Ma très chére sœur,
Que d’actions à Versailles ces derniers temps ! Il s’y passe plus de chose en 1 heure que dans la totalité de tes piéces, c’est dire …
Nous étions partis à la guerre, ce qui n’est jamais bon pour le commerce – pourquoi les soldats iraient payer pour voir mes petites orphelines, alors qu’ils n’ont qu’à se baisser pour violenter quelques espagnoles ?
Dieu soit loué, je te mets mon billet que cette guerre n’a pas duré plus de quelques heures ! Le Roi a en effet annoncé que ces Messieurs seraient accompagnés de leur Dame, qui pour une fois ne resteraient pas à Versailles mais les suivraient en campagne.
A quoi bon guerroyer si, à la rigueur du climat et la boue du terrain, on doit rajouter l’œil inquisiteur de ces Dames ? Incapables de trousser en paix, les officiers ont abdiqué et, de guerre las, ont accepté une paix honteuse avec l’Espagne. Ce que les tercios espagnols n’ont pu faire malgré des assauts vigoureux, les femmes et maitresses ont pu l’obtenir sans coup férir.
De fait, le parti espagnol est à la joie de cette victoire.
Mme de la Looserye a ainsi glissé quelques mots à la reine me concernant, ce qui m’a laissé, pour tout dire, comme deux ronds de flan. Je ne sais pas sur quel pied danser avec cette Dame depuis qu’elle est mariée à Mr de la Jaguerie : un jour elle défend son époux au point d’envoyer la pauvre Madame de la Moustacherye en la Bastille, le lendemain elle me fait du gringue et me dévoile ses mollets.
Quant à Mr de la Jaguerie, la période n’est point faste pour lui. Notre bon Roy, eu égard aux services (non) tarifés que j’ai pu lui obtenir avec mes protégées, m’a délégué la tâche qui lui était échue, et dans laquelle il s’était révélé fort inconséquent.
Aussi pour la premiére fois, nous irons à la chasse !
Je te laisse, je dois charger mes mousquets – rassure toi, pas pour abattre un animal, je connais ton aversion pour ces pratiques que tu n’apprécies point, mais pour me défendre si quiconque en venait à lorgner sur mes titres.
Mes amitiés, ma sœur !
Ps : il serait temps que tu ais une profession honorable, à l’image de ton propre frére. Amuseuse publique, même de l’autre côté des Mers, je t’assure que ça fait jaser. Il faut grandir, ma sœur !
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