Discussion: AAR Civcity Rome
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Vieux 02/03/2007, 11h53
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CHAPITRE 9 : le retour des Gladiateurs




A travers l’arrestation d’Oniris, c’était un homme que je redécouvrais. Trop pris par la construction des cirques la mise en place des jeux, passionné par le sort de Chazam, ayant peut être l’impression d’être l’un des acteurs de Rome par le biais des complots d’Oniris, croisant la route des plus grands, m’intéressant à une nouvelle religion… j’avais oublié mon ancienne vie et tout ce qui y avait trait.
Depuis combien de temps n’avais-je pas réellement prêté attention à Venitius Varon, lui que je considérais comme un ami ? Des mois, des années ? L’homme s’était renfermé, lui qui au contact de Chal avait pu effleurer l’Histoire, se retrouvait à son poste de Préfet d’une province finalement misérable, une ville de cirques et d’apparat qui voulait être une réplique de Rome et qui au final, n’était qu’une pustule sans intérêt entourée par la Méditerranée.

Oniris resta un long, très long moment dans l’une des geôles de la prison crétoise. Je continuais mon travail, au côté du fidèle Jmlus, à qui j’apprenais la passion du métier.
Le Colisée grandissait et la foule passait souvent à proximité du chantier, pour voir ce nouvel édifice dédié aux plaisirs. La ville, dans son ensemble, s’était énormément modernisée, accueillant ainsi des thermes spacieux, des écoles d’excellente qualité pour les enfants des patriciens et des marchés aux étalages toujours fournis. Le temps passait et Oniris restait en prison, sans réelle raison, et son alliée de Rome, Marcia, semblait s’être détachée de son sort. Griffon Pertinax tentait bien de faire sortir Oniris, sans pour autant se risquer à revenir sur l’île.

Car que voulait exactement Venitius ? Faire payer à Oniris le fait de l’avoir abandonné, lui qui espérait tant pour les siens ? Ou lui reprochait-il plus simplement la mort de Chal, dont la carrière éblouissante lui aurait peut être permis de s’extraire de son poste de subalterne ?
Dans tous les cas Oniris était en première ligne, et par là même Griffon également.

Je passais donc mon temps à visiter Chazam, apprenant beaucoup sur la religion chrétienne tout en ayant l’impression d’être un intrus, essayant d’oublier ces demi-succès sur les pistes des auriges, où j’applaudissais tour à tour un cheval, puis l’autre.



Le temps s’écoulait sous la chaleur sèche de la Grèce, et Oniris végétait toujours en prison.
La discussion que j’avais maintes et maintes fois débuté avec Venitius sans jamais oser la poursuivre, cette discussion que nous fuyons tous les 2, nous l’eûmes une fin d’après midi, sur les marches même du Colisée.

Nous assistions tous les deux à la fin des travaux, et Venitius m’appris finalement qu’il relâcherait prochainement Oniris. Les mois et les années qu’il avait perdu sur cette île, il avait réussit à les lui faire sentir, elle qui avait partout claironné sa liberté. La maintenir en prison avait finalement été assez simple, le motif religieux était bien suffisant.
Le règne crépusculaire de Commode, dont même les passions de son mauvais génie Dandyus commençaient à le lasser, avait jusqu’ici été assez favorable aux Chrétiens – l’influence de Marcia était certes bien présente. Ainsi Commode avait, à sa demande, déjà gracié des chrétiens, pourtant condamnés pour prosélytisme et appel à la rébellion, les sortant ainsi des bagnes de Sardaigne où ils auraient du finir leur vie.

Venitius avait intelligemment manœuvré, emprisonnant Oniris non pas pour la religion qu’elle défendait, mais en avançant des motifs plus pervers. Elle aurait été vue en public s’en prenant aux religions de Rome. Elle avait proféré des insultes à proximité du temple de Mithra, et certaines témoins (les pires voleurs que j’ai eu l’occasion de voir sur l’île) affirmèrent même qu’elle voulait saccager le temple avec l’aide de ses co-religionnaires.

La chose était entendue, Commode ne pouvait supporter qu’on s’en prenne au culte de Mithra. En effet, ce dieu oriental, arrivé un siècle auparavant à Rome après les incursions romaines au-delà de Jérusalem, avait enthousiasmé Commode, qui en avait fait une affaire personnelle. Depuis plus de dix ans, un culte impérial était donc voué au dieu, mêlant intimement culte de Mithra, de César et du pouvoir.
Les efforts de Griffon pour libérer Oniris avaient donc une portée bien limitée.

Venitius consentait finalement à la faire sortir, à condition qu’elle quitte rapidement la province et n’y remette plus les pieds. Nous quittâmes le Colisée, chacun satisfait, tandis que les travailleurs, sous la supervision de Jmlus, terminaient les derniers travaux. Dans 3 mois, la nouvelle saison, comptant 170 jours de jeux, commencerait ici même.




Tandis que nous marchions, Venitius était lointain, distant, et pourtant il me toucha au plus profond de mon âme, agissant pour la dernière fois en ami. Il accordait sa grâce à Chazam, qui sortirait le soir même comme un homme libre. J’éclatais de joie et embrassait copieusement Venitius, appelant sur lui tous les bienfaits des dieux, chrétien et païens.

Comment décrire mon état quand je vis Chazam quitter son arène, son soupirail et son univers de mort ?



Je l’installais dans ma grande villa, le choyant sans cesse, découvrant réellement ce qu’était la vie. Lui y prenait goût également, partant pour de longues randonnées dont il ne revenait que bien tard, alors que je l’imaginais déjà tombé d’une falaise ou fait prisonnier par des pirates, dont les rares incursions balayaient parfois les rivages de cette partie de la Mer.


En cette treizième année du règne de Commode – et qui serait sa dernière – les bruits venus du large semblaient assez effrayants. Les pirates revenaient à l’assaut, certes, comme ils le faisaient parfois – mais les défenses de la région, depuis plus de 10 ans, étaient parfaitement adaptées à ce possible danger. En cette année, que Chazam m’annonça comme étant l’an 192 après Jésus Christ, le danger venait de Rome même, la ville lumière que consumait le dernier empereur de la dynastie des Antonins.
Sur notre île, pourtant bien éloignée des problèmes de Rome, le grain vint à manquer, les greniers se vidèrent et la pauvreté, d’un seul coup, sembla s’installer. Les nouvelles de Rome étaient bien plus dramatiques, puisque la famine était organisée des mains mêmes de Cléandre Dandyus, à qui Commode laissait toute liberté. Les moissons étaient saisies sur place et stockées par Dandyus, qui les répartissait ensuite au plus fort de la famine, en échange des richesses des Romains. La colère grondait, et la foule se heurtait parfois à la cavalerie que Dandyus lâchait sur elle. Les morts étaient de plus en plus nombreux, l’Empire sombrait peu à peu.
Plus violent que Chal, plus inhumain que Perennis, Dandyus s’accrochait encore au pouvoir, construisant tout autour de Commode un monde de paranoïa et de complots. La tête de Dandyus tomberait bientôt, c’était une certitude. Mais le règne de Commode ayant été celui d’un monstre, éclipsant même les folies de Néron un siècle plus tôt, ses chances de conserver le pouvoir, et surtout la vie, étaient bien minces.

Et pendant ce temps là, en Crête…Le temps s’était écoulé sur le visage d’Oniris, creusant des sillons sur sa peau autrefois lisse, baignant ses yeux d’un éclat triste. Lorsqu’elle sortit de geôle, la femme pétillante et retord que j’avais connu semblait complètement transformée. J’étais incapable de savoir encore si c’était en bien ou en mal, mais la différence était notable. Mais le temps ne nous avait-il pas tous touché ? J’avais l’impression de connaître le véritable bonheur, Chazam enfin à mes côtés. Naïveté… Mais l’homme au bord du précipice, avant de sauter, est-il véritablement habité par le vertige ? Je profitais de ces joies toutes simples, sans prendre conscience que j’avais déjà mis un pied au dessus de l’abîme.


Mais la vie à Rome nous rattrapait …




S’étalant sur plusieurs mois, les troubles s’étaient enfin calmés dans la capitale, le peuple ayant mis à bas le dernier favori de César.
Un soir, alors qu’il rentrait chez lui, Dandyus avait tout simplement eu la tête emportée par un formidable coup d’épée. Le meurtre était certainement du fait même de Commode, mais certains avaient reconnu dans le geste la présence de Marcia.
D’ailleurs, n’avait on pas vu l’un de ses esclaves, ce grand goth privé de la parole, dans le quartier quelques minutes avant le meurtre ?
Et quelques-uns de se rappeler que des années auparavant, cet Akmar Nibelung était un gladiateur, que Marcia avait sauvé de la mort dans le Colisée de Rome afin qu’il entre à son service.
Quelques légionnaires auraient également pu attester que bien avant sa capture, cet homme avait été un solide soldat, combattant avec acharnement contre les troupes romaines et maniant l’épée avec une grande dextérité.
D’autres enfin – mais vivaient-elles encore, ces ombres d’une vie révolue ? – auraient pu parler de la magnifique voix du Goth, qu’il faisait résonner lors des assemblées, une voix qui s’était tue lorsque les troupes romaines, balayant son village sur les ordres de Marc-Aurèle, avaient emporté la vie de sa femme et de ses fils.
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