[marlouf]

Ma trés chére soeur,

Voila la crasse ignorance des flagorneurs de ce Royaume. Moi, qui fut la cause de la récente sortie de guerre (victorieuse) contre les Flandres, je suis désormais exilée par un Secrétaire d'Etat dont le monde aura oublié le nom dans quelques mois (et qui a défaut de savoir comment gagner les guerres, savait en revanche les provoquer)
Nos sujets méritent ils ces gouvernants ? Apparement pas, et les Lumiéres nous diront si le Royaume est digne d'être dirigé par quelques nobliauds d'opérettes.

A propos d'operettes ... ma passion pour les Flandres est connue, et m'est venue une proposition interessante des Amériques : que je produise mes piéces en Nouvelle-Amsterdam, où un public averti pourra suivre mes oeuvres qui me sont les plus chéres (dépassant les 90mn, elles n'avaient aucune chance d'attirer l'attention du public Versaillais qui est réputé pour la versatilité de son attention, que ce soit au Théatre ou au Bordel - c'est ainsi que l'on a renommé tout l'aîle gauche de Versailles...)

Bien entendu, j'ai pu faire fructifier les quelques sous que j'avais péniblement économisé en France : pour paiement de mes représentations, les autorité locales m'ont vendu de larges parcelles en Nouvelles Amsterdam, le long de l'Hudson. Qui sait, ces terres deviendront peut être le centre du monde d'ici quelques années ?

Enfin ne te désole pas, ma soeur : j'ai quitté la France sans regrets, et juré de ne plus jamais y mettre un pied. J'ai même réussi à débaucher un jeune acteur, Monsieur Jean Baptiste Poquelin, dont le talent me semblait bien prometteur. Celui là non plus, les Français ne l'auront pas !
Je suis juste navré pour les enfants royaux, dont j'avais la charge. J'ai néanmoins oeuvré comme j'ai pu, rappelant aux royaux marmots que les valeurs du travail valaient plus que la fénéantise et les fastes surannés. Le jeune Louis, surtout, développe une passion pour la mécanique et la serrurerie, et je l'ai orienté vers ses passions : aprés tout, il ne devrait logiquement pas être roi, et l'éducation politique n'avait aucune valeur pour lui - J'espére ce choix judicieux pour sa réussite future et son épanouissement personnel.

Nous foulons désormais la terre d'Amérique, où la saveur sauvage des élements n'a rien à voir au marécage versaillais où pataugent allegrement les vestiges perimés d'un siécle qui s'effondre. Nobles ou ecclésiastiques, en verité ces gens là sont condamnés - et le plus drôle est qu'ils ne le savent pas encore, mais que leur descendance payera toutes leurs erreurs.

Sur ce je te fais mes adieux, ma soeur : avec Jean Baptiste, nous allons divertir un public digne de nos piéces. Ci joint quelques louis d'or, afin que tu puisse toi aussi embarquer et nous rejoindre, peut être, en ces contrées où tout est à faire...