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Vieux 19/03/2011, 02h06
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Par défaut contaminants chimiques dans l'alimentation, + additifs alimentaires

Que sont les contaminants alimentaires? Des résidus de pesticides (insecticides, fongicides, désherbants... autrement appelés "produits phytosanitaires" ou "phytopharmaceutiques") et des résidus des matériaux d'emballages de produits alimentaires qu'on peut donc retrouver dans l'alimentation.

Que sont les additifs: colorants, édulcorants, conservateurs...

Suite au visionnage du docu "Notre poison quotidien" diffusé sur Arte mardi soir dernier (dispo pour encore trois jours ici ), et à une brève discussion avec Arounet, je vais discuter quelques points sur ce fil.

Alors avant tout, je vais mettre un autre lien : ici et ici (c'est, disons, une sorte de négatif du docu ).

Comme ça, vous pouvez voir le docu (assez long, près de 2h dans mon souvenir), et lire les deux parties de l'article, et vous faire votre opinion.

Moi, je vais vous donner la mienne. Je vais me targuer de mes compétences de toxicologue en passant .

Les points intéressants du docu :

- il explique au profane comment on évalue les risques, ou, du moins, les bases de l'évaluation du risque, la théorie, avec des formules et tout, et d'où cette théorie vient. Rien que pour ça, ça vaudrait le coup de le voir. Sauf que bon, 2h juste pour ça, c'est un poil long.

- il évoque vers la fin un sujet qui me plait parce que j'ai bossé un peu dessus : les perturbateurs endocriniens (= qui perturbent le fonctionnement normal des hormones). Vous avez peut-être entendu parler récemment du Bisphénol A par exemple, il est évoqué dans le docu. Or les produits qui présentent ces propriétés problématiques sont un vrai casse tête qui commence seulement à être pris en compte au niveau réglementaire. C'est donc bien d'en parler, et d'expliquer (un peu) de quoi il s'agit.

- il montre les failles des institutions qui décident de l'autorisation ou non d'un additif alimentaire, et des limites maximales autorisées pour différents résidus, contaminants, additifs etc.

- il évoque le problème de l'exposition à plusieurs contaminants à la fois. Or, on ne tient compte que de la toxicité d'un produit seul pour définir les seuils de sécurité. Evidemment, et là, c'est un point négatif, la journaliste ne dit pas à quel point il est compliqué d'évaluer les risques liés à l'exposition à plusieurs contaminants à la fois...

- J'sais plus.

Les points où le docu pêche, voire déconne bien :


- L'approche est orientée, voire politisée (suffit de regarder la toute fin du docu en Inde, je l'évoque plus bas). Un seul exemple, qui m'a frappé (et à l'évidence l'auteur du blog que je cite) : au début du docu, l'auteure parle du nombre d'agriculteurs victimes d'intoxications aigües. Deux énormes problèmes sur ce seul passage : 1) la toxicité aigüe et la toxicité chronique n'ont pas grand chose si ce n'est rien à voir ! On dira que c'est le problème d'une journaliste qui n'a pas tout à fait les compétences pour tout comprendre du sujet qu'elle traite (pas pour rien qu'il faut minimum un bac +5 pour faire un toxicologue) ; 2) il y a carrément un mensonge par omission de la part de la journaliste... Sur le nombre d'intoxication aigües rapporté, elle n'indique pas la part liée aux... tentatives de suicides. Or elle explique la majorité des morts par intoxication aigüe.

C'est le premier je crois, mais ça donne une idée de l'orientation de la journaliste...

- La journaliste s'étonne que les normes de sécurité évoluent, que la "DJA" (dose journalière admissible = limite jusqu'à laquelle on peut absorber un produit chaque jour sans risque pour la santé) ne soit pas absolue, qu'elle soit revue à la baisse parfois, etc... Je sais pas, j'ai trouvé que jouer les cruches pouvait parfois être intéressant, mais quand c'est pour enfoncer des portes ouvertes, quel est l'intérêt? Bien sûr qu'on croit savoir des choses un jour, et qu'on se rend compte le lendemain qu'on s'est planté...

- Ca me fait penser qu'on se demande qu'est-ce que la journaliste veut démonter : que le lobbying des industriels est criminel, que les institutions sont incompétentes, ou qu'il est anormal de ne pas atteindre le risque zéro quand on parle de nourriture? Evidemment, le risque zéro, quel que soit le sujet, c'est un mirage. C'est comme croire en ... heu, au père noël par exemple. Plus sérieusement, c'est comme tout : tout est histoire d'une balance bénéfice/risque.

- Et c'est là que le docu est le plus mauvais à mon sens : il est à charge. Si certains additifs comme l'aspartame (évoqué dans le docu) sont d'un intérêt douteux (je suis contre les produits uniquement destinés à favoriser la consommation - aspartame pour éviter le sucre, colorants pour faire joli, etc etc), les pesticides ont de réels intérêts, jamais évoqués (par exemple, éviter des contaminations biologiques des aliments, parfois très toxiques voire mortelles, ou améliorer les rendements pour nourrir plus de monde et pour moins cher). Et ce n'est sûrement pas la fin du documentaire qui va convaincre le Français que chacun est derrière son écran : vive l'agriculture bio de subsistance pour éviter le cancer, comme par exemple dans l'état indien d'Orissa...

Bref, la balance bénéfice/risque n'est absolument pas discutée. Les industries chimiques nous vendent de la merde juste pour faire de l'argent (est-ce bien toujours de la merde?), et corrompent les experts sensés nous protéger.

Pour ma part, voici mon avis :

- les effets négatifs des contaminants alimentaires sont sous estimés. Encore faut-il savoir mieux les estimer, ce qui n'est pas vraiment le cas...

- les experts ne sont pas (tous) corrompus ou incompétents, et s'il y a du retard à l'allumage, c'est d'abord parce que faire bouger des administrations n'a jamais, jamais été rapide. D'abord parce que pour que les nouvelles théories soient admises, encore faut-il qu'elles soient suffisamment étayées : c'est de la science, pas de la politique.

- le premier qui me dit que quand c'est naturel, c'est moins dangereux que le chimique, je lui ris au nez (et je lui expliquerai pourquoi).

Si vous avez des questions, n'hésitez pas.
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"Péricliter = tourner autour du clitoris" d'après "Le Dictionnaire de ceux qui ne savent pas" de Ar Sparfell
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