Le fait qu'en France, à Londres, à Toronto mais aussi à Washington et même à Mexico les Parlements, malgré les unions sacrées, tempêtassent contre ce qui est maintenant convenu d'appeler la "crise des obus" ne réconfortait que bien peu Woodrow Wilson.
Personne n'avait prévu la consommation proprement hallucinante de munition induite par un conflit moderne... ainsi que le volume des pertes. Les Yankees aussi commencent apparemment à en souffrir. Maigre consolation... La guerre sera sans doute longue, bien plus longue que prévue. Déjà, dans toute la confédération, les efforts de mise en place d'une "économie de guerre" commencent. Si seulement les gouverneurs et les législatures des États pouvaient se montrer plus rapides et plus conciliants. Diriger un État fondé sur la souveraineté la plus complète de ses membres ne va pas, décidément, sans inconvénients.
Heureusement, il y a de bonnes nouvelles!
Dans le Kentucky, l'étoile montante de la Confédération, le général Texan Charlie "Chuck" Norris, continue à faire parler de lui. Simple général de division lors de la bataille d'Evansville, sa valeur fut vite reconnue lors de cette humiliation Yankee où il joua un rôle crucial. Bien vite, il remplaça dans le Kentucky le précédent commandant en chef, "Havanisé" après les premières tentatives d'invasions Yankees.
"Chaque soldat yankee sur le sol de la confédération sera mis dehors à coups de pieds au cul, nom de ...!" avait aboyé le Général Norris dans son premier ordre du jour et aux correspondants de Guerre. " Et s'il faut, je mettrai moi même un "roundhouse kick" dans la tête de chacun d'entre eux!"
Le Yankee Custer a trouvé un ennemi à sa mesure, d'autant plus populaire auprès de ses soldats et de la confédération qu'il n'hésite pas à se montrer en première ligne.
Les résultats sont là, Paducah, puis Louisville. Les yankees tremblent à l'évocation du nom du Général "Chuck" Norris... et maintenant son regard s'est tourné vers Covington!
A la fin de la semaine, une tête de pont Yankee en plus dans le Kentucky est réduite, et la légende du général confédéré s'accroit. Déjà, les blagues se répandent dans les unités en kakis: "Chuck Norris n'a pas besoin de se couvrir dans une tranchée, se sont les balles qui cherchent une couverture".
Plus au Nord, dans l'Ontario... Il est certains que les historiens se pencheront avec grand intérêt sur la propension de "TR" à lancer ses hommes dans la fournaise, puis à les perdre. Combien, depuis le début de la guerre, de soldats yankees ne rentreront jamais? Combien passeront le reste de la guerre dans les camps de prisonniers de Géorgie, de CHihuahua ou du Grand Nord Canadien?
L'attaque amphibie en Ontario était au départ une idée audacieuse, et potentiellement désastreuse pour la défense canadienne.
Et pourtant... La rapidité de la réaction canadienne scelle le sort du corps d'armé engagé! Coupée de sa voie d'issue, une petite ville côtière dont les infrastructures sont bien incapables d'assurer le ravitaillement d'un corps d'armée, l'armée yankee débarquée est condamnée à terme.
Sur le front du Missouri, l'arrivée de renfort permet là aussi la contre-offensive. Voilà plusieurs semaines, les soldats en vert de gris avaient chassé les confédérés de Poplar Bluff, mais avaient dangereusement exposé leurs lignes en formant un saillant... Poplar Bluff est reprise!