. L’effet dure environ 6 heures, puis chacun raconte son expérience. Pour moi, cette séance mystique fût le point d’aboutissement de mon voyage en Amazonie, une rencontre avec la forêt, la déesse-Terre.



Dimanche 20 avril :
Nous sommes rentrés vers 5 heures du matin. A Alter do Chão les rues sont sans danger. Notre escapade n’est pas passée inaperçue dans le rallye et beaucoup sont intrigués. Peurs et incompréhension du monde occidental face au mysticisme, surtout quand il n’est pas simulé ou entouré d’artifices religieux. La veille, non loin de là, j’ai vu un concert de rock dans une église, sono à fond. Je doute que ce vacarme ait quelque chose à voir avec la spiritualité.
De ce point de vu encore, les indiens n’avaient pas grand-chose à apprendre de la civilisation chrétienne et nous aurions tout à apprendre d’eux.
En attendant ce nouvel Age hypothétique, je me remet doucement de la nuit. Durant la matinée, le Pulsion s’est déplacé à proximité de Santarem. Pour Tania et moi, ce sera la dernière escale avant le retour. Je me baigne, un dauphin apparaît, l’esprit du fleuve me dit au revoir.


la carte du trajet

Lundi 20 avril :
Dernier jour à Santarem. Il fait beau. Avec Tania nous nous préparons pour le départ, demain matin vers 4 heures. Nous prendrons un vol pour Belém, puis Rio de Janeiro, Paris, Nantes, Arzon.
Finallement, c'est au retour que la Nature me fera vivre sa plus cruelle expérience : en mon absence, mon chat s'est fait massacrer par celui du voisin, venu lui piquer sa nourriture. La vie est si fragile...

Dernière modification par Tovi ; 25/04/2008 à 22h38.
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  #9  
Vieux 25/04/2008, 21h32
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c'est dépaysant , sympa à lire
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  #10  
Vieux 25/04/2008, 21h45
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Réflexion sur l'Amazonie :

A la base il y a nous, la civilisation Occidentale. Et en particulier notre voracité en bois, en pétrole, en viande et tant d'autres richesses.
Au début il y avait les indiens et la forêt. Puis sont venus les missionaires et les chercheurs d'or. Aujourd'hui, la première chose que le gouvernement de Brasilià fournit gratuitement aux populations c'est une antenne parabolique. Les caboclos achètent ensuite la télévision et le petit générateur électrique pour le faire fonctionner. Cette nouvelle religion cathodique, faite de télénovelas et de football, finit de les convaincre qu'ils n'ont rien et qu'il serait temps qu'ils commencent à s'acheter des objets. La vente de l'açai et du poisson ne suffisant pas, ils s'en vont couper les grands arbres millénaires, miner, travailler dans les champs et défricher.
Les premières grandes villes d'Amazonie se sont bâties sur d'anciennes missions. Les premiers indiens étaient capturés de force ou convertis pour travailler dans les champs, métissés. L'hévéa fit la fortune de Manaus et de Belem. De là, partirent les chercheurs d'or, puis les pilleurs de bois.
Quand il n'y a plus de bois intéressant à couper, la forêt est brûlée. La terre est ainsi transformée en pâturages ou en champs de soja. Mais au bout de quelques années la terre s'appauvri tellement que seul le manioc pousse dans le sable.
Dans le système néo-féodal brésilien, les paysans n'ont pas de terres. Ils sont tolérés sur les terres du propriétaire terrien tant qu'ils sont utiles en tant qu'ouvriers agricoles. Mais avec l'industrialisation du pays, les ouvriers agricoles sont remplacés par les machines et ils migrent dans les favelas. Le gouvernement leur allouent également quelques arpents de terres pris sur la forêt. Ces colons reproduisent alors le modèle de destruction des terres un peu plus loin, le long des routes traversant la jungle. Comme une nuée de criquets ne laissant que des étendus stériles derrière elle.
La main d'oeuvre pauvre et abondante des favelas alimente la formidable croissance industrielle du Bresil. Le pays a de l'ambition. Encouragé par le FMI, il a comme projet d'exporter son agro-carburant à base de colza et de soja. Jusqu'ici, la déforestation servait principalement à nourrir le bétail occidental aussi bien que local. Il semblerait que nous ne puissions pas nous passer de manger de la viande tous les jours, matin, midi et soir. Et tant pis pour les forêts, tant pis pour les famines et l'effet de serre, le steack, le porc, le saucission sont nos "way of life", notre "pouvoir d'achat". Des valeurs plus sacré que l'existence et la survie de la Terre elle-même.
Ces donc sur l'autel de notre obesité vorace que nous sacrifions ces peuples, ces animaux et ces plantes. Comment lutter quand on a que la Bible, les télénovelas et une paire de tong ? Qui prendra conscience des effets destructeurs de ce système sur l'écologie de la planète toute entière ?
Certains d'entre eux luttent. Ils luttent pour sauver leur culture, leur forêt. Mais la Machine vorace est puissante, ses cargos et ses routes sillonent le pays. Le feu et les bulldozzers ne seront pas arrêtés avec quelques flèches ou des prières. C'est le système lui même qu'il faut casser : refuser tout achat de bois non certifié FSC, limiter sa consommation de viande au minimum possible, encourager l'écotourisme, le commerce équitable ou pourquoi pas acheter des arpents de forêt avant les multinationales.
Le système économique mondial ne survit qu'en brûlant un héritage de plusieurs millions d'années, en endettant les futures générations par les rejets carboniques et l'épuisement des sols. Quand il n'y aura plus rien à brûler, qui sera sacrifié ? Celà ne se passe pas "ailleurs", celà se déroule sur notre Terre, celle que vous avez sous les pieds en ce moment. Il n'y aura nulle part où s'enfuir, pas d'autre planète à coloniser, pas de paradis où cacher son âme, pas de Messie pour venir nous sauver. Certains pensent aussi que l'on peut gagner la guerre contre la Nature, mais si nous lui faisons la guerre nous ne pouvons que perdre, car nous en sommes un élément indiscociable. Il est temps de trouver le chemin de la paix.
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