Un beau conte de printemps

[ar sparfell]

J'ai un ami à Lille.


En fait, j'en ai même plusieurs.


Mais celui-là est un peu particulier. Même s'il n'était pas parvenu à passer de la filière histoire pour une filière qui ne ménerait pas directement au chômage, il était parvenu à transcender son mâlisme profond de gros con de mec pour un romantisme charmeur. Il avait réussi à troquer sa peau recouverte de poils hirsutes pour un fin film d'une douce toison soyeuse. Il avait pu métamorphoser ses odeurs de lion mouillé après l'effort pour un puissant attracteur olfatif aux hormones.

Enfin, moi, perso, j'avais rien noté, mais une charmante créature blondounette ( moi j'aurais dit chatin, mais bon, si après tout ça lui fait plaisir... on dit bien de jean-françois kahn qu'il est philosophe) s'était convaincue d'une telle transformation. Peut-être s'était-elle même convaincue qu'il avait une grosse bite.

Commencèrent donc le balet des oeillades à n'en plus finir. ces regards qui rendent heureux ceux qui les recoivent et exaspèrent ceux qui ne peuvent pas en avoir. Puis vint le temps de la mise en contact des cavités buccales, et de l'échange instantané de 15 millions de bactéries par seconde qui veut dire je t'aaiiiiiiiimeuh. Puis vint le moment qui sert à prouver qu'on serait près à aller jusqu'à l'infection urinaire ou au recouvrement de ses parties génitales par une petite mousse verte, dans la fusion de deux corps brûlants couverts de sueur et entourés de râles rauques recouverts par les chansons stupides de Jack Johnson que l'on déteste mais qui permettent d'expulser ses gâmètes mâles dans un ensemblage sexy de milliards de milliards de cellules pourvues de deux chromosomes X. L'on croyait venu le temps d'écrit "ils furent heureux et eurent beaucoup d'enfants."


Malheureusement, vint le moment où la fraîche plante aquatique féminine pensa que la Shoah était une marque de chaussures.


La pauvre jeune fille innocente fut donc rendue au marché de l'amour.