"Ma chère,
Cette seconde guerre d'Espagne vide Versailles de ses forces vives. Après le couple du Marseillicide, c'est maintenant Mademoiselle de la Moustacherye qui nous quitte. Elle a pris hier matin la malle-poste pour Lille, avec armes et bagages.
Le marquis d'Assange, maître-espion royal, m'assure en toute confidence que le voyage de Mademoiselle de la Moustacherye ne s'arrêtera pas aux Flandres, mais se prolongera jusqu'à Amsterdam, comme le laisse à penser une missive chiffrée, trouvée dans son appartement désormais vide, et que le marquis d'Assange s'occupe à décrypter.
Selon cette source, Mademoiselle de la Moustacherye se retirerait dans la seigneurie de Matahari, près de Breda, pour se livrer à des activités colombophile. Nous regretterons tous cette charmante demoiselle,qui eût pu faire une excellente diplomate tant elle aimait à s'enquérir de ces matières, avec un le plus vif intérêt, auprès de nos ambassadeurs.
Tenez, pour prouver à la fois son assiduité en ces sujets, et son extrême discrétion : une nuit où j'étais victime d'insomnie, je la vis sortir, par une fenêtre, du Cabinet des Traités Secrets, une pile de dossiers sous le bras.
J'ai récupéré chez elle quelques objets qu'elle a abandonnés, et je les conserve précieusement en souvenir : une charmante ombrelle, qui - ô ingéniosité - peut également servir de tisonnier, puisque un mouvement du manche fait surgir à son extrémité une pique rétractable. Une amusante horloge, du cadran de laquelle on peut tirer un long fil de fer, sans doute pour y étendre son linge à sécher. Enfin, sa calèche personnelle, qui nécessite néanmoins réparation : mon cocher s'étant assis sur le siège du conducteur, une fausse manoeuvre fit que son siège fut propulsé en l'air par un très robuste ressort."
Deux pioches
C'est à Messire Latiatia !
