TheNaq
15/05/2008, 16h16
Bon alors là, je dis "Stop", je dis "Pouce", je dis "Je ne joue plus"...
Ou alors j'ai marché sans le vouloir sur le pied d'un sorcier vaudou, ou mon immeuble est construit sur un cimetière indien (ce qui, avouons-le, en Belgique, serait plus que surprenant), ou encore j'ai malencontreusement assumé ma physiologie* sur le cairn d'un druide particulièrement revanchard, mais en tout cas, je suis maudit !
Je vous explique, ça me fera une petite pause détente…
Je crois avoir abordé avec vous, oh, de manière à peine démonstrative, mes différents petits soucis de visas. Puis les joies des changements de billets à la SNCB face à la “bêtise à front de taureau”, comme disait l’autre**. Et, également, le complot éternel et international des objets à mon encontre. Mais comme je ne suis pas du genre geignard, je vous ai évité les soucis de règlement financier de la part de mes clients, les avanies (et framboises)*-1 du travail entre collègues de nationalités différentes, les problèmes d’imprimante… Et je vous passe l’essentiel, car là n’est pas le propos.
Bref***
Aujourd’hui, tranquillement installé à mon bureau, situé place Flagey pour les Bruxellois, j’expédie les affaires courantes, tapant les mails à la vitesse de l’éclair (heu, là, je plaisante, je ne tape qu’à deux doigts) tout en répondant au téléphone (là, je ne tape plus que d’un doigt) et en utilisant la calculatrice (je finis mes mails avec le gros orteil droit…) pour faire tenir le budget, quand je me souviens que je n’ai toujours pas ce satané billet Paris/Nancy et que si je voulais faire mon changement, ben faudrait que je me sorte les doigts de là où ils n’ont rien à faire, vu que je tape avec, me suis-je bien fait comprendre ?, donc je me précipite vers la gare adéquate ou presque. Seul moment de grâce de la journée, au guichet de la SNCB, une accorte**** jeune femme me sourit, me redonne le discours sur le thème “Nous ne pouvons pas changer vos billets, mais…” et c’est ce “mais” qui fait tout “… il existe un bureau de la SNCF à Bruxelles !”. Non contente de m’apporter cette glorieuse nouvelle, cet ange tombé du Ciel (elle a un peu dû louper l’atterrissage…) me donne l’adresse de l’endroit et m’indique le moyen de m’y rendre !
Remerciant le Seigneur, je cavale à la SNCF, fait mon changement (et me fait racketter de 20 € en passant) et vais pour me sustenter dans un restaurant belge de spécialités étasuniennes où l’on me sert des sandwichs de type hambourgeois tout à la fois tiédasses et trop cuits (en clair, je vais au Quick…), franchement de quoi me plaindrais-je ? Pendant cette délicieuse pause-repas, deux ou trois de mes correspondants habituels me tombent dessus par téléphone pour me demander des choses essentielles “Quelles sont les types de prises à l’hôtel ?”, “Vous savez si on peut photographier les Gardes Rouges ?” ou encore “Vous connaissez l’adresse d’un Starbuck Café à Pékin ?” (je vous jure que c’est vrai… Et là, je plonge dans un abîme de réflexions : se pointer à l’autre bout de la planête et vouloir à toute force boire une lavasse sucrée américaine, si ça c’est pas du vice… Fin de la parenthèse désenchantée). Je réponds autant que faire ce peut à ces interrogations existentielles (en moyenne, ma formule est “Je vais me renseigner…”) et m’apprête à rentrer à mon bureau. Je descends donc depuis l’avenue Louise vers la place Flagey et me vois bloqué à 50 mètre de mon bureau par un cordon de police… “Bah, me dis-je en moi-même, encore une intervention, pas grave, je vais prendre la parallèle…”. Et là, paf !, pareil… Un doute m’assaille, comme on dit au Kenya, je vire les écouteurs de mon lecteur MP3 (où Green Day me chantait l’excellent “Basket case”) et me renseigne auprès de la maréchaussée. J’apprends qu’un engin de chantier, qui creuse un trottoir dans le coin, vient de percer une grosse conduite de gaz. Et que le quartier est bouclé. Et je devine, avec la force de l’habitude, que c’est l’espèce de tractopelle qui me casse les oreilles depuis 8h00 ce matin au pied de mon immeuble qui est à l’origine de cet amusant incident. Et me voilà coincé dans la rue, à moins de 100 mètres de mon Mac et de mon boulot, les nerfs légèrement distendus et avec l’envie d’égorger la police, les gens du BTP, les badauds amusés et Frank Dubosc (non, ça, c’est autre chose, j’ai TOUJOURS envie d’égorger Frank Dubosc) !
Après 40 minutes à faire le pied de grue dans la rue (j’en ai profité pour me calmer les nerfs en ingurgitant 4 expresso…), je fini par rejoindre mon immeuble, dont la porte en verre est en miette (tiens, une troisième porte en trois semaine, je pouffe !) et vais pour monter à mon bureau, quand un pompier, aimable mais ferme, me signale “Hé, m’sieur, vous pouvez rentrer, vous savez, mais, faut pas fumer dans l’immeuble, hein, c’est bien compris ?”. J’acquiesce d’un air très très las et rentre dans mes pénates professionnels, la tête basse.
C’est de là que je vous écris. Très calmement. En regardant avec une envie dévorante mon paquet de clopes. Et en essayant d’oublier la désagréable odeur de gaz…
Tiens, le tractopelle s’est remis en marche.
Si vous n’avez pas de mes nouvelles sous 48 heures, ce coup-là, c’est que la conduite de gaz aura vraiment pété !
*-1 : Boby Lapointe, Avanie et Franboise, "Avanie et Framboise"
* : "assumer sa physiologie" : uriner, pisser.
** : Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, "L'examen de minuit".
*** : oui, je sais, j'use et j'abuse de ce procédé, mais j'adore ça... Bref. Oooopppsss !
**** : "accorte" : en théorie, "gracieuse", dans ce cas précis "aimable et efficace mais franchement pas belle". Bref une périphrase. C'était dans le cadre de : "Je m'instruis en m'amusant sur le Oueb"...
PS ; finalement, il m'aura fallu attendre encore 30 minutes pour poster ce message, les aléas de la vie de bureau...
(edit : ajout d'un copyright oublié... (merci SeNTEnZa) )
Ou alors j'ai marché sans le vouloir sur le pied d'un sorcier vaudou, ou mon immeuble est construit sur un cimetière indien (ce qui, avouons-le, en Belgique, serait plus que surprenant), ou encore j'ai malencontreusement assumé ma physiologie* sur le cairn d'un druide particulièrement revanchard, mais en tout cas, je suis maudit !
Je vous explique, ça me fera une petite pause détente…
Je crois avoir abordé avec vous, oh, de manière à peine démonstrative, mes différents petits soucis de visas. Puis les joies des changements de billets à la SNCB face à la “bêtise à front de taureau”, comme disait l’autre**. Et, également, le complot éternel et international des objets à mon encontre. Mais comme je ne suis pas du genre geignard, je vous ai évité les soucis de règlement financier de la part de mes clients, les avanies (et framboises)*-1 du travail entre collègues de nationalités différentes, les problèmes d’imprimante… Et je vous passe l’essentiel, car là n’est pas le propos.
Bref***
Aujourd’hui, tranquillement installé à mon bureau, situé place Flagey pour les Bruxellois, j’expédie les affaires courantes, tapant les mails à la vitesse de l’éclair (heu, là, je plaisante, je ne tape qu’à deux doigts) tout en répondant au téléphone (là, je ne tape plus que d’un doigt) et en utilisant la calculatrice (je finis mes mails avec le gros orteil droit…) pour faire tenir le budget, quand je me souviens que je n’ai toujours pas ce satané billet Paris/Nancy et que si je voulais faire mon changement, ben faudrait que je me sorte les doigts de là où ils n’ont rien à faire, vu que je tape avec, me suis-je bien fait comprendre ?, donc je me précipite vers la gare adéquate ou presque. Seul moment de grâce de la journée, au guichet de la SNCB, une accorte**** jeune femme me sourit, me redonne le discours sur le thème “Nous ne pouvons pas changer vos billets, mais…” et c’est ce “mais” qui fait tout “… il existe un bureau de la SNCF à Bruxelles !”. Non contente de m’apporter cette glorieuse nouvelle, cet ange tombé du Ciel (elle a un peu dû louper l’atterrissage…) me donne l’adresse de l’endroit et m’indique le moyen de m’y rendre !
Remerciant le Seigneur, je cavale à la SNCF, fait mon changement (et me fait racketter de 20 € en passant) et vais pour me sustenter dans un restaurant belge de spécialités étasuniennes où l’on me sert des sandwichs de type hambourgeois tout à la fois tiédasses et trop cuits (en clair, je vais au Quick…), franchement de quoi me plaindrais-je ? Pendant cette délicieuse pause-repas, deux ou trois de mes correspondants habituels me tombent dessus par téléphone pour me demander des choses essentielles “Quelles sont les types de prises à l’hôtel ?”, “Vous savez si on peut photographier les Gardes Rouges ?” ou encore “Vous connaissez l’adresse d’un Starbuck Café à Pékin ?” (je vous jure que c’est vrai… Et là, je plonge dans un abîme de réflexions : se pointer à l’autre bout de la planête et vouloir à toute force boire une lavasse sucrée américaine, si ça c’est pas du vice… Fin de la parenthèse désenchantée). Je réponds autant que faire ce peut à ces interrogations existentielles (en moyenne, ma formule est “Je vais me renseigner…”) et m’apprête à rentrer à mon bureau. Je descends donc depuis l’avenue Louise vers la place Flagey et me vois bloqué à 50 mètre de mon bureau par un cordon de police… “Bah, me dis-je en moi-même, encore une intervention, pas grave, je vais prendre la parallèle…”. Et là, paf !, pareil… Un doute m’assaille, comme on dit au Kenya, je vire les écouteurs de mon lecteur MP3 (où Green Day me chantait l’excellent “Basket case”) et me renseigne auprès de la maréchaussée. J’apprends qu’un engin de chantier, qui creuse un trottoir dans le coin, vient de percer une grosse conduite de gaz. Et que le quartier est bouclé. Et je devine, avec la force de l’habitude, que c’est l’espèce de tractopelle qui me casse les oreilles depuis 8h00 ce matin au pied de mon immeuble qui est à l’origine de cet amusant incident. Et me voilà coincé dans la rue, à moins de 100 mètres de mon Mac et de mon boulot, les nerfs légèrement distendus et avec l’envie d’égorger la police, les gens du BTP, les badauds amusés et Frank Dubosc (non, ça, c’est autre chose, j’ai TOUJOURS envie d’égorger Frank Dubosc) !
Après 40 minutes à faire le pied de grue dans la rue (j’en ai profité pour me calmer les nerfs en ingurgitant 4 expresso…), je fini par rejoindre mon immeuble, dont la porte en verre est en miette (tiens, une troisième porte en trois semaine, je pouffe !) et vais pour monter à mon bureau, quand un pompier, aimable mais ferme, me signale “Hé, m’sieur, vous pouvez rentrer, vous savez, mais, faut pas fumer dans l’immeuble, hein, c’est bien compris ?”. J’acquiesce d’un air très très las et rentre dans mes pénates professionnels, la tête basse.
C’est de là que je vous écris. Très calmement. En regardant avec une envie dévorante mon paquet de clopes. Et en essayant d’oublier la désagréable odeur de gaz…
Tiens, le tractopelle s’est remis en marche.
Si vous n’avez pas de mes nouvelles sous 48 heures, ce coup-là, c’est que la conduite de gaz aura vraiment pété !
*-1 : Boby Lapointe, Avanie et Franboise, "Avanie et Framboise"
* : "assumer sa physiologie" : uriner, pisser.
** : Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, "L'examen de minuit".
*** : oui, je sais, j'use et j'abuse de ce procédé, mais j'adore ça... Bref. Oooopppsss !
**** : "accorte" : en théorie, "gracieuse", dans ce cas précis "aimable et efficace mais franchement pas belle". Bref une périphrase. C'était dans le cadre de : "Je m'instruis en m'amusant sur le Oueb"...
PS ; finalement, il m'aura fallu attendre encore 30 minutes pour poster ce message, les aléas de la vie de bureau...
(edit : ajout d'un copyright oublié... (merci SeNTEnZa) )