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Vieux 25/04/2008, 21h45
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Azul Mortal
 
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Réflexion sur l'Amazonie :

A la base il y a nous, la civilisation Occidentale. Et en particulier notre voracité en bois, en pétrole, en viande et tant d'autres richesses.
Au début il y avait les indiens et la forêt. Puis sont venus les missionaires et les chercheurs d'or. Aujourd'hui, la première chose que le gouvernement de Brasilià fournit gratuitement aux populations c'est une antenne parabolique. Les caboclos achètent ensuite la télévision et le petit générateur électrique pour le faire fonctionner. Cette nouvelle religion cathodique, faite de télénovelas et de football, finit de les convaincre qu'ils n'ont rien et qu'il serait temps qu'ils commencent à s'acheter des objets. La vente de l'açai et du poisson ne suffisant pas, ils s'en vont couper les grands arbres millénaires, miner, travailler dans les champs et défricher.
Les premières grandes villes d'Amazonie se sont bâties sur d'anciennes missions. Les premiers indiens étaient capturés de force ou convertis pour travailler dans les champs, métissés. L'hévéa fit la fortune de Manaus et de Belem. De là, partirent les chercheurs d'or, puis les pilleurs de bois.
Quand il n'y a plus de bois intéressant à couper, la forêt est brûlée. La terre est ainsi transformée en pâturages ou en champs de soja. Mais au bout de quelques années la terre s'appauvri tellement que seul le manioc pousse dans le sable.
Dans le système néo-féodal brésilien, les paysans n'ont pas de terres. Ils sont tolérés sur les terres du propriétaire terrien tant qu'ils sont utiles en tant qu'ouvriers agricoles. Mais avec l'industrialisation du pays, les ouvriers agricoles sont remplacés par les machines et ils migrent dans les favelas. Le gouvernement leur allouent également quelques arpents de terres pris sur la forêt. Ces colons reproduisent alors le modèle de destruction des terres un peu plus loin, le long des routes traversant la jungle. Comme une nuée de criquets ne laissant que des étendus stériles derrière elle.
La main d'oeuvre pauvre et abondante des favelas alimente la formidable croissance industrielle du Bresil. Le pays a de l'ambition. Encouragé par le FMI, il a comme projet d'exporter son agro-carburant à base de colza et de soja. Jusqu'ici, la déforestation servait principalement à nourrir le bétail occidental aussi bien que local. Il semblerait que nous ne puissions pas nous passer de manger de la viande tous les jours, matin, midi et soir. Et tant pis pour les forêts, tant pis pour les famines et l'effet de serre, le steack, le porc, le saucission sont nos "way of life", notre "pouvoir d'achat". Des valeurs plus sacré que l'existence et la survie de la Terre elle-même.
Ces donc sur l'autel de notre obesité vorace que nous sacrifions ces peuples, ces animaux et ces plantes. Comment lutter quand on a que la Bible, les télénovelas et une paire de tong ? Qui prendra conscience des effets destructeurs de ce système sur l'écologie de la planète toute entière ?
Certains d'entre eux luttent. Ils luttent pour sauver leur culture, leur forêt. Mais la Machine vorace est puissante, ses cargos et ses routes sillonent le pays. Le feu et les bulldozzers ne seront pas arrêtés avec quelques flèches ou des prières. C'est le système lui même qu'il faut casser : refuser tout achat de bois non certifié FSC, limiter sa consommation de viande au minimum possible, encourager l'écotourisme, le commerce équitable ou pourquoi pas acheter des arpents de forêt avant les multinationales.
Le système économique mondial ne survit qu'en brûlant un héritage de plusieurs millions d'années, en endettant les futures générations par les rejets carboniques et l'épuisement des sols. Quand il n'y aura plus rien à brûler, qui sera sacrifié ? Celà ne se passe pas "ailleurs", celà se déroule sur notre Terre, celle que vous avez sous les pieds en ce moment. Il n'y aura nulle part où s'enfuir, pas d'autre planète à coloniser, pas de paradis où cacher son âme, pas de Messie pour venir nous sauver. Certains pensent aussi que l'on peut gagner la guerre contre la Nature, mais si nous lui faisons la guerre nous ne pouvons que perdre, car nous en sommes un élément indiscociable. Il est temps de trouver le chemin de la paix.
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