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Vieux 27/10/2005, 13h14
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Par défaut AAR FFL 1940 (par FranceLibre)

Cet aar a ete retrouve sur le cache de google. Il n'appartient qu'a FranceLibre de decider de ce qu'il veut en faire.




Bon allez, je me lance. Souhaitez-moi bon courage !

Scenar : Blitzkrieg 39
Diff : Diff. (faut pas trop pousser qud même)
Agress : Elevée (idem)
Pays : Désigné pour mourir ... euh ... France, je veux dire

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Carnets de guerre du maréchal de Lattre de Tassigny

27 juin 1940
Claridge Mansion, QG temporaire du gouvernement de la France Combattante

De ma fenêtre d’exil, je regarde la pluie de printemps tomber sur Londres. Derrière les nuées, le soleil pointe déjà ses rayons, annonciateurs de lumière et d’espoir. Mon seul vœu, désormais, et l’unique buts de tous mes actes, sera de tout faire pour que ce présage des cieux se réalise un jour pour ma patrie martyrisée par le feu et l’acier allemands. Pour qu’après la défaite et les larmes, revienne enfin le temps de la liberté et de la joie.

Bien que je n’en aie aucun souvenir précis, je suis arrivé, m’a-t-on dit, dans la capitale anglaise il y a déjà vingt jours. Cependant, c’est seulement aujourd’hui qu’il m’a été possible de sortir enfin du Ste Mary Royal Hospital et de prendre connaissance des événements tragiques survenus en France durant tout ce temps.

Mais, avant d’évoquer ces funestes jours, je me dois de décrire les mois qui précédèrent la fin de ce qu’il faudra, la rage au cœur, désormais appeler « la bataille perdue de France ».

1er septembre 1939, c’est la guerre. Faisant fi de tous les efforts diplomatiques franco-britanniques en faveur de la paix et des nombreuses concessions qui lui ont été faites, le chancelier Hitler lance ses armées contre la Pologne. Honorant leurs récents engagements en faveur de ce pays ami, les alliés déclarent la guerre à l’Allemagne.
Militaire de carrière, je connais trop nos armées pour aborder ce conflit avec une entière confiance : la France est, à l’évidence, tellement plus faible qu’en 14 !
Mais, je fais fi de mes sentiments personnels et, le 2 septembre, prends officiellement le commandement de la 7ème Armée stationnée sur la Marne. A ma grande déception, je me trouve donc confiné en retrait du front Alsacien, en deuxième ligne, à la tête de 6 divisions aux effectifs réduits. Une petite vengeance, j’imagine, aux bons soins de Gamelin qui, parvenu aux plus hautes fonctions militaires, règle ses comptes. Et Maurice ne m’a jamais pardonné de m’être opposé dès l’origine à sa stratégie strictement défensive.
Engoncé dans ses préjugés, il ne pousse que fort peu la montée en puissance de nos forces, jugeant que les Allemands n’oseront jamais s’attaquer à la France, trop bien défendue par la ligne Maginot. C’est tout juste s’il accepte d’aider des Polonais qu’il juge perdus, en participant au corps expéditionnaire que les Anglais dépêchent par bateau pour défendre Dantzig.
Ce qu’il ignore, en revanche, c’est que son point de vue n’est pas unanimement partagé par le haut-commandement. Sa réticence à honorer la parole de la France vis-à-vis des Polonais l’a même tellement desservi qu’en coulisse, ceux qui veulent préparer au mieux le pays pour le choc s’organisent. Que les historiens futurs ne nous accusent pas de rébellion : nous ne désobéissons jamais. Mais dans le grand désordre bureaucratique de la mobilisation générale, il est aisé « d’adapter » les ordres aux nécessités de l’heure. C’est ainsi qu’en quelques mois, palliant l’inertie du Haut-commandement, les armées sont réorganisées. 3 occupent la ligne Maginot et 3 sont en réserve. Toutes comptent 9 divisions à plein effectif, avec 2 bataillons antichars chacune. Sur les conseils avisés d’un jeune général plein de feu, De Gaulle, une armée mécanisée, la 6ème,est constituée (8 divisions, mi-blindés, mi-infanterie motorisée d’appui) et les chars les plus anciens réformés pour être remplacés par des Somua 35 commandés à l’industrie grâce à une de ces acrobaties budgétaires dont Auriol (qui soutient nos initiatives) a seul le secret. Deux corps alpins (Olry et Legentilhomme) à 4 divisions spécialisées chacun sont créés et portés sur la frontière italienne « au cas où » et en réserve de dernier recours. L’aviation et la marine sont pareillement ordonnées, afin de leur donner une efficacité maximum : les forces aériennes tactiques et de chasse sont regroupées, des groupes navals constitués (notamment la fameuse « flotte de bataille » de Darlan, qui s’illustrera en Mer du nord). La colère de Gamelin, quand il découvre nos manœuvres, s’éteint brusquement à la réception d’un pneumatique du président Lebrun le félicitant pour « ses brillantes qualités d’organisateur ayant permis la mise en garde de nos forces en un temps record et selon un dispositif astucieux, etc, etc… ».
Seule ombre au tableau, nous sommes toujours seuls : les alliés arguent de difficultés dans leur mobilisation ou de la nécessité de s’assurer avant toute chose de la suprématie maritime, mais le 14 septembre, seule la division du 'Scottish command' est à notre disposition à Portsmouth.
Autre source d’inquiétude, il se murmure que les Allemands auraient conclu un accord avec les Soviétiques préalablement à l’attaque de la Pologne, ce que semblent confirmer des pressions grandissantes de la part de Moscou sur ses voisins Baltes.
Le 23 septembre, premier combat pour nos forces : la Flotte de bataille engage, aux côtés des Britanniques, la Kriegsmarine au large de Kiel. C’est une grande victoire : les forces allemandes sont durement étrillées. Le croiseur ‘Koln’ est coulé par le ‘Dunkerque’, aucun dommage majeur dans notre camp. Profitant de l’avantage ainsi acquis, un débarquement est lancé sur Hambourg. Les troupes marocaines, ainsi que le Scottish Command, s’emparent de la ville sans coup férir le 26 septembre et la flotte allemande blessée, contrainte d’appareiller d’urgence pour éviter la capture, subit une nouvelle défaite cuisante. L’espoir d’une victoire rapide renaît dans nos rangs, d’autant que les Polonais résistent vaillament à l’est, défendant pied à pied leur territoire. Le corps expéditionnaire de Dantzig, bien qu’encerclé, est ravitaillé par la mer et ne subit que des attaques aériennes sporadiques.
Le 9 octobre, Kiel est investie, mais des éclaireurs signalent d’importants mouvements de troupes en direction des deux provinces fraîchement conquises. 4 divisions de renfort sont acheminées sur place et commencent à se retrancher sous les bombardements incessants des Stukas. Le groupe de chasse ‘Orient’ sur Dewoitine 501 est dépêché sur les lieux à partir de bases anglaises pour faire cesser ses attaques, dont la redoutables efficacité nous inquiète. Parallèlement une attaque massive sur la Sarre se prépare en Alsace. Elle est lancée le 12 octobre, alors que de mauvaises nouvelles nous parviennent d’Allemagne. Après quelques tentatives infructueuses de leurs stukas, les Allemands ont visiblement changé de tactique : le 10 octobre, une luftflotte de neuf groupes aériens, dont 3 de Me109, attaque nos positions à Hambourg. En quelques heures, les vieux dewoitine sont balayés du ciel. Un pilonnage intensif commence, qui n’annonce rien de bon. Effectivement, le 12 au matin, les 3 divisions éprouvées de Hambourg sont attaquées par 8 divisions allemandes, alors que les attaques aériennes débutent sur Kiel, là aussi suivies d’un assaut terrestre parfaitement coordonné. Les lignes alliées sont emportées en une demi-journée de combat dans les deux cas et les rescapés embarquent en grand désordre dans les transports fort heureusement restés en attente, sous la protection des flottes franco-britanniques.
Celles-ci subissent d’ailleurs des attaques continuelles depuis quelques jours, mais ont toujours réussi à l’emporter jusque là. Le 12 à midi, débute la plus grande bataille navale de ce début de guerre. Les allemands sont semble-t-il bien décidés à exterminer les troupes qui ont osé envahir leur territoire et ils cherchent donc à empêcher leur évacuation. Pas moins de 6 flotilles de sous-marins, 4 cuirassés et 6 croiseurs, sans compter les destroyers, soit la quasi totalité de la Kriegsmarine, sont envoyés à l’attaque. Les forces alliées, supérieures en nombre, tiennent le choc et manoeuvrent pour protéger les cargos. Une fois la surprise passée et les derniers soldats embarqués, elles se redéploient et prennent l’avantage. Au matin du 13, les épaves des cuirassés Gneisenau, Scharnhorst, Schleswig-Holstein, des croiseurs Deutschland, Graf Spee, Emden, Admiral Scheer et Leipzig gisent par 3000 mètres de profondeur, aux côtés de nombreuses autres unités de moindre importance. La marine allemande n’est plus.
Le 14 octobre, ses quelques rares navires rescapés sont rejoints par Darlan et Sommerville au large des Pays-Bas. Obéissant sans nul doute à l’ordre de combattre à outrance, Raeder refuse de se rendre. En quelques heures, les dernières unités navales lourdes du Reich sont coulées. Seul le croiseur Nurnberg parvient à s’enfuir, gravement avarié. Le Schlesien, dont les canons tirent toujours, sombre en dernier. Son équipage, rassemblé sur le pont dévasté chante l’hymne allemand au milieu des ruines des superstructures.
A Darlan, qui le félicite pour cette « victoire définitive », Sommerville, soucieux, réponds : « Look, these people sing while they sink : we won’t get rid of them so easily. And they still have their damn’ Uboots. ». Paroles hélas prophétiques, comme nous l’apprîmes à nos dépends par la suite.

(A SUIVRE…)




CARNETS DE GUERRE 'DE LATTRE'
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27 juin 1940, 15h00
Claridge Mansion, QG temporaire du gouvernement de la France Combattante

Après quelques heures d'un sommeil lourd de cauchemars, je reprends la plume. Ma tête me fait atrocement souffrir, mais qu'est-ce au regard de l'océan de douleur qu'il me reste à conter ?

(note pour le sergent Tiyorganisateur, secrétariat : ainsi que me l'a fort justement fait remarquer M. Léo Leaz, éminent membre de l'Académie en exil, j'ai très improprement écrit " 3000 mètres " dans mes feuillets précédents. Vous voudrez bien remplacer " mètres " par " pieds " : ces données m'ayant été fournies par l'Amirauté, j'avais bêtement oublié de faire la conversion. )

Pendant que la lutte faisait rage en mer du Nord, des événements d'importance se déroulaient à la frontière est. Faisant fond sur l'occupation d'Hambourg et de Kiel pour fixer des forces Allemandes importantes et au vu du dispositif massif engagé par Hitler contre les Polonais (repoussés, à cette date, derrière la Vistule et son affluant la Bug), Gamelin a convaincu le gouvernement de l'opportunité d'une attaque en Sarre. Le 12 en début d'après-midi, alors que 35 divisions (Ière, IIème et IVeme armées, VIème mécanisée) ont entamé leur mouvement, nous obtenons, Koenig et moi, une entrevue avec le Commandant en chef allié. Nous lui faisons part de nos craintes quant à la réussite de l'attaque en cours et, pour appuyer nos dires, produisons les rapports des officiers rescapés de l'opération 'Ortie' en Allemagne du nord. Ils sont extrêmement clairs : sans qu'aucun blindé n'y participe, les deux contre-attaques allemandes ont submergé nos défenses avec une inquiétante facilité. Gamelin refuse d'accorder foi à ces témoignages et maintient l'attaque, menée par Juin. Il affirme que le 2ème bureau ne prévoit qu'une opposition limitée à 5 divisions de Landwehr et qu'à 1 contre 7, même la meilleure armée plie sous le nombre. Et la meilleure armée, n'est-ce-pas, c'est la notre, pas celle des boches. M. Goguenard-Lempoté, sous-secrétaire d'état à la guerre, présent à la réunion, nous lance même, railleur : " Voyez donc les fiers tenants de l'offensive ! Ils recommandent à présent la défense, alors que nous faisons exactement ce qu'ils ont toujours réclamé ! Fi donc, vils Cassandre, toujours malavisés ! Si cette attaque échoue, je m'appelle Dorothée ! " (car le sous-secrétaire affectionne les alexandrins)
Défaits, nous repartons donc vers nos QG, la tête basse et le coeur plein d'appréhension. Commence alors une longue nuit aux côtés de nos opérateurs radios.
Première dépêche :
13/10 1h00 - de Juin à diffusion commandement - commençons attaque surprise de nuit sur tout le front - stop - premiers contacts établis - évolution favorable - stop -faible opposition - envisageons victoire rapide - terminé
2eme dépêche :
13/10 3h00 - de Juin à diff. Cdt - combats s'intensifient - résistance acharnée - tranchées de 2eme ligne atteintes - semblent fortement tenues - terminé
3eme dépêche :
13/10 5h00 - de Juin à diff. Cdt - sommes repoussés - lourdes pertes - forces ennemies estimées à 17 divisions fortement retranchées - barrage d'artillerie infranchissable - repli sur tranchées de 1ère ligne allemandes - terminé.
4eme dépêche :
13/10 - 6h00 - de Juin à diff. Cdt - Pertes estimées à 1/3 des effectifs initiaux - bombardements aériens incessants et meurtriers- aviation amie, très éprouvée, impuissante à nous protéger - 3 groupes de chasse détruits - pertes 40% - demande conduite à tenir - terminé
5eme dépêche :
13/10 - 7h00 - de Juin - à diff. Cdt - accuse réception ordre de retraite sur positions de départ - infanterie coloniale assure couverture d'arrière-garde - son sacrifice ne sera pas oublié - les hommes se sont bien comportés - porterai seul la responsabilité de l'échec - terminé

Ainsi se termine tristement la seule et unique tentative d'offensive française de masse contre les frontières Allemandes. Plus aucune ne sera tentée. Notre pauvre ami Juin est effondré.
De retour du front, il est "promu" à la tête de la 5eme Armée, stationnée dans le Nord-Pas de Calais. Sur le chemin, il fait halte à Verdun. Je mets fin à une tournée d'inspection dans les alentours pour le rejoindre. Là, sur cette terre où nos anciens ont vaincu au prix de tous les sacrifices, ce grand guerrier me confie ses doutes : "Je te jure que je n'ai fait aucune erreur. Mes braves se sont vaillamment battus, mais que veux-tu, les schleus sont tout simplement trop bien organisés, trop bien équipés, trop plein de rancoeur contre nous aussi, je crois. Nous étions comme une vague qui s'écrase contre un rocher. A part que ce rocher là peut aussi se mettre à avancer pour écraser la vague. Mon ami, quand ils en auront fini avec les Polonais, ce sera notre tour, tu peux en être certain. Pourrons-nous tenir ?"

Le mois d'octobre s'achève donc sur cette situation paradoxale : triomphants sur mer, les alliés sont impuissants face aux forces terrestres mécanisées du Reich. Nous avons même du évacuer Dantzig en catastrophe le 25, sous la poussée de 20 divisions dont 6 blindées. Nos pauvres amis Polonais sont seuls désormais. Même avec l'apport du 1st BEF (7 divisions-Mal Dill), nous ne pouvons plus distraire de forces à l'est, tant notre propre sécurité est menacée et tant l'affaire de la Sarre nous a coûté cher.

Le début du mois de novembre voit la résitance polonaise s'effondrer sur tous les fronts. Le 13 novembre, c'est la fin : la Pologne capitule. Elle est aussitôt proclamée "terre du Reich". Curieusement, les panzers évacuent sans tarder toutes les provinces orientales, dont se saisissent immédiatement les Soviétiques au nom d'un prétendu droit historique. Ainsi, notre pire crainte semble être fondée : un pacte secret aurait bel et bien été signé entre les deux puissances, que tout oppose pourtant !
J'avoue que, si l'une est notre ennemi désigné, je n'éprouve aucune sympathie pour l'autre dont l'appêtit va grandissant : soumis à des pressions militaro-diplomatiques énormes, les Lituaniens ont fini par accepter de se ranger sous le drapeau rouge (4 novembre). Bien mal leur en prend, leurs jeunes gens, sont aussitôt enrolés dans l'Armée Rouge qui agresse la finlande le 14 novembre.
Tant bien que mal, nous fourbissont nos armes pour le choc que chacun pressent comme imminent : à la fin du mois, les canons antichar et antiaériens de 40mm sortent en série des arsenaux qui tournent à plein régime, ainsi que d'autres modèles d'artillerie dont nous attendons beaucoup. Les sites de DCA d'alsace-Lorraine sont déclarés opérationnels le 2 décembre. De nouvelles divisions sortent des dépôts à une cadence redoublée.
Mais, le temps semble s'accélérer : alors que l'URSS achève d'avaler les pays Baltes (Estonie, le 9/12), l'Allemagne rompt avec tous les usages de la guerre en attaquant par surprise la Belgique et le Luxembourg (le 10/12), pays neutres.
En 9 jours tout est consommé. Leur pays totalement envahi, les forces belges rescapées (13 divisions) traversent la frontière et se réfugient dans nos lignes. Nous réservont le meilleur accueil à ces hommes hâves et épuisés. Leur équipement fait peine à voir : de vieux fusils, une artillerie dépassée, aucun blindé. Nous les ravitaillons de notre mieux, car ils brûlent de se battre encore contre l'envahisseur. César ne mentait pas quand il tenait les Belges pour le plus brave peuple des Gaules !
Mais l'heure n'est pas à se retourner sur l'Histoire : elle est là, à présent, devant nous et elle va s'écrire en lettres de sang ...

(A SUIVRE)





CARNETS DE GUERRE 'DE LATTRE'
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27 juin 1940, 17h00
Claridge Mansion, QG temporaire du gouvernement de la France Combattante

Les jours qui suivent la défaite Belge resteront dans ma mémoire comme les plus étranges que j'ai vécu. Alors que rien ne semblait pouvoir stopper son élan, la Wermacht semble camper sur ses positions. Rien ne se passe et, hormis quelques escarmouches et duels d'artillerie, le front est calme.
Le nouvel an 40 ne verra aucun coup de feu s'échanger de part et d'autre. "Drôle de guerre" titrent les journaux parisiens. N'en déplaise à ces pisse-copie, bien au chaud dans leurs bureaux, personne sur les lignes ne trouve l'affaire plaisante. Les hommes souffrent du froid glacial qui a envahi la campagne et, à partir du 10 janvier, subissent les attaques répétées des stukas. Pour avoir passé de longues journées au milieu de mes troupes de 1ère ligne, j'entends encore leur hurlement sinistre dans mes cauchemars. Malgré ce, l'étoile de Gamelin, ternie par l'échec de la Sarre, semble reprendre des couleurs et il n'hésite pas à clamer partout "Qu'ils y viennent ! Vous verrez, ils vont négocier. Nous sommes un trop gros morceau pour eux".
Pour l'heure cependant, les seules négociations se font dans le ciel et ce ne sont pas des pourparlers de paix ! Engagés dans la bataille depuis l'invasion de la Belgique, les pilotes de l'armée de l'air livrent désormais quotidiennement un combat inégal et sans merci, pour empêcher les bombardiers allemands de mettre à mal les divisions enterrées sur la ligne. Avec des moyens limités, Pinsard et Valin font des miracles et leurs aviateurs se taillent un solide capital sympathie chez les fantassins, harassés par la Luftwaffe de raids dévastateurs. Hélas, à chaque sortie -et elles sont innombrables- les pertes sont cruelles. Certes, de nouveaux pilotes remplacent ceux qui ne reviennent pas, mais il sont bien jeunes pour affronter des Rudel ou des Galland, surtout à bord de Dewoitine 501 ! Plusieurs fois sollicités, les Anglais refusent d'envoyer un seul "squadron" à notre secours. Les Spitfire, seuls chasseurs alliés à pouvoir rivaliser avec les Me109 resteront donc tranquillement en Albion. Et les Dewoitine 520, dont on vante les qualités, mettent bien du temps à arriver...
L'irréparable survient le 21 janvier : après 3 semaines de lutte acharnée, le 1er Corps aérien de chasse décolle pour intercepter une luftflotte de Junkers87 au dessus de Sedan. De mon poste de commandement avancé, j'assiste au combat et applaudis comme tout le monde quand les stukas détestés commencent à s'abattre en flammes. Soudain, un vrombissement sourd envahit l'air, des centaines de petites croix noires surgissent du soleil et plongent dans la mélée. C'était un piège ! 6 Jagdgeschwaders de Me109 au complet engagent nos escadrilles épuisées, clairsemées, à court de munitions et de carburant. Un atroce massacre commence. Un à un, les vieux coucous essouflés des groupes 23,24,25,'Alpes'et de la marine sont traqués et détruits. Un Dewoitine 501 désemparé, qui porte l'ancre de la flotille aéronavale F1C sur sa cocarde, s'abat entre nos lignes de tranchées. Le pilote est resté jusqu'au bout aux commandes, afin d'éviter que son avion s'écrase sur ses camarades fantassins. Seuls les groupes 21 et 22 parviendront à se sortir de cet enfer, grâce à la puissance supérieure de leur Potez 631, non sans avoir tiré jusqu'au dernier obus. Brusquement, le ciel est vide. De nombreuses carcasses désarticulées jonchent le terrain. Quelques Allemands, mais, hélas, tellement plus des notres ! Echangeant des regards consternés, nous contemplons le cimetière à ciel ouvert de la chasse française...
Le soir même, je me rends au PC du corps aérien, aux environs d'Epernay. Un grand silence règne sur l'aérodrome qui abritait jusque là deux groupes de chasseurs. Les restes d'un Potez fument encore, pathétiques, à quelques dizaines de mètres de la piste qu'il n'a pu atteindre. Les avions rescapés sont dispersés partout sur les taxiways en herbe, tous plus ou moins endommagés. Par petits groupes, les mecanos discutent à voix basse entre eux autour des appareils, évaluant sans doute les dégâts et la somme de labeur qui les attend pour les faire revoler.
Pinsard m'accueille avec une de ces bravades dont les aviateurs ont seuls le secret : "Mon cher, comme un certain nombre de mes gars vient d'être inopinément appelé à d'autres fonctions, il vous faudra désormais affronter l'averse sans parapluie. Tous mes voeux vous accompagnent. J'espère que ceci vous sera utile.". Malgré l'aplomb du bonhomme, ses yeux sont rougis et la main qui me tend un télégramme tremble un peu. Je le lis. C'est l'ordre de dotation générale en canons de DCA 70mm.

(A SUIVRE)




15 septembre 2003
Service historique de l'armée de terre - Vincennes
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" ... eh, Bebert ! regarde ce que j'ai trouvé en rangeant ... Manquait pas d'air, le pépère ..."

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Dossier-archives 'Correspondances De Lattre - 1940 - cote WALOU 124 B6' :
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"Sedan, 25 janvier 1945

De, Mal de Lattre, commandant de la 7ème Armée
A, Cdt Boudi, QG de la 6éme armée
(si permissionnaire, prière faire suivre au 18 rue des Arpenteurs, Paris XVe)

[fiche-rapport des RG agrafée: "identité et adresses confirmées par le fichier des empreintes digitales. Historien connu pour ses célèbres "Les Soviets, l'ennemi d'après-demain" et "Pourquoi je n'aime pas les Américains", mobilisé comme chef d'escadron dans le 1er Cuirassiers, remarqué pour ses qualités de tacticien par de Gaulle, incorporé depuis cinq semaines dans l'Etat-major de campagne de la 6ème armée mécanisée. Bon vivant, amateur de galettes de Pont-Aven, très lié au capitaine Marielle (même unité). Membre du très select club des "Bouchutophylles associés". Association non répertoriés dans nos services, enquête en cours."]

Mon commandant,

je rentre à l'instant d'un défilé aérien magistralement organisé par l'armée de l'air. Avec de tels pilotes et de tels avions, je vous assure que vos craintes sont infondées. Nous vraincrons assurément, même sans l'aide des anglo-saxons.
[note en marge : penser envoyer estafette à Dill pour lui rappeler renforts impatiemment attendus]
Je tiens cependant à vous remercier très chaleureusement de la confiance que vous avez bien voulu me manifester. Sachant l'estime dans laquelle mon cher de Gaulle tiens vos mérites et votre jugement, je me sens très honoré de votre flatteuse appréciation.
Or donc, entre nous, foin des grades ! N'hésitez-pas, je vous prie, à me faire connaître à l'avenir votre sentiment sur le déroulement des opérations. Je serai toujours avide de lire vos conseils éclairés.
Bien à vous
De Lattre

PS : oserais-je vous suggérer de ne point manger de tartine beurrée pendant que vous rédigez votre courrier ? En effet, d'aucunes traces de doigts, au demeurant, je le crains, fort inesthétiques, pourraient également permettre à l'ennemi de vous identifier."




L'aar semble avoir ete abandonne, dernier message de France Libre :

"En fait, Bébert et Roger, nos deux archivistes des archives militaires sont actuellement confrontés à un grave dilemne : il semblerait que les pièces originales manquantes des désormais célèbres 'carnets de guerre de Lattre' soient retenues à Londres par messieurs Alistair Crashtodesk et Ronald Patchkibug, lesquels pour l'instant refusent de les délivrer. Selon toute vraisemblance, ces tristes sires entendent ainsi éviter la révélation de l'inqualifiable attentisme britannique pendant la campagne de France. Mais justice sera rendue à la Vérité historique : Bébert et Roger ont déjà leurs billets d'Eurostar pour aller "discuter le bout de gras, entre hommes, avec les rosbifs". Et vu que les deux compères ont moyennement apprécié la branlée que nous ont flanqué lesdits rosbifs lors du dernier Tournoi des 6 nations ... ça va saigner !"


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AAR Turquie HoI2 - L'Empire Ottoman est il vraiment mort ?

Malraux et De Gaulle sont dans dans les toilettes de la Comédie Française, durant l'entracte d'une représentation de théatre, chacun face à une pissotière.
Malraux, se tournant vers De Gaulle :
"- Belle pièce hein Mon Général ?
- Malraux, regardez devant vous !"
Réponse avec citation
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