Discussion: Chambellan Jag
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Vieux 05/02/2011, 12h43
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Perceval le Gaulois
 
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"Ma bonne amie,

Hier soir, je me suis précipitée en grand équipage au Théâtre-Français. J'y voulais voir la pièce de Mademoiselle Rouqmouton avant qu'elle ne soit retirée de l'affiche. A ma grande surprise, c'était déjà le cas, et la troupe proposait une tragédie héroïque, "Phocée subjuguée", sans nom d'auteur.

M'étant déplacée, je surpassai ma déception et entrai. Je fis bien, car le Roi était présent également, et je pris soin de me faire remarquer alors que je gagnai ma place.

La pièce - que j'ai fort apprécié - est une allégorie quelque peu obscure décrivant le triomphe et la gloire du génie français en butte à ses ennemis, dont une sorte de chimère au rendu fort impressionnant, grâce à une machinerie sophistiquée.

La fin, surtout, me prit le tripes - je veux dire, ne manqua pas de me susciter quelque émoi. L'incarnation du Triomphe descend les marches d'un escalier de marbre immense, une large cape pourpre déployée autour de lui, et tenue par plusieurs jeunes vierges en habit de lin blanc. Une couronne de lauriers dorés lui ceint la tête, et il tient dans ses mains une lyre percée d'une épée, les palmes de la victoire, des chaînes d'argent pour asservir ses ennemis, et le flambeau de la gloire. Certes, cela fait beaucoup, mais l'acteur les tint avec tant de grâce et de conviction que cela passa très bien. Alors que mille colombes s'envolent et que le tonnerre retentit, que Zeus et les autres dieux de l'olympe s'agenouillent à ses pieds en implorant son pardon, les choristes entonnent un puissant chant évoquant des sillons abreuvés de sang impur par des corbeaux sur la plaine.

Le public - même le Roi ! - était debout, et les applaudissements durèrent vingt bonnes minutes. On scandait : "L'auteur ! L'auteur !". Alors, tel un lion puissant et généreux, l'incarnation du Triomphe, ôta ses lauriers, s'avança et les déposa au pieds du Roi. Quel étonnement ! Cet acteur, c'était l'auteur, c'était Monsieur du Marseillicide !

Le Roi, sous le charme, murmura : "Quel magnifique acteur !" et ajouta sur un ton plus haut, avec un sourire : "Tant de justesse ne peut demeurer sans récompense... Monsieur le Marquis". Sa Majesté ceignit lui-même sur la tête du nouveau Marquis la couronne de lauriers d'or qui lui avait été remise, lui fit l'honneur d'une accolade, et quitta le théâtre sous les murmures et les cris d'enthousiasme."

Monsieur du Marseillicide devient Marquis
+ 1 pioche dans la Maison du Roi


A Messire Palpat !
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"Violer la grammaire rend le langage bâtard." (Ar Sparfell)

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