Discussion: AAR Civcity Rome
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Vieux 17/02/2007, 15h30
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CHAPITRE 3 : la légende Chazam


Encore sous le coup de la clameur qui surplombait la piste, je quittais l’aréne afin de rencontrer différents ingénieurs de la cité. Les travaux avançaient, le projet d’un très grand colisée avait déjà été avancé et le lieu trouvé. La période des jeux s’ouvrait très bientôt, et le premier amphithéâtre servirait pour les combats. De plus, de nombreux dompteurs avaient débarqué, amenant avec eux les animaux les plus exotiques : éléphants d’Asie, crocodiles d’Egypte, girafes et fauves d’Afrique, et même des autruches dont les combats étaient la dernière mode dont s’était entiché Commode à Rome.

Les mois passant, la ville ne cessait de croître, formant un véritable paradis délaissé par Rome. Le système des aqueducs avait été agrandi, l’eau était maintenant disponible sur la majorité du territoire, et la région devenait agréable à habiter.




Un matin, quittant l’exiguïté de mon habitation afin de rendre hommage à Mithra, je rencontrais Oniris en bas de l’insulae. Je fus assez étonné de la voir puisqu’elle semblait passer le plus clair de son temps avec le Préfet Varon, ou alors retournait intriguer à Rome. Elle y avait complètement affermi sa position, mettant un terme à l’éternel travail de sape de ses adversaires en se faisant une amie de Marcia.

Marcia ! Difficile de taper plus haut dans la hiérarchie impériale romaine. Cette femme tapageuse (elle sortait souvent sur le Palatin habillée à la mode Amazone, en tunique très courte et seins nus, révoltant par là même les courtisans qui en avaient pourtant bien vu d’autres) était certainement la femme la plus proche de César, la concubine préférée de Commode, qui la noyait sous les bijoux les plus précieux et organisait des jeux uniquement en son honneur.

Forte de cette amitié, Oniris - désormais intouchable – avait regagné la Grèce le cœur léger : en son absence, les langues se délieraient à nouveau, mais elle continuerait à planer bien au dessus de la mêlée.

La rencontre d’Oniris, je m’en doutais, était tout sauf fortuite. Nous commençâmes à marcher, sous le regard noir du poissonnier qui tranchait furieusement au hachoir des têtes de poissons avant de les jeter dans la rigole toute proche. Nos relations, qui n’avaient jamais été celles de bons voisins (je vous en avais déjà parlé) avaient viré en queue de poisson quand, sur mes conseils, Venitius Varon avait lancé un ordre d’expropriation de la plupart des commerces du quartier, pour raison sanitaire.
La peste ressurgissait parfois dans l’Empire, et il n’avait pas été très dur de jouer de cet argument. Venitius, fidèle de Commode, savait très bien ce qui pouvait lui en coûter de laisser des épidémies se développer sans aucun contrôle. Certains commerçants avaient donc reçu l’ordre de partir sous huitaine, et le quartier serait complètement remodelé pour faire place à de larges villas accueillantes et des jardins décoratifs.





Tout en marchant, Oniris me fit remarquer combien on me voyait souvent aux abords de l’école de mirmillon, ou sur les bancs de l’amphithéâtre lors des combats. Elle accompagna la remarque d’un petit sourire amusé. Je ne pouvais que rougir face à cette pointe, moi qui étendais le plus possible un voile pudique sur ma vie privée. Bien sur, ma tâche aurait pu expliquer ma présence soutenue, d’autant plus que les jeux (étalés sur plus de 120 jours) avaient débuté avec succès, mais comme à son habitude, la belle Oniris avait touché juste.

Etonné par la première victoire du gladiateur Chazam, j’étais revenu plusieurs fois, en premier lieu pour comprendre l’admiration que semblaient lui vouer ses camarades. Par la suite, j’avais pris l’habitude de venir, mais des sentiments nouveaux s’emparaient de mon être à chaque combat.





Lorsque Chazam rentrait sur la piste, je me mettais à trembler pour lui, et sortait soulagé lorsque, quelques minutes plus tard, il terrassait son adversaire. Toujours aussi rapide, le mirmillon possédait une grâce et une habileté reconnues bien au-delà des seules îles grecques. Son charisme évident avait bien entendu rajouté à la légende qui commençait à se former, et plus je le voyais, plus je tremblais.
Moi, l’homme dont la mort était le métier, je me réveillais en sueur certaines nuits, cherchant des motifs valables pour interdire à Chazam de combattre. Mais le gladiateur, par ses combats et surtout, ses victoires, se rapprochait un peu plus de la liberté. Qui sait, s’il combattait à Rome, serait-il affranchi ? Plus il jouait avec la mort et plus il pouvait sentir la vie couler en lui, plus il prenait de risques et plus je craignais pour lui. Mais que faire, sinon assister, à chaque fois, au petit rituel que Chazam accomplissait avant de se mesurer à des adversaires bien plus lourds et inquiétants, de le voir effectuer ce petit geste qui semblait tant le protéger ?

Je n’osais en parler avec Oniris – cette femme, si elle pouvait être la plus fidèle des amies, pouvait également être la plus cruelle des adversaires, et sa réputation à Rome n’aidait pas à lui faire vraiment confiance.




Comme nous arrivions devant le temple de Mithra, je demandais à Oniris si elle avait déjà vu le geste qu’effectuais Chazam avant chacun de ses combats.

"-Mais dans quel monde vis-tu ? Me cracha t’elle. Il se signe, tout simplement. Si tu regardais ailleurs que dans des temples pour Mithra, Diane, ou Mercure, tu comprendrais."
Elle m’abandonna là, alors que j’hésitais à gravir les premières marches du temple. Elle se retourna quelques instants pour me crier :

"-Si j’étais venu, c’est parce que Chal arrive demain ! Ils feront un banquet, chez Venitius."

Chal ! L’un des jeunes hommes les plus dangereux de l’Empire. Son père, Perennis, était LE favori de l’empereur Commode, et pouvait ainsi décider de tout, de la vie ou de la mort de quiconque. A Rome, une véritable lutte à coups feutrés opposait d’un côté la concubine Marcia au favori Perennis. Chaque semaine, on pouvait compter les victimes de cette lutte d’influence. Perennis avait récemment pris de l’avancement, en subjuguant totalement Commode. Il avait ainsi obtenu pour son fils Chal une position extrêmement élevée, celle de commandants des armées en Illyrie, sur la côte Adriatique. Bien trop prés pour Oniris, qui si elle pouvait résister à toutes les attaques, pouvait également, du fait de ses amitiés, servir de victime toute trouvée pour Chal ou son père.

Chal en visite en Crête, c’était étonnant (il n’avait aucun pouvoir en cette région) mais assez compréhensible, s’il avait été invité par Venitius, proche de sa mouvance.

Avec l’arrivée de Chal, disparaissait l’insouciance, puisque cela signifiait que Rome se souciait de nouveau de notre province. D’autant plus qu’avec l’arrivée de son bateau, nous provenaient de sombres nouvelles de Rome : Commode venait tout juste de faire décapiter sa propre sœur sur les conseils de Perennis et de son fils, Chal.





Avant même que les marins ne détendent les voiles du bateau et que Chal ne mette le pied sur la terre Crétoise pour la première fois, un nuage obscurcit le ciel et l’Empire tout à la fois.

Dernière modification par marlouf ; 02/03/2007 à 12h02.
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