Discussion: AAR - Benzo Total War
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Vieux 10/01/2012, 13h58
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Bataille de Lehenwald, Tyrol autrichien, 14 février 1805

Mon très cher frère,

Ces quelques mots pour te parler du Tyrol et du magnifique oiseau que j’ai aperçu dans les branchages il y a quelques minutes. Si j’avais un tant soit peu de talent en dessin, j’aurais pu te faire une esquisse qui aurait ravi tes yeux de naturaliste.
J’ai pu l’admirer quelques secondes et entendre son pépiement éloquent, presque étouffé par cette neige ouatée qui ne cesse de tomber. Puis il s’est enfuit, et j’ai du revenir à la réalité : ces membres que je dois découper, ces balles que j’essaie d’extraire, ces plaies confiées à des infirmières débordées et, par-dessus tout, ces râles émanant de milliers de gorges et que l’ont oublie pour rester sain d’esprit. Le métier de chirurgien est en plein essor, comme celui de croque-mort, aussi que dire, à part vive l’Empereur ?
La bataille était gagnée d’avance, tout le monde le savait. Et gagnée, elle l’a été. Alors pourquoi ici, tant d’illusions perdues ?

La ligne semblait belle, pourtant, ce matin même, et l’ennemi si chétif …



5.000 hommes de notre côté, moitié moins en face, pas d’artillerie, alors que nous en avions à profusion… l’Etat Major a donc décider de mettre en réserve la moitié des unités, tant la zone de déploiement semblait bien mince pour notre petit monde. Et pourtant nous n’étions que 5.000, que se passera t’il quand nous serons 16.000, bien plus encore en renfort, et 50.000 hommes en face ?
Les hostilités ont été ouvertes au centre par le 1er régiment d’artillerie du colonel Boudi tandis, que sur le flanc gauche, le colonel Jmlo et son 8éme régiment lui faisait pendant. Du 12 livres, de belles piéces, destructrices, comme j’ai pu étrangement le constater.




Tout le 5éme régiment d’infanterie s’est avancé vers l’ennemi : les Voltigeurs du sergent Darthmath ont fait merveille, en déboussolant l’ennemi. Les grenadiers de Druss d’Haran ont éclaté le bataillon autrichien lui faisant face, tandis que les 4 bataillons d’infanterie de ligne tiraient salves sur salves, dans un ordre parfait. Quand le lieutenant Urial avait fait donné les salves, le capitaine Locke faisait avancer sa propre ligne pour écharper l’adversaire. Et puis la machine s’est embourbée, face à un ennemi de bien faible envergure.

Le 2éme régiment de chasseurs-à-cheval, qui avait pris en chasse les fuyards, s’est retrouvé bloqué dans une fondriére qui n’avait pas été reperée. Les hommes tentaient de reprendre le contrôle de leurs chevaux quand les Autrichiens ont profité de l’incident. 400 hommes faisant feu au même instant, il n’en fallait pas plus pour éreinter puis écraser l’escadron du colonel Maximus. Une balle dans la jambe, c’était encore peu pour ce meneur d’hommes …




L’adversaire s’enhardit et s’approche. Le colonel Maximus délaisse son mousqueton pour s’emparer de son sabre. Il fauche à gauche, à droite, mais le bataillon adverse tient une victoire facile. Percé de toute part par les sabres et les baïonnettes, le cheval s’écroule sur son cavalier. Ce qui reste du 2éme régiment se débande.

Au centre, nous poursuivons nos efforts et l’ennemi s’effondre. Nos hommes avancent mais les consignes passent mal. La neige emplit l’horizon, la fumée masque tout, ne reste que l’odeur de poudre et de salpétre. Nos batteries n’ont pas réajusté leur distance de tir, les boulets touchent nos hommes. Le sous-lieutenant Druss d’Haran voit plusieurs de ses grenadiers balayés par un de nos obus.
Les ordres passent enfin, les batteries cessent le massacre. Seul le régiment d’artillerie du Colonel Jmlo continue, à la mitraille. L’angle n’est pas le meilleur qui soit, les salves partent du côté adverse, les artilleurs tombent. Le 1er régiment de chasseurs à cheval arrive dans le dos des Autrichiens et les décime. On entend les hurlements de joie du colonel Jagermeister. L’ennemi lâche notre flanc gauche, la victoire est désormais sûre, toute la province d’Innsbruck passe sous commandement français.




Les pertes sont cependant de très mauvaise augure, il n’est plus question de continuer dans les cols alpins par ce temps. Des 150 hommes de l’escadron de Maximus, seuls 27 sont encore indemnes.
Unique petite joie, en repoussant la carcasse de son hongre, on retrouve le colonel Maximus respirant encore, malgré diverses blessures aux jambes et aux bras et, surtout, une très mauvaise estafilade partant du cuir chevelu jusqu’au visage. L’œil a été sauvé de peu. L’Autrichien qui a ainsi entamé ce dur crâne git quelques pas plus loin, le sabre du colonel passé en travers du thorax. On raméne le corps, sanguinolent mais encore vivant, jusqu’au campement, sous le hourra des hommes. Ce sera la première Légion d’Honneur de cette campagne. Rodo 1er glissera même « Je ne le décore pas pour avoir combattu, mais pour avoir survécu »

Ailleurs aussi les pertes peuvent être lourdes. On compte 700 morts et blessés définitifs, mais seulement la moitié due à l’ennemi. La moitié de la brigade d'artillerie de Jmlo a été dessoudée, mais on comptes plus de 300 tués par ses boulets. La moitié du bataillon de Druss d'Hran a également disparu, un quart du côté d'Urial. Ça va certainement valser à l’Etat-Major …

Je te laisse là, mon frére, une autre amputation …

Avec mes pensées,

Chirurgien Major Superchausette, Services de Santé du 5éme régiment d’Infanterie de ligne
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