Ma très chère soeur,
La guerre n'est jamais bonne chose, ni pour Flamands bourgeois, ni pour François sans Roy
N'étions nous portés par les Lumiéres, que nous le serions par le commerce - alors que tout était mal engagé pour nos armées royales, quelques missives envoyées à de mes amis en Flandres firent bien plus que tout siége de place forte. Pourquoi s'entretuer pour quelques villes, alors que l'argent coulera à flot sitôt Anvers ouverte aux provinces françaises ?
Ces beaux Messieurs de la Cour, ont oublié que ce qu'ils prêtent comme mal féminin, est tout aussi masculin : l'attrait du gain a permis aux remparts de tomber et aux mains de lacher mousquet pour s'emparer de pleines bourses.
Des bourses pleines, nous en avons aussi pléthores ici depuis notre retour à Versailles. Nos hommes, qui ont défouraillé sauvagement sur les frontiéres, le feront tout autant en le Palais maintenant que Mademoiselle de la Chouinerye a quitté ses murs de la Bastille.
Déjà, en son alcove, les étendards se pressent. Aprés le mitard, le soudard, voilà beau precepte qui me fera, assurément, un beau troisiéme acte pour ma piéce que j'espére, enfin, jouer bientôt au Dauphin (s'il nous survit plus d'une saison)
Vous me mandiez récemment pour savoir si, ici, ma place est bonne. Ma foi, ma trés chére soeur, je n'ai toujours ni argent, ni titre, et encore moins de mari (il faut dire qu'à Versailles ces temps ci, un mariage sur deux se termine par la disparition d'un des protagonistes durant la nuit de noce) mais le spectacle qui se présente ici, à nul autre comparable, vaut toute fortune - et pour rien je n'y échangerais ma position (contrairement à Melle de la Chounerye, que j'entends justement à travers la cloison, et qui avec chacun de ses "amis" , semble connaitre cinquantes variations)
O tempora ! O Mores ...
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