Discussion: AAR Civcity Rome
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Vieux 17/02/2007, 20h53
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CHAPITRE 4 : La vrai nature de Chal


L’arrivée de Chal en Crête correspondait au moment ou la politique de l’empereur de Rome, Commode, prenait un tournant radical. Non content de faire exécuter sa propre sœur, il fit également assassiner la plupart de ses proches, envoya au cirque certains de ses précepteurs et poussa au suicide les dernières conseillers de son père, Marc-Aurèle.
Après plus de 84 ans d’une politique tumultueuse, mais avisée, Rome était reprise par ses vieux démons, et s’offrait au pire des maîtres. Sur tout cela, la main de Perennis était bien sur présente, et donc celle de Chal. Pour autant, comme me l’appris Oniris, la position du favori et de son fils n’était pas forcément établie ad vitam eternam. Venant d’une femme qui depuis des années jouait au plus dangereux des jeux qui soit à Rome, l’information était de taille.
Bien sur, je ne souhaitais pas en savoir plus : qu’il y ait ou non complot, peu m’importait, je devais continuer ici la mission confiée par César : fonder une ville de jeux qui resplendirait dans tout l’est de la Méditerranée.




La présence de Chal m’inquiétait tout de même, comme une menace diffuse, mais toujours présente. Il conversait souvent avec le Préfet Venitius Varon, que de fait je voyais de moins en moins. Je profitais donc de ce temps pour continuer l’amélioration des cirques dans la ville. On comptait déjà un amphithéâtre et un colisée de taille assez réduite, il était maintenant temps de lancer la construction d’un véritable Colisée pouvant accueillir toutes sortes de jeux, ainsi que d’une piste pour les auriges, les conducteurs de chars.

Entre ces différentes tâches, j’assistais bien sur aux combats auxquels participait Chazam, m’enthousiasmant pour sa vitalité sur le cercle de sable au fond de l’arène, à l’unisson de la population qui en avait fait son héros. A chaque fin de journée, quand le sable n’était plus que sang et poussière mêlés, les citoyens partaient dans les échoppes les plus proches afin de revivre chaque combat, faisant ressortir chaque souvenir avec du vin de Thrace.

Je demandais – et obtint – que les conditions de vie de Chazam soient améliorées. Une nourriture meilleure, une couche plus confortable, une esclave parfois présente dans sa cellule, bref plein de petites choses sans réelle valeur mais qui, je l’espérais, rendait sa vie moins dure. Je me rendais parfois dans sa cellule alors qu’il s’entraînait à l’extérieur, effleurait sa couche et touchait du doigt la petite croix taillée dans de l’obsidienne, cachée dans l’une des infractuosité de la petite pièce.




Oniris m’avait beaucoup appris sur les Chrétiens et sur leurs rituels. Etonnant comme notre civilisation, qui s’était nourri de toutes les croyances, rejetait totalement celle-ci. Un peu partout, les temples dédiés à des divinités toujours plus nombreuses étaient construits, chaque demeure comptait plusieurs niches pour les dieux protecteurs, et pourtant les chrétiens nous servaient toujours d’épouvantails.

Un soir que j’étais invité chez Venitius, alors que tous les patriciens de la ville étaient présents, je rencontrais enfin Chal. Le jeune homme, au premier abord agréable, ne semblait pas mériter la terrible renommée qui s’attachait à chacun de ses gestes. Certes son père devait être un homme assez terrible pour aussi mal conseiller César, mais je ne voulais pas juger aussi vite. Je remarquais rapidement que Oniris, d’habitude toujours à virevolter autour de Venitius comme pour montrer où sa propriété commençait, semblait très morose.

La discussion tourna rapidement sur ce qui intéressait les citoyens de n’importe quelle province de l’empire : ce qu’il se passait à Rome. Chal nous confirma ce qui n’était encore que rumeurs en Crête : Commode, qui s’exhibait de plus en plus au Colisée (de 120 jours initialement, la durée des jeux avait été poussée à prés de 170 jours) avait, en brillant archer, tué les 100 fauves qui avaient été lâchés sur la piste un après-midi.
Un condamné à mort, qui allait avoir la tête arrachée par la patte d’un lion, fut gracié par Commode après que celui-ci, au dernier moment, ait abattu l’animal d’un trait bien placé.





Un mois auparavant, plus de 10.000 combattants étaient morts sur la piste le temps d’une seule journée, le plus grand massacre de gladiateurs auquel Rome ait assisté. Ce prodige, pour moi dont la vie tournait autour de l’organisation de ces spectacles, me glaça littéralement le sang. La perte d’un seul gladiateur, celui auquel je pensais sans cesse, avait transformé mon travail en une prison dont je ne savais comment sortir.

Chal se pensa vers moi et, arrachant la cuisse d’une oie rôtie, me lança :

"- Dis moi, Caius, votre Chazam, dont parle toute la Grèce … j’aimerais le mesurer à l’un de mes esclaves, un Goth terrifiant, capable d’écraser un crâne d’une simple pression des doigts. Organise nous ça, veux tu ? Le vainqueur pourrait ainsi se mesurer à notre César ! "

Chal éclata alors d’un rire qui se transforma en quinte de toux quand il s’étrangla avec son oie. Tandis que Venitius lui servait du vin, le félicitant pour cette brillante idée, je fis tout pour ne pas tourner de l’œil. Je courrais vers les jardins, et vomit tripes et boyaux.

Si Chazam devait combattre, ses chances de survie étaient quasi nulles. S’il perdait, il risquait de mourir de la main du Goth. S’il gagnait, il devrait se rendre à Rome, et combattre Commode, qui adorait descendre, nu, sur l’arène, afin de défier les meilleurs gladiateurs.
Aucun esclave n’était jamais ressorti vivant de ces combats, qu’il soit tué des mains de César ou, s’il devenait trop entreprenant et risquait de mettre en danger la vie du Dieu vivant, qu’il soit percé par les lances de la garde prétorienne.

Commode avait ainsi, arguant de ses victoires, lancé une nouvelle taxe, la juste récompense du peuple Romain à son empereur combattant, ajoutant à ses multiples richesses une pension de gladiateur, tout simplement faramineuse, qui gonflait un peu plus son ego.

Je rentrais dans la maison, tentant de retrouver le contrôle de moi-même.
Les convives, plus enivrés que jamais, continuaient de gloser sur Rome.
Chal, renversant son vin sur son voisin, s’écriait :

- Mais la politique de Commode n’est pas encore assez ferme, certes, elle le sera bien assez tôt. Regarde, Venitius, comment nous laissons prospérer nos ennemis, comment nos armées s’affaiblissent…

Voyant passer Oniris, il se mit à ricaner

- Regarde comment nous laissons ces chrétiens, avec leurs mœurs abjectes, prospérer ! Marc-Aurèle, même si je respecte parfaitement son fils César, avait bien compris le problème puisqu’il les désignait pour les fauves, les croix et les flammes. Mais attend Venitius, tout va changer. Une fois écartée cette Marcia, cette maudite femme, Commode comprendra quel est son intérêt en envoyant tous ces adorateurs de Cristos à la mort.

Oniris, qui s’était arrêtée, palissait de plus en plus. Ainsi donc, à Rome, la position de Marcia, la concubine de César, s’effritait en faveur de Perennis. Marcia, elle-même chrétienne, avait beaucoup fait pour que Commode ne reprenne pas les habitudes de son père en arrêtant, torturant et tuant les Chrétiens comme cela avait été le cas jusqu’en 180.

Oniris s’approcha de Chal, et, d’une voix sourde, lui murmura :
- Je te tuerais, j’en fais le serment…

Chal la regarda et éclata de rire
- Tu mourras bien avant moi, chrétienne, ne t’inquiètes pas pour ça !

A moitié assommé par le vin, Venitius les regardait tous les deux la bouche ouverte, complètement hébété.
Dans les pièces à côté, les toges et les tuniques tombaient, les corps s’emmêlaient en une orgie qui semblait tous les dévorer.
Mais je ne voyais rien, je ne comprenais rien de tout cela. Je pensais juste à la journée suivante.



Le lendemain, la seule chance pour Chazam de ne pas trouver la mort à Rome, de la main même du plus sanguinaire des empereurs, était de perdre face au champion amené par Chal.



(hrp: si je dérive un peu trop à l'extérieur du jeu, n'hésitez pas à me le faire savoir, mais disons que c'est assez dur de rendre une construction de ville trés interessante
ps : promis, je ne ferais pas d'AAR Tétris )

Dernière modification par marlouf ; 02/03/2007 à 12h03.
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