Moscow : Janvier 1520
Je me nomme Vladimir Daivich et suis né en décembre 1483 près de la Grande Novgorod. Je rédige ici les mémoires de ma vie car je sais mes jours comptés. Je suis en effet depuis 15 ans l’agent de l’ombre des Seigneurs de guerre Moscovites dans leurs guerres contre la Horde d’Or et mes services ont fait de moi un homme traqué et oublié des miens.
Je n’étais que le fils d’un officier de la Garde Moscovite, mais mon père sut m’employer avec intelligence pour rendre notre famille indispensable à la Couronne. Je ne garde de mon enfance que peu de souvenirs, notre famille n’eut pas le bonheur de demeurer à Novgorod car mon père considérait qu’il fallait être là où la politique de Moscow se portait. C’est ainsi que nous voyageâmes sans cesse au travers des diverses provinces de la Couronne à mesure que les réformes fiscales s’étendaient à tous le pays. Ivan III avait en effet décidé dès 1492 de contrôler d’avantage son système d’imposition, ayant fini par admettre que certaines provinces ne présentaient leurs respects à Moscow que du bout des lèvres. Si les premières années nous pûmes ainsi visiter les plus grandes et les plus majestueuses villes du pays, sans connaître de mésaventure, ma mère vint cependant bien vite à se plaindre à mon père des conditions misérables dans lesquelles il finit par traîner notre famille. Mon père avait en effet deviné avant beaucoup d’autres que la nomination de nouveaux baillis pourrait provoquer la révolte des serfs et autres populations des provinces les plus reculées et les moins attachées à Moscow. Il s’était donc proposé pour accompagner, l’armée à ses côtés, la grande réforme fiscale de cette fin de XV ème siècle. Grâce à son aide, les provinces les plus réticentes aux nouveaux impôts durent baisser la tête ou la perdre et mon père fut remarqué par les élites politiques et militaires. Il convient d’avoir en mémoire que le financement de cette réforme avait obligé la Couronne à s’endetter auprès de ses plus grands marchands et de ses plus riches nobles et qu’elle était donc d’une importance capitale pour Moscow. La clairvoyance de mon père lui valut une toute autre considération que celle réservé normalement à un humble Capitaine de la Garde. Il fut donc nommé en 1496 au cabinet du ministère de la guerre dont dépendait très largement ceux des affaires étrangères et intérieures…
Les voyages de mon père l’avaient maintes fois mené auprès des frontières des vassaux de la Moscovie : Pskov, Kazan et Ryazan. Il avait pu constater combien ces derniers n’avaient au mieux que peu de considération pour leur suzerain et au pire, une haine que les diplomates eux même ne cachaient pas. Le fait que ces vassaux ne fassent même pas parti de notre alliance mettait en évidence le peu de fraternité qui nous liait à eux. Or il importait plus que tout à notre souverain que ces pays restent fiels à Moscow. Mon père ainsi que d’autres membres du cabinet du Ministre de la guerre encouragèrent dès lors l’envoi de nombreuses ambassades entre les années 1496 et 1500. Il faut dire qu’en ce début de XVI ème siècle, la Moscovie était bien isolée. Notre plus grand allier, le Danemark avait bien vite quitté notre alliance en 1492 lorsqu’il constata que cette dernière risquait avant tout de l’entraîner dans les incessantes guerres qui ravageaient les steeples d’orient. Puis c’était Moscow qui d’elle même avait décidé de mettre fin à son alliance avec les pays bordant le Caucase. Il était donc important de resserrer au moins nos liens avec nos vassaux. Ma famille séjourna donc plusieurs mois à Psokv et à Ryanzan mais jamais à Kazan ou seul mon père s’en rendait, très rarement accompagné d’une ambassade. Je compris plus tard qu’il était chargé de s’assurer de la fidélité de notre vassal par des moyens très éloignés de toute fraternité… Finalement nos efforts finirent par payer : Ryanzan finit par rejoindre notre alliance et Psokv et Moscow retrouvèrent bientôt une relation convenable. Bientôt mon frère Vassili accompagna mon père dans ses voyages à Kazan où il finit par s’installer auprès de l’ambassadeur évitant ainsi à mon père de devoir demeurer trop longtemps éloigné de Moscow. Mon frère se fâcha grandement avec mon père de ce choix. Il aspirait à d’avantage de responsabilités semblables à celle de mon père. Celui-ci lui rappela qu’il avait gagné son poste au ministère en chevauchant et en campant des années dans les campagnes, dans la boue, en ayant à charge une famille et des rébellions grondantes. Il considérait que traiter avec les gueux s’avérait bien plus honteux et dangereux que de devoir faire face à des nobles, certes hérétiques mais ayant un peu de sens du convenable. Vassili accepta donc sa situation avec peu d’enthousiasme, mais il comprit par la suite que la charge confiée par mon père n’avait pas été une erreur. En effet, en 1501 la Horde d’Or déclara la guerre au Kazan. Ce dernier c’était toujours refusé à rejoindre notre alliance, et il s’entêta malgré le danger qui le menaçait. Le pays fut bientôt envahi et mon frère commença alors à jouer le rôle important qu’avait espéré mon père, alors occupé à négocier avec les Danois. Vassili se chargea de faire parvenir autant de ducats que possible jusqu’à ce que l’effort de colonisation du Nord réduise les réserve d’or disponibles. Puis lorsqu’il ne fut plus possible au Kazan de recruter, Vassili se chargea de nouveaux assassinats afin de précipiter la paix, de sorte qu’au final, ce fut principalement une délégation Moscovite qui se chargea de négocier la fin du conflit. Mon frère s’averra aussi brillant que mon père et feignit la faiblesse face aux diplomates de la Horde. Son jeune âge, et la non entrée en guerre de Moscow conforta l’ennemis dans sa foi en la faiblesse des Moscovites. Ainsi, Kazan dû céder Tambov au lieu des quelques centaines de milliers de ducats espérés par les Hordeux. Ceci fut présenté comme un gage de paix et de bonne volonté de Moscow alors qu’il s’agissait là d’un moyen d’ouvrir à Moscow une route directe sur le territoire de la Horde d’Or. La paix signée, je reçus un courrier de mon père qui réclamait ma présence à Copenhague…
En effet, depuis 1500 il ne faisait plus aucun doute à la cour du Danemark que son vassal Suédois s’apprêtait à briser les liens dynastiques qui l’unissaient à son suzerain. Le Danemark entendait s’assurer de l’alliance et du soutient militaire de la Moscovie en cas de soulèvement Suédois. A Moscow, la question faisait débat : Les souverainistes étaient en faveur d’une intervention alors que les Scandinavistes étaient partisans d’une émancipation de la Suède. Ce fut finalement la perspective d’une future grande alliance avec le Danemark qui convainquit Moscow de se rallier à Copenhague. En 1503 comme pressenti, la Suède se révolta et rentra en guerre contre le Danemark. Mais Moscow n’était décidée à intervenir qu’en cas de nécessité, elle se contenta donc de menacer Stockholm d’une intervention imminente si les troupes Suédoises ne se retiraient pas immédiatement. Cependant, alors même que les Moscovites se rapprochaient des Danois, les agents Suédois étaient parvenus en secret à un accord avec la Horde d’Or. Cette dernière déclara donc la guerre à notre allier et vassal Ryanzan alors même que les hostilités Dano-Suédoises étaient à peine engagées. L’affaire était finement entendue, en ne déclarant la guerre qu’à notre Vassal, la Horde d’Or pourrait se permettre de négocier la paix qu’avec ce dernier si le cours de la guerre tournait à son désavantage. D’autre part, si Moscow choisissait de voler à la fois au secours du Danemark et de son vassal, elle s’exposait à une guerre longue, coûteuse et incertaine. En effet, rien ne garantissait que l’intervention de Moscow en Scandinavie n’entraînerait pas celle de l’Angleterre qui verrait là l’occasion de sceller encore d’avantage les liens qui l’unissaient à la Suède et de détruire la seule flotte de la mer du Nord capable de rivaliser avec celle des îles britanniques. Moscow décida donc d’abandonner les Danois à leur sort, espérant que leur importante flotte saurait faire plier la Suède, et élancèrent nos armées contre les Hordes barbares de l’Est. C’est lors de cette guerre qu’il fut temps pour moi de faire mes preuves pour l’honneur de ma famille…
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" España camisa blanca de mi esperanza, aquí me tienes, nadie me manda, quererte tanto me cuesta nada  "
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