Bon, je croyais que tout le monde connaissait la réponse
Je comprends pourquoi je ne suis pas encore césar à monlégionnaire : je n'ai pas la culture qu'il faut...

(pardon, Akmar, de t'emprunter ton smiley).
Joshua SLOCUM nait en 1844 au Canada. A guère plus de 10 ans, il s'embarque sur des bateux de pêche locaux et s'engage à 16 ans comme matelot au long cours. A 18 ans il est second maître, à 25 ans, capitaine au long cours. En 1875, il construit son premier bateau aux Philippines, puis sera capitaine-propriétaire de plusieurs grands voiliers sur lesquels il vivra avec femme, enfants et piano.
Mais l'ère des grands voiliers est révolue. Il doit vendre le sien et en reprendre un plus petit, avec lequel il fait naufrage, au Brésil, si je me souviens bien. Qu'à cela ne tienne, avec l'aide de ses fils et en utilisant les épaves et les matériaux locaux, il reconstruit un bateau, qu'il ramène aux U.S.A. (il est devenu américain).
Mais il n'a plus un sou, et ne navigue plus. Un ami lui donne l'épave d'un petit sloop, le Spray, qui pourrit à terre. Avec 553,62$ de matériaux et beaucoup d'huile de coude, il le reconstruit entièrement (qu'on ne s'y trompe pas : cela représente une somme importante pour l'époque - je dirais l'équivalent d'un an d'un salaire). Mais il n'arrive pas à gagner sa vie avec la pêche locale.
Le 25 avril 1895, il part de Boston et effectue le premier tour du monde à la voile en solitaire (par le détroit de Magellan en particulier, le canal de Panama n'étant pas encore ouvert). Pas de radio, bien sûr, et une horloge en fer blanc à une aiguille pour la "navigation" (en fait, il naviguait de manière très précise par des observations lunaires, méthode qui exige des connaissances mathématiques trés pointues, ce qui n'est pas si mal pour quelqu'un qui avait quitté l'école à 10 ans). Pas de pilote automatique, ni de régulateur d'allure, mais le Spray avait une particularité unique, à ma connaissance, dans l'histoire de la marine à voile : il pouvait naviguer à toutes les allures sans personne à la barre. Il termine son périple le 27 juin 1898 avec 46000 milles (85000 km)dans son sillage. Je ne vous mets pas le détail, vous conseillant plutôt de lire son livre : en français "Seul autour du monde sur un voilier de onze mètres".
Il revient à terre, écrit un livre qui a un certain succès, achète une ferme, mais s'en lasse vite. Le 14 novembre 1909, il s'embarque sur le Spray, qui est en très mauvais état. On ne le reverra jamais...
Des liens :
http://www.biographi.ca/FR/ShowBio.asp?BioId=41193
http://www.lavoile.com/slocum.htm
Slocum est quelqu'un de très particulier. Une espèce de père spirituel de la plaisance moderne. C'est en même temps un marin de la marine en bois qui refuse obstinèment la nouvelle ère (avec ses qualifications, il aurait pu très facilement embarquer comme commandant de bateau à vapeur) - et un très grand marin : je n'en vois guère de comparable à lui dans l'histoire de la voile -mais c'est aussi l'initiateur de tout un mode de vie : construire soi même son bateau, naviguer sur une petite coque (la plaisance existait déjà, mais sur des grands bateaux avec équipage, pour des navigations de cette ampleur), faire le tour du monde, naviguer en solitaire. C'est donc aussi un précurseur.
Edit :
Je vous rajoute un lien pour le Spray, qui le mérite bien :
http://perso.orange.fr/groupejarc/oceans/spray.htm