Plein d'espoir et fort d'une expérience guerrière sans commune mesure, le peuple allemand se préparait à une nouvelle période de paix, chèrement payée. Ils furent tout d'abord déçus d'entendre que d'autres hommes avaient construit la Chapelle Sixtine dans leur capitale, mais ils prirent bien rapidement cette claque à leur honneur comme raison de redoubler d'efforts dans la reconstruction du pays. La Grande Bibliothèque attirait les savants de tout le monde connu, et ce ne fut pas un grand sujet d'étonnement lorsque Alhazen, un fameux mathématicien venu des lointaines terres du Moyen-Orient, annonça qu'il joindrait le peuple allemand dans sa quête au savoir. Il put avec l'autorisation de von Aasen, qui ne demandait pas mieux, fonder une institution s'adonnant à la recherche dans la ville de Munich. Il était si doué et si apprécié de ses élèves qu'avec une célérité insoupçonnée , la réputation de son école atteignit celle du Lycée et de l'Académie. Les sciences qui y furent approfondies servirent à édifier à Cologne un fantastique monument, le Colosse :
Tous ces gens pacifiques et industrieux qui formaient l'intelligentsia de l'Empire apprirent avec tristesse que le despote de l'Empire du Milieu, Qin Shi Huangdi, avait débuté une guerre sans merci contre ses voisins les Mongols. Les quelques exilés qui arrivèrent jusqu'a nos terres nous certifièrent que c'était parce que Qin Shi Huangdi convoitait les riches gisements d'or mongols qu'il avait agi ainsi. Cette guerre dépassa de loin ce que les Allemands avaient eu à subir en Europe, car bientôt parvint aux oreilles du monde une nouvelle qui devait l'entacher pour toujours : les Chinois avaient mis à feu et à sang la ville de Samarkand, à point tel qu'il fut rapporté qu'il n'y avait plus une pierre debout.
Les ducs de Pologne donnent eux un peu plus de panache à l'humanité qui a maintenant tant besoin de redorer son blason. Ils envoient à Cologne un de leurs plus fabuleux scientifiques, Nicolas Copernic, et lui confient la tâche d'établir une école pouvant rivaliser aves celles d'Aristote, Xi Ling Shi et Alhazen. Celui-ci fit merveille et atteignit ces audacieux objectifs. Toutes les villes de l'Empire Germanique étaient désormais des lumières incontestées en matière d'éducation sur la terre entière, et c'était avec peine qu'une capitale impériale étrangère, aussi grandes que soient les terres que son suzerain administrait, puisse se mesurer à ne serait-ce que l'une d'entre elles. La science était devenue une spécialité allemande, et von Aasen mettait toute son ardeur à ce que cela reste ainsi. Les frontières entourant ses villes étaient grandes, mais il semblait que les frivoles moeurs des pays l'entourant renforçaient la domination que ceux-ci exercaient sur leur environnement.
Mais telle était l'arrogance des Grecs, qu'ils ne purent se voir tolérer si grande puissance sur leur continent, et jurèrent, encouragés par le féroce Alexandre, de mener les Allemands à leur perte, en rasant leurs villes à l'image des Chinois. En l'an de grâce 1150, ils franchirent la frontière, et seule l'énorme influence culturelle, qui avait repoussé les frontières loin des centres urbains d'où émanait toute la puissance de l'Empire, put sauver les citadins allemands d'un attaque dès la première saison de guerre ! Car les Grecs disposaient d'archers montés de Thrace, et ceux-ci étaient plus rapides que l'éclair. Mais en s'attaquant à Munich, Alexandre le Grand avait fait preuve de bien beaucoup d'impatience et de sottise, car la ville avait eu à subir de longs et douloureux sièges, sa garnison était en conséquence expérimentée et nombreuse, ses murailles solides et les obstacles qui en rendaient l'approche difficile disposés avec beaucoup de génie. Après quelques malheureuses tentatives visant à prendre la ville, les Grecs dépités s'en tournèrent vers Berlin. La capitale était pauvrement défendue, mais Hambourg y envoya ses redoutables phalanges, qui firent peu de cas de la cavalerie héllène.
Mais cette fois-ci les Grecs, avides de vengeance après leur défaite au côté des Romains, s'étaient bien préparés, et disposaient d'unités en foule. La défense allemande, qui n'avait pas été renforcée singulièrement en temps de paix, menaçait d'être submergée par le nombre. Car les spadassins et les phalanges de Sparte étaient des ennemis à prendre au sérieux, et la cavalerie ennemie causait des ravages dans les campagnes qu'ils battaient du lever du jour jusqu'a qu'ils soient rassassiés de sang et de pillages tard le soir. von Aasen supportait avec peine ce triste spectacle, il réunit ses amis et leur parla ainsi : "Si nous voulons sauvegarder notre culture et nos sujets, il nous faudra recourir à des mesures extrêmes. D'ici une semaine, vous reviendrez tous couverts de lourdes armures et armés de longues épées que vous êtes habitués à manier quand vous menez vos troupes. Vous trouverez quand vous reviendrez les chevaux solides qu'il vous faudra, et vous affronterez ainsi l'ennemi. La noblesse de notre pays ne doit point se contenter de diriger quelques compagnies, elle sera la force incarnée quand elle sera regroupée !"
Ainsi fut fait, et la première bannière de chevaliers quitta le palais royal de Berlin pour aller affronter les brigands grecs dans les forêts livoniennes.
Le choc fut terrible, les Grecs durent laisser le champ libre aux Teutons, abandonnant un grand nombre de morts sur les lieux de la bataille. Alexandre croyait à un sursaut momentané, et ne permettait à aucun diplomate allemand de l'approcher pour négocier une quelconque paix. Mais von Aasen n'en restait pas là, et lançait les mêmes appels dans les autres villes de l'Empire, de telle sorte que les Grecs durent bientôt abandonner tous villages qu'ils avaient conquis en Silésie et dans le Brandebourg. Les intrépides travailleurs sortirent des villes sitôt la menace ennemie à distance respectable, et les coûts de la guerre purent en être compensés rapidement, car bien vite ils reconstruisirent vignes et mines ! von Aasen se permettait même le luxe de construire de coûteux édifices en pleine guerre :
Mêmes les anciens alliés des Grecs, les Romains leurs voisins, leurs déclaraient maintenant la guerre. La puissance offensive d'Alexandre avait déjà été réduite à néant, mais la défense des villes frontalières était bien organisée. von Aasen décida qu'il était temps de conclure la paix, et que les nombreux morts ennemis seraient déjà assez de punition pour ceux-ci. De toutes manières, l'Empire Grec n'avait pas grand-chose à offrir, et les affaiblir de trop n'aurait fait que profiter aux Romains, qui avaient déjà pris Delphes. Maintenant qu'une nouvelle guerre sanglante avait pu être surmontée, la noblesse mobilisée pouvait s'en retourner à des projets autrement plus édifiants pour la culture du pays. L'année 1245 qui s'ensuivit allait faire date dans l'histoire de la civilisation germanique :
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