Ma bonne amie,
Je suis outrée, triste, désappointée, colère, presque éructante : en un mot, j'enrage !
Ma belle robe parme à crinoline que j'avais préparée pour la cérémonie des noces de Monsieur de la Jurysterie et de Mademoiselle de la Chouinerye : gâchée !
Mademoiselle de la Chouinerye resplendissait dans sa robe blanche, magnifique quoique fort resserrée au niveau des hanches. Chacun dans la chapelle exprimait sa joie dans une clameur de vivats, avant de se recueillir pour la messe.
C'est à cet instant que Monsieur de la Jurysterie a gâché la fête (et ma robe) : s'avançant auprès du prêtre qui célébrait l'office, il lui chuchota quelques mots à l'oreille, lui présentant un document. Incontinent, l'homme d'église offusqué interrompit la cérémonie. J'appris quelques instants plus tard, par la rumeur publique que transportaient les chuchotements, que le Chancelier, habile homme de droit, avait fait valoir une lointaine consanguinité pour invalider les noces. Quelle surprise d'apprendre que les maisons de la Jurysterie et de la Chouinerye sont parentes au quatorzième degré par la branche des Notariac !
Et surtout, quelle déception... pour Mademoiselle de la Chouinerye qui, prise de vapeurs sous le camouflet, sous l'outrage, perdit ses sens et répandit son corps sur les marches de l'autel, une fugace larme coulant de son oeil."
Audience pour le mariage avec M. de la Jurysterie : refusée par la régente