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TheNaq
12/06/2008, 00h35
From Brixton to Beijing (bon, OK, je n’arrive pas de Brixton, mais on va faire avec…)
Et c’est le grand jour. Car, c’est bien beau de venir en Chine pour faire le touriste et de choper un coup de soleil sur la Grande Muraille comme un quelconque Anglais en vacances, je suis quand même là pour l’inauguration, en fait disons plutôt la Cérémonie de Remise, de l’Allée des Athlètes. Et pour ça, réveil aux aurores. Enfin, il était prévu un réveil aux aurores, mais pas dans la nuit… Ainsi que d’aucuns d’entre vous le savent peut-être, je suis réveillé ce jour-là par la sonnerie de mon téléphone. La tête dans le fondement (pour ne pas dire la gueule dans le cul), je me dirige vers la salle de bain et commence à me doucher. Tiens mon téléphone sonne encore. C’est surprenant. Car le réveil n’a pas été programmé pour la répétition. Je suis tout surpris. Enfin, autant qu’on puisse l’être dans un état second, voire tierce. Re-tiens, ça sonne encore. Tout mouillé, je retourne à la vitesse d’une limace sous Prozac vers la chambre pour vérifier ce putain de téléphone qui me vrille la tête. Et il sonne encore. Ah tiens, là, c’est tout bizarre. Je regarde l’écran en fronçant les sourcils. Tiens, un numéro s’affiche. C’est étonnant, non ? Heu, attends, attends, mon gars, ce n’est pas le réveil, c’est que QUELQU’UN M’APPELLE !!! Je reconnecte les neurones, et décroche enfin. En fait, il n’est pas 7h15, comme je le croyais, mais deux heures plus tôt, un de mes mécènes est perdu à l’aéroport, le chauffeur qui devait venir le chercher n’est pas là et il n’a que mon numéro de téléphone. Pour être précis, son avion est arrivé avec ¾ d’heure d’avance et il est normal que le chauffeur n’ait pas anticipé ça… Bref, quelques coups de fil plus tard, le problème est réglé mais ma nuit est définitivement foutue, tant pis, je prends une longue douche, je me rase et je vais profiter d’un solide petit déj’ avant de rejoindre mes voyageurs. 8h15 dans le hall de leur hôtel. Je suis le premier, ça m’agace, mais voilà, je suis là pour sourire, alors j’agite mes zygomatiques dans le bon sens et j’accueille les uns et les autres avec bonne humeur (ou presque). Le dernier est l’Artiste lui-même, mais à lui, je pardonne tout, il est parfaitement délicieux. OK, j’ai réuni mon troupeau, j’embarque tout ce petit monde dans deux cars (oui, nous avons des invités en plus) et zou ! direction le Parc Olympique. 40 minutes plus tard, nous arrivons à destination. Nous somme en avance sur l’horaire, mais j’ai préféré prendre de la marge, un retard aurait tout foutu en l’air, les officiels (le Ministre des Affaires Etrangères belge et le Vice-Maire de Pékin ont des horaires assez serrés (mouais, j’y reviendrai…)). J’en suis là de mes réflexions quand je vois enfin l’œuvre d’Olivier Strebelle apparaître au coin d’un bâtiment de chantier. Le choc ! Cela fait maintenant 4 mois que je vis avec cette image en tête, j’ai vu la maquette, les photos du chantier, mais là, c’est bluffant de voir enfin la réalisation en taille réelle. Je suis soudain très content d’avoir fait partie de cette aventure. Regardant la tête des autres participants, je vois que je ne suis pas le seul à être estomaqué. Même celui d’entre eux qui n’était pas convaincu (loin s’en faut) de financer cette histoire de dingue me sourit en me disant “Tu avais raison, ça en vaut la peine…”. Je souris également. Oui, c’est vrai, ça en vaut la peine !

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L'allée des Athlètes, vue 1

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L'allée des Athlètes, vue 2

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L'allée des Athlètes, détail

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L'allée des Athlètes, vers le ciel

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L'allée des Athlètes, vue arrière

Voilà, nous nous sommes promenés au milieu de l’œuvre et c’est le début de la cérémonie officielle. Je vais vous éviter le pensum de vous la décrire par le menu, c’est quatre discours qui se suivent, bref rien que de très classique, mais tout se passe bien et j’en profite pour choper un second coup de soleil, histoire de parfaire mon teint d’écrevisse.

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Oh ! Monsieur le Ministre !

"C’est la danse des canards"
Après les prêchiprêchas obligés et les photos officielles, je donne le signal du départ. Mais ils sont comme des gosses qui ne veulent pas quitter la cour de récréation, chacun y va de sa dernière photo, de sa dernière visite, je commence à craquer nerveusement. Surtout que le Ministre dont l’agenda lui interdisait de rester au-delà de 11h30 traine encore sur le terrain et chacun à quelque chose d’essentiel à lui dire, je sens que je vais péter un plomb mais enfin, ça y est, les deux cars finissent par démarrer. Ce midi, c’est un resto de canard laqué, super, j’adore ça ! Sauf que… Sauf que j’ai perdu les invités exceptionnels du jour. Je suis au bord de la crise de nerfs et je passe 112 000 coups de téléphone jusqu’au moment où l’on m’apprend qu’en fait, ils sont là, j’ai juste loupé leur passage. Je redescends en pression et me dirige vers le restau. Oui mais quel restau ? Bordel ! Il y en a des dizaines de restau dans ce coin, et je ne retrouve pas le nom que l’on m’a indiqué… Je commence à me dire que la poisse me colle aux basques quand un de mes collègues finit par me rattraper au vol et m’amène au bon endroit. C’est en sous-sol, j’avais peu de chance de les voir au travers des vitres des restaus, mes camarades ! Zen, je reste zen. Je m’assieds devant une assiette magnifique de canard laqué. Mais je suis plus noué qu’un cordage de marine, rien ne passe, je n’arrive à becqueter, je sens la cata… Tant pis pour la bouffe, je me rattraperai ce soir !

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Canard laqué, image issue de http://gotochina.unblog.fr/2008/02/02/beijing-j5-le-temple-du-ciel/

Un rapide passage à l’hôtel pour un café, une douche et enfiler ce fameux costard repassé et nous repartons vers l’Ambassade de Belgique où nous attend un cocktail officiel. J’ai vérifié au moins deux fois que chacun est muni de son passeport et de son invitation, je ne voudrais que quelqu’un soit refoulé à l’entré, ça la foutrait mal ! Merde ! Un de mes mécènes s’est trompé, il a pris son billet d’avion, pas l’invit’… La catastrophe que je pressentais se profile, en plus, c’est celui qui était paumé le matin même à l’aéroport, je sens que ça ne va pas être simple. Je descends du bus la mort dans l’âme et m’apprête à négocier sévère avec le Garde Rouge en faction devant l’Ambassade. Qui nous regarde passer avec un regard bovino-ferroviaire digne d’une fonctionnaire de la SNCB. Bref, il se tape de nos invitations et de nos passeports comme de sa première couche-culotte. C’est tant mieux, mais je suis un peu vexé quand même !

Une cérémonie officielle à l’Ambassade de Belgique, c’est, heu, comment dire ? assez détendue par rapport aux machins du même genre organisés par le Quai d’Orsay. Ici, pas de costumes couteux, pas de serveurs en livré mais des gens sereins et pas de Champagne mais un bar à bière (de la Hoegaarden)*. Bref l’ambiance est très agréable et je me relaxe un peu… Fatalitas ! On me demande où est passé le groupe d’invités spéciaux, que personne n’a vu. Je palis (enfin, autant que me le permet mes nombreux coups de soleil), je rougis (ça, c’est plus simple), je verdis (ce qui doit, à force, donner un assez joli camaïeu de couleurs gerbacques) et je passe un énième coup de téléphone pour les retrouver. Je les imagine déjà perdus dans Pékin, embarqués par la Police ou enlevés par les Yakusas (oui, bon, d’accord, les Yakusas sont japonais mais Hoergaarden plus soleil plus énervement, je me mélange un peu les pinceaux…). Le téléphone compose le numéro de mon contact parmi les visiteurs perdus. Ca sonne. Tiens, c’est amusant, un autre téléphone sonne derrière moi en même temps. Je commence par “Allo, Hugo ?” et j’entends, tout à la fois dans mon Nokia et derrière moi “Oui ?“… Crotte, flute, zut, caca boudin, ils ne sont pas perdus du tout, ils étaient là, tout bêtement. Je bredouille quelques excuses idiotes, joue au crétin (je suis très fort pour ça !) et me dis qu’il me faut une autre bière… Le cocktail se déroule sans accroc, si ce n’est qu’une charmante jeune Chinoise ne me lâche pas. Je me dis qu’il y a peu de chance qu’elle fasse partie des amazones que j’ai déjà croisé, et à moins qu’elle n’ait un goût pervers pour les hommes couleur pivoine, j’ai des doutes. J’ai beau faire des tours et des détours, je la retrouve toujours à coté de moi, souriante, riant à mes blagues (ce qui est excessivement fort de sa part, car elle ne parle pas un mot de français…) et je me dis qu’il y a anguille sous roche, voire baleine sous gravier… Je finis par interroger notre traductrice qui éclate de rire en m’expliquant que cette jeune femme souhaite se trouver un mari européen de toute urgence et que mon vénéré frère et néanmoins patron s’est empressé de lui dire que j’étais célibataire… Comment lui expliquer que je ne suis pas intéressé sans la vexer ? J’attrape ma collègue avionophobe par le bras et ne la quitte plus d’une semelle. Je glisse un coup d’œil en loucedé. C’est gros mais ça passe. Décidemment, les jeunes chinoises me trouvent beaucoup de charme. Enfin disons qu’elles trouvent surtout du charme à mon portefeuille et à mon passeport… Ma vanité masculine en prend un sacré coup. Bah, comme disait l’autre “Soyons désinvoltes, n’ayons l’air de rien”.

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Un moment de repos

"Eat the rich"
Ce soir-là, nous avions prévu de laisser nos invités libres. Seulement mon toujours plus vénéré frère et néanmoins patron décide de changer les plans et d’embarquer tout ce beau monde dans un endroit très particulier, le LAN, le restau que Starck a créé à Pékin. J’embarque mon petit monde et direction les Twin Towers de Pékin. J’avoue ne pas trouver leur nom du meilleur des gouts mais “A Rome, je fais comme les Romains”, et je ferme ma grande gueule de Français. Le lieu est surprenant, tout à la fois baroque et moderne. C’est un étage complet d’une des deux tours, dont les murs et les plafonds ont été laissé à nu. Mais le designer a organisé des salles et des salons en les clôturant par des tentures souples semblable à des yourtes vues de l’extérieur, mais peintes de manière délirante à l’intérieur.

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Le LAN, vers le couloir

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Le LAN, les tentures

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Le LAN, vue générale

Nous prenons possession de la plus grande des salles et le spectacle commence. Car c’est un véritable show, pas un repas. Une suite de petites mignardises assez frime, mélange de cuisine orientale et européenne, genre fusion food, avec l'incontournable wasabi, bref, assez peu d’intérêt à mon humble avis. Tout ça sent le parisianisme à deux balles (heu, là, je déconne, c’est BEAUCOUP plus cher que ça !) et je ne me sens pas à mon aise.

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Chou chinois au wasabi (?) et émincé de pétoncles au concombre (??)

Mon frangin me demande de dealer le vin avec la “sommelière“ et je rencontre une situation surréaliste chinoise. Elle me tend un véritable annuaire en guise de carte des vins et soudain me lance “For you, I got a very good wine, fine wine, French !” avec un sourire triomphant. Là-dessus, elle tourne les pages et m’indique une ligne. Je lis le truc et explose de rire. La charmante demoiselle me propose un Macon Village à 2 500 yuans (environ 250 €) la bouteille ! Elle me regarde, surprise. “What do you laugh at?” “Hey, lady, don’t even try that with me, I’m French, not some American tourist!”. Je termine ma crise de rire sous le regard désapprobateur de mon interlocutrice et finis par choisir un quelconque Syrah australien au quart du prix demandé…

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250 € pour ça ? Ben voyons...

Le repas se continue sans autres surprises. Enfin, du moins jusqu’à la fin du service quand on m’apporte l’addition. Bon, nous somme 35, le repas est à environ 55 € par tête de pipe, plus 15 bouteilles de pinard, je me suis fait offrir le thé, bref ça doit faire environ… Heu, 2 500, 2 600 €. Brrrr, c’est beaucoup, mais bast ! ce qui est fait est fait et puis, ce n’est pas mon argent après tout ! Le manager me tend la note et je m’étrangle un brin. Il y 300 €uros de différence avec mes comptes ! Je chope le type par le bras et lui demande, en termes à peine polis, s’il ne me prendrait pas pour un jambon, par hasard ? Il sourit et m’explique que la différence vient de l’eau qu’on a bue. Je le regarde d’un sale œil quand il ajoute que les bouteilles de la flotte en question ont été designé par Starck soi-même et que le contenu vient des Alpes “French Alpes, sir !”, ajoute-t-il, très fier ! Je m’étrangle et lui demande s’il n’y a pas de fleuve en Chine. L’air offensé, il me dit “We are proud not to serve Chinese water for our guests, Sir!”. Bon, ben si c’est comme ça… J’explique le truc à mon frère, il prend un air philosophe et paye le tout. Le repas s’achève, certains veulent finir la soirée dans la boite attenante à ce restau de la mort, pour ma part, je suis rincé, je rêve de mon lit, demain, c’est le dernier jour, alors, ciao a tutti, je vais me pieuter !









* : en fait, c'est une décision tout ce qu'il y a d'officielle venant de Jean-Luc Dehaene, Premier Ministre belge à l'époque, qui trouvait qu'il n'y avait aucune raison de servir un vin français alors que la Belgique produit d'excellentes bières. Ca se défend. Surtout que je déteste le champ' et aime beaucoup la bière belge. Merci Monsieur Dehaene !

Otto Granpieds
12/06/2008, 15h22
Tiens, je viens de comprendre ta signature (les Dupondt) : tu travailles avec ton frère ;)

Lafrite
12/06/2008, 15h30
hé oui, les Parisiens font payer cher leur terrasse au monde entier, le monde entier se venge en faisant payer cher les produits français. :lol:

Cypho51
12/06/2008, 16h01
J'adore la photo de De Gucht avec le doigt dans le nez...
Notre meilleur ministre des affaires étrangères. :mrgreen:

Rhaaa, l'Ambassade belge avec bière à volonté. Suis content de voir que nos impots sont bien utilisés! :ok:

Gilou
20/06/2008, 10h35
Ah tiens gros Jean Luc était aussi de la partie.:lol:

latiatia
30/06/2008, 14h30
:mode gros boulet: C'est une oeuvre d'art ça?

Bon, ok, je sait, je suis pas lemieux placé pour crtitiquer l'art contemporain, mais est ce que tu pourrait nous expliquer la symbolique de structure?

Tovi
03/06/2009, 21h26
Ah ouai, la vache, elle file la nausée cette "oeuvre". Limite flippante même. La dictature et l'art ça fait rarement bon ménage.
:shocked:

ric novice
05/06/2009, 00h25
:mode gros boulet: C'est une oeuvre d'art ça?

Bon, ok, je sait, je suis pas lemieux placé pour crtitiquer l'art contemporain, mais est ce que tu pourrait nous expliquer la symbolique de structure?

:chicos:

hum l'auteur de cette magnifique oeuvre a utilisé des fils de barbelé assez nombreux dans ce pays pour symboliser .....

:mrgreen:

Tovi
05/06/2009, 00h49
Ou alors : selon une certaine perspective on croit que ce sont des anneaux olympiques, mais vus sous un angle différent ce sont en fait des crochets de boucher.

:guillo: