Discussion: AAR Civcity Rome
Afficher un message
  #64  
Vieux 02/03/2007, 18h38
Avatar de marlouf
marlouf marlouf est déconnecté
Fan club La Tenaille Forever
 
Date d'inscription: août 2005
Localisation: Pôris
Messages: 3 697
Par défaut

Merci beaucoup (comment ça, vous savez que Commode va mourir ? )

Citation:
Envoyé par jmlo
Certe mais ça ne réponds pas à la seul question intéressante ...
J'en connais qui voudraient finir calife à la place de l'entrepreneur :fourbe: :moi qui t'es tout appris:




Chapitre 10 : Jusqu'au dernier Souffle







12 ans.

J’avais donné 12 ans de ma vie à bâtir une ville de cirques, pour le compte de César. Cloîtré à Rome, fuyant le peuple et s’adonnant plus que jamais à la luxure et à la boisson, Commode ne viendrait certainement jamais visiter l’une de ses lubies. Craignant plus que jamais que son entourage ne l’assassine, lui qui avait échappé à tant de complots, il s’était mis à massacrer à tour de bras ce qui étaient ses derniers proches. Seule Marcia semblait encore tenir face à la fureur de César.

J’avais donné tout mon temps pour le prestige de Rome, mais les choses se précipitaient ces derniers temps, m’empêchant de profiter pleinement de ce qui était ma réussite. Chazam à mes côtés, nous nous préparions à la nouvelle période de festivité, dans moins d’un mois. 170 jours de jeux, de combats d’animaux, de courses de chars, de représentations théâtrales, de distribution de nourriture sur les grandes places de la ville. Ma réussite était là, pleinement visible, et pourtant je sentais inconsciemment que le malheur ne pouvait que s’abattre, moi qui avait été béni des dieux.
Je ne m’étais pas trompé, puisque Oniris causa ma perte. Causa notre perte à tous.

J’aurais du le voir, Oniris avait beaucoup changé lorsqu’elle avait quitté sa cellule. Cette femme politique, capable de survivre à tous les complots, d’échafauder les coups les plus bas, de séduire et détruire en même temps, tenait sa force de cette capacité à vouloir vivre. Tout avait bien changé, puisqu’elle ne souhaitait maintenant plus qu’une seule chose au monde : détruire son ancien amant, Venitius.
Avait-elle mûri sa vengeance pendant sa longue détention ? Très certainement. J’aurais du m’en apercevoir, lui faire comprendre que les conditions posées par Venitius – qu’elle quitte l’île – étaient finalement bien légères. D’autant plus qu’Oniris n’avait rien à gagner à rester végéter sur l’île, alors qu’elle pouvait retrouver toute sa splendeur à Rome.
Je ne fis rien, et ma responsabilité dans la catastrophe à venir fut des plus évidente.

Oniris ne parti pas de l’île, ce n’était absolument pas son intention. Aurait-elle manigancé en se rendant directement à Rome, et bien des choses auraient pu être évitées. Mais elle voulait voir le visage de Venitius quand elle provoquerait sa perte. Dut elle pour cela s’exposer à sa haine.

En deux jours, la chose fut faite. Oniris se rendit directement dans le bâtiment où Venitius gérait les affaires de la cité, et le menaça sous le regard ébahi des patriciens présents sur place. Oniris lui affirma tout simplement qu’elle quittait l’île, pour aussitôt retourner à Rome. La déclaration, qui aurait pu réconforter Venitius, le rendit fou furieux quand Oniris lui expliqua tranquillement qu’avec l’appui de Marcia, elle rencontrerait Commode, et l’entretiendrait de la grande amitié qu’un temps Chal et Venitius avaient eu. Dans l’atmosphère paranoïaque qui pesait à Rome, il était évident que Commode en tirerait des conclusions drastiques. Tant qu’un quelconque proche des anciens favoris restait en vie, un complot était parfaitement imaginable. Venitius finirait certainement égorgé, ou décapité, sur l’ordre direct de Commode.

Oniris imaginait-elle pouvoir révéler ses intentions à Venitius sans que celui-ci fasse tout son possible pour l’en empêcher ? La prison devait avoir émoussé son sens des réalités, et Venitius la fit aussitôt arrêter de nouveau. Elle n’avait pu profiter que de quelques jours de liberté, et son séjour à venir serait certainement beaucoup plus cruel. D’ailleurs, une rumeur ne tarda pas à courir : Oniris avait joué là sa dernière manche, puisque Venitius avait tout simplement exigé qu’au premier jour des jeux, elle soit décapitée.

En me rendant au Colisée le lendemain, je me demandais comment Oniris comptait sortir de ce mauvais pas. Je ne voyais aucune solution, et m’accusait d’avoir laissé la situation pourrir. N’avais-je pas compris qu’Oniris, une fois relâchée, avait tout simplement basculé dans la folie, ne souhaitant plus que la mort de Venitius ?

Mais une fois de plus, je sous-estimais Oniris. Elle avait encore fait preuve de cette intelligence destructrice, cette part d’elle-même qui la rendait aussi dangereuse qu’un serpent.

De la journée, je n’eus pas de nouvelles de mon aide, Jmlus.

Le surlendemain, surpris, je me rendais chez lui afin de voir comment allait le jeune homme. Je ne trouvais personne. La femme qui gérait l’habitation me fit accéder à l’étage qui lui était réservé, et je commençais à saisir une petite partie du problème. La niche habituellement réservée aux dieux gardant la maison, toujours encombrée d’encens et de menues offrandes dans les habitations traditionnelles de la bonne société romaine, était ici presque complètement nue, un dépouillement d’autant plus choquant quand je prenais dans les mains le seul objet que j’y trouvais : une croix.

C’est Oniris qui fit toute la lumière sur la disparition de Jmlus, en lançant ses dernières menaces à Venitius, qui la regardait fixement de l’autre côté des barreaux. Jmlus, qui était rapidement entré sous le charme de la nouvelle religion et s’était ainsi beaucoup rapproché d’Oniris lors de la célébration de leur culte, avait embarqué sur un navire à destination de Rome. Deux lettres, l’une pour Marcia, l’autre pour Griffon Pertinax, seraient bien suffisantes pour que Commode soit rapidement informé des actions menées par Venitius. Le fait que Jmlus soit également d’une riche et solide famille apporterait d’autant plus de poids à ses affirmations visant à détruire toute la crédibilité de Venitius. Seulement deux heures après l’arrestation d’Oniris, Jmlus voguait déjà sur les flots de la Méditerranée.




La colère de Venitius dépassa tout ce à quoi j’aurais pu m’attendre. La ville bruissait du cliquetis des armes, les patrouilles quadrillaient tous les quartiers, mais à la recherche de quoi ? Quand je quittais le Colisée ce soir là, j’ignorais bien sur que ma prochaine visite sur place serait au centre de l’arène. J’ignorais que bien des visages, je les voyais pour la dernière fois.

Quand j’arrivais dans ma villa, je découvris un spectacle de désolation. Les portes avaient été forcées, certains meubles avaient été détruits, mais surtout la moitié du personnel manquait. J’appelais en tout sens, mais Chazam ne répondait pas. Etait-il encore parti pour l’une de ses excursions sans fin ? Enfin l’intendant arriva, le visage meurtri par les coups, et m’appris ce que je redoutais. Les hommes de Venitius étaient venu et avaient arrêté tous ceux qu’ils soupçonnaient d’être chrétiens. Outre certains des hommes et femmes qui travaillaient sur le domaine, ils s’étaient saisis de Chazam et les avaient emmené dans la prison de la ville. De telles arrestations, il y en avait eu tout l’après-midi, dans chaque quartier.

J’espérais me rendre directement à la prison, mais l’intendant m’indiqua que les légionnaires empêchaient à quiconque de s’en approcher. Il fallait que je me rende directement au forum, pour que Venitius m’entende en audience.



Les gardes me laissèrent entrer sans faire de difficultés – j’étais une figure très connue de l’île – et je retrouvais Venitius dans un état d’excitation que je ne lui avais jamais vu. Mes questions, mes supplications pour libérer les chrétiens – et surtout Chazam ! – le laissèrent de marbre.
Quel homme était-il donc devenu, un monstre comme Chal ?
Comme perdu en lui-même, Venitius me parla de la trahison d’Oniris, de sa tête qui roulerait bientôt sous la hache du bourreau. Je lui parlais de l’arrestation des chrétiens, et lui revenait au sort d’Oniris, et au sien bien sur. Commode ne l’épargnerait pas, c’est sur, et pourtant jamais il n’avait réellement soutenu Chal ou Perennis, tout au plus les avait-il envié lorsqu’ils siégeaient haut dans le ciel de Rome, mais leur chute lui avait bien montré que comme Icare, ils avaient trop voulu s’approcher du soleil. Lui n’avait jamais participé à aucun complot, et sa mort serait partagée par tous ceux qui avaient trahis.

Je le regardais, abasourdi.
« - Mais tu ne peux pas ?! Tu ne peux pas détenir les chrétiens pour épancher ta haine ?

Venitius me répondit, les yeux comme vide de toute émotion.
- Si, c’est très simple. Un puit empoisonné, et tous les chrétiens sont coupables. Un incendie qui se déclare, et tous les chrétiens sont coupables.
Tu ne devrais pas pleurer, Caius ! Chazam et tous tes chrétiens mourront pendant les jeux, mais toi tu vivras. Sois heureux que je t’épargne, du fait de notre ancienne amitié. »

Fou de douleur et de rage, je prenais le stylet posé sur la table de Venitius, et l’en frappait d’un coup au thorax. Les yeux écarquillés de stupeur, Venitius poussa un long cri puis recula, essayant de se protéger des coups que je portais maintenant avec la fureur du désespéré. Les portes s’ouvrirent, je lâchais le stylet couvert du sang de Venitius et sombrait dans le désespoir tandis qu’un centurion, les yeux ronds, me dévisageait comme s’il me découvrait pour la première fois.
Emporté par les soldats, je laissais des empreintes sanglantes en dérapant sur le sang qui imprégnait les mosaïques au sol. Prés de la fenêtre, gisait le corps sans vie de mon ancien ami.
Réponse avec citation