Franconaute - My Hero !

Nous commençons à nous connaître un peu les uns les autres, enfin pour moi les choses deviennent un peu plus claires, mais pour mieux comprendre autrui, je crois qu'il est de bon ton de connaître l'être ou la personne, réelle ou imaginaire, qui lui sert de modèle.

Et comme cette idée particulièrement géniale vient de moi, je vais vous présenter mon Héros fétiche.

J'avoue avoir une certaine tendresse pour Gilles de Rais, Vlad Tepes, Landru et L'Etrangleur de Boston, Le Docteur Denfer et Fu-Manchu me font bondir de bonheur, et si je n'avais pas ce noble métier de régisseur, j'aurais volontiers postulé pour un emploi d'Orangina Rouge. Mais ce sont là des petits, des obscurs, des sans-grades à coté du plus grand génie de tous les temps, j'ai nommé :

(Roulement de tambour)

Saparmourat Nyazovh !

Beuhhhh. Comment ça, pas d'applaudissements, pas de cris de joie ? Roooohhh, je suis déçu. Vous n'appréciez pas le Turkmènebashi ? Mais c'est désespérant... Ah, non, je comprends, en fait, vous ne connaissez pas cette astre de la pensée humaine hélas trop tôt disparu.

Alors laissez-moi vous résumer sa personne et son oeuvre en quelques lignes :

Le tombeau des héros est le coeur des vivants.
André Malraux

L'année 2006 finit sur un coup de tonnerre, brisant le coeur des tous les amoureux de la Vérité, du Bien, du Beau et du Progrès. En effet le 22 décembre de cette année-là, le camp progressiste a perdu son plus grand héros, plus grand que le Lider Maximo Fidel Castro, plus grand que le courageux Nicolaï Ceaucescu, voire presque aussi grand que le très regretté Camarade Maréchal Joseph Vissarionovitch Dougachvilli dit Staline. La mort nous a enlevé le grand Turkmènebashi (Chef des Turkmènes) Saparmourat Atayevich Niyazov, Président à vie du Turkménistan, chef du cabinet, président de l’assemblée et du Parti démocratique du Turkménistan. Son nom glorieux a été donné par les savants enthousiastes d'Achgabat, l'élégante Capitale de son beau pays,tout à la fois à une planète, une météorite et une variété de melons...

Pour souligner le génie intrinsèque du peuple turkmène, le Sublime Leader a fait renommer les mois de l'année avec poésie :

Janvier = Turkmènebashi ("Chef des Turkmènes")
Février = Baidar (drapeau)
Mars = Novrouz (arrivée du printemps)
Avril = Gourbansoltan Edjé (nom de la mère du président)
Mai = Makhtoum Kouli (poète turkmène)
Juin = Ogouz Khan (nom du commandant fondateur du pays)
Juillet = Gorkou (héros turkmène d'une saga épique)
Août = Arp Arslan (guerrier turkmène dans l'empire Seldzhuk)
Septembre = Ruhnama (le livre saint du président)
Octobre = Garaschsizlik (l'Indépendance)
Novembre = Sandjar (nom d'un sultan durant l'empire Seldzhuk)
Décembre = Bitaraplik (neutre, qualificatif du pays)

De plus, notre Immense génie avait écrit une oeuvre immortelle, le Ruhnama, tout à la fois poème épique et livre saint dont les vrais amis de la Foi disent :"Celui qui par trois fois lira le Ruhnama trouvera une richesse spirituelle, deviendra plus intelligent, reconnaitra l'existence divine et ira directement au paradis", formule d'une grande beauté formelle. Enfin, à l'instar des plus grands dirigeants de ce Monde, le Magnifique Turkmènebashi Saparmourat Niyazov a su établir des lois qui faisaient du Turkmenistan l'un des pays les plus enviés de son époque :

* l'interdiction pour les présentateurs de télévision d'être maquillés, le Turkmenbashi ayant du mal à distinguer les présentateurs des présentatrices.
* l'interdiction des ballets et de l'opéra, qu'il décrit comme superflus.
* l'interdiction de fumer en public que le Président à vie Nyýazow instaura en 1997 lorsqu'il dut arrêter de fumer après une intervention chirurgicale majeure au cœur.
* l'interdiction du playback lors de l'interprétation de chansons.
* l'interdiction pour les jeunes hommes de porter la barbe ou d'avoir les cheveux longs
* l'interdiction pour les jeunes gens d'avoir des dents ou des couronnes en or, et la recommandation associée de ronger plutôt des os, pour préserver leurs dents.
* l'interdiction en août 2005 de la musique étrabgère enregistrée à la télévision, dans les lieux publics et lors des mariages, afin de protéger la "vraie culture, et notamment les traditions de musique et de chanson du peuple turkmène"
* la fermeture de la quasi-totalité des bibliothèques publiques et d'un grand nombre d'hôpitaux en dehors de la capitale.

Quand vous viendrez rendre le juste hommage des progressistes aux cendres du regretté Président à vie à Ashgabat la Belle, ne manquez surtout pas de venir admirer la statue du Héros des Turkmènes, statue en or à son effigie qui a été construite et installée sur un socle tournant qui permet au Turkmènebachi de toujours faire face au soleil, pour mieux éclairer son peuple de son savoir et de son aura rassurante.

La foi de feu le Turkmènebashi n'était pas négligeable, une mosquée gigantesque (17 500 m2, 139 millions de dollars) a été élevée à la gloire des croyants turkmènes. Un immense palais de glace, avec pistes de ski et patinoires, a été érigé en pleine zone désertique, prouvant le génie propre du peuple turkmène...

Encore un grand homme qui nous manque cruellement !

C'est pas vous qui avait un héros de ce calibre !

PS : tous les faits que je rapporte sont, outre leur confondante bêtise, hélas rigoureusement exacts...:(

(edit : quelques corrections en Turkmène)