On part tôt le matin en direction d'une des gares routiéres les plus au nord de Tel Aviv, afin de prendre un bus qui va transiter par Jérusalem, s'approcher des territoires palestiniens (Jericho) avant de redescendre le long de la Mer Morte.
On s'arrête à Ein Gedi, une superbe réserve naturelle mélant palmeraies, bassins naturels, cascades et autres routes pentues au pied des montagnes. Un magnifique endroit pour faire des excursions pendant des heures, pour qui n'aurait pas oublier d'emporter avec lui de l'eau en quantité. Pour nous il est midi, on dépasse déjà les 40°, on va donc simplement profiter des paysages ...
Les montagnes aux environs semblent hautes, mais elles dépassent difficilement le niveau de la mer - nous sommes nous même à -400m d'altitude ...
Direction un petit kibboutz d'Ein Gedi et ses jardins ensoleillés, qui accueille les touristes souhaitant être hebergés dans un cadre un tant soit peu naturel (on trouve également une auberge de jeunesse quelques métres plus loin)
Nous n'avons été qu'une poignée à descendre à cette station - la plupart continue 30 km plus loin, à Ein Bokek, un piége à touristes où Russes et Américains s'ébattent gaiement dans les hôtels en béton - une hérésie au regard de l'endroit magnifique ou l'on se trouve - quand on se retourne, la Mer Morte et, en face, les montagnes jordaniennes (plus on avance dans le temps, plus l'objectif de mon appareil a morflé entre le sable, la poussière et le sel
)
Il fait désormais beaucoup trop chaud pour qu'on tente la grimpette dans les montagnes, on remet cela au lendemain et on s'adonne donc aux joies de la Mer morte : bains de boue (ça tire la peau et ça la nettoie en profondeur), quelques brasses dans des bassins de souffre (là, ça arrache carrément :lolmdr: ) avant de se jeter dans l'eau ... en remontant bien sur aussitôt comme un bouchon. Je lâche l'appareil photo car la salinité est quand même trop élevée.
Des concrétions de sel au bord des plages, ce qui empêche d'aller dans la mer totalement pieds nu, au risque de se déchirer les pieds sur des plaques de sel abrasives et coupantes. Quiconque essaye de nager se retrouve tel un jeune chiot qu'on aurait balancé à l'eau : les membres remontent tout seuls, on bascule sur le dos ou sur le ventre sans avoir rien demander, puis on trouve la position idéale : sur le dos, la moitié du corps hors de l'eau, flottant au point qu'on pourrait lire son journal sans même le mouiller.
Outre le sel, le souffre et la boue, c'est surtout l'air qui est ici réputée au point que les malades se pressent par milliers au bord de la mer. A 400 métres sous le niveau de la mer, l'air est d'une pureté qu'on trouve difficilement ailleurs...
Sur l'une des plages, des panneaux indicateurs montrant le niveau de la mer selon les années. L'eau recule désormais d'un métre de profondeur par année, approximativement, et les panneaux sont éloquents. Entre le niveau d'il y a 10 ans et celui actuel, on franchit facilement 200 ou 300m à pied avant d'atteindre le bord du nouveau rivage. Des pontons et autre constructions pour maitre nageurs sont régulièrement construits et abandonnés quelques années plus tard, leur emplacement étant déjà obsoléte.
De fait le niveau de salinité ne cesse de croitre, au grand plaisir des touristes, mais la mer morte porte de plus en plus son nom puisque les études avancent que, un peu comme la mer d'Aral, elle aura disparu d'ici 40 ans. Le fleuve qui alimentait autrefois la Mer au nord (le Jourdain) est pompé comme un fou par les Israéliens et les Jordaniens, au point que le fleuve est désormais taris plusieurs kilométres avant de déboucher sur la mer.
Les chaleurs sont également beaucoup plus intenses, et l'évaporation s'est accentuée en quelques dizaines d'années. Une lagune s'est crée au milieu de la mer morte, séparant la mer en 2 et donnant la naissance à 2 bassins distincts - le plus petit, au sud, étant encore plus menacé.
Un projet est donc en train d'être mené pour la construction d'un canal depuis la mer Rouge, 150 km plus au sud, afin de renflouer la Mer Morte - et pourquoi pas, en faisant baisser la salinité, y réintroduire de la vie d'ici quelques siécles ?