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Vieux 26/10/2005, 22h41
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Eminence oisive
 
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Cet oeuvre a ete trouve sur le cache de benzo. Elle appartient a Rigolo qui est libre de decider ce qu'il veut en faire.



LA BATAILLE DE VLISSINGEN (1589): LA REVANCHE DES HABSBOURGS SUR LA FRANCE
:vtff2:


à partir de la GPO10


Le contexte:

L'Europe avait été agitée de conflits meurtriers dans la première moitié du XVIème siècle, et l'une des raisons principales en avait été la volonté d'expansion française sur les terres de Bourgogne... Non pas seulement sur les territoires limitrophes du royaume de France, mais également sur l'intégralité des Pays-Bas.

Dès 1492, le royaume de France violait ouvertement le Traité de Senlis et réclamait la Franche-Comté et l'Artois, deux terres d'Empire que l'Empereur Maximilien ne pouvait évidemment pas accepter de lui laisser, et ce d'autant plus qu'elles lui appartenaient personnellement. Les années 1492-1520 avaient été l'époque de tous les périls pour l'Archiduché d'Autriche: rapidement brouillé avec la Pologne qui ne cessait de vouloir s'étendre dans le Saint Empire et avait annexé la Pomméranie, observé de façon malveillante par le Sultan Ottoman, Maximilien de Habsbourg avait pourtant su naviguer à vue et éviter un conflit meurtrier tout en développant ses terres:

- maintenant d'excellentes relations avec l'Espagne, il disposait d'un contrepoids dissuasif en cas d'attaque française. Maximilien avait également cultivé l'amitié de l'Angleterre, qui rencontrait de la part de la France des récriminations identiques sur Calais.

- alors que la Pologne et la France, unies dans leur aversion des Habsbourgs, avait pris langue et presque constitué une alliance, il était parvenu avec l'aide de son fidèle conseiller le Marquis von Rig-Holen à rompre leurs relations en conduisant la Pologne à trahir la France par des manoeuvres diplomatiques d'une habileté presque surhumaine ( ouais, je me lâche là :petard: ).

- ne ménageant pas ses efforts diplomatiques, il avait vassalisé dès 1510 la Bohême, dès 1515 la Hongrie, et avait adjoint à ses terres essentiellement par diplomatie le Duché de Saxe et le Margraviat de Brandebourg. S'assurant ainsi le contrôle de 4 des 7 voix au Collège électoral du Saint Empire, Maximilien avait définitivement installé la dignité impériale dans sa famille - certaines mauvaises langues, notamment françaises, disaient même qu'il l'avait dévoyée et détournée à son profit.


La France et la Pologne en avaient conçu une rage et une haine presque indescriptibles, et regardaient avec angoisse se constituer au coeur du Saint Empire une puissance centralisée qui leur était ouvertement hostile. Dès 1500, la Pologne avait fait l'objet d'avertissements sans détours de Vienne, et était susceptible d'être ataquée à tout moment; elle devait donc entretenir une armée trop nombreuse qui ruinait son économie alors que, en faisant traîner les choses, l'Autriche prospérait de l'autre côté de la frontière. Cette inquiétude se changea en fureur lorsque Maximilien mourut et que son fils Charles - bien vite surnommé Charles Quint - monta sur les trônes d'Espagne, de Bourgogne et d'Autriche (et par là même potentiellement ceux de Bohême, de Hongrie, sur le trône impérial, et sur toutes les terres qu'il ne manquerait pas de conquérir. Ainsi apparaissait, compte tenu de l'indéfectible alliance de l'Autriche et de l'Espagne, une puissance européenne telle qu'on n'en n'avait encore jamais vu.

La prise de conscience du danger que pouvait représenter les Habsbourgs fit bien vite basculer les Turcs et les Anglais contre eux. Les Turcs convoitaient la Hongrie, et savaient qu'en vertu d'un accord avec le parlement hongrois, la couronne reviendrait au frère de Charles de Habsbourg (l'Archiduc Ferdinand) dès la mort du roi Lajos. Ainsi ils devaient agir vite s'ils voulaient mettre la main sur la plaine magyare. Les Anglais, à qui la perfidie et le goût de la trahison servent de nature , commençaient par ailleurs à redouter la puissance coloniale espagnole, et virent là l'occasion de ravager le domaine colonial du plus riche royaume d'Europe. Ainsi en 1521, quand Charles Quint parvint à coiffer la couronne de Bohême par la persuasion et les voies diplomatiques, une vaste offensive débuta contre lui et provoqua en quelques années la ruine totale de l'Autriche... La paix de Paris de 1532 amputait l'Autriche de toute la Bourgogne, Pays-Bas compris, au profit de la France, et de provinces en Allemagne du Nord au profit de la Pologne. Par ailleurs, les Turcs et les Polonais s'étaient partagé la Hongrie, et en 1526 Charles Quint n'avait hérité que de Budapest (lol), coupé de son territoire par le Presburg polonais. Enfin, la Bavière et d'autres princes allemands avaient attaqué une Autriche n'ayant plus d'armée dans les années 1520 et lui avaient arraché des lambeaux de territoire.


La Carte de l'Europe en 1532 après le Traite de Paris


Quant à l'Angleterre, elle recevait le prix de sa trahison en prenant des colonies à l'Espagne, qui n'avait pas démérité pendant la guerre mais s'était avérée incapable d'empêcher la déroute en Europe Centrale.

Ruinés car ils avaient fait banqueroute pendant la guerre, humiliés, écoeurés et réduits à l'état de royaume chancelant n'ayant plus de moyens, les Habsbourgs de Vienne allaient passer plus de cinquante ans à patiemment et opiniâtrement reconstruire leur domaine. La double rivalité avec la France et la Pologne s'avérait invivable pour Vienne, aussi un spectaculaire rapprochement diplomatique eut-il lieu avec Cracovie. L'Autriche et la Pologne s'alliaient pour constituer le "Nouveau Saint Empire Romain Catholique", une étroite alliance englobant tout le Saint Empire plus la Pologne et la Lituanie! La vocation de cette alliance était de défendre le catholicisme face aux périls de l'Islam et de la soit-disant réforme qui se répandait comme une traînée de poudre en Europe.

La reconstruction autrichienne fut tout aussi spectaculaire qu'avait été son effondrement. En cinquante ans, grâce aux accords avec la Pologne et grâce à l'habile diplomatie de ses dirigeants, l'Autriche récupérait une bonne part de ses territoires allemands, trouvait en l'Italie une zone d'influence sur laquelle elle était maintenant la puissance dominante, absorbait la Bavière qui lui avait tant porté tort, et dépassait tous les autres royaumes par la modernité et la qualité de ses armées.


L'Europe dans les années 1580


C'était désormais la France qui faisait figure d'épouvantail en Europe, et celle-ci s'était alliée avec les plus grands ennemis du catholicisme: le Sultan Ottoman et les Tsars de Russie (pour prendre à revers l'alliance austro-polonaise). Ainsi, à la fin des années 1580, l'Europe était-elle au bord de la guerre, et la diplomatie toujours très active de Vienne tentait de faire basculer dans son camp le royaume d'Angleterre tout en ménageant son alliance privilégiée avec Philippe II d'Espagne et avec la Pologne. L'Autriche avait soif de revanche contre la France et ne devait pas tarder à trouver un bon prétexte pour l'attaquer.

Dans les années 1570, une guerre fait rage entre la Pologne et la Russie, mais c'est presque toute l'Europe qui est derrière ce conflit car la Pologne reçoit des aides et des subsides de l'Espagne et de l'Autriche alors que la France et l'Empire Ottoman subventionnent lourdement Moscou. La nette victoire de la Pologne dans ce conflit, qui ne fut pas loin de prendre des proportions plus larges, réhausse le prestige du Saint Empire Romain Catholique et donne confiance aux Habsbourgs.

Dès 1560, la France avait du donner leur indépendance aux Pays-Bas, tout en les maintenant dans un statut de vassalité. Or ceux-ci s'étaient étendu dans le Saint Empire et avaient annexé l'Oldenbourg et Hanovre. Une attitude intolérable pour Rodolphe II, qui depuis son château de Prague réclama auprès de la France le droit de mener une campagne contre son vassal et allié batave pour adjoindre ces deux territoires à ses propres terres. Refus catégorique de la France, qui voit bien quelles intentions se cachent derrière cette provocation.

De part et d'autre, les insultes à peine voilées par le langage diplomatique pleuvent entre la France et l'Autriche, et en 1588, après une mobilisation générale dans toutes les campagnes, Rodolphe II déclare la guerre aux Pays-Bas. Ceux-ci appellent leurs alliés français à la rescousse: c'est la guerre entre les deux plus grandes puissances continentales.


LA BATAILLE DE VLISSINGEN


phase 1: capture de la ville et repli stratégique

Nul n'a oublié à Vienne les tourments dans lesquels, 50 ans plus tôt, la coalition menée par la France a plongé tout le pays. 37 000 autrichiens font marche à travers l'Allemagne rhénane, la fleur au fusil, vers la capitale hollandaise située en Zélande, précisément dans la ville de Vlissingen. Ils y défont sans difficulté un petit contingent hollandais, puis lancent l'assaut contre les murailles et capturent la ville en quelques jours. Mais leur euphorie est de courte durée, car du haut des maigres remparts de la capitale, ils voient brusquement arriver une armée française qui occupe tout l'horizon! La France a dépêché une armée de 100 000 hommes, essentiellement de la cavalerie, qui a traversé la Flandres et va maintenant contre-attaquer pour défendre son allié!

Il est trop tard pour fuir et se replier sur Cologne, car la lourde artillerie impériale ralentit les troupes autrichiennes: il n'est donc aucune autre solution que de livrer combat, et il faudra le faire à 1 contre 3 (l'armée d'Autriche compte encore 35 000 hommes). C'est là que la modernité des armées impériales va peser de tout son poids: les immenses armées de cavalerie française avaient balayé les troupes autrichiennes 60 ans plus tôt, mais les grands progrès réalisés dans le maniement des arquebuses et des bouches à feu allaient permettre de faire une grande saignée dans les troupes à l'étendard fleurdelysé. De plus, les terrains marécageux de la Zélande conviennent fort mal aux cavaliers français qui s'embourbent et mettent un temps infini à atteindre les lignes autrichiennes, qui ont pendant ce temps tout latitude pour les arroser d'un déluge de feu. 30 000 français tombent pendant la bataille, et lorsque les français atteignent les lignes impériales, seuls 14 000 soldats autrichiens sont perdus avant que le signal de la retraite vers Cologne ne soit donné.

phase 2: la contre-attaque autrichienne

Les troupes d'Autriche se retirent donc du champs de bataille et rallient rapidement Cologne, où elles prennent quelques repos. Mais d'excellentes nouvelles leur parviennent bientôt: dans la précipitation, l'armée française a tenté de lancer l'assaut sur Vlissingen pour reprendre immédiatement la ville, et n'ayant que fort peu d'infanterie, elle a échoué lamentablement face à la garnison qui tient la capitale hollandaise. Ainsi, démoralisés et hagards, 65 000 cavaliers français errent devant les fortifications épuisées. Avec une intrépidité alimentée par la soif de répandre le sang français, les autrichiens font à nouveau marche vers la Zélande, et y surprennent quelques jours plus tard une armée française toujours aussi peu enthousiaste. 21 000 autrichiens font face à 65 000 français: la règle du 1 contre 3 n'a pas changé, mais les autrichiens ont pour eux un moral d'acier alors que les français ne pensent qu'à la fuite. Leur charge de cavalerie est sans entrain, et à nouveau la mitraille s'abat sur eux, et cette fois brise leur élan. 20 000 français trouvent la mort contre seulement 6 000 autrichiens: la supériorité militaire de l'Autriche est démontrée et l'armée ennemie bat en retraite vers le nord, coupée de la France.

Les troupes impériales ont remporté leur plus belle victoire, et Paris interloquée réalise que le contingent de 100 000 hommes qu'elle avait envoyé à grands frais pour défendre les Pays-Bas a été laminé et repoussé par une armée autrichienne trois fois moins nombreuse.


L'APOGEE DES HABSBOURGS


Outre la décisive victoire de Vlissingen, d'autres troupes autrichiennes se sont illustrées en prenant Hanovre sur les hollandais et en tentant une attaque en Lorraine qui a été couronnée de succès et a permis d'enlever cette province aux français. PLus au sud, la garnison française qui défendait le port de Gênes a été détruite par l'armée autrichienne venue de Milan, et la cité est désormais sur le point de se rendre aux impériaux. Sûre d'elle quelques mois plus tôt, la France découvre brutalement que ses armées ne sont plus au niveau, et par ailleurs les anglais sont entrés en guerre et ravagent ses colonies, alors que les espagnols massent des troupes à sa frontière sud. La France ne souhaite pas faire dégénérer un conflit mal engagé en y faisant rentrer ses propres alliés, et concèdera quelques mois plus tard une victoire sans équivoque à l'Autriche:

- elle lui cède la riche ville marchande de Gênes, qui donne à l'Autriche le contrôle intégral de l'Italie du Nord et renonce ainsi à peser en Italie

- elle doit accepter la prise par l'Autriche de l'Oldenbourg et de Hanovre au détriment des Hollandais.

Ainsi, grâce à la victoire de Vlissingen, les autrichiens tirent enfin vengeance de leurs humiliations passées et affaiblissent la France. La puissance des Habsbourgs de Vienne atteint son apogée...
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AAR Turquie HoI2 - L'Empire Ottoman est il vraiment mort ?

Malraux et De Gaulle sont dans dans les toilettes de la Comédie Française, durant l'entracte d'une représentation de théatre, chacun face à une pissotière.
Malraux, se tournant vers De Gaulle :
"- Belle pièce hein Mon Général ?
- Malraux, regardez devant vous !"

Dernière modification par Dandy ; 27/10/2005 à 00h33.
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