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TheNaq
28/05/2008, 19h33
Fly me to the moon

Et donc le grand jour est arrivé. Enfin, grand jour, c’est un euphémisme, disons plutôt le long jour, j’aurais même dit le Jour le plus long si je ne craignais pas de me faire traiter de vilain plagiaire. Je vous résume le départ. Le mardi 20 mai, rendez-vous à 10h15 à Zaventem, l’aéroport international de Bruxelles. En prenant un peu de marge de sécurité, je décide de partir vers 9h15, histoire d’éviter les aléas des transports. Mais bon, vous commencez à connaître mon bol habituel, le mardi 20 mai, c’est le jour où la SNCB a décidé de manifester et de se mettre en grève. Donc le chauffeur de taxi que j’appelle la veille me signale cette amusante réalité et me dit qu’il vaut mieux prendre une marge TRES confortable et me donne rendez-vous à 8h00. J’approuve (car je déteste être en retard) et vais me coucher tôt. Après une nuit à faire le toast dans mon lit, je me lève un peu hagard et descends pour attendre le chauffeur idoine qui est d’une précision suisse. En revanche, et contrairement aux 200 km de bouchons annoncés par les médias belges, la route est vide et c’est en moins de vingt minutes que je me retrouve à l’aéroport, avec environ deux heures d’avance sur le rendez-vous… Pour être d’une parfaite honnêteté, c’est chiant, un aéroport, quand on attend un groupe. C’est même très très chiant. Plus chiant, il y a les files d’attente au consulat chinois, sinon, je ne vois pas… Mais bon, l’un dans l’autre, le temps passe, les cafés se succèdent et je récupère l’ensemble de mon groupe, nous faisons la queue pour récupérer les places (pas de soucis), nous passons les contrôles de visas (toujours pas de soucis, c’est pas normal…), les fouilles (encore pas de problèmes, ça cache quelque chose…) et au bout de l’histoire, nous voilà dans l’avion (tout ça se passe trop bien, le zinc va se casser la gueule, c’est pas possible autrement !) et hop, un coup d’accélérateur et nous voilà dans les cieux direction Beijing ! Je vous passerai les aléas du voyage, bouffe immonde, pas de films pour cause de deuil national en Chine et hôtesses charmantes mais visiblement peu instruites en langues étrangères, bref 8 heure de vol sans histoire (sauf celles que je raconte à ma collègue Florence qui a tellement peur en avion que je dois tenir le crachoir pendant tout le voyage pour lui faire penser à autre chose ) et c’est Beijing Capital à 4h10 du matin, soit une heure plus tôt que prévu… Donc être en avance, c’est bien, mais disons que les employés de l’aéroport n’ayant pas prévu ça, nos bagages mettent environ une demi-heure à nous être délivré, demi-heure que je mets à profit pour réveiller le chauffeur du bus qui doit venir nous chercher… Ceci dit, ma première idée est de me trouver un endroit pour fumer une cigarette et là, première surprise, le garde de service me laisse passer sans regarder mon passeport et me laisse revenir sans autre forme de procès. Je voyais un pays plus tatillon que ça, je suis plus qu’un peu étonné…



Nine million bicycles

“There are nine million bicycles in Beijing
That's a fact
It's a thing we can't deny
Like the fact that I will love you 'til I die”

Du moins, c’est ce que chante la charmante Katie Melua. Ben sur la route entre l’aéroport et l’hôtel, ça ne parait pas si évident que ça. Je veux bien admettre qu’il est fort tôt, que même au Pays des Travailleurs (j’y reviendrais) les dits travailleurs doivent dormir de temps en temps, je vois plus de voitures que de vélos. Et surtout, à ma seconde surprise, je vois des bagnoles plutôt récentes, pas les vieux tas de boue auxquels je m’attendais. La guide, Li Pin, qui se fait appeler Cécile, faut pas chercher à comprendre, nous explique qu’il y a 1000 voitures de plus par jour dans les rues de Pékin, soit 400 000 véhicules de plus par an !

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Pékin, 5h du matin

Je commence à comprendre la couverture jaunâtre qui recouvre la ville. Pendant que nous avançons dans la cité encore endormie, j’essaye de me faire une première idée de l’endroit. Tout ce que je vois, c’est des chantiers de tours de plus en plus grandes, des palissades et des échafaudages. On dirait que les grues du monde entier se sont donné rendez-vous à Beijing…

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Vue de la fenêtre de l'hôtel, 6h du matin, il fait beau, parait-il...

Mais nous finissons par rejoindre l’hôtel où résident les mécènes, nous les déposons, puis nous donnons rendez-vous à 10h30 dans le hall (Pékin est une ville immense et les temps de transfert d'un point à un autre sont généralement très longs...) et les autres prolétaires et moi-même, nous nous rendons à notre gourbi (heu, faut pas déconner, un Novotel tout de même, c’est pas vraiment un Formule 1) … Une fois les histoires administratives réglées, hop un petit déj’ bien mérité et je fonce m’écrouler deux heures dans ma piaule, je n’ai dormi que 20 minutes dans l’avion…

***
Hong-Kong Garden (oui, je sais, c'est pas Pékin, mais c'est la chanson la plus proche que j'ai trouvé)

10h30, hall du Regent. Je récupère les voyageurs et nous grimpons dans le bus, direction le restaurant Daizhamen, dans le jardin du Prince Li de la Dynastie Qing. C’est un jardin sublime, qui reprend la théorie chinoise des quatre éléments obligatoires pour un lieu de ce type : de l’eau, des rochers, des constructions en bois et bien sûr des plantes. C'est là que nous allons déjeuner.

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Le restaurant Daizhmen


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A table ! Devant moi, une salade de fleurs... Ce n'est pas mauvais, d'ailleurs...


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Le jardin du Prince Li

Puis c'est la visite du Palais d'Eté. L'endroit est bondé et c'est, d'après notre guide, un des lieux de promenade favoris des Pékinois (non, pas les chiens, ah là là, quel niveau...). Les visiteurs chinois regardent notre petit groupe en se marrant et nous font des signes de bienvenue... Est-ce la politique du gouvernement "Love China, Be proud of China" ou les habitants de Pékin sont-ils naturellement accueillants ? Bonne question, je pense que je n'aurais pas la réponse de sitôt...

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Un sourire à Pékin

Encore une fois, les quatre éléments sont présents. Nous nous frayons un chemin parmi les visiteurs pour emprunter les couloirs de bois peint.


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Entrée du Palais d'Eté.

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Cécile, notre guide

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Les couloirs de bois peint

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Détail du plafond des couloirs.

La ballade est superbe mais je commence à être crevé et il est interdit de fumer dans les lieux de visite de Pékin... Les mécènes partent dans tous les sens et je m'occupe en photographiant les gamins.

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Mon nouveau copain de Pékin.

Pour ressortir de ce jardin gigantesque, nous empruntons un pont impressionnant protégé par des lions de pierres.

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Le pont du Palais d'Eté

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Les lions.

Enfin, nous rejoignons le bus et direction les hôtels. Malheur ! C'est le moment des embouteillages à Pékin ! Pour les conducteurs qui se plaignent des gènes de la circulation à Paris ou à Bruxelles, je leur conseille de faire un stage en Chine. Au retour, le périph parisien ou le ring bruxellois leur sembleront être de paisibles routes de campagne... Petit détail en passant. les conducteurs chinois n'ont qu'un but en tête, avancer, toujours avancer, encore avancer, sans se poser de question. Alors que vous soyez voiture, vélo ou piéton, peu importe, si vous êtes devant et que vous tenez à votre intégrité, dégagez vite fait ! Cécile nous fait part de la philosophie urbaine des piétons de Pékin : "Pour traverser une rue, il faut courir et fermer les yeux. On court pour être vite de l'autre coté et on ferme les yeux pour avoir moins peur !"

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Les joies des embouteillages de Beijing

En passant, nous apercevons le Nid d'Oiseau, le nouveau stade construit pour les JO. Je ne suis ni critique d'art ni un grand spécialiste en architecture, mais perso, je n'apprécie guère ce machin...

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Mouaiiiiis, affaire de goüt...

Les jours et les nuits de China Blue (bon, ok, ce n'est pas une chanson, mais lisez, vous comprendrez)

De retour à l'hôtel, j'apprends que je dois faire une tradal pour des discours prévus pour la cérémonie d'inauguration du vendredi. Je suis ravi ! Je vous passe le resto du soir (sans intérêt) et je vous explique vite fait que, devant un café frappé d'un goût étrange et avec l'aide de Florence ma collègue avianophobe, je cherche à traduire les fulgurances écrites pour une cérémonie officielle. J'avoue que j'y perds mon latin, mon anglais et mon français et je commence à craquer. Histoire de me détendre un brin, je sors fumer une clope. Là, dehors, une charmante jeune femme me sourit. Bien élevé comme je suis, je lui retourne son sourire et continue ma promenade nocturne. 10 mètres plus loin, même histoire, rebelote, sourires échangés et signe de tête. Je commence à me dire que ma coupe de cheveux est une réussite et que ma chemise me va à ravir. 15 mètre encore, et paf, one more time... Là, ça devient franchement bizarre. La troisième demoiselle s'approche de moi et dans un anglais plus qu'approximatif me demande des nouvelles de ma santé, de ma famille et surtout le numéro de ma chambre... Mes illusions s'enfuient en dragster quand je comprends que ce n'est pas mon charme européen qui agit mais la couleur de mes euros qui attire l'attention des ces dames. J'explique à la charmante que "Merci mais non merci" et m'en retourne à ma traduction. Et là, surprise ! Je vois deux des demoiselles rentrer dans l'hôtel, se rendre à la réception et demander des trucs avant de prendre les ascenseurs. Connaissant la vie, je me dis qu'en France, la méthode est plus discrète... Dix ou quinze minutes plus tard, une des deux jeunes femmes redescend dans le hall, m'aperçoit et me fait un clin d'oeil. Je ne voyais pas la Chine Communiste comme ça... Bon, ma traduction est terminée, il est temps d'aller me coucher.


Allez, au lit !

(à suivre)

marlouf
28/05/2008, 20h39
:lol: Ca promet pour une premiére journée ! :ok:

Marco70
28/05/2008, 21h31
Il parait qu'il y a un pic de pollution à Pekin en ce moment....:mouais: Bon courage pour la suite...

GA_Thrawn
28/05/2008, 21h32
Bonne idée ce récit :)
La tete du gamin me rapelle Pou'Yi dans le Dernier empereur.

J'espère que t'a mis ton badge, pour un monde meilleur? :siffle2:

Krae
28/05/2008, 21h38
Très très intéressant et ça se lit d'une traite ! Vraiment c'est super !
J'ai hâte de lire la suite ! ;)


au moins Ikariam t'auras amené à nous sur le droit chemin :chicos:

jagermeister
29/05/2008, 00h12
La troisième demoiselle s'approche de moi et dans un anglais plus qu'approximatif me demande des nouvelles de ma santé, de ma famille et surtout le numéro de ma chambre... Mes illusions s'enfuient en dragster quand je comprends que ce n'est pas mon charme européen qui agit mais la couleur de mes euros qui attire l'attention des ces dames. J'explique à la charmante que "Merci mais non merci" et m'en retourne à ma traduction. Et là, surprise ! Je vois deux des demoiselles rentrer dans l'hôtel, se rendre à la réception et demander des trucs avant de prendre les ascenseurs.

Ces demoiselles voulaient peut être seulement faire connaissance ? :mrgreen::lol:




T'a pas de regrets ? Enfin quoi faut bien faire marcher le petit commerce local. :o:

TheNaq
29/05/2008, 02h11
Ces demoiselles voulaient peut être seulement faire connaissance ? :mrgreen::lol:
Je pense en effet que ces demoiselles voulaient faire connaissance. Surtout avec le capitalisme européen sous une forme sonnante et trébuchante !

T'a pas de regrets ? Enfin quoi faut bien faire marcher le petit commerce local. :o:
Non, pas de regrets.

Enfin pas de regrets de ne pas soutenir l'économie péripatéticienne pékinoise.

Pour le reste de mes regrets, c'est une autre histoire !

marlouf
29/05/2008, 08h09
Je pense en effet que ces demoiselles voulaient faire connaissance. Surtout avec le capitalisme européen sous une forme sonnante et trébuchante !
Quelle cruelle désillusion pour de jeunes filles méritantes qui voulaient seulement investir un peu en bourses :o:

Otto Granpieds
29/05/2008, 10h53
La vue depuis la chambre d'hôtel :gerboun:

Tu ferais mieux de nous parler des qualités organoleptiques (dur à placer celui-là :cultivé: ) de la cuisine chinoise...