Discussion: AAR Imperium Romanum
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Vieux 02/05/2008, 13h56
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Merci ! Quant aux grands fourbes, je me rappele d'une gpo à laquelle j'avais participé (peu de temps) avec justement Danton et Coelio, pleine de rebondissements
Aprés c'est vrai que l'histoire romaine est tellement riche en trahisons de toutes sortes que même en accentuant beaucoup de chose, ça semble encore crédible




Chapitre 6 : le choix de Julius Sentencius


Alors que nous quittions notre dernière halte, un courrier appris à la Cour que le Sénat s’était enfin rallié à Marc Aurèle, et fait d’Avidius Cassius un ennemi de la Nation. Tout citoyen romain avait donc le devoir de s’en prendre à Cassius par tout moyen, et son éventuel meurtrier recevrait les remerciements du Sénat. Quand je pensais à ces vieux croûtons desséchés se réunissant dans la Curie afin de prendre ce type de décisions, je ne pouvais qu’éprouver un écoeurement certain. Les Sénateurs, qui avaient autrefois fait la grandeur de Rome, n’étaient plus que l’émanation satisfaite de notables serviles qui s’étaient peu à peu déchargés de toutes leurs responsabilités sur le dos de l’empereur, faisant du Sénat un coquille vide dont je ne comprenais plus vraiment la nécessité. Etant grec, il était évident pour moi qu’une assemblée se devait d’avoir un réel pouvoir, et que la soumission des Sénateurs allait à l’encontre de ce qu’on pouvait attendre d’un tel organe.



A Rome, quand l'empereur n'est pas là, le sénat danse


Marc Aurèle n’était heureusement pas de ces hommes qui éprouvent du bonheur devant la servilité des autres, et il appela publiquement à un peu plus de clémence envers Avidius Cassius. C’est certainement là que j’ai, pour la première fois, pris en défaut l’empereur philosophe, dont le comportement par la suite sembla démentir ses belles paroles.

Nous avancions dans une région particulièrement désertique, par une chaleur étouffante, et bien que parfaitement entraînées, les légions commençaient à marquer le coup après les milliers de kilomètres franchis à une allure soutenue. Les hommes devaient certainement penser aux hommes reposés qu’ils auraient à affronter d’ici quelques jours, des Romains comme eux, qui utiliseraient les mêmes armes, les mêmes tactiques, sur un terrain qu’ils connaissaient. L’étendue de la rébellion serait déterminante, même s’il semblait de prime abord que les légions d’Arabie et de la frontière parthe n’avaient pas rejoint Cassius. Contrairement à la seule crainte qu’avait pu avoir l’empereur, ses troupes ne seraient pas en sous nombre.

C’est une nuit, alors que le campement provisoire venait d’être achevé, qu’un cavalier isolé fit irruption et, abandonnant un cheval exténué aux soins d’esclaves, demanda une audience avec l’empereur. Sa cape et ses signes distinctifs étaient ceux d’un centurion, plus précisément un officier de ce qui devait être (je l’appris par la suite) la IIéme Légion Trajana Fortis, basée à Nicopolis, à proximité d’Alexandrie. En tant que proche de l’empereur, j’eus l’opportunité d’assister à l’entrevue, de même que les officiers de Marc Aurèle, Commode et son entourage (Schnickeon, Perennis et Chal)

C’est ainsi que je découvris pour la première fois cet étrange centurion qu’était Julius Sentencius. Grand, un visage qui avait autrefois certainement du séduire nombre d’autochtones, mais qui était aujourd’hui balayé par une grande balafre, souvenir d’une bataille en Arménie, un regard décidé qui vous vrillait jusqu’à vous rendre mal à l’aise, l’homme était l’exact image que l’on pouvait se faire d’un homme sorti du rang et qui, par ses exploits militaires, avait abouti au grade envié de centurion. Reconnu et estimé par son général, Avidius Cassius, il avait pu passer devant les 59 autres centurions de la Légion pour devenir centurion primipile : en charge de la première centurie de la première manipule de la première cohorte, c’était à lui que revenait l’honneur de lancer le premier son pilum sur les troupes adverses lors d’une bataille. L’homme était ainsi reconnu comme étant le plus valeureux des hommes de la légion.



Pas de pacotille ! Cuirasse ouverte, chaine en or qui brille, je danse le Sentenzia !


Aussi les nouvelles qu’il nous apporta d’Alexandrie nous stupéfiâmes, surtout quand on connaît l’honneur des soldats et leur dévouement pour leur général, fut-il classé comme traître par le Sénat. L’histoire avait été jalonnée de légionnaires qui avaient donné leur vie pour un général parti à la conquête de Rome. Il en avait été différemment dans le cas présent, comme voulu le prouver Sentencius en déposant un sac de jute sur l’une des tables de la pièce ou nous étions tous. Marc Aurèle, qui comprit aussitôt de quoi il retournait, gratifia Sentencius d’un regard où colère et tristesse semblaient mêlés. Il quitta la pièce, tandis que nous restions encore hypnotisés par ce sac noirci par la poussière et dont nous ne pouvions désormais faire abstraction de l’odeur lancinante qui s’en dégageait. Sous le regard imperturbable de Sentencius, Schnickeon renversa le sac sur la table et recula dans un sursaut, non sans avoir laissé s’échapper un cri qu'on aurait cru celui d'une femme. Je restais paralysé, tandis que Commode se rapprochait de la table, pour mieux observer la tête sanglante d’Avidius Cassius.

Je détachais enfin les yeux du trophée morbide et remontait jusqu’au centurion Julius Sentencius. Un homme capable de décapiter froidement son supérieur, un homme capable d’assassiner celui qui l’avait mis là où il était, un homme capable de trahir l’un des plus grands vainqueurs en Orient, cet homme là, quel que soit son courage ou ses motivations, n’avait plus grand-chose d’humain.



Le général Avidius Cassius, Empereur pendant 3 mois
avant d'être décapité par un centurion un tantinet énervé...



Alors que Commode laissait percer un sourire, je sortais de la pièce avec la furieuse envie de vomir, sous le regard glacial de Schnickeon. Me mettant à courir dans les couloirs, j’essayais vainement d’échapper au rire tonitruant qui sortait de la pièce, un rire d’une rare indécence, le rire d’un maniaque en pleine extase, annonçant la fin d’un siècle de Raison.
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