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Vieux 19/10/2005, 19h43
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Aspirant franconaute
 
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Je vous remercie tous pour l’intérêt que vous portez à mon projet. Ca me fait très plaisir et j’espère aller jusqu’au bout, même si la tâche est relativement colossale !



Ne sachant pas créer et gérer un site internet, j’ai décidé de taper l’intégralité du texte, à l’identique de l’original (sans corrections ni modifications) dans Word et de faire un copier-coller directement sur le forum. Dès que j’aurais accès à un scan, je scannerai quelques pages que je joindrai au texte, afin que vous vous fassiez une idée de la présentation originale.



Si quelqu’un a une idée ou souhaite m’aider à présenter ces documents exceptionnels d’une manière plus agréable à consulter pour vous, je suis preneur, dans la limite de mes possibilités de temps que je pourrai y consacrer.



Inutile de vous préciser que je suis particulièrement ému de réaliser ce projet qui me tenait à cœur depuis longtemps. Je suis très heureux de le partager avec vous car je sais que vous êtes tous plus ou moins passionnés d’histoire comme moi et que vous apprécierez d’autant mieux ce récit authentique.



Dernière remarque avant de commencer : ne jugez pas trop sévèrement certains commentaires. Il faut les replacer dans leur contexte historique et les appréhender avec le recul nécessaire. Les choses étaient bien différentes il y a 60 ans ! Je pense qu’il y aura matière à discuter de beaucoup de sujets sur le forum, c’est aussi l’intérêt de ce travail.



Vous allez donc découvrir le premier épisode de ce journal d’un prisonnier de guerre français. Il s’appelait Sylvain (Sylvio) UGHETTO. Je crois qu’il est né en 1912 mais je n’en suis pas sûr (je rechercherai l’info et vous la communiquerai prochainement), en Italie. Il est donc un immigré Italien (ce qui n’est pas forcément simple à l’époque), très bien intégré, marié et père d’un jeune garçon (mon Oncle, lui aussi décédé aujourd’hui). J’ajoute que c’était un passionné d’histoire (surtout l’époque Napoléonienne) et qu’il m’a transmis cette passion dans mon enfance. Je joindrai des photos de lui, si ça vous dit.



Ce premier épisode est un peu particulier par rapport à la grande majorité du reste de son récit. Il semble qu’il ait écrit le début, qui retrace sa mobilisation et le début de la guerre, après avoir été fait prisonnier. En effet, à l’intérieur du premier cahier, j’ai retrouvé un brouillon des premières pages écrit au dos de documents Allemands (je vous les scannerai) intitulés « Beschreibung der Arbeit » (j’attends les germanistes pour nous préciser de quoi il s’agit, même si je pense que ce sont des fiches de marquage des heures de travail au camp de prisonniers). Le début est donc intéressant, mais le recul qu’il a sur les événements lui permet de les interpréter alors que la suite est plus spontanée et donc, à mon goût, plus passionnante.



Je marquerai d’un « ( ?) » les parties que je n’aurai pas réussi à déchiffrer.



Bonne lecture mes amis ! Cet AAR est authentique !








Ughetto Sylvain.

n° 22456.

n°1.





Souvenirs

de la

guerre 1939.1940.



Donawitz le 20 ( ?) Octobre 1940





Le mois d’août se termine, lourd de menaces. Déjà sur les édifices

publics des affiches ont été colées, nombreux sont ceux qui ont quitté leur foyer.

Cependant un espoir persiste. Le pire n’arrivera peut-être pas.

1er Septembre au matin cela semble s’arranger, mais la TSF de midi

vient nous annoncer la mobilisation générale.

Je quitte mon travail aussitôt. Pour parer à toutes surprises j’avais envoyé

ma femme et mon fils chez mes parents au Buisson. Ils étaient là depuis bientôt 8 jours.

Ma valise était prête. Je passe faire mes adieux à M. Guériot et je file à la gare.

Une certaine effervescence règne déjà. La gare de l’Est est déjà envahie par les gens

qui rentrent de leur travail. La gare Montparnasse est comble nombreux sont

ceux qui quittent la capitale. Je prends le train pour Plaisir qui part bondé.

Tout le monde est triste. On se quitte. Ce sont des pleurs de tous côtés.

J’arrive à Plaisir, je file à toutes jambes à la maison. Ce n’est pas la joie qui

règne non plus. Hélas, le terrible fléau va s’abattre sur bien des foyers. Les espoirs s’envo-

lent. On s’accroche au poste de TSF mais rien ne vient changer la situation.

2 Septembre minuit Mobilisation générale. Je quitte ma famille, triste

souvenir et je prends le train à Plaisir vers 15h.

Arrivé à la gare de l’Est je suis parqué dans le hall de la gare où il

y a déjà beaucoup de monde. Direction Epinal 18h. Je réussis à pénétrer sur les quais

où je m’installe dans un wagon de 1ère classe. Voyage long. Partout c’est le départ.

Toutes les gares sont bondées de monde. J’arrive tant bien que mal à Nancy après

avoir passé la nuit dans le train. Là, je change de train, je monte dans la Micheline

qui part vers 13h et j’arrive à Epinal à 14h30.

Un service d’ordre est là pour nous accueillir et colonne par 3 je suis dirigé

vers la caserne Courey que je connaissais depuis 1938. Dans la cour, par lettres

alphabétiques des bureaux nous donnent nos affectations. Je suis affecté à la

13e Cie de Pionniers du 21 RTA qui est casernée à l’école Chanteraine ( ?). je me

dirige vers cette école que je finis par trouver tant bien que mal. Là je suis heureux

de constater qu’il n’y a que des blancs. Je me présente au bureau. Ughetto.

4ème Section. 2ème groupe. 1ère équipe voilà mon affectation. Je vais chercher

une place dans la chambre il y a déjà du monde. De la paille par Terre

voilà nos lits. On cause. On cherche avec qui on va pouvoir se lier. A la … ( ?)

je rencontre Hebert un copain d’enfance.

3 Septembre à 11h. L’Angleterre déclare la guerre à l’Allemagne,

à 17h la France déclare la guerre à son tour. Cette fois l’irréparable

est accompli.

Les jours qui suivent on nous habille on nous équipe on nous arme. Je fais la connais-

sance de Cornet qui connaît toute ma famille. Nous sommes dans le même groupe dans la même équipe, déjà un noyau de copains. Nous sommes prêts pour la grande aventure.

Le moral est bon. La guerre sera peut-être courte.

Le 9.9.39. Départ d’Epinal. Nous embarquons à 21h pour débarquer à

Isming ( ?) (Moselle) le 10.9 à 5h (c’est dans cette gare où j’avais débarqué un an auparavant). Nous partons aussitôt à pieds pour St Jean de Rorbach où nous

entrons dans la caserne à 11h30. Caserne neuve qui est presque complètement

vide. Le foyer est encore ouvert mais on y trouve plus rien. Néanmoins je trouve encore une ceinture ( ?).

Nous y restons quelques jours. De là nous entendons le bruit sourd du canon. Des nouvelles nous parviennent du front, des ambulances apportent quelques blessés.

Le 14.9.39. Départ de St Jean à 15h à pieds pour Diebling ( ?) (Moselle)

où nous arrivons à 19h. Sur la route l’artillerie est en place les pièces sont nombreuses.

Nous logeons dans les maisons, tout est évacué et tout est déjà sans dessus dessous.

Le lendemain le 15 la Cie (commandée par le Capne Fébve ( ?)) se disloque.

La 4ème section part pour Lixing les Roulings( ?) le 15.9 à 16h sous le comdt du

Lieutt Desforges. La 1ère section sous le Ct du Lieutt Pierson viendra nous rejoindre

quelques jours après pendant que la 2ème Cdée par Andreani (sergt) s’installe

à Ganteling ( ?) avec le Bureau et la 3ème Cdée par le Sergt chef Meunier va à

Nouzwiller en subsistance au génie.

Arrivée à Lixing ( ?) le 15.9.39 à 16h nous nous installons dans les

maisons abandonnées par leurs habitants. Tout est déjà retourné un désordre

indescriptible règne partout. Les bêtes errent dans les rues. Les cochons sont

en quantités apréciables. Triste spectacle. Je me trouve dans une maison en Cie

de Cornet, Honoré, Devimy, Planchard, Thibault et Ferster. C’est Ferster qui fait

la cuisine car nous délaissons la roulante il y a de quoi se nourrir convena-

blement. Nous sommes bien installés les lits sont bons, nous avons la TSF.

Le 1er Octobre 1939 nous partons de Lixing à 16h à pieds pour Ganteling ( ?)

où nous arrivons à 20h. La Cie se reforme.

Le 2.10.39 départ de Ganteling ( ?) à 24h à pieds pour Hilsprich (Moselle)

où nous arrivons le 3.10 à 2 heures.

Départ d’Hilsprich le 3.10.39 à pieds à 18h pour Morhanges (42kms)

où nous arrivons à le 4.10 à 3h dans la caserne Cissey.

Nous reprenons contact avec la population civile pas très agréable du reste. Il nous

est difficile de trouver à se restaurer. La vie en caserne nous paraît dure. Garde et tous

les inconvénients de la caserne. Comme travail nous faisons des tranchées dans la cour

ou bien de la manutention d’obus etc.

Enfin le 30.10.39. Départ de Morhanges à 22h. nous embarquons

à minuit et nous débarquons à Guignecourt (Aisne) le 1.11.39 à 16h.

Sous un orage violent nous partons à pieds pour Nizy le Comte (Aisne) 25kms

où nous arrivons à 24h épuisés et trempés.

Après un jour de repos et bien contents de l’acceuil reçu nous partons

le 3.11.39 à 7h à pieds pour Lagny les Chaumonts (Ardennes) où nous

arrivons à 14h. Là nous restons jusqu’au 8 et nous partons pour

Chaumont Porcien ( ?)le 8.11 à 13h où nous arrivons à 14h. Le cantonne-

ment est infect. Un ancienne briquetterie sans portes ni fenêtres. Il pleut comme

dehors ce qui est loin de nous plaire. Il faut tout de même s’installer.

On nous occupe à nettoyer les caniveaux. C’est pendant mon séjour à

Chaumont que j’ai été piqué.

Le 1er Décembre à 8h nous quittons Chaumont en camions pour

le Roully. Commune de la Gaillette ( ?) près de Rocroi (Ardennes) où nous

arrivons à 11h. Le cantonnement n’est pas très confortable. Nous nous installons

dans un grenier où le foin nous sert de litterie. Par contre les gens sont très chics.

Nous trouvons dans toutes les maisons, vin, café, lait, liqueurs etc. à Rocroi

nous trouvons facilement des restaurants. Le travail consiste à creuser tranchées

anti char, emplacements de casemates etc. L’hiver a été très froid. La neige

est tombée en abondance (27° au dessous de zéro).

Je suis parti en permission le 9.12 par Rocroi-Hirson-Gergnier( ?) et retour le 24.12 par Fimes-Gergnier( ?)-Rocroi.



A suivre...
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c'est parce que la lumière est plus rapide que le son...
que certains paraissent intelligent avant d'avoir l'air con!
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