15 juin 2006, (Rubrique
France)
- L'humoriste belge s’est éteint jeudi à l'âge de 83 ans après plusieurs mois d'hospitalisation pour une attaque cérébrale. Il s’était imposé comme l’un des plus subtils manipulateurs de la langue française.
Hospitalisé en soins chez lui, à Saint-Rémy-les-Chevreuse, depuis quelques semaines, Raymond Devos est mort jeudi à l’âge de 83 ans. L’humoriste belge était sorti, il y a deux semaines, de la Pitié-Salpêtrière, où il était hospitalisé depuis plusieurs mois pour une attaque cérébrale.
Né le 9 novembre 1922 à Mouscron, en Belgique, il s'était imposé comme l'un des plus subtils jongleurs de la langue française, maniant l'absurde avec jubilation. Il avait suivi des cours de théâtre mais s'était surtout révélé dans des one man shows dans lesquels il jouait les équilibristes, en dépit de ses rondeurs, et triturait la langue et la logique pour créer un style comique bien à lui.
Le comique de l’humiliation
Avec «La Mer démontée», «Le Car pour Caen», «Les sens interdits», «Mon chien c'est quelqu'un» ou «Sens dessus dessous», cet homme timide au physique d'ogre débonnaire incarne un comique fondé sur la chute, le malaise, l'échec et l'humiliation.
D'abord réticent à éditer ces textes, l'humoriste avait finalement publié une dizaine d'ouvrages dont «Matière à rire» (1992), résumant alors ses trente-cinq ans de scène. Viendront ensuite deux récits rocambolesques, «Un jour sans moi» (1996), et «Les 40e délirants» (2002) puis, en 2003, une nouvelle illustrée par Yves Saint-Laurent, «Une Chenille nommée Vanessa».
Prix Raymond-Devos en hommage à son travail autour de la langue française
Commandeur de la légion d'honneur, Devos avait reçu de nombreuses distinctions, dont le Grand prix du disque de l'Académie Charles Cros (1975), un Molière du meilleur one man show (1989), un Molière d'honneur (2000), le Grand prix de l'humour de la Sacem (2001). En 2003, le ministère de la Culture crée en son hommage le Prix Raymond-Devos, destiné à récompenser un travail d'excellence autour de la langue française.
En février dernier, une bataille judiciaire sordide avait éclaté autour de son hospitalisation : une femme disant être sa compagne avait demandé à la justice l’autorisation de lui rendre visite à l’hôpital alors que, selon sa famille et le personnel soignant, l'humoriste refusait de la voir.