Voir la version complète : AAR Imperium Romanum
http://img514.imageshack.us/img514/279/imperiumromanum20080405wb9.jpg
:hurle: :hurle: :hurle:
D'où est né l'attrait de Caius Avidius pour les gladiateurs ?
Pour quelles raisons Jmlus a du fuir Rome et se réfugier en Crête ?
Pourquoi un homme libre comme Chazam le Grec s'est retrouvé combattant dans l'aréne ?
Comment Akmar Nibelung s'est-il retrouvé le seul survivant de sa famille en Germanie ?
Quel est le lien entre nos héros et le pére de Commode, Marc Auréle ?
Comment est née l'amitié entre Caius Avidius et l'homme qu'il assassina 30 ans plus tard, Venitius Varon ?
A toutes ces questions, et bien d'autres que vous vous posez (ou pas), vous trouverez bientôt une réponse (ou pas)
Caius Avidius Production présente, en mondovision, la génése d'un AAR culte pour toute une génération, qui a ébranlé le monde, lancé Mai 68, et inspiré Steven Lucas pour sa série "l'Empire Romain contre-attaque"
Plus fort qu'un peplum polonais et qu'un porno roumain, retrouvez Imperium Romanum, son empereur philosophe et ses Chrétiens crucifiés !
Retrouvez toutes les réponses aux questions posées par l'AAR Civ'Rome dans sa génése, l'AAR Imperium Romanum !
Oh Yeah !
Bientôt sur vos écrans ...
:ko:
Ca c'est du teaser...
Otto Granpieds
05/04/2008, 18h10
:trone:
:clap: :clap: :clap: :clap: :clap: :clap: :clap: :clap:
(S'agissant d'un AAR de marlouf, j'espère qu'on me pardonnera de ne pas ajouter de texte).
Youpie, le peplum est de retour :ok:
Bon en même temps, j'ai fais comme un bon blockbuster US : tout dans la promo, rien dans le scénario :lol:
Nan en fait, je prends le jeu en main, je finis de lire un bouquin entamé aujourd'hui sur Marc Auréle, et d'ici quelques jours je pourrais m'atteler à l'écriture de l'histoire ;)
...
Pour quelles raisons Jmlus a du fuir Rome et se réfugier en Crête ?
...
C'est parce qu' un barbare belge du nom de Lafritix veut le tuer par lapidation... :o:
Hééé oui, espion belge (d'instruction latine) à la solde de la famille de Marcus Annius Verus, Lafritix a reçu instruction d'arranger une 'affaire' dans lequel Jmlus serait impliqué histoire de lui faire perdre le peu de dignité romaine qui lui reste. :o:
Otto Granpieds
05/04/2008, 20h59
Hééé oui, espion belge (d'instruction latine) à la solde de la famille de Marcus Annius Verus, Lafritix a reçu instruction d'arranger une 'affaire' dans lequel Jmlus serait impliqué histoire de lui faire perdre le peu de dignité romaine qui lui reste. :o:
Une affaire romaine de moeurs grecques ? :mrgreen:
Bitoun Larouffik
05/04/2008, 21h03
sachons rester stoiques ! :lol:
Une affaire romaine de moeurs grecques ? :mrgreen:
Et bien pour reprendre tes propres mots ...
http://www.franconaute.org/forum/showpost.php?p=109998&postcount=49
Je trouve qu'il y avait de l'idée :chicos:
Avant le début de l'AAR qui ne devrait pas tarder (la 1ère partie est écrite, avec un nouveau héros principal sorti tout droit du forum :chicos: ) déjà un premier avis sur le jeu (sur lequel je me suis fais un peu la main ce week-end et cet aprem)
Imperium Romanum est donc un nouveau city builder basé sur l'époque romaine, reprenant la grande tradition des Caesar et autres dérivés. C'est également un peu la suite de Glory of the Roman Empire, sorti par la même boite il y a prés de 2 ans - jeu qui était, en passant, tout simplement trés mauvais ...
C'est donc trés classique, plutôt joli (mieux qu'un Caesar, mais moins beau que CivRome) mais ça ne casse pas spécialement des briques... la version d'il y a 2 ans était trés proche.
Niveau jeu, on reste dans la même lignée que le 1er opus, avec une simplification extréme du systéme global (foutez un peu de flotte, de pain et quelques batiments prés des maisons et elles se trasnformeront rapidement en rgrandioses villas) qui franchement, peut être lassante au bout de quelques temps. Je sais par exemple que j'ai malheureusement déjà fais le tour du jeu alors que je n'ai pas débloqué tous les batiments constructibles.
Toujours le même systéme d'exploitation des ressources locales, et la possibilité d'acheter/vendre le reste à d'autres villes de l'ére romaine, que ce soit à dos de cheval, de trirémes ou d'esclaves conciliants)
Quelques petites choses sympathiques, comme une économie dépendant grandement des esclaves, justement (trop de travail harassant provoquera des révoltes) ou la notion de pauvreté assez présente : chaque foyer se voit attribuer un trésor familial, en fonction des boulots et des besoins. Si le trésor passe en dessous de 100 deniers, le chef de famille peut se diriger vers la criminalité (ce qui, pour le jeu, consiste à foutre le feu à sa propre maison ou celle du voisin)
Bref une idée interessante, mais peu fouilée, donc bateau, et donc anecdotique.
L'immersion globale me semblait meilleur dans Civ'Rome (même s'il faut le reconnaitre, le jeu était franchement rasoir ) mais niveau scénario, cette version là est plus riche : une 20aine de villes différentes à prendre en main (de Pompei avant l'irruption d Vésuve à Antioche en passant par Burdigala), chacune proposant des caractéristiques différentes, des ressources exploitables ou non, et des barbares plus ou moins présents.
Idem, les tribus barbares, justement, sont parfois assimilables dans l'Empire (ajoutant quelques hommes et batiments) tandis que d'autres doivent tout simplement etre rasées... mais ps sur que leur attitude générale réponde réellement à nos propres actions.
Ah, et bien sur pour avoir un public plus plus large : la construction d'une minuscule armée (equites, hastati ou archers) histoire d'aller taquiner du Vandale et autre Burgonde. ils auraient pu s'en passer, vu le résultat...
un mode campagne, également, partant de la fondation de Rome jusqu'aux premiers empereurs... Mouais.
Le jeu semble quand même un poil éducatif (au moins il ne se trompe pas dans les dates, contrairement à CivRome ou Glory of the machin truc) mais... que c'est simplifié, que c'est plat, bref... n'était l'AAR que j'avais en tête, j'aurais déjà laché le jeu :(
:hello:
Chapitre I : Des (in)discutables qualités de médecin d'Otto Grandpieos
En ce mois de mars 180, la nouvelle a traversé le campement en quelques minutes. Bravant le froid de l’hiver qui persistait toujours à Vindobonna (*Vienne) comme un peu partout sur le continent, les hommes sortaient des tentes et se réunissaient de leur propre chef à proximité de la place centrale. Le plus bel hommage que des soldats puissent faire à leur chef, l’intimité du campement étant bien éloigné de la frénésie qu’il y eut quelques jours plus tard à Rome, où le deuil et le voyeurisme se mêleraient dans une des ces fêtes dont la ville seule avait le secret.
http://img143.imageshack.us/img143/1945/vienneow1.jpg
Vienne, son camps fortifié, ses barbares, son cadavre impérial
Pour l’heure, c’était le profond respect qui dominait. Les soldats connaissaient depuis des jours l’état de santé du vieil empereur, que l’on disait malade depuis notre arrivée au bord du Danube. J’avais facilement pronostiqué le mal terrible qui frappait César : la peste, contre laquelle seuls des offrandes faites aux Dieux étaient susceptible de les inciter à laisser encore un peu de vie dans le corps douloureux de Marc Aurèle. Hélas… leur choix avait été bien différent, et l’Empire connaît depuis un nouveau maître.
Je n’ai certes pas le temps pour m’appesantir sur l’homme que la destiné à laisser comme guide suprême de Rome. Ni le temps, ni le recul, et c’est avec ironie que je me surprends à me demander ce qu’il adviendra de notre monde. Jugez plutôt : pour la première fois, nous aurons un César né dans le pourpre. Pour la première fois, celui qui nous dirige est né avec une cuillère d’argent dans la bouche. Au choix du plus digne, nous avons eu la préférence du sang. Puisse Mercure nous éviter les folies que nous avons connues le siècle dernier ! Enfin cela ne me concerne plus, et le caractère emporté de Commode l’emmènera, lui et Rome, là où bon lui semble.
Quant à moi, cela fait maintenant 2 mois que j’ai perdu celui que je devais sauvegarder, et les quelques traces de fausse affectation que j’ai pu saisir ici ou là dans l’entourage de l’ancien empereur, ont laissé place à une grande solitude. Si, fut un temps, l’on chantait les louanges d’Otto Grandpieos, il s’agit dés lors d’un lointain souvenir, qui me semble parfois même irréel. Il n’est de plus grande honte pour un médecin que de ne pouvoir sauver ceux dont il a la charge. Il est certain qu’en ces circonstances précises, le poids que j’ai sur l’âme, je l’emporterai avec moi sur le bûcher funéraire. Si j’en ai un.
Quant aux souvenirs que je garderai, ils sont nombreux, mais l’un d’eux frappe plus encore mon esprit que tout autre – car c’est peut être là que tout avait commencé, et que tout se finit toujours … à Rome.
http://img369.imageshack.us/img369/708/romebk6.jpg
Nous avions mis plusieurs semaines pour remonter toute la péninsule italienne depuis notre arrivée à Brindisi, ralentis que nous étions par la colonne de soldats nous escortant, mais aussi et surtout par le peuple qui était venu acclamer son Empereur tout le long de la Via Appia.
En ce petit matin d’octobre 176, nous avions quitté l’ultime halte et le peuple présent sur les bas côtés nous pressait toujours de plus prés, dans un concert de vivas et une joie toute latine que je n’avais pas connu depuis longtemps.
L’événement était de taille, puisque nous nous approchions enfin de la métropole romaine, après une très longue absence. Il n’avait été nulle époque où un César s’était absenté aussi longtemps du cœur de l’Empire. Ainsi, alors que j’observais les visages épanouis des Romains à travers le long voilage matelassé fermant les côtés de la litière que je partageais avec ma femme et ma fille, je repensais à cette absence de prés d’un an qui avait précipité la chute de Néron, un siècle plus tôt.
Parti aux jeux de Grèce où il concourra (et remporta) toutes les épreuves réservées habituellement à des acteurs, il était revenu dans une ville noyautée par le soupçon, la peur et le complot. Deux mois après, s’en était finit de Néron, ses déclamations enflammées devant une population ennuyée et ses concours d’éloquence.
On aurait pu craindre les Romains rancuniers envers un empereur trop souvent absent. Pensez donc : Marc Aurèle, lui, n’était pas revenu à Rome depuis plus de 7 ans, un réel exploit quand on connaît le besoin vital de tout Romain de pouvoir sentir, toucher, observer César, que ce soit en flânant sur le Forum, en assistant aux Jeux ou en longeant les palais du Palatin.
Mais les raisons de César étaient nobles, et son caractère bien différent de certains de ses prédécesseurs. Nous avions tous quitté Rome en 169, après que Marc Aurèle ait présidé aux derniers hommages en la mémoire du co-empereur tout juste décédé, Lucius Verus. Durant ces 7 années, nous avions voyagé aux frontières de l’Empire, repoussant les barbares au-delà du Danube, avant de rejoindre l’Asie face à des Parthes toujours plus belliqueux. Un début de guerre civile écrasée dans l’œuf, un détour par les provinces d’Egypte et de Grèce, et déjà 7 années s’étaient enfuies, sans même que je m’en rende compte, tout à ma tâche de veiller sur la santé de César.
http://img369.imageshack.us/img369/1011/grecelu3.jpg
En sale état, quand même, l'Acropole ...
Je repoussais de la main le voile de la litière, me laissant bercer par les bruits de la foule tout autour. Ma fille ne cessait de poser des questions à sa mère concernant Rome, une ville dont elle avait presque tout oublié après une si longue absence. Dehors, le bruit s'amplifiait, et le paysage se modifiait au fur et à mesure que nous nous rapprochions de la Porte Capéne. Les champs avaient laissé place à de vastes monuments funéraires, et plus nous remontions parmi les morts, plus nous approchions des vivants.
Les tombes devenaient de plus en plus anciennes, de gigantesques mausolées protégeaient les restes de familles remontant bien avant la chute de la République, et déjà, au-delà des remparts, on distinguait les collines de Rome. Je me penchais à nouveau hors de la litière pour observer le Palatin, la colline impériale, où nous nous rendions.
http://img143.imageshack.us/img143/5217/palatinhx9.jpg
Au fond, les riches édifices du Palatin assiégés par des mouettes rieuses
A l’avant du cortége, la Plèbe ne cessait d’applaudir Marc Aurèle, qui avait abandonné sa tenue militaire pour une simple toge, montrant ainsi l’homme légaliste qu’il était, tandis que son fils Commode devait certainement parader à ses côtés, avec toute la morgue dont il était capable. Cet enfant était fier comme un paon, et ce n’était pas ce que m’avait glissé à l’oreille César quelques jours plus tôt qui allait le rendre moins morveux : Commode participerait au triomphe de son père, avant d’être nommé Consul, à tout juste 17 ans.
http://img504.imageshack.us/img504/8392/commode1as8.jpg
Petit morveux deviendra Grand... j'aurais mieux fais de ne pas l'opérer de ses glaires... sale gosse !
Super bien écrit ! Vraiment :)
pour la première fois, nous aurons un César né dans le pourpre. Pour la première fois, celui qui nous dirige est né avec une cuillère d’argent dans la bouche. Au choix du plus digne, nous avons eu la préférence du sang
Première fois depuis Domitien en fait (un peu moins d'un siècle avant) ;)
Merci Coelio ;)
Par contre à la naissance de Domitien, son pére n'était pas encore un César, sauf erreur (Vespasien prend le pouvoir en 69, Domitien était déjà né depuis belle lurette)
Bref Commode est le seul empereur à naitre au moment où son pére est déjà lui même empereur (ce qui était le sens de ma phrase)
Merci Coelio ;)
Par contre à la naissance de Domitien, son pére n'était pas encore un César, sauf erreur (Vespasien prend le pouvoir en 69, Domitien était déjà né depuis belle lurette)
Bref Commode est le seul empereur à naitre au moment où son pére est déjà lui même empereur (ce qui était le sens de ma phrase)
Ah oui tiens j'avais pas vu les choses comme ça.
Mais puisqu'on est dans le chipotage je dirais alors que Britannicus fut un Cesar né dans la pourpre :chicos:
[/chieur] ;)
Otto Granpieds
08/04/2008, 22h20
Ah oui tiens j'avais pas vu les choses comme ça.
Mais puisqu'on est dans le chipotage je dirais alors que Britannicus fut un Cesar né dans la pourpre :chicos:
[/chieur] ;)
Sauf que Brittanicus a été éliminé (par Néron) avant d'avoir régné ;)
Superbe début, calme, presque reccueilli... mais on sent venir l'orage.
Beau caractère d'archiatre, sage, honnête, intelligent, digne pendant de l'âme d'élite que fut Marc Aurèle :chicos:
Chapitre 2 : De l'entourage néfaste de Commode, à commencer par Schnickeon le Proxénete
Le Triomphe qui accompagna le retour de Marc Aurèle fut à la hauteur de l’événement. Le Vieux Prince n’avait eu de cesse de fouler les Marches des l’empire afin d’y ramener la paix, et le Peuple Romain, pour qui rien n’importe plus que la stabilité, lui en était profondément reconnaissant. Ni les invasions germaines, ni les velléités Parthes, ni les menaces de divisions en Egypte n’avaient pu ébranler l’assurance de César, et son retour à Rome lui laissait espérer un cours répit, la possibilité de se retirer à l’abri du reste de la cour pour continuer à écrire ses Pensées, un recueil destiné à l’usage privé et dont il me lisait parfois quelques extraits. Le vieux Monarque faisait ainsi preuve envers moi d’une tendre amitié, acceptant de me tendre des textes dont l’encre n’avait pas encore eu le temps de sécher, afin de recueillir mon avis. Point d’arrogance là dedans, ni même ce que certains auraient pu considérer comme vanité et orgueil royal. Marc Aurèle n’était pas de ceux là, il ne recherchait pas la flatterie de son entourage mais aimait à partager les idées, les opinions, et ne jugeait jamais un avis moins intéressant qu’un autre.
http://img262.imageshack.us/img262/1408/arcjm0.jpg
Hé j'ai une idée les mecs! Si on ruinait la population pour construire un arc de triomphe inutile ? Ah ouais, trop top !
Aussi, ce que je vis du Triomphe me déchira le cœur et raviva une plaie que je ne cessais de camoufler depuis plusieurs mois. Voir cet homme au firmament de l’Humanité se montrer si humble, le voir descendre du char sur lequel il s’était placé pour avancer à pieds, comme n’importe lequel des hommes qui avaient combattu avec lui durant toutes ces années, tout le long de la procession et sous les acclamations de la foule…le voir avancer, si généreux dans sa volonté de ne pas paraître plus qu’il n’était, tandis qu’à ses côtés, Commode était toujours perché sur le char et espérait ainsi recueillir les fruits d’une épreuve qu’il n’avait pas vécue…
Pour nombre d’entre nous, le message lancé par Marc Aurèle était double : s’il voulait qu’on ne le considère que comme un homme parmi les autres, comme le Prince Philosophe comme il aimait à s’appeler avec une certaine ironie, il souhaitait également que les Romains s’habituent à voir en Commode un véritable successeur, nonobstant sa jeunesse, son inexpérience et son arrogance qui transparaissaient déjà.
Marc Aurèle était fatigué par ses nombreuses années usée à l’exercice du pouvoir, et l’occasion était trop belle pour ne pas nous préparer à une prochaine succession. La nomination avait été proposée et approuvée, et Commode allait d’ici quelques jours être élevé Consul à 17 ans, là ou les Lois stipulaient que les citoyens devaient avoir au moins 33 ans. Le fruit que même Auguste, alors âgé de 20 ans, n’avait pu décrocher lors de la chute de la République, Commode allait s’en emparer sans avoir prouvé une quelconque valeur.
L’attitude était très étrange venant de Marc Aurèle, dont le respect de la légalité, la sagesse des décisions et l’intérêt du bien commun faisaient office de vertus depuis qu’il avait été destiné à l’Empire.
L’explication était en partie personnifiée par certains des hommes qui participaient au cortége, un peu en recul par rapport à l’Empereur et son fils : Schnickeon, un Grec tout comme moi, ainsi que Julius Sentencius, un centurion qui avait brillé lors des batailles en Germanie mais dont je connaissais malheureusement la face cachée, bien moins avouable, et dont je vous entretiendrais plus tard. Deux hommes qui allaient lourdement influer sur le cours des événements, comme ils l’avaient fait par le passé.
Lorsque nous avions quitté Rome, en 169, ces 2 hommes m’étaient encore parfaitement inconnus. Schnickeon devait végéter quelque part aux environs d’Athènes, exerçant les tâches les plus rustres qui soient, et sa réputation avait réussit à le suivre lorsqu’il avait rejoint notre colonne dans le courant de l’année 175.
Chassé de la métropole grecque après plusieurs affaires sanglantes ayant trait à des prostituées qu’il entretenait avant de les louer aux plus offrants contre certains secrets, Schnickeon avait rejoint notre lente colonne qui s’était ébranlée hors des forêts de Germanie avec comme destination la Syrie.
http://img508.imageshack.us/img508/5129/saucissemt9.jpg
Mon Dieu qu'il est veule ! Ce Schnikeon n'est qu'une graine de communiste... Nous ne partageons pas les mêmes saucisses !
Marc Aurèle, qui sortait tout juste d’une longue maladie qui avait faillit l’emporter, avait été rejoint par Commode, qui venait tout juste de revêtir la toge virile et espérait ainsi, se sentant enfin Homme, pouvoir enfin commander à des troupes. Commode et Schnickeon, tous les deux poussés au lucre et aux bassesses de la vie, s’étaient aussitôt entendus comme larrons en foire, sous le regard absent de César. Marc Aurèle, tout à la tâche de la gestion d’un Empire, n’avait pu déceler dans l’entourage de son fils ceux qui l’amenaient sur la pente de la méchanceté et du vice.
Il faut dire que César, encore affaiblit pas la maladie dont j’avais pu le sauver in extremis, avait toutes ses pensées tournées vers la Syrie, l’Egypte et l’homme qui tourmentait son esprit depuis que nous avions du quitter la Germanie : Avidius Cassius, l’un de ses généraux en charge de l’Egypte, et qui venait de s’autoproclamer Empereur en ce mois de mars 175.
http://img180.imageshack.us/img180/104/cappadoceck7.jpg
Alors l'Egypte, c'est simple : vous traversez le Bosphore au feu rouge, puis c'est tout droit aprés 3.000 km, vous pouvez pas vous tromper !
Ce n’était pas la première fois qu’en diverses provinces de l’Empire, des généraux saisissaient leur chance et, se faisant acclamer par leurs troupes, partaient à la conquête de Rome et de l’univers. Si certains avaient eu les moyen de leurs ambitions, la plupart avaient vu leurs prétentions se terminer dans le sang, comme Galba et Vitellius peu après la disparition de Néron. Avidius Cassius s’était il inspiré de Vespasien, le général en exercice en Judée qui avait pu s’emparer de l’Empire en 70 et restaurer la stabilité ? Avidius, dont le commandement était bien proche de celui de Vespasien cent ans plus tôt, tentait-il de s’inspirer de son célèbre prédécesseur ?
Je l’imagine traversant les mêmes pièces, observant les rainures du sol et la patine du marbre amplifiée par le siècle écoulé, cherchant des yeux l’ombre des empreintes du général qui lui servait de modèle… Toujours est-il que peu après notre victoire sur les tribus germaines des Quades et des Marcomans, nous était parvenue l’annonce de la trahison d’Avidius Cassius.
Au lieu de rentrer à Rome, après 5 ans d’absence, Marc Aurèle décida de porter la guerre en Egypte afin d’en finir avec les prétentions d’Avidius. La famille impériale était largement représentée puisque Marc Aurèle était accompagné de l’impératrice Faustine, toujours à ses côtés, ainsi que de Commode, qui comme on l’a vu nous rejoignit alors que nous traversions la Grèce. Nous n’avions pas une idée exacte de l’étendue de la rébellion en Egypte, en Syrie et en Cappadoce, mais le spectre de la guerre civile, tant abhorrée par les Romains, était de retour.
Du simple soldat, calant son pas sur celui de ses voisins, aux décurions, des centurions jusqu’au généraux entourant Marc Aurèle, tous, y compris nous, civils accompagnant l’expédition, avions à l’esprit qu’une nouvelle fois, des frères allaient s’entretuer, des familles se déchirer, que Rome allait faire couler du sang romain.
Même 5 ans plus tard, j’ai encore à l’esprit le bruit sourd de ces 4 Légions foulant les routes macédoniennes, cette longue colonne vouée à la mort et la destruction.
http://img301.imageshack.us/img301/3776/lgionshk3.jpg
Ouais, bon, sur les 4 légions, y'a peut être 1 déserteur ou 2 ! Non, 3, je ne crois pas... Non...
J'ai encore le beau rôle :lol:
Qu'est ce que vous avez contre les saucisses, c'est important les saucisses ! :o:
Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii! :jumpy:
:foule de jeunes pucelles en délire devant leur Héro Mâle, leur star testostéronée préfée : marlouf l'AARiste!: :banana::banana::banana:
Chapitre 3 : Du jeune autiste au puissant commerçant, ou l'épopée de Chazam le Grec
C’est peu avant la traversée du Pont et notre arrivée en Asie que j’eus le bonheur de retrouver mon jeune frère Chazam, dont la distance et mes occupations auprès de la famille impériale m’avaient privé de la compagnie. Je lui avais envoyé un message lui faisant part de notre passage à proximité de la Grèce, ayant le vague espoir qu’il pourrait peut être nous rejoindre.
C’est néanmoins avec une grande surprise que le messager revint au bout de quelques jours accompagné d’un homme portant un long manteau à capuche le protégeant de la poussière soulevée par les chevaux. Quand il souleva la capuche pour me montrer son visage rieur, j’éclatais de joie et attendais qu’il descende de cheval avant de sauter dans ses bras.
Lui dont le souvenir m’avait laissé l’image d’un tout jeune garçon renfermé sur lui-même était devenu un jeune homme aventureux au contact facile, aimant à découvrir le Monde et s’émerveillant encore de tout. Les quelques jours durant lesquels il suivit la même route que nous ont marqué mon esprit puisque, 5 ans après, je m’en souviens toujours comme l’un de mes derniers moments de pur bonheur, avant que les événements liés à la famille impériale ne mettent un terme à ma douce quiétude. Nous passions les journées à discuter du passé, et de notre enfance dans les faubourgs d’Athènes. Chazam était le fruit du remariage de notre mère, ce qui expliquait la sensible différence d’âge entre nous.
Enfant rieur et éveillé, il était tombé rapidement dans le mutisme le plus total après le décès soudain de notre mère suite à une maladie qui l’emporta au bout de quelques semaines, événement qui nous marqua bien plus que nous ne l’aurions admis en public. Je me dirigeais rapidement vers la médecine, science portée au statut d’art dans le Péloponnèse tellement la découverte et la lutte contre les maladies avaient acquis ses lettres de noblesse avec les médecins grecs.
http://img409.imageshack.us/img409/2411/medecinvx6.jpg
Une maison sur 2 étages, des voisins fortunés, 2 chars garés dans la cour... toi, tu es médecin !
J’étais assez inquiet lorsque j’embarquais pour le Latium puisque Chazam ne semblait toujours pas remis du choc, mais le destin sait parfois se montrer clément, plaise aux dieux.
Malgré la proximité de la mer, que l’on pouvait voir des hauteurs de l’Acropole, les différents ports d’Athènes avaient perdu de leur superbe depuis la colonisation des Romains, et le Pirée avait même été complètement détruit par le tristement célèbre Sylla. Le général romain s’y comporta comme il le fera quelques années plus tard à Rome, commandant des exécutions sommaires, envoyant de vielles familles athéniennes en esclavage et détruisant – espérait-il – tout une partie du panhellénisme. Avec la perte de ses ports les plus prestigieux, le déclin d’Athènes fut irrémédiable, et il fallu plus de deux siècles pour que le commerce par voie navigable revienne en force dans la région.
C’est aussi avec un plaisir certain que je voyais Chazam sortir de son mutisme et scruter, les yeux ronds comme des soucoupes, les navires de l’est accostant au Pirée et y déversant tous les trésors de l’Orient, tandis que les cales des bateaux pour l’ouest étaient remplies de marbre rosé et de statuettes finement travaillées, afin d’accroire un peu plus le luxe des édifices romains. Je savais en embarquant sur l’un de ces bateaux que Chazam avait certainement découvert ce qui le sortirait de son apathie.
Du plaisir, j’en avais aujourd’hui, alors qu’il me narrait ses différents voyages à travers la Méditerranée, lui qui était devenu un commerçant sans peur, n’hésitant pas à aller taquiner du Parthe pour obtenir des soies plus fines, ou s’enfoncer au-delà des déserts Egyptiens pour ramener des trésors de Nubie. Il ne lassa d’ailleurs pas de m’étonner quand j’appris qu’il était à l’origine de cette mode actuelle des poupées africaines travaillées dans du bois rare et que l’on retrouvait dans les mains de tous les enfants de la haute société romaine : l’idée lui en était venu au contact des familles de mercenaires koushites.
http://img171.imageshack.us/img171/4142/chazamcs7.jpg
La chute du sesterce a fait des esclaves un valeur refuge, oui, c'est sur !
Et lui de m’expliquer un peu plus qui étaient tous ces peuples, de me parler du grand chaudron romain en ébullition, des tentatives impériales pour écraser les cultures par une incorporation très parcimonieuse de leur culture, comme pour mieux les combattre. Chazam avait décidemment bien changé : lui à qui l’on ne pouvait pas faire décrocher un mot était désormais un expert en populations indigènes.
Je regardais ce jeune homme, me demandant si réellement le même sang nous unissait, moi le médecin suivant une cohorte impériale sans réellement exercer sauf à de rares occasions, et lui le commerçant aventurier qui autrefois se fondait avec les murs d’Athènes, et dont aujourd’hui le nom de Chazam le Grec était connu aussi bien aux sources du Nil que sur les hauts plateaux d’Arménie.
Plus dangereux surtout, les idées de mon frère sur la grandeur de la Grèce ancienne et l’autonomie des peuples frisaient dangereusement la sédition. Les mouvements d’indépendance étaient une perpétuelle épine plantée dans l’orteil de Rome, et l’Empire se devait de les gérer avec célérité. Je savais en bon médecin qu’une minuscule blessure, a priori insignifiante, pouvait amener si elle n’était pas traitée à une nécrose pouvant emporter le sujet. Il en était de même pour Rome, et si les quelques 30 Légions réparties à travers l’Empire avaient vocation à empêcher toute intrusion extérieure, elles étaient politiquement là pour empêcher tout heurt intérieur.
La meilleure preuve en était l’expédition à laquelle je participait pour restaurer l’ordre en Syrie et en Egypte face au général Avidius Cassius, et qui une fois de plus dans l’Histoire de Rome opposait la terre natale du Latium et son pouvoir central, face aux anciens Royaumes d’Orient.
http://img293.imageshack.us/img293/1838/romanlegionscampsad80hi4.jpg
Répartition des Légions Romaines. Elles seront au nombre de 30 sous le principat de Marc Auréle
Enfin alors que nous commencions à traverser l’Anatolie, après la traversée du Bosphore, Chazam nous quitta afin d’embarquer pour la Judée, où il espérait arriver rapidement afin d’y conclure des affaires. Je l’introduisais peu avant son départ auprès de la Cour, à commencer par Marc Aurèle, qui lui prêta un intérêt réel. Commode lui laissa une impression extrêmement mitigée, surtout quand Chazam reconnu à ses côtés Schnickeon. Le tableau qu’il me dressa sur l’ancien proxenéte athénien était encore bien plus sombre que les échos que j’avais eu jusque là. L’homme était retord, avide d’argent, et n’hésitait devant rien pour acquérir la moindre once de pouvoir. Un homme extrêmement dangereux, me confia Chazam – et j’aurais malheureusement le privilège de m’en rendre compte par la suite.
Finalement Chazam croisa également l’impératrice Faustine, le temps de quelques instants, mais ce qu’il me glissa après l’entretien me glaça le temps, lui qui n’était là que depuis quelques jours et rencontrait cette Cour pour la première fois. Avait-il saisi les regards rapidement glissés, l’intonation de voix peut être un peu trop mielleuse, avait-il pu analyser tout cela aussi rapidement tout en connaissant la réputation de croqueuse d’hommes collant à la peau de Faustine ?
Toujours est-il qu’il me fit remarquer que coucher avec la femme de César n’était pas être aventurier, mais suicidaire. Je n’essayais même pas de nier ce que lui avait pu découvrir en l’espace de quelques minutes, me demandant uniquement où ma tête roulerait si l’affaire était découverte par d’autres.
Le regard que me coula Chazam avant d’embarquer pour la Judée me laissa dans un état de tristesse contrastant avec les derniers jours, tel un voile venant ternir les joies passées. Chazam l’avait pressentit, et dans son regard on lisait tout : Parmi ceux qui avaient tout, je m’étais mis dans une situation inextricable et excessivement dangereuse. Comme l'homme se rendant aux vespasiennes et tombant dans l'orifice, je me retrouvais, littéralement, dans la merde.
http://img255.imageshack.us/img255/4919/departwk5.jpg
Allez rentre bien, de toute façon on se refait une bouffe dans quelques années !?
étonnant qu'il ne vende pas des saucisses ! :lol:
:lol:
C'est la loi du marché, la saucisse n'est pas encore assez côtée :o:
Otto Granpieds
21/04/2008, 13h08
Mad, dans ton dernier post, je ne vois pas les illustrations 1 et 3. Suis-je le seul ?:loose:
Superbe, mais où ai-je mis ma b..., je veux dire ma tête... (terme, mal venu aussi, vu que les citoyens romains - et un aussi éminent médecin est nécessairement citoyen romain - sont exécutés par décapitation) :guillo:
Sinon, une petite incohérence (à moins que ce cher Otto Grandpieos aime beaucoup la seconde épouse de son papa - il semble aimer les femmes un peu blettes, Faustine ayant fait un nombre horrifique d'enfants à son empereur de mari - ) : il parle de sa mère à propos d'une personne qui ne peut d'évidence être que sa belle-mère...
Effectivement j'ai moi même aujourd'hui un probléme avec les 3 premiers screens (sur 4, c'est un peu chiant )
Il y a de bons hébergeurs d'images autres que imageshack ? (je me doute que la question a déjà été souvent posée :honte: )
Sinon je confirme, Otto, que Chazam et toi êtes bien nés de la même mére (suite au décés accidentel du premier mari, mais je ne rentre pas dans les détails, ça ferait un peu trop Côte Ouest :lol: )
Quant à Faustine, malgré le nombre de mioches qu'elle a enfanté (12 ou 13 pour Marc Auréle, de mémoire ? :choc: ), elle était (semble t'il) réputé pour son côté couche-toi-là :lol: (autre cause, la couche impériale, ça se refuse difficilement sous certaines conditions :siffle: )
Chapitre 4 : De l'insistance d'Otto Grandpieos à tremper son biscuit dans la couche imperiale
La réputation de l’impératrice Faustine n’était plus à faire, et seul le profond respect des soldats pour leur empereur avait empêché l’étalage des ragots sur la place publique. Il est même certain, et j’en fus témoin, que Marc Aurèle, dont l’intelligence n’était pas la moindre des qualités, avait eut vent de ces rumeurs.
Plusieurs facteurs avaient du jouer pour éviter le courroux impérial, à commencer par le penchant que Marc Aurèle eut la plupart du temps pour la retenue, en application de vieux philosophes grecs. La Cour était également un bruissement perpétuel de lutte pour le pouvoir, et la sexualité n’était qu’un des nombreux moyens pour parvenir à ses fins. Qu’elle semblait loin, l’époque où un César aurait exécuté ou, plus hypocritement encore, banni sur quelque rocher perdu au milieu de la Méditerranée, la malheureuse concubine qui aurait de trop nombreuses fois tenu écarté ses cuisses pour une semence autre qu’impériale…
http://img401.imageshack.us/img401/2712/faustinezk7.jpg
Un ragot sorti d'une auberge romaine a toujours un fond de vérité !
Un destin trop cruel pour Faustine, qui avait donné à Marc Aurèle une sacré tripotée d’enfants, treize pour être exact, et dont j’avais aidé à la naissance un certain nombre. De plus, comme me le confia ce soir là César alors que je lui prenais le pouls, renoncer à Faustine correspondait, dans sa pensée stoïcienne, à renoncer à l’empire : c’était en se mariant à cette fille d’Antonin que Marc Aurèle avait pu accéder aux plus hautes sphères de l’Etat.
Tandis qu’il me faisait cette remarque, je rougissais, songeant également à la récente constatation de mon frère Chazam.
Soigner un vieil homme tout en couchant avec sa femme n’était pas un exercice aisé, surtout quand l’homme en question n’était autre que le maître du monde connu. Les dieux m’avaient ils rendu fou en me jetant dans les bras de l’impératrice ?
Elle n’était pas spécialement attrayante, et l’idée même de me retrouver dans ses draps ne m’aurait pas un instant effleuré si elle n’avait pas joué tout en finesse, tandis que je tombais dans le piége comme un rat.
Mon quotidien durant cette traversée d’une partie de l’Europe et de l’Asie était réglé comme une horloge, partagé entre Marc Aurèle dont je surveillais la santé encore un peu chancelante, et l’impératrice Faustine dont j’étais devenu, sans même m’en rendre compte, le confident.
Chaque matin, elle s’inquiétait de la santé de son mari, et je la rassurais par quelques mots. Depuis plusieurs mois déjà, elle avait pris l’habitude de me consacrer une partie de ses matinées, demandant toujours plus de détails sur les lassitudes de son mari, me questionnant sur une toux plus rauque que la veille, ou un vertige qu’elle pensait avoir constaté chez lui. Etranges séances qui se répétaient sans cesse, et dont j’aurais dû, dés le début, me douter des conséquences. Une main lascivement posée sur mon avant-bras, un regard troublant qui semblait me percer de part en part, le tout dans l’atmosphère feutrée de la tente de l’impératrice, entre tapis de Syrie et fins voilages venus par delà l’empire, des terres inconnues d’Extrême Orient.
Je ne sais comment mon esprit n’a pas pu déceler la situation extrêmement pénible dans laquelle je plongeais, et des deux pieds. Une épouse que j’estimais mais dont l’éclat semblait avoir terni depuis qu’elle avait donné naissance à notre fille unique ? Le contact rugueux des soldats de la Légion, dont les imprécations auraient pu dépuceler les Vestales elles-mêmes ? L’excitation du voyage et des expéditions, la peur de la mort dont l’idée ne pouvait jamais lâcher les hommes quand on avait eu en face de soi les barbares de Germanie ?
Le contraste entre les horreurs de la guerre, dont je n’étais malheureusement pas plus protégé que quiconque lorsque nous avions rejoint le Danube, et la chaude ambiance au contact de l’Impératrice m’avait précipité dans une double vie dont je ne mesurais pas les conséquences. Un matin où elle avait été plus pressante encore, alors que nous traversions la Macédoine, j’avais capitulé face à la reine du monde et partagé sa couche, me souillant comme le plus misérable des damnés.
http://img91.imageshack.us/img91/5379/campementkt9.jpg
Construction d'un campement pour la nuit avec 1) un mur, 2) un fossé et des soldats au torse huilé, 3) le lupanar de Faustine
Et chaque matin, ou presque, le rituel recommençait, quelques précisions sur l’état de santé de Marc Aurèle récompensés par quelques instants avec Faustine, le tout étant assez bestial et effréné, dans la crainte de se faire prendre. Le type exact de relation qui pouvait me faire perdre la tête pour un bruit, une indiscrétion, un témoin.
Un matin, je ressortais de la tente et tombait nez à nez avec Schnickeon, qui me fixa avec un rictus passablement agaçant. Je rentrais les épaules et détalais sans demander mon reste, priant pour qu’il n’ait rien vu qui puisse m’accabler. Pour la première fois depuis bien des années, je pensais même à sacrifier un animal, n’importe lequel, afin de m’attirer les bonnes grâces des dieux. Je passais la journée dans un état de terreur permanent, transpirant plus que de raison et sursautant à chaque fois que l’on venait m’enquérir sur la santé de César.
Le soir enfin, je me rendais au banquet donné lors de notre nouvelle étape pour les familiers de la Cour. J’avais quelques instants auparavant encore, caressé du doigt la pointe de mon poignard, me demandant si j’aurais le courage de me trancher les veines. Faire sortir le sang d’autrui était certes en partie mon métier, mais il n’allait pas de soi que je puisse faire de même sur mon corps, surtout que je l’estimais en trop parfaite santé pour le charcuter.
Et alors que je prenais place sur l’un des siéges autour de la table (les lits n’étaient utilisés pour les repas que lorsque nous étions à l’abri d’une ville et non, comme ici, en rase campagne anatolienne) je m’imaginais des tableaux tous plus dramatiques les uns que les autres, qui avaient tous comme finalité que je mourrais dans des circonstances horribles, tandis que ma famille était, dans le meilleur des cas, déportée sur une île déserte voir, pour ne pas faire désordre, proprement massacrée et jetée dans un fleuve dont personne ne se souviendrait le nom. Je regardais les convives se mélanger les uns aux autres, voyant dans une dernière vision cauchemardesque ma fille se faire violer par un soudard aviné avant d’être exécutée, puisqu’il était dit qu’une vierge ne pouvait se voir ôter la vie.
http://img98.imageshack.us/img98/9788/repaspd4.jpg
Vite, s'assoir sans regarder personne, vite et... merdeuhhhh, je me suis assis sur les genoux de Faustine !
Aussi l’habituelle bonne humeur de Marc Aurèle se révéla une surprise inattendue, et tout en discutant avec mes voisins, j’en venais à penser que la liaison n’avait pas été ébruitée.
Il y avait bien des regards insistants venant de Commode, ainsi que de tout ce petit monde qui tournait autour du prince comme des chiens qui glapirait pour obtenir un morceau de viande : Schnickeon, bien sur, qui était désormais aussi collé à Commode que s’il était ombre, et qui l’emmenait jusqu’au bout de la nuit dans des jeux de dés, où le vainqueur se voyait attribuer les femmes les moins farouches.
Mais également un ancien esclave, Perenis, que Commode avait affranchit contre, disaient les rumeurs, de folles nuits un peu plus intimes, et à l’écart des yeux et des oreilles de Marc Aurèle. Sans compter Chal, le jeune fils de Perenis, un peu moins vieux que Commode mais tout aussi pervers et débauché que son père. Difficile de savoir comment Commode allait pouvoir se départir de cette néfaste compagnie afin de recevoir l’éducation que Marc Aurèle tentait d’apporter à son fils, et lui éviter ainsi les écueils d’un pouvoir trop grand, arrivé trop tôt.
Et Faustine, dont l’état se dégradait au fur et à mesure que nous approchions de la Syrie, Faustine qui assouvissait dans le sexe ses inquiétudes grandissantes alors que nous étions sur le point de porter le fer contre le général rebelle Avidius Cassius.
Faustine qui scellerait bientôt mon destin, un destin devenu inexorable par la volonté des dieux, puisqu’il était dit que j’étais maudit et que ma famille ne me survivrait pas.
http://img291.imageshack.us/img291/322/chaljb4.jpg
Le probléme avec ces esclaves, c'est cette volonté de sortir de leur crasse et leur basse extraction. Feignasse!
Toujours aussi bien écrit. :shocked: :ok:
Otto Granpieds
22/04/2008, 11h33
Mieux que Gladiator :ok: :clap:
Merci, merci :priere: :honte:
L'inconvénient avec une histoire se déroulant dans le passé par rapport à une premiére histoire, c'est que le suspens est un peu moindre (par exemple Chazam va vivre encore longtemps, ça on le sait ... a moins que ce ne soit pas le même ? :lol: :ko: enfin j'espére que ça donnera un autre éclairage sur les mêmes personnages qu'on retrouve par la suite)
La suite, d'ailleurs, d'ici ce soir, logiquement, avec quelques personnages en plus (l'installation est lente, mais en fait je me fais plaisir :lol: )
J'ai en revanche un gros soucis avec les illusrations, car franchement le jeu Imperium romanum est moins beau et touffu (enfin c'est un bien grand mot...) que Civ'City Rome, y'a bien quelques bonnes idées, mais plus le même délire avec les différentes écoles de gladiateurs, les sénateurs qu'on pouvait observer à travers les fenêtres de la Curie, les temples consacrés à plusieurs dieux au choix, etc.
C'est un peu dommage, le jeu est quand même moins bon car encore plus superficiel ... :(
No comment de peur d'être dythirambique ;)
Chapitre 5 : Ou comment Otto Grandpieos se retrouve mélé malgré lui à un vaste complot
Le contact de Faustine m’avait dangereusement rapproché d’un monde inconnu pour tout autre citoyen romain, et qui pourtant décidait souvent des destinés de l’empire : le monde des intrigues, des luttes d’influences et des coup bas. J’en avais une vague idée, à voir le nouvel ami inséparable de Commode, Schnickeon. Mais c’est Faustine qui me révéla, dans toute sa splendeur, les couloirs tortueux et sombres qu’empruntait bien souvent le vrai pouvoir.
Du médecin à l’amant, de l’amant au confident, il n’y avait qu’un pas que j’avais allégrement franchis. Il faut croire que cette relation ne pouvait être à sens unique, puisque j’appris beaucoup, le temps de ces quelques mois passés entre les sombres forêts de Germanie aux déserts de Syrie. Les derniers jours, alors que les 4 légions serpentaient tel un long ruban d’une ville à l’autre, de l’étape du matin à celle du soir, les choses se précipitèrent et me firent entrevoir ce que bien peu avaient pu connaître auparavant.
La santé de Faustine déclinait au fur et à mesure que nous nous enfoncions en Syrie et nous rapprochions de l’Egypte, où le général Avidius Cassius semblait vouloir mener contre Marc Aurèle le combat qui trancherait entre les 2 empereurs. Déjà, alors que nous étions un peu plus au nord, en Cappadoce, Faustine avait promptement quitté un repas organisé à Césarée par le gouverneur de la province, resté fidèle à Marc Aurèle, Venitius Varon.
http://img160.imageshack.us/img160/263/niceep2.jpg
Les tonneaux sont en perce, les tavernes sont ouvertes, à Césarée ça va swinguer !
L’homme, qui devait avoir une trentaine d’années, s’était vu confié la province pour une période comprise entre 3 et 5 ans, avec le titre de légat propréteur de rang consulaire, une position particulièrement enviée dans le système de gestion des provinces romaines.
En effet, certaines provinces dépendaient uniquement, en théorie, du Sénat, avec des hommes issus du sérail et nommés par leur pairs. La durée était limitée et les postes réservés à des hommes ayant fait leur preuve comme consuls, et qui pouvaient ainsi exercer leur fin de carrière en s’enrichissant sur le dos des habitants. La lutte était donc rude pour obtenir ces postes convoités, le meilleur moyen pour renflouer les caisses de tout citoyen romain un tant soit peu endetté.
Les exemples n’avaient d’ailleurs pas manqué de Sénateurs pillant à merci les provinces en question afin d’enrichir leurs palais du Palatin ou leurs villas d’Ostie. Tant que l’exploitation de la région restait dans des limites raisonnables, le Sénat ne déposait aucune plainte réelle – chaque Sénateur n’espérant qu’une chose, prendre la place du prédécesseur et assouvir ses désirs de pouvoir et de luxe. Il aurait été inconcevable que quiconque se mette un jour à tuer cette véritable poule aux œufs d’or…
La position était d’autant plus enviable qu’elle ne supposait aucune compétence réelle (ce qui, pour être honnête, rendait ainsi crédible la candidature de la plupart des sénateurs) et une responsabilité bien limitée : les provinces sénatoriales étaient en général les plus vielles provinces de l’empire, celles qui ne connaissaient aucun heurts et ne nécessitaient pas la présence de Légions sur place.
http://img155.imageshack.us/img155/4871/romanempiremapwq9.jpg
Notre périple à travers les différentes provinces romaines
Les autres provinces dépendaient, elles, directement de l’Empereur, qui y plaçait qui il voulait, le plus souvent des hommes dont la loyauté ne pouvait être mise en doute. Il faut dire que les provinces impériales étaient le plus souvent aux marches de l’Empire, dans des zones qui n’étaient pas forcément pacifiées, et des troupes plus ou moins importantes y stationnaient en permanence.
Ainsi on comptait deux légions en Cappadoce, tandis que la Syrie se taillait la part du lion avec 3 légions. Cela expliquait parfois l’air soucieux que prenait Marc Aurèle quand les chiffres s’imposaient à lui : pouvant compter sur la fidélité de la Cappadoce, l’Empereur y disposait d’une réserve de 2 légions, en plus des 4 légions qui nous avaient accompagné depuis le Danube. Un total de 70.000 hommes, mais qui pouvait se révéler insuffisant si les provinces d’Orient suivaient le mouvement lancé en Egypte par Avidius Cassius.
Une légion en Egypte, 3 en Syrie, 2 en Palestine, une en Arabie, encore 2 autres à la frontière Parthe : si la rébellion s’étendait, le général ennemi, très apprécié dans la région pour ses faits d’armes, pouvait disposer d’un réservoir de 9 légions, soit prés de 110.000 hommes et un tiers des soldats couvrant la surface du Monde Romain.
Aussi la réaction presque hystérique de Faustine ne lassa pas de surprendre alors que nous étions accueillis par Venitius Varon : loin de se rassurer en voyant ainsi 2 légions faire corps avec son mari l’empereur, elle avait éclaté en sanglots, quitté le repas donné en l’honneur de Marc Aurèle et s’était enfermé avec ses servantes dans l’incompréhension générale.
La nuit qui suivit, un début d’incendie commença même dans les pièces occupées par toute la suite de Faustine, feu qui fut déclaré comme accidentel et mis sur le compte d’un esclave un peu plus débile que les autres, et qui aurait oublié d’éteindre les bougies. Je savais à quoi m’en tenir, il s’agissait d’une nouvelle tentative de Faustine pour se supprimer.
http://img175.imageshack.us/img175/7962/incendieib0.jpg
Brûle ! Brûle ! Ou une tentative de petit-suicide impérial
Je pensais être l’un des seuls à disposer des clés me permettant de saisir le désespoir impérial. La proximité (certains auraient dit la promiscuité) avec Faustine avait fait de moi l’objet de toutes les confidences. Si j’avais entrevu le danger qui menaçait ma frêle nuque suite à ma liaison avec Faustine, j’avais bien pris conscience du danger encore plus grand qui me menaçait depuis que Faustine m’avait tout révélé, une nuit où l’alcool avait enlevé le peu d’inhibitions qui restait en elle. J’avais aussi bien mieux compris son insistance à tout vouloir savoir de la santé de l’Empereur.
Faustine tenait-elle vraiment à Marc Aurèle ? Aujourd’hui, sachant ce que je sais et ce qu’il advint par la suite, je me permets d’en douter. Tout ce que voulait Faustine était le pouvoir, et son excentricité sexuelle n’en était que l’un des multiples révélateurs. Il se trouva qu’en guerroyant sur le Danube, Marc Aurèle était tombé gravement malade, comme je l’avais déjà dis. J’en vins moi-même à me demander si les Dieux n’auraient pas plus de chances que mes médications afin de restaurer la santé impériale. Faustine conçu certainement les mêmes doutes. Je l’imagine, tremblante dans sa chambre, voyant son mari décédant subitement et le pouvoir se retrouvant aussitôt, comme le souhaitait Marc Aurèle, dans les mains d’un adolescent colérique et orgueilleux, Commode.
Oh, certains pourraient penser que la situation était enviable, que de passer du statut de femme de l’empereur à celui de mère d’un nouvel empereur n’était pas la pire des infamies qui soit, bien au contraire. J’imagine Faustine, évoluant dans sa chambre, se mettant à l’angle d’une fenêtre afin de saisir les rumeurs venant du campement, Faustine songeant à deux exemples qui pouvaient sérieusement la faire douter quant au pouvoir réelle qui lui incomberait.
Livie, femme d’Auguste, devenue Augusta par la suite et intronisée au Panthéon parmi les Dieux bien après sa mort, avait du se morfondre en voyant comment son fils à qui elle avait donné l’empire, Tibère, l’avait écarté de la sphère du pouvoir, la laissant recluse loin de Rome et se morfondant sur l’ingratitude d’un fils à qui elle avait tout apporté, la vie et la couronne. Ou Agrippine, femme de Claude, qui avait aux forceps et par une multitude d’empoisonnements – dont celui de ses différents maris - fait de son fils Néron le maître de Rome avant que ce dernier, ayant décidément bien appris de sa mère, échoua à la noyer dans le port de Baïes avant de se débarrasser définitivement d’elle.
http://remacle.org/bloodwolf/cours/tacite/Trireme.jpg
Comment tuer sa mére ? Simple, la foutre sur une triréme piégée qui se casse en deux ...
Supposant la mort de Marc Aurèle, Faustine eut-elle la certitude de voir en Commode la vision de sa mort prochaine, un fils ne disposant de sa propre existence qu’à la disparition de celle qui l’enfanta ?
Toujours est-il que Faustine envoya aussitôt, et le plus secrètement possible, des missives à destination de l’Egypte et du meilleur général que l’Empire comptait alors, Avidius Cassius. Lui révélant la mort prochaine de Marc Aurèle, elle le suppliait de réclamer le trône qui resterait vacant quelques temps, lui proposant même un marché qui ne me surpris pas outre mesure : Avidius Cassius pouvait prendre Faustine comme nouvelle femme, et la continuité dynastique serait, du moins dans les formes, maintenue.
Que serait-il advenu de la propre femme d’Avidius Cassius, ou même de Commode ? Faustine ne s’épancha pas là-dessus, mais rien que de très funeste, certainement.
Et tout s’était alors joué. Avidius Cassius, sur la foi des missives reçues et des rumeurs alarmantes venant de Germanie, s’était lancé dans la course à l’empire. Ce n’était pas la première fois qu’un général un peu plus aventurier que les autres se voyait régner à Rome, et ses arguments étaient solides. C’était sans compter sur le médecin de Marc Aurèle, votre serviteur, puisque je réussis à guérir l’Empereur, comme par miracle. Une pirouette des Dieux, certainement, qui aiment à nous voir nous agiter comme dans une fourmilière et nous entretuer, pour leur plus grand plaisir.
GA_Thrawn
01/05/2008, 22h23
Super cet AAR! Très bien écrit! :priere:
Pareil... Je m'extasie. :shocked: :ok:
Otto Granpieds
02/05/2008, 13h06
Mais où vas tu chercher tout ça... ? :love:
Pourtant, tu ne fais pas de GPO avec les Grands Fourbes :chicos:
:p: Merci ! Quant aux grands fourbes, je me rappele d'une gpo à laquelle j'avais participé (peu de temps) avec justement Danton et Coelio, pleine de rebondissements :chicos:
Aprés c'est vrai que l'histoire romaine est tellement riche en trahisons de toutes sortes que même en accentuant beaucoup de chose, ça semble encore crédible :lol:
Chapitre 6 : le choix de Julius Sentencius
Alors que nous quittions notre dernière halte, un courrier appris à la Cour que le Sénat s’était enfin rallié à Marc Aurèle, et fait d’Avidius Cassius un ennemi de la Nation. Tout citoyen romain avait donc le devoir de s’en prendre à Cassius par tout moyen, et son éventuel meurtrier recevrait les remerciements du Sénat. Quand je pensais à ces vieux croûtons desséchés se réunissant dans la Curie afin de prendre ce type de décisions, je ne pouvais qu’éprouver un écoeurement certain. Les Sénateurs, qui avaient autrefois fait la grandeur de Rome, n’étaient plus que l’émanation satisfaite de notables serviles qui s’étaient peu à peu déchargés de toutes leurs responsabilités sur le dos de l’empereur, faisant du Sénat un coquille vide dont je ne comprenais plus vraiment la nécessité. Etant grec, il était évident pour moi qu’une assemblée se devait d’avoir un réel pouvoir, et que la soumission des Sénateurs allait à l’encontre de ce qu’on pouvait attendre d’un tel organe.
http://img117.imageshack.us/img117/9923/romeqi2.jpg
A Rome, quand l'empereur n'est pas là, le sénat danse
Marc Aurèle n’était heureusement pas de ces hommes qui éprouvent du bonheur devant la servilité des autres, et il appela publiquement à un peu plus de clémence envers Avidius Cassius. C’est certainement là que j’ai, pour la première fois, pris en défaut l’empereur philosophe, dont le comportement par la suite sembla démentir ses belles paroles.
Nous avancions dans une région particulièrement désertique, par une chaleur étouffante, et bien que parfaitement entraînées, les légions commençaient à marquer le coup après les milliers de kilomètres franchis à une allure soutenue. Les hommes devaient certainement penser aux hommes reposés qu’ils auraient à affronter d’ici quelques jours, des Romains comme eux, qui utiliseraient les mêmes armes, les mêmes tactiques, sur un terrain qu’ils connaissaient. L’étendue de la rébellion serait déterminante, même s’il semblait de prime abord que les légions d’Arabie et de la frontière parthe n’avaient pas rejoint Cassius. Contrairement à la seule crainte qu’avait pu avoir l’empereur, ses troupes ne seraient pas en sous nombre.
C’est une nuit, alors que le campement provisoire venait d’être achevé, qu’un cavalier isolé fit irruption et, abandonnant un cheval exténué aux soins d’esclaves, demanda une audience avec l’empereur. Sa cape et ses signes distinctifs étaient ceux d’un centurion, plus précisément un officier de ce qui devait être (je l’appris par la suite) la IIéme Légion Trajana Fortis, basée à Nicopolis, à proximité d’Alexandrie. En tant que proche de l’empereur, j’eus l’opportunité d’assister à l’entrevue, de même que les officiers de Marc Aurèle, Commode et son entourage (Schnickeon, Perennis et Chal)
C’est ainsi que je découvris pour la première fois cet étrange centurion qu’était Julius Sentencius. Grand, un visage qui avait autrefois certainement du séduire nombre d’autochtones, mais qui était aujourd’hui balayé par une grande balafre, souvenir d’une bataille en Arménie, un regard décidé qui vous vrillait jusqu’à vous rendre mal à l’aise, l’homme était l’exact image que l’on pouvait se faire d’un homme sorti du rang et qui, par ses exploits militaires, avait abouti au grade envié de centurion. Reconnu et estimé par son général, Avidius Cassius, il avait pu passer devant les 59 autres centurions de la Légion pour devenir centurion primipile : en charge de la première centurie de la première manipule de la première cohorte, c’était à lui que revenait l’honneur de lancer le premier son pilum sur les troupes adverses lors d’une bataille. L’homme était ainsi reconnu comme étant le plus valeureux des hommes de la légion.
http://img241.imageshack.us/img241/5670/sentenciusac7.jpg
Pas de pacotille ! Cuirasse ouverte, chaine en or qui brille, je danse le Sentenzia !
Aussi les nouvelles qu’il nous apporta d’Alexandrie nous stupéfiâmes, surtout quand on connaît l’honneur des soldats et leur dévouement pour leur général, fut-il classé comme traître par le Sénat. L’histoire avait été jalonnée de légionnaires qui avaient donné leur vie pour un général parti à la conquête de Rome. Il en avait été différemment dans le cas présent, comme voulu le prouver Sentencius en déposant un sac de jute sur l’une des tables de la pièce ou nous étions tous. Marc Aurèle, qui comprit aussitôt de quoi il retournait, gratifia Sentencius d’un regard où colère et tristesse semblaient mêlés. Il quitta la pièce, tandis que nous restions encore hypnotisés par ce sac noirci par la poussière et dont nous ne pouvions désormais faire abstraction de l’odeur lancinante qui s’en dégageait. Sous le regard imperturbable de Sentencius, Schnickeon renversa le sac sur la table et recula dans un sursaut, non sans avoir laissé s’échapper un cri qu'on aurait cru celui d'une femme. Je restais paralysé, tandis que Commode se rapprochait de la table, pour mieux observer la tête sanglante d’Avidius Cassius.
Je détachais enfin les yeux du trophée morbide et remontait jusqu’au centurion Julius Sentencius. Un homme capable de décapiter froidement son supérieur, un homme capable d’assassiner celui qui l’avait mis là où il était, un homme capable de trahir l’un des plus grands vainqueurs en Orient, cet homme là, quel que soit son courage ou ses motivations, n’avait plus grand-chose d’humain.
http://www.notablebiographies.com/images/uewb_07_img0461.jpg
Le général Avidius Cassius, Empereur pendant 3 mois
avant d'être décapité par un centurion un tantinet énervé...
Alors que Commode laissait percer un sourire, je sortais de la pièce avec la furieuse envie de vomir, sous le regard glacial de Schnickeon. Me mettant à courir dans les couloirs, j’essayais vainement d’échapper au rire tonitruant qui sortait de la pièce, un rire d’une rare indécence, le rire d’un maniaque en pleine extase, annonçant la fin d’un siècle de Raison.
Un petit portrait du centurion, Julius Sentencius, pour les possibles fans :chicos:
http://img512.imageshack.us/img512/7471/centurionzp4.jpg
Comme disait un célébre humoriste nous ayant quitté il y a 20 ans : Etonnant, non ?
C'est très bien écrit, vraiment !
Remarques :
1) Dans la GPO, Danton et moi étions de pures brebis :chicos:
2) Je note une répugnance du sieur marlouf à me faire apparaitre dans ses AARS. O tempora, o mores... As tu oublié notre fraternel passé ? Ces journées que j'ai passé à te réconforter le dimanche matin pour te dire que non, tu n'étais pas anormal.... Ingratitude de la jeunesse :o:
3) L'Augusta Agrippine a certes probablement trempé dans la mort de Claude, mais sûrement pas d'Ahenobarbus. Dire que cette pauvre dame a empoisonné ses maris me semble donc exagéré :o: :enculeur de mouches: :gerard languedepute:
C'est très bien écrit, vraiment !
Remarques :
1) Dans la GPO, Danton et moi étions de pures brebis :chicos:
2) Je note une répugnance du sieur marlouf à me faire apparaitre dans ses AARS. O tempora, o mores... As tu oublié notre fraternel passé ? Ces journées que j'ai passé à te réconforter le dimanche matin pour te dire que non, tu n'étais pas anormal.... Ingratitude de la jeunesse :o:
3) L'Augusta Agrippine a certes probablement trempé dans la mort de Claude, mais sûrement pas d'Ahenobarbus. Dire que cette pauvre dame a empoisonné ses maris me semble donc exagéré :o: :enculeur de mouches: :gerard languedepute:
Quelques remarques :
1) Nous n'avons pas les mêmes souvenirs :chicos: :lol:
2) J'ai bien pensé à toi comme un ascéte amenant un fils de bonne famille, Jmlus, sur la voie qui fut la sienne par la suite : honni des siens, rejeté, obligé de s'enfuir en Créte... enfin j'en parlerais plus tard :chicos:
3) Tiens, il me pensait qu'elle avait déjà trempé dans la disparition du premier, en utilisant les soins d'une célébre empoisonneuse de Rome... Enfin je fais parfaitement confiance à tes connaissances là dessus ;)
:hello:
2) J'ai bien pensé à toi comme un ascéte amenant un fils de bonne famille, Jmlus, sur la voie qui fut la sienne par la suite : honni des siens, rejeté, obligé de s'enfuir en Créte... enfin j'en parlerais plus tard :chicos:
:lol: même po vrai :tongue: Vous mériteriez que je vous emmène dans un resto sympa à Lutecia tiens ... ;)
Otto Granpieds
07/05/2008, 08h57
Bon, Madounet, faudrait s'y remettre...
Je sais que ce n'est pas commode ;)
:lol: Ouah, l'autre !
J'étais ailleurs ce week end pour le boulot, donc je n'ai pas eu le temps de m'y remettre, et je suis rentré lundi soir... mais bon la suite est tout à fait faisable d'ici ce soir.
Ce sera peut être l'occasion de découvrir le côté trés sombre d'Otto Grandpieos :mrgreen:
Otto Granpieds
07/05/2008, 11h30
3) Tiens, il me pensait qu'elle avait déjà trempé dans la disparition du premier, en utilisant les soins d'une célébre empoisonneuse de Rome...
Locuste (http://fr.wikipedia.org/wiki/Locuste_(empoisonneuse)) ?
J'aime bien les empoisonneuses (surtout ma femme) :siffle:
Edit : et je te rappelle que Granpieos a prêté le serment d'Hippocrate (je te sens venir) :yeux:
Locuste (http://fr.wikipedia.org/wiki/Locuste_(empoisonneuse)) ?
J'aime bien les empoisonneuses (surtout ma femme) :siffle:
Edit : et je te rappelle que Granpieos a prêté le serment d'Hippocrate (je te sens venir) :yeux:
Locuste, exactement ! Qui a pu exprimer son talent durant de trés nombreuses années avant que son destin ne la rattrape...
Sinon je te vois également venir concernant le serment d'hippocrate ;)
Malheureusement la Rome impériale a parfois vu des médecins de la Cour tremper dans les complots les plus sordides (encore plus à l'époque des favoris, si je ne me trompe, et de ces fortunes qui se faisaient - et se défaisaient - en 1 jour)
Pour autant ça n'a pas grand chose à voir avec notre héros, Grandpieos (seulement coupable actuellement d'adultére impérial... bref pas de quoi fouetter un canard :lol: )
3) L'Augusta Agrippine a certes probablement trempé dans la mort de Claude, mais sûrement pas d'Ahenobarbus. Dire que cette pauvre dame a empoisonné ses maris me semble donc exagéré :o: :enculeur de mouches: :gerard languedepute:
Tiens, du coup j'ai retrouvé l'info à laquelle je pensais : Agrippine a bien eu 3 maris, dont les 2 derniers seraient certainement décédés suite à l'excellene relation entretenue entre Agrippine et l'empoisonneuse Locuste : l'empereur Claude en 54, et 10 ans plus tôt, le second mari d'Agrippine, Crispus Passienus (qui lui laissa une énorme fortune aprés seulement 2 ans de mariage)
Je ne sais pas si c'est à mettre sur le compte de la haine que pouvaient àvoir pour cette jeune femme les historiens de l'époque, mais il est clair que plus on était loin d'Agrippine, mieux on se portait :chicos:
Franchement, les Feux de l'Amour n'ont rien inventé... tout était déjà là à Rome il y a 2000 ans (quelle belle époque ... :ko: )
Chapitre 7 : Où Otto Grandpieos resiste (presque) au chantage
Le meurtre d’Avidius Cassius eut différentes conséquences immédiates, certaines concernant son meurtrier, Julius Sentencius, d’autres ayant trait à l’impératrice Faustine.
Cette dernière, dont la rudesse du voyage semblait déjà avoir amoindri la résistance, n’était plus que l’ombre d’elle-même depuis la disparition brutale du général rebelle.
L’attirance qu’elle avait développée chez moi, avait cessé du jour au lendemain, Faustine ne me faisant plus appeler que lorsque la fatigue la clouait dans sa litière. N’auraient été les ordres donnés par Marc Aurèle, elle aurait certainement évité tout recours à un médecin, surtout moi, qui connaissait désormais ses lourds secrets.
Dans le même temps – et ce fut la première fois que je vis Marc Aurèle faire un faux pas – le centurion Sentencius, maintenant directement rattaché à l’une des légions qui accompagnait notre équipage, s’était vu confier une mission de première importance par l’Empereur. C’est dans le plus grand secret qu’il quitta le lent cheminement de notre colonne, avec comme objectif Alexandrie. Si je ne savais pas vraiment de quoi il pouvait en retourner, Faustine eut tout le loisir d’échafauder des théories sur ce départ.
Je venais la visiter chaque matin afin de m’enquérir de sa santé, espérant la sortir de cette mélancolie dans laquelle elle s’enfermait un peu plus chaque jour. Le mutisme dont elle faisait preuve à mon égard, me reprochant ainsi les confidences qu’elle m’avait faites de son propre chef quelques semaines plus tôt, n’arrangeait pas la situation. Le bruit se répandit que même le médecin impérial ne pouvait plus grand-chose pour Faustine.
C’était bien sur là une des manœuvres de l’odieux Schnickeon, qui ne trouvait du plaisir que dans l’élaboration des complots les plus sordides, et excellait à jouer les corbeaux lançant les rumeurs les plus néfastes. C’était un fait, depuis quelques temps il me collait aux basques, ayant certainement supputé ce qui s’était déroulé avec l’impératrice. La mouche n’aime rien tant que de passer son temps à voleter dans le fumier, et ce Schnickeon se révélait le pire des parasites qui soit.
L’une des dernières visites que je fis auprès de Faustine fut certainement la pire que j’eus à endurer durant toute ma carrière. Nous nous étions arrêté à Halala, à proximité de la Syrie, et Marc Aurèle organisait le retour d’une grande partie des troupes qui l’avaient accompagné depuis les rives du Danube.
Craignant qu’au bout de quelques mois d’absence, les tribus des Quades et des Marcomans ne s’enhardissent et n’envahissent de nouveau le nord du Latium, les 4 légions devaient repartir pour la Germanie, tandis que lui-même ne comptait garder qu’un équipage plus clairsemé, mais tout aussi imposant, avec des légionnaires prélevés sur les légions de Syrie et de Cappadoce. La rébellion d’Avidius Cassius s’étant terminé assez rapidement, Marc Aurèle voulait mettre à profit sa présence en Asie pour y visiter les provinces de Syrie, d’Egypte, puis enfin la Grèce avant de revenir à Rome. L’Empereur n’y avait plus mis les pieds depuis 6 ans.
http://img139.imageshack.us/img139/3523/germainic5.jpg
Un petit village d'irréductibles Germains résistant, encore et toujours, à l'envahisseur
C’est dans la demeure d’un notable de la ville que Faustine s’était installée, le temps que les affaires courantes soient traitées par l’empereur. Quand je rentrais dans sa chambre, je trouvais une pièce dévastée, les soieries recouvrant le lit déchirées et jetées dans un angle, et les miroirs qu’aimait à installer Faustine autour d’elle pour la plupart brisés. Un des éclats reposait dans la main de Faustine, ensanglanté, et l’impératrice éclata soudain en sanglots, se livrant pour une dernière fois. Elle ne pouvait pas, elle n’y arrivait pas, se donner la mort était trop lui demander. A voir l’estafilade qu’elle portait sur le poignet, ce n’était pas la résolution qui lui manquait, aussi j’appelais aussitôt quelques serviteurs afin qu’ils enlèvent tout ce qui aurait pu blesser Faustine. Je sais maintenant que l’un d’eux rapporta tout à Schnickeon, qui fut ainsi au courant de la partie la plus sordide de l’entretien.
Faustine était à bout, elle savait parfaitement ce que Sentencius était allé faire à Alexandrie : en finir avec le complot d’Avidius Cassius, extirper les racines du mal, dévoiler toutes les connections ayant aboutit à la rébellion. Les messages envoyés par Faustine à Avidius étaient nombreux, tous des documents plus compromettants les uns que les autres, écrits de la main même de l’impératrice, demandant à Avidius de prendre le pouvoir.
Avoir un mari philosophe est une chose, mais quand celui-ci est également empereur, il y a peu de chances qu’il regarde tout cela en stoïcien et arrive à faire la part des choses. Pour la survie de Rome et de l’Empire, Faustine serait certainement sacrifiée, comme tant d’autres l’avaient été avant elles. Répudiée, isolée sur un rocher de la méditerranée comme l’avait été la propre fille d’Auguste ou, pire, égorgée dans une prison comme Messaline, la femme de Claude, l’avenir – si Faustine en avait encore un – semblait des plus sombres.
http://img361.imageshack.us/img361/9285/halalafy1.jpg
La petite ville d'Halala, où l'on végéte. Sympa, les provinces romaines! Engagez vous, qu'ils disaient...
Aussi, chose incroyable, Faustine me demanda de l’aider, si j’avais un tant soit peu de compassion pour elle. Moi, un médecin des plus renommés, je devais certainement connaître également la science des femmes, le coté sombre des plantes, bref l’art de l’empoisonnement ! Et il est vrai que connaissant la plupart des antidotes aux poisons qu’il m’était arrivé de rencontrer, je connaissais aussi la composition de ces mêmes poisons. Je sursautais à cette demande qui hérissait tout en moi, se dressait contre tout ce que j’avais chéri, tout ce que je m’étais promis en quittant la Grèce. J’étais devenu médecin pour soigner et non pour emporter des vies, et même la compassion pouvait difficilement venir à bout de cette certitude. Alors que je refusais, encore sous le choc, Faustine changeait de tactique, utilisant la raison, puis le charme, avant d’essayer les menaces, promettant qu’elle révélerait tout de notre liaison à son mari. Tout se révoltait en moi, et l’envie de gifler la première dame de l’empire devenant trop forte, je quittais la pièce, sous une nuée d’imprécations ayant trait à ma virilité et à l’intelligence de ma descendance.
Les deux jours qui suivirent, je ne pus qu’observer le délabrement qui semblait affliger Faustine, ses tremblements qu’elle n’essayait même plus de camoufler et que la Cour mettait sur le compte d’une fatigue extrême. J’étais moi-même extrêmement partagé, me raccrochant au serment que j’avais prêté visant à aider tout malade, tout en voyant cette femme autrefois désirable tomber dans le crépuscule de sa vie. Le coup de grâce vint au terme de ces deux jours, quand une rumeur venant du sud nous apprit la mort brutale d’un des fils de Cassius Avidius, Avidius Maecianus. Le jeune homme exerçait la fonction d’iuriducus à Alexandrie, plus ou moins un Préfet d’Egypte. La rumeur insistait également sur la sauvagerie de l’assassin, un centurion gainé dans son uniforme et dont quelques témoins avaient pu deviner, avant de s’enfuir comme des moineaux affolés, les cicatrices qui lui barraient le visage.
Contrairement à sa parole, Marc Aurèle avait donc décidé de s’en prendre à la famille du général, renouant avec des habitudes d’un autre temps. Je fus profondément attristé par ce comportement qui tranchait avec l’empereur philosophe pour qui j’éprouvais le plus grand respect, et encore plus en voyant l’état de Faustine. Il faut croire que le besoin de survie était chez elle assez fort, et pourtant elle attendait le retour de Julius Sentencius qui, après le meurtre du fils Cassius, ne manquerait pas de ramener les documents qui l’incriminerait.
http://img399.imageshack.us/img399/6208/alexandrieew4.jpg
Au fin fond de la Mauritanie ou dans les marais du Nil, Sentencius honore toujours ses contrats...
Je me mis alors à penser aux poisons que je connaissais, des simples champignons aux décoctions plus élaborées que je devais exclure, comme le curare, qui nécessitait une piqûre intramusculaire pour pouvoir agir. Restaient la ciguë, la muscarine tirée de l’amanite tue-mouches, certains composés tirés de la macération de la rhubarbe et des épinards et qui pouvaient, à forte dose et au bout d’un long moment, provoquer la mort par perforation gastrique, l’aconitine, un poison utilisé au-delà de l’Indus et dont les plants se trouvaient facilement dans certaines montagnes, même si je n’en avait jamais vu jusque là, et enfin la belladone, bien sur. J’écartais cette dernière du fait de caractéristiques trop révélatrices (pupilles dilatées, plaques rouge sur le torse), ainsi que la plupart des poisons que je n’aurais pu concevoir au vu des plantes que l’on pouvait trouver dans la région.
Restait la ciguë, le poison utilisé par Socrate, que je pouvais facilement mettre au point et qui pouvait agir assez vite. Mélangée à de la datura afin de provoquer une paralysie respiratoire provoquant une mort presque instantanée, et à de l’opium afin d’entraîner la somnolence et éviter des spasmes trop violents, j’avais là un poison extrêmement rapide, mais qui ne ferait pas souffrir inutilement Faustine – et ne laisserait pas de marques. Je disposais déjà d’opium, utilisé parfois pour ses vertus narcotiques, et de datura, je mis néanmoins quelques heures pour trouver enfin de la ciguë à l’ombre de buissons. La plante, avec son odeur pestilentielle rappelant l’urine de chat, était facilement reconnaissable.
http://vietsciences.free.fr/danhngon/tangdabenduong/images/socrate_mort.jpg
Socrate buvant stoiquement la cigue: "Farpaitement, ce pinard, c'est du Burdigala,
ou alors à la rigueur un Côtes de Lugdunum ! Hips.."
Je passais l’après midi a préparer la mixture, et obtenait un résultat que j’estimais convainquant. Un instant, je pensais à essayer la mixture sur un quelconque animal, avant de me rendre compte dans quelle voie je m’étais fourvoyée. Quelle que soit ma pitié pour Faustine, il m’était impossible de l’empoisonner, même si c’était là son vœu le plus cher. Aussi je pris la décoction et la vidait dans un petit réceptacle de nacre que m’avait offert ma femme un peu après notre mariage. J’enfouissais le tout parmi mes affaires, encore effondré à l’idée de ce que j’avais faillis faire. Coupable, je le fus plus encore par la suite.
Après une soirée que j’arrosais un peu trop, enfin vidé des pensées qui obscurcissaient mon esprit depuis des semaines, je tombais dans un sommeil profond, dont je fus sorti le lendemain par les cris qui agitaient le camp et des lamentations de bonnes femmes. Alors que me parvenait l’écho de la mort de Faustine, dont les serviteurs avaient retrouvé le corps sans vie au petit matin dans sa chambre, j’ouvrais de grands yeux, encore embués par l’alcool, sur la petite tablette à proximité de mon lit. Me narguant presque, posé à côté de son couvercle, s’y trouvait le petit récipient en nacre. Vide.
Toujours très bien :)
Mais comme je me refuse à ne pas être chiant, je dirais que Messaline n'a pas été égorgée dans une prison mais dans les jardins de Lucullus :capello: ;)
C’était bien sur là une des manœuvres de l’odieux Schnickeon, qui ne trouvait du plaisir que dans l’élaboration des complots les plus sordides, et excellait à jouer les corbeaux lançant les rumeurs les plus néfastes. C’était un fait, depuis quelques temps il me collait aux basques, ayant certainement supputé ce qui s’était déroulé avec l’impératrice. La mouche n’aime rien tant que de passer son temps à voleter dans le fumier, et ce Schnickeon se révélait le pire des parasites qui soit.
Eh ben, je me bonifie de plus en plus avec le temps :yeux::lol:
Superbement écrit :ok:
Toujours très bien :)
Mais comme je me refuse à ne pas être chiant, je dirais que Messaline n'a pas été égorgée dans une prison mais dans les jardins de Lucullus :capello: ;)
:lol: Je te l'accorde sans hésiter, j'ai eu un peu la flemme de vérifier ça dans mes bouquins :honte:
Eh ben, je me bonifie de plus en plus avec le temps :yeux::lol:
Superbement écrit :ok:
Merci, même si je dois m'excuser pour t'avoir certainement donné le plus mauvais rôle :lol: Enfin il faut bien toujours u méchant, et donc tu es le... trés trés méchant (ex-aequo avec Sentenza, quand même)
D'autres personnages (Coelio, enfin :mrgreen: mais aussi Jmlus, Griffon Pertinax, les débuts d'Avidius Caius et certainement une ou deux têtes nouvelles) devraient bientôt apparaitre dans le récit, dés le retour à Rome ;)
Merci, même si je dois m'excuser pour t'avoir certainement donné le plus mauvais rôle :lol: Enfin il faut bien toujours u méchant, et donc tu es le... trés trés méchant (ex-aequo avec Sentenza, quand même)Pas de problème, on en avait parlé et puis cela me change :mrgreen:
Quoique, avec Ar qui me considère comme un méchant assassin dans son trombinoscope :yeux:
Pas de problème, on en avait parlé et puis cela me change :mrgreen:
Quoique, avec Ar qui me considère comme un méchant assassin dans son trombinoscope :yeux:
:lol: j'ai raté ça, je vais aller y jeter un coup d'oeil...
Le début d'une vocation, peut être ? ;)
:ok:
Mais quel loser ce grandpieos ! :lol: :akmar:
Otto Granpieds
08/05/2008, 23h57
:ok:
Mais quel loser ce grandpieos ! :lol: :akmar:
:tongue:
Jaloux...
Otto Granpieds
09/05/2008, 15h15
Je reviens un peu tard (gros boulot à terminer ce matin et tourisme hier) voir ce que tu fais faire à mon ancêtre Grandpieos...
Je ne dis pas que tu as l'esprit mal tourné, mais voila ce que pourrait penser quelqu'un qui aurait l'esprit mal tourné (comme jmlo, pour ne pas le nommer... :siffle: ).
Donc, ce fameux jour, notre médecin va voir l'impératrice (avec qui, rappelons-le, il a abondamment cocufié son patient, ami et empereur - cette passion de Faustine n'était d'ailleurs peut-être pas sans arrière-pensées, en un temps où elle cherche à se débarasser de son mari pour mettre un rival sur le trône - ). Elle lui révèle la mission de Julius Sentencius et sa terreur des suites : elle n'est pas chaude pour être exilée sur une île déserte, comme Agrippine la jeune et plonger pour attraper le poisson nécessaire à sa subsistance (ce qui explique pourquoi Agrippine était si bonne nageuse qu'elle ait pu se sauver quand son fils Néron essaya de la noyer en mer) et refuse l'opprobre de la mort par la main du bourreau ou d'un obscur soldat, elle la fille d'un empereur.
Mais à quoi peut faire allusion Grandpieos en parlant de "la partie la plus sordide de l’entretien" ? Faustine demandant à mourir, cela l'arrangerait plutôt : si Faustine tombe et se met à table, il risque de tomber aussi (et l'idée de l'exil dans une trés trés lointaine province, ou de laisser sa tête sur le billot, voire de passer les dernières heures de sa vie à contempler le monde du haut d'une croix - les empereurs ont de ces fantaisies - ne lui plait guère). Mais il est médecin, et n'est pas censé tuer ses patients (enfin pas de cette manière :chicos:). Alors, comme c'est un gros hypocrite, il s'entend avec la dame : il lui préparera un poison rapide et indolore, s'enivrera (ou fera semblant) et, pendant son sommeil, quelqu'un récupérera le breuvage... et l'impératrice sera morte à son réveil.
Voila ce que pourrais penser un esprit pervers, que tu n'es pas, bien sûr... :mrgreen:
D'ailleurs, Grandpieos est bien trop intelligent pour se mettre entre les mains de l'ignoble Schnickeon :chair: par une action aussi basse...
Ahhh, mais quelle imagination débordante cher Otto ! :chicos:
Otto Granpieds
13/05/2008, 17h23
Bon, quelles turpitudes nouvelles vas tu inventer ? :siffle:
J'en ai plein ma musette, c'est quand même l'époque de Blandine balancée aux lions dans l'aréne de Lugdunum, la peste qui refait des siennes, etc... entre autres :chicos:
La suite demain, certainement (les ponts et jours feriés nuient grandement à la ponctualité de cet AAR :lol: )
Otto Granpieds
23/05/2008, 10h52
Up !
Pour rappeler Madounet à ses devoirs ;)
Chapitre 8 : Des aventures d'Otto Grandpieos et de son mulet à Alexandrie, et de savoir qui est l'âne
J’avançais, hébété, au sein de la colonne désormais réduite qui avait pénétré en Egypte. J’avais quitté ma litière, préférant avancer à la cadence des soldats, rassuré par ce mimétisme qui m’évitait ainsi de trop m’appesantir sur ce qui s’était déroulé auparavant.
Le décès de Faustine avait plongé l’empereur dans un désarroi que je lui avais rarement connu. Affligé par un chagrin indéniable, il avait aussitôt modifié le nom de la ville où elle s’était éteinte, Halala, en Faustinopolis. Des courriers étaient partis à destination du Sénat de Rome, Marc Aurèle demandant à la noble assemblée de respecter un deuil impérial pour la disparition de Faustine et, mieux, de la diviniser. Des monnaies furent frappées à l’effigie de Faustine, une statue et un temple élevés en son honneur, et l’empereur consacra une partie de ses Pensées qu’il écrivait depuis des années à celle qui fut, pensait-il, une femme aimante.
Agée de 46 ans, ayant donné naissance à 13 enfants, sans compter la maladie qui l’avait particulièrement diminué lors du voyage en Asie et l’avait poussé à des gestes incompréhensibles, Faustine était, pour tous, morte d’épuisement.
Etais-je le seul à connaître une partie de la vérité ?
Il suffisait que je sorte des plis de ma toge le petit réceptacle de nacre finement ciselé pour que le doute, la honte et la culpabilité m’assaillent, moi, le médecin impérial, celui qui avait concocté le poison ayant emporté Faustine. Avais-je, à la suite de mon enivrement, apporté le poison à Faustine ? Avait-elle envoyé une servante chercher le poison, lui affirmant qu’il s’agissait d’une simple décoction pour atténuer ses maux de tête ? Etait-elle venue en personne pour chercher, fouiller et trouver le récipient que j’avais grossièrement caché sous une pile de linges ? Les souvenirs de la nuit en question étaient enfouis sous un voile que je n’arrivais pas à déchirer.
http://img389.imageshack.us/img389/5130/nilxg3.jpg
De ce côté du Nil, la zone. De l'autre, l'El Dorado ...
Je fus détourné de ces sombres pensées lorsque nous entrâmes enfin à Alexandrie, après une expédition qui avait débuté plusieurs mois auparavant. Les soldats qui nous accompagnaient n’étaient plus les mêmes que ceux qui avaient pris part au début de l’expédition, il s’agissait désormais de légions orientales et, parmi elles, la légion qu’avait commandé le général Avidius Cassius avant que sa tête ne soit emportée par le glaive de son centurion Julius Sentencius.
Je craignais d’ailleurs, sans réelle raison certes, de retomber sur le centurion mais les rumeurs qui courraient dans la ville m’informèrent rapidement de son départ pour la Maurétanie. Après l’assassinat de l’un des fils de Cassius, ici même, j’imaginais sans trop de difficultés quelle était désormais la nouvelle tâche de Sentencius : certainement éradiquer la famille du général rebelle, comme au temps des proscriptions ou lors des luttes d’influences entre plusieurs prétendants au trône. La promesse qu’avait faite Marc Aurèle de ne pas faire retomber sur les fils du général les fautes de leur père semblait donc purement formelle, ce qui me choqua particulièrement venant d’un empereur pourtant si vertueux.
Les fastes légèrement surannés d’Alexandrie m’égayèrent donc l’esprit et me firent croire, pendant quelques semaines encore, que rien n’avait changé, ni la Cour, ni l’Empereur, ni moi-même. J’accédais à la prodigieuse Bibliothèque de la ville, me jetant à corps perdu dans quelques précieux rouleaux écrits par les plus savants des médecins grecs, dont les connaissances pourtant vieilles de plusieurs siècles constituaient encore un trésor inestimable.
La Bibliothèque n’avait plus le lustre qu’on lui prêtait d’antan, le nombre de manuscrits avait diminué dans des proportions inquiétantes depuis plusieurs décennies. A la mort de Pompée déjà, deux siècles et demie plus tôt, les batailles de rues qui avaient opposé les troupes de Jules César à celle du jeune roi Ptolémée avaient provoqué un vaste incendie qui, ayant épargné la Bibliothèque, n’en ravagea pas moins l’un des entrepôts contenant plusieurs milliers d’ouvrages. L’avènement de l’Empire et d’une Rome toute puissante avait porté un coup tout aussi important à l’édifice, dont le contenu avait été petit à petit été éparpillé dans les grandes propriétés du Latium. Ce que je pouvais encore contempler était néanmoins assez fabuleux pour me donner une idée de ce qu’avait pu être la ville avant l’arrivée des Romains.
http://www.neftis.eu/NeftisWeb/BibliothequeAlexandrie.jpg
la Grande Bibliothéque, ou le Royaume de la raison
Deux grandes artères se coupaient perpendiculairement, partageant ainsi la ville en plusieurs îlots grouillant de vie, les plus âgés se prélassant au soleil tandis que les plus jeunes nous courraient après, afin d’obtenir quelques pièces. A l’extrémité nord, l’œil se détachait instinctivement de la Mer pour venir se poser sur le Phare, qui s’accrochait au ciel avec ses 300 pieds et quelques d’altitude. Plus bas dans la ville, une hauteur qui ne devait rien à la nature arrêtait encore notre regard, un étrange tumulus surplombé d’un ancien temple qui n’avait rien perdu de sa superbe : le Sôma, où reposait le corps d’Alexandre le Grand.
http://img412.imageshack.us/img412/4074/tombeaubd7.jpg
Entrer seul ici et tailler une bavette avec la momie Alexandre ? J'ose, j'ose pas ?
La réalité me rattrapa un soir, alors que je revenais de deux jours passés au sud de la ville. Marc Aurèle n’ayant pas montré une quelconque volonté de visiter le tombeau d’Alexandre – ce qui me privait moi-même de cette visite, réservée aux plus grands et leur entourage – j’avais mis à profit mon temps libre pour aller observer les autres splendeur d’Egypte, les pyramides. Alors que nous revenions à Alexandrie, le guide qui tenait le licou de mon mulet accéléra soudainement, et en quelques instants, je le perdais de vue dans le dédale de rue qui quadrillait la partie populeuse de la ville. Alors que j’hésitais sur le chemin à suivre pour rejoindre le palais que nous occupions, j’entrevoyais une ombre bouger derrière mon épaule. Je me retournais, mais trop tard, le temps de sentir une extraordinaire douleur me vriller la tête. Je dû certainement me blesser en tombant de mulet, puisqu’à mon réveil, des courbatures me déchirèrent le dos, me faisant un instant oublier la douleur qui tenaillait mes tempes.
http://img522.imageshack.us/img522/678/nuitla6.jpg
Et meeeeerde ! Paumé à minuit dans une ville étrangére, et je n'ai même pas ma Romanan Express gold sur moi...
J’étais dans une pièce de dimension modeste, les murs étaient de ceux qu’on trouvait dans la plupart des habitations d’Alexandrie, et je devinais ainsi rapidement me trouver encore dans la ville malgré l’absence d’ouvertures sur l’extérieur. Un homme de grande taille se tenait devant la seule porte de la pièce, m’empêchant ainsi toute solution de repli. Il resta sourd à mes questions, qui se transformèrent rapidement en lamentations, tandis que je voyais ma situation se délabrer rapidement.
D’un simple rapt contre rançon, qui était monnaie courante dans la région, surtout quand la cible était un riche représentant de l’ordre romain, je passais ensuite au complot ourdi par des indépendantistes égyptiens, avant de m’arrêter sur l’idée d’un enlèvement par une quelconque secte de l’ordre lunaire, qui aurait décidé de sacrifier un médecin grec en l’application d’obscurs rites orientaux.
J’en étais là de mes funestes pensées, quand un homme encapuchonné entra dans la pièce. L’homme qui jusque là gardait l’accès à la porte se rapprocha de moi, certainement pour m’empêcher toute action contre le nouvel arrivant, ce dont j’aurais été bien incapable vu ce qu’avait du endurer mon pauvre corps depuis que j’étais tombé de mulet.
Si le manteau élimé qui cachait le visage du visiteur ne me disait rien, les pans de toge que je pu distinguer en dessous lorsqu’il y enfouit ses mains pour chercher quelque chose me renseigna grandement sur la personne que j’avais en face de moi. Certainement un Romain, ou alors un Levantin, et la qualité de la toge me faisait penser à un notable, sinon mieux. L’idée du sacrifice à l’ordre lunaire s’évanouit un peu, et je baignais mes lèvres de salive, peut être dans l’idée de hausser la voix et d’intimider celui qui avait apparemment organisé mon enlèvement, quand ce qu’il déposa sur la table qui nous séparait me fit perdre tout moyen : un petit récipient en nacre qui ne m’était pas inconnu, avec sa fêlure caractéristique sur le côté qui datait de 2 ou 3 années, quand je l‘avais accidentellement fait tomber sur un sol en marbre.
L’homme déposa également plusieurs documents à côté, et quand je pus enfin détacher le regard de la petite fiole qui avait contenu du poison, je reconnu l’écriture de Faustine. Je saisissais le premier feuillet, le lisant en transversale jusqu’à ce qu’une phrase ma fasse tiquer. C’était de moi dont elle parlait, ce médecin devenu une source de confiance et qui lui dévoilait tout sur l’état de santé de son mari, Marc Aurèle ! Je descendais jusqu’au bas de la lettre, pour comprendre que celui à qui s’adressait la missive devait certainement être le général Cassius.
La lettre d’une morte empoisonnée à destination d’un mort décapité, et qui glosait sur la santé d’un empereur cocufié par son médecin … Malgré ma situation périlleuse, j’éclatais de rire, tant tout cela me pendait au bout du nez depuis des mois. Comment faire comprendre à Marc Aurèle l’enchaînement fatal qui avait aboutit, par mon truchement, à la rébellion du meilleur général d’Orient et au décès de Faustine ?
Oh, bien sur, j’aurais pu trouver une oreille compréhensive chez l’empereur, je n’en doute pas, ou du moins les choses seraient allées à leur terme, plus rapidement que ce ne fut le cas. Mais la compréhension soudaine que je venais d’avoir, la certitude, enfin, que je n’étais pour rien – du moins directement - dans le suicide de Faustine, tout cela, alors même que je savais avant même qu’il se découvre qui était l’homme en face de moi, le soulagement mélangé à l’horreur de la situation qui était maintenant la mienne me faisait étouffer d’un rire nerveux, grotesque, et c’est dans une quinte de toux que je balançais à mon visiteur :
"- Proxenete ne te suffisait pas, maintenant tu en viens à supprimer une pute impériale ?"
Tout en ôtant son manteau et me dévoilant ainsi son visage, Schnickeon me fusillait de son regard de hyène.
Otto Granpieds
26/05/2008, 09h21
Voilà Grandpieos rattrapé par sa nemesis... :loose:
A propos, comment appelle-t'on l'adultère avec une déesse ? Le déidultère ? :chicos:
Sinon, du point de vue stylistique, le "regard de hyène" parait un peu désuet, genre feuilleton de Ponson du Terrail ou Zevaco... mais peut-être que Schnickeon, pour couronner ses nombreuses qualités, a-t'il mauvaise haleine ? :siffle:
J'attends la suite avec impatience :clap:
Tout ça avec un city-builer. C'est très impressionant :shocked:
SeNTEnZa
26/05/2008, 11h40
ca me plait d'etre le chasseur de prime de l'antiquité! :mrgreen:
Merci beaucoup ;)
Le chasseur de primes romain, tu ne pouvais pas y couper, Sent :lol:
Quant au principe de l'AAR fondé sur le city builder, je dois reconnaitre que cette fois, c'est encore pire que l'année derniére avec Civ'Rome : c'est vraiment pour fournir des images de fond, parce que je n'ai plus vraiment joué au jeu depuis... un mois minimum ? (je le relance juste histoire de faire de nouveaux screens)
Enfin là dessus :
Sinon, du point de vue stylistique, le "regard de hyène" parait un peu désuet, genre feuilleton de Ponson du Terrail ou Zevaco... mais peut-être que Schnickeon, pour couronner ses nombreuses qualités, a-t'il mauvaise haleine ? :siffle:
Je suis parfaitement d'accord, c'est particuliérerment mauvais :lol: Enfin j'ai bossé hier et c'est en rentrant que j'ai eu envie d'écrire, mettons ça sur le coup de la fatigue ;)
Chapitre 9 : La main tendue de Schnickeon
Schnickeon reprit dans sa main la petite fiole qu’il avait posée sur la table. La manipulant doucement, il la renversa et posa son doigt sur l’orifice, comme pour y retrouver une quelconque trace d’humidité, une goutte de poison. Il reposa le récipient en nacre à proximité des feuillets écrits par Faustine.
« - Imaginons un instant, Otto, que je sois empereur. Ma femme meurt étrangement lors d’un voyage en Orient, apparemment de fatigue, alors même qu’elle était soignée par un médecin extrêmement compétent, assez compétent d’ailleurs pour m’avoir déjà sauvé plusieurs fois, là où tous pensaient la chose improbable.
Imagine donc, qu’un matin, alors que je fais appeler quelques serviteurs pour me nourrir – oh, bien frugalement, je suis un vieil homme … et bien on m’amène en plus du déjeuner une petite surprise : la correspondance écrite par ma femme à l’un de mes valeureux généraux.
Comment penses-tu que je réagirais, si j’apprenais que mon médecin personnel, celui entre les mains duquel j’ai laissé le soin de ma propre vie, lui donnant un pouvoir supérieur aux Dieux, travaillait en secret pour ma femme ? Lui dévoilait tout de mon état, mais aussi, peut être, des affaires courantes de l’Empire ? Tu as du en entendre des choses, Otto, après ces années passées auprès de l’Empereur… Et voilà soudainement qu’à l’instigation de ma femme, le meilleur de mes généraux se dresse contre moi et tente de s’emparer du pouvoir ?
Qui aurait ainsi pu tourner l’esprit d’une simple femme, sinon son médecin ?
Et comment réagirai-je en apprenant que celui que j’ai engagé pour me soigner s’occupait intimement des petits maux de Faustine, à mon insu, alors même que je croulais sous la charge de l’Etat ?
Oh, suis-je bête ! Est-ce encore un médecin ? Que devrais-je penser quand je verrais cette fiole, et que j’apprendrais que Faustine a été empoisonnée ? Tu penses que stupidement, je prendrais quelques feuillets afin d’y écrire mes lamentations ringardes à destination de la postérité ? Non, non, je sais ce que tu penses, Marc Aurèle pourrait quand même te croire, te pardonner, et estimer qu’un complot bien plus grave est ourdi en secret par d’autres de ses proches ?
Pauvre imbécile, tu ne vois pas qu’il fait traquer la famille d’Avidius à travers tout l’Empire pour les punir des agissements de Cassius ? L’Histoire sera écrite selon la magnanimité proverbiale de Marc Aurèle, alors qu’il fait assassiner tout témoin de ce complot, et que Sentencius ira débusquer jusqu’à la pointe de la Lusitanie les fils Cassius pour les égorger !
Crois moi, Otto, si tu parles, tu mourras, ta femme sera égorgée et son sang souillera les derniers instants de conscience que tu auras ! Ta fille sera violée par un légionnaire peu regardant avant d’être elle aussi massacrée, et je suis sur qu’en bon médecin, tu apprécieras de contempler le temps nécessaire à une fille de 11 ans pour se vider de son sang. Une minute ? Moins ? Ou un peu plus ?
Fais quoi que ce soit en direction de Marc Aurèle, et tu mourras. Essaie de fuir, et tu mourras.
Si tu ne nous obéis pas, je jure par les Dieux que ta famille ne te survivra pas et que ton frère Chazam finira sa vie dans une arène, les tripes étalées sur le sable. Tu veux tenter l’aventure, Otto ? Autant jouer ta vie au dés, tu aurais plus de chances de sortir gagnant !
Pauvre Otto, regarde toi, qui te croyait au dessus des autres, as-tu oublié d’où tu venais ? Tu errais dans les mêmes ruelles athéniennes que moi, et pourtant tu continues à me regarder comme si j’étais un nuisible qu’on écrase du talon ? Mais les miens te survivront, Otto, car nous sommes l’avenir ! »
Schnickeon s’arrêta, les lèvres encore enflammées par les propos qu’il avait tenus. Tout en reprenant son souffle, il prit dans ses mains les feuillets qui jonchaient la table, et les remit dans les plis de sa toge. Il se saisit également du flacon de nacre, son assurance sur mon silence. Sur un signe qu’il adressa au colosse qui se tenait toujours dans un angle de la pièce, celui-ci ouvrit la porte qui donnait sur l’extérieur, une petite cour sombre et malodorante, certainement dans un des quartiers populeux d’Alexandrie. Schnickeon jeta un dernier regard sur moi et, pour la première fois, je le vis réellement sourire, le visage de l’homme fier de la tâche accomplie. Il disparu à la suite de l’esclave, et quelques instants plus tard, j’entendais des bruits de sabots s’éloigner.
Je me levais enfin, et le vertige qui s’empara de moi n’était pas dû uniquement au coup que j’avais reçu sur la tête. Je passais la porte par laquelle était sorti Schnickeon quelques minutes plus tôt, traversais la cour et après être passé sous une petite arche, me retrouvait dans une ruelle qui ne me disait strictement rien. L’endroit parfait pour Schnickeon, qui avait fait des ruelles et impasses d’Athènes son royaume, mais où je me retrouvais particulièrement vulnérable.
Les quelques heures que je passais à errer dans ce dédale de rues obscures et désertes avant de retrouver enfin un carrefour qui me disait quelque chose, je les mis à profit pour méditer ce qui s’était dit durant cette nuit. Schnickeon avait, je l’admettais avec horreur, raison sur certains points.
http://img90.imageshack.us/img90/3695/planxy0.jpg
Ah ouais, super, Mappy, super ...
Quel que soit le bout par lequel je prenais ce qui s’était passé depuis 3 mois, ma situation était inextricable, et ma famille potentiellement en danger. Quelques semaines auparavant, j’aurais encore pu croire en la miséricorde de Marc Aurèle, mais la nouvelle facette du personnage que je découvrais avec le véritable contrat passé sur le dos de la famille d’Avidius Cassius et exécuté par Julius Sentencius, qui se comportait là plus comme un vulgaire exécutant que comme un centurion de la Légion romaine, avait laissé des marques profondes sur l’opinion que j’avais du vieil empereur. Pour la première fois, j’avais réellement peur, au point qu’il m’arriva, certaines nuits, de ne pouvoir trouver le repos, me tournant et me retournant, fuyant un sommeil dont les promesses étaient lourdes de menaces.
Je tombais enfin sur un poste tenu par des cohortes civiles, chargées de la lutte contre les incendies, et ils m’indiquèrent le chemin à prendre pour gagner le centre de la ville. J’arrivais exténué et allait soigner les marques que je portais sur le corps et le haut du crâne. Peu avant le lever du soleil, j’allais observer ma fille qui dormait encore, regardant sa poitrine se soulever et s’abaisser au rythme de sa respiration tranquille. Une fois n’était pas coutume, j’allais me coucher dans la même pièce que celle occupée par ma femme, l’observant à la dérobée, comme si mon regard trop insistant aurait pu la réveiller. La question qui m’obséda jusqu’à ce qu’enfin je trouve le sommeil, fut bien entendu le pourquoi. Pourquoi Schnickeon me demandait de garder ainsi le silence et n’utilisait pas ce qu’il avait pour m’éliminer, moi l’exemple même du notable grec qu’il exécrait entre tous.
http://img207.imageshack.us/img207/7200/pompierqd2.jpg
Les cohortes civiles chargées de la protection contre l'incendie (ici deux préposés au seau d'eau luttant contre le grand incendie de 64 à Rome)
Bien sur je fus réveillé plus tôt que prévu par les hauts cris de ma femme, qui découvrait l’étendue des ecchymoses qui me striaient le corps. Je la rassurais autant que je pus, incapable de trouver une explication valable, et elle mit certainement cela sur le compte de quelques voleurs qui avaient voulu tâter de la bourse d’un Grec. Lorsque le soir, je me rendis au repas qui ponctuait chaque journée, et où Marc Aurèle pouvait ainsi retrouver tous ses proches, quelques regards étonnés accompagnèrent mon arrivée. C’était là deuxième fois que j’arrivais à l’un de ces repas avec, en mon tréfonds, un secret caché à Marc Aurèle. Je ne fus qu’à moitié étonné lorsque l’un des favoris de Commode, Perennis, nargua mon aspect dépenaillé, sous l’œil amusé de Commode. Ils étaient dans la confidence, j’en étais presque sur. Commode avait-il en revanche la moindre idée concernant la disparition de sa mère, sur ce poison préparé par moi-même et traîtreusement confié à Faustine par Schnickeon ? Je n’en avais alors qu’une idée bien confuse, même si le personnage de Commode ne me laissait aucun doute sur son indifférence quand à la mort de Faustine. Dans les faits, celle-ci n’avait finalement pas moins qu’essayé de marginaliser son fils pour mettre le général Cassius sur le trône.
A la question qui ne manqua pas d’être posée sur la cause de mon état, et alors que la salle faisait silence en espérant saisir quelques bribes de ce qui serait colporté dehors - certainement sur le médecin grec faisant le coups de poing avec des introvertis alexandriens - j’hésitais quelques instants, avant de répondre :
- Une mauvaise chute, une mule montée par un âne…
Et tandis que les rires secouaient les convives et que Marc Aurèle souriait pour une rare fois, je songeais à l’accord que je venais de passer, par ces mots, avec Schnickeon.
http://img207.imageshack.us/img207/4923/repasdu5.jpg
Encore une soirée trés légére, avec en entrée des ravioles au foie gras de zébu sur son lit de litchis.
Chapitre 10 : Tous les chemins ménent à Rome
http://img225.imageshack.us/img225/7586/romeoo0.jpg
Rome et son périph bouché par les char à boeufs (enfin là, c'est dimanche)
Le temps du retour vers Rome était venu. Plus de 6 ans d’absence obligeaient maintenant l’Empereur à regagner le cœur de l’empire, et aucun danger ne pouvait légitimer plus longtemps sa présence aux frontières. La rébellion de Cassius avait pris fin, l’Arménie avait été provisoirement délaisse par les Parthes, et tout semblait indiquer que les Barbares ne feraient plus d’incursion au sud du Latium.
S’il ne pouvait donc différer son voyage, Marc Aurèle imposa un passage par la Grèce, où il espérait prendre un peu de temps pour rencontrer les philosophes athéniens, déambuler parmi les constructions magistrales de l’Acropole et retrouver un peu de sérénité. La mort de Faustine semblait l’avoir terriblement abattu, au point que les quelques 4 années qui lui restait à vivre semblaient, médicalement, inespérés.
Le voyage vers la Grèce prit bien moins de temps qu’à l’aller. N’ayant plus besoin de nous déplacer avec de lourds contingents armés, nous partîmes en équipage léger, laissant la fin du printemps nous pousser à travers la Syrie, tandis que nous faisions quelques haltes symboliques, à Antioche, Tarse ou Smyrne.
Bien que l’accueil se révéla généralement plus naturel que l’année précédente (l’absence des Légions, certainement…) je ne pus que constater un phénomène nouveau pour moi, qui ne connaissait finalement pas très bien l’Orient. Les sectes chrétiennes, sur le compte desquelles courraient les pires des horreurs, semblaient prospérer dans la région, alors que cette religion restait encore assez souterraine à Rome même. Des lieux de prière avaient été édifiés pour leur culte, tranchant particulièrement avec le faste que nous avions à servir les dieux du Panthéon. Marc Aurèle se révéla durant le voyage très critique quant aux us et coutumes des chrétiens, qui refusaient ainsi toute la lumière apportée par Rome.
Enfin, au cœur de l’été 176, nous entrâmes enfin à Athènes, laissant derrière nous les étapes les plus épiques de notre voyage. Si l’année précédente nous nous étions contenté de passer un peu plus au nord, j’avais là l’opportunité de retrouver des pans de mon passé, dont les souvenirs, au contact des lieux qui avaient bercé mon enfance, pouvaient enfin refaire surface.
http://img294.imageshack.us/img294/3122/acropolefk1.jpg
Du haut de l'Acropole, 7 siécles nous contemplent
Marchant dans les ruelles de la vieille Athènes, je pouvais un peu oublier les événements de l’année passée, détachant enfin mon esprit des manigances de Schnickeon. Celui-ci s’était révélé particulièrement discret depuis notre affaire commune à Alexandrie, et c’est non sans une certaine joie que j’écoutais les ragots, toujours coutumiers à la Cour, parler des difficultés de Schnickeon pour garder son emprise sur Commode.
La lutte d’influence était le sport favori des intrigants romains, et Marc Aurèle n’avait pas fait mystère que son fils serait appelé à régner après lui. Schnickeon avait réussi à s’imposer auprès de Commode, ce qui s’était traduit par quelques cadavres abandonnés le long de la route qui nous avait conduit de la Grèce à l’Egypte. Il lui fallait maintenant consolider un peu plus sa position, alors que de nouveaux favoris louvoyaient autour de Commode.
Perennis, déjà présent depuis plusieurs mois dans cette longue suite, semblait l’étoile montante du régime qui se mettrait en place avec l’avènement du fils de Marc Aurèle. N’hésitant pas à prostituer son fils Chal, qu’il envoyait directement dans le lit de Commode, Perennis disposait d’un atout supplémentaire face à Schnickeon, qui pouvait difficilement rivaliser avec la jeunesse de Chal. Le climat de guerre larvée qui s’instaurait depuis quelques temps autour de la personne de Commode n’avait rien de feutrée, maintenant que Schnickeon avait pris toute la mesure du danger représenté par Chal et Perennis.
J’avais malheureusement bien conscience que je pouvais constituer une carte dans le jeu de Schnickeon depuis que celui-ci me tenait, restait à savoir quand et comment cela allait se concrétiser. Avec un peu de chances, Schnickeon ferait partie de la prochaine charrette de victimes, et la pression qu’il exerçait sur moi disparaîtrait aussitôt. Enfin cela restait une prière assez vaine, car j’avais pu observer comment le machiavélisme de Schnickeon lui permettait d’échapper aux embûches et de manipuler tout son entourage, à commencer par le fils de l’empereur.
Tandis que le début de l’automne s’étendait sur la Grèce et que Marc Aurèle s’initiait aux Mystères d’Eleusis, je me rendais dans les entrepôts où je savais que mon frère Chazam faisait fleurir son commerce. Je ne l’y trouvais pas – ce qui m’étonnait guère, le sachant certainement quelque part au bout du monde, à négocier tel ou tel objet dans des quantités pharaoniques – mais constatait une activité fonctionnant au ralenti.
Les assistants de Chazam me pressèrent de questions sur lui dés qu’ils apprirent qui j’étais, ce qui ne lassa pas de m’inquiéter. Désappointés d’apprendre que je n’avais pas eu de nouvelles de mon frère depuis que je l’avais croisé au nord d’Athènes un an plus tôt, ils me racontèrent ce qu’ils savaient.
Apparemment le voyage organisé par Chazam en Judée afin d’y faire du négoce avait tourné court, ou plutôt avait, à un moment ou un autre, sérieusement dérapé. Au bout de quelques mois, inquiet de ne pas avoir de nouvelles de leur patron, qui n’avait donné aucun signe de vie alors qu’il envoyait habituellement un nombre impressionnant de messages, de consignes et d’ordres divers, les assistants de Chazam avaient commissionné l’un des leurs afin de retrouver sa trace à travers les terres de Judée et de Samarie.
Il s’avéra que si le bateau sur lequel avait embarqué Chazam était bien arrivé à destination à Césarée, les contacts avec lesquels il devait négocier dans la région ne l’avait jamais vu. Certaines sources affirmaient bien avoir entendu parler d’un dénommé Chazam le Grec, mais ses pas semblaient s’être perdu quelque part du côté de Jérusalem. Après plusieurs semaines de vaines recherches et d’une enquête infructueuse, le négociant envoyé par les siens était revenu à Athènes, sans en avoir découvert plus. Depuis, se lamentaient les assistants de Chazam, l’activité avait considérablement freiné, les hommes étant dans l’incapacité de reproduire le génie aventureux de leur patron. Non seulement plus aucun nouveau contrat n’avait été mis en place depuis des mois, mais en plus le travail initié par la poigne de Chazam se heurtait maintenant à l’absence de celui-ci. Me montrant ainsi quelques ballots qui attendaient dans un des entrepôts, un assistant me confirma que de par sa jeunesse et son courage, Chazam s’était fait connaître jusqu’aux limites de l’empire, et que des hommes biens plus âgés que lui étaient incapables de faire preuve du charisme qui l’animait.
Sans Chazam, son commerce commençait dangereusement à péricliter. Assistants et négociants avaient attendu le plus longtemps possible, espérant un retour du jeune prodige, mais la désolation qui pouvait se lire sur mon visage enterrait tous les espoirs. La débandade sonnait, et les commerçants ne tarderaient pas à lâcher définitivement le commerce autrefois très lucratif mis en place par Chazam.
Follement inquiet pour mon jeune frère, mais ne sachant par où commencer une recherche qui jusque là avait été infructueuse, je rongeais mon frein, attendant impatiemment que Marc Aurèle lâche son étude de religions de bonnes femmes et daigne mettre le cap sur Rome.
Enfin le moment arriva ou l’empereur, certainement épuisé par tout ce qu’il avait pu vivre à Athènes, décida que nous devions retourner à Rome.
Alors que nous embarquions tous sur le bateau qui devait nous emmener à Brindisi, je ne jetais qu’un regard troublé sur les collines grecques. Ce fut pourtant la dernière fois que je vis ma patrie.
S’ensuivirent quelques jours de navigation, puis trois longues semaines nécessaires pour remonter toute la péninsule italienne. Le voyage nous emmenait vers le Triomphe organisé à Rome pour Marc Aurèle, absent depuis 7 ans, et son fils Commode, qu’il souhaitait nommer Consul.
http://img158.imageshack.us/img158/1171/planac1.jpg
Le tour du Monde en 2550 jours
La route fut longue, comme je vous l’avais déjà raconté au début de ce récit, et ce que je vis du Triomphe à Rome emplit mon cœur de peine, à voir un vieil empereur marcher à pied alors que son fils récoltait toute la gloire, fanfaronnant sur son char. Mais mes pensées étaient tournées ailleurs, vers l’homme qui venait de se présenter à moi dans la tribune que j’occupais, et d’où j’observais le pathétique spectacle d’une fin de règne.
L’homme était plutôt de taille moyenne, et portait sous sa toge un bien étrange vêtement, non par sa couleur ou sa matière, mais par le motif qui y était cousu.
« - C’est un hydre, j’ai acheté ce vêtement lors d’un voyage en terre Parthe, il y a de cela des années, cela remonte à ma jeunesse, avant que ce bonhomme ne naisse !
Et l’homme passa sa main dans la touffe de cheveux du garçon qui l’accompagnait, et qui ne perdait pas une miette du spectacle qui se déroulait plus bas.
Je portais mes yeux sur l’homme qui était en face de moi, et qui pour me saluer, me prit le poignet dans sa main droite. Je faisais de même.
-Tu es l’enquêteur dont on m’a tellement parlé ?
L’homme se redressa, fier que sa renommée soit allé jusqu’à l’entourage de l’Empereur.
-Oui, parfaitement ! Lucius Coelius, pour te servir. Et voici l’un de mes fils, qui j’espère prendra ma succession quand il sera plus vieux. N’est-ce pas, Jmlus ? »
Complètement insensible à la main de son père qui s’attardait sur sa chevelure débordante, Jmlus continuait à s’émerveiller devant le spectacle impérial.
C'est mignon à cet age ! :lol:
Otto Granpieds
02/06/2008, 09h00
Marc Aurèle n'est vraiment pas pressé de rentrer à Rome : il part d'Egypte en mars, à l'orée de la saison navigable : il attendait le beau temps et en quelques semaines (disons en mai), il aurait pu être à Rome en voyageant par mer.
C'est vrai que la navigation est toujours aléatoire en ces temps, mais c'est indicatif : jamais au début de l'Empire, un prince n'aurait osé s'absenter aussi longtemps de Rome de crainte d'une fronde du Sénat et d'une usurpation. Dans un siècle, Rome aura perdu presque toute importance politique...
Sinon, pour Schnickeon, les lions ou le bain d'huile bouillante ? :guillo:
Trés juste, d'autant plus que sa déjà trés longue absence aurait nécéssité sa présence rapide. Qui plus est, aprés cette marche triomphale du port de Brindisi jusqu'à Rome, Marc Auréle a encore pris le luxe de ne pas s'installer dans les Palais du Palatin (donc à l'interieur de Rome) mais à Lavinium (une petite ville quelques kilométres plus au sud de la capitale)
De là à voir un empereur qui fuyait Rome... (sur un régne de 19 ans, il en aura passé prés de 15 aux frontiéres, principalement à lutter contre les menaces barbares. Pour certains historiens, le début du déclin de Rome date de son régne, avec des secousses qui donnent une idée des invasions qui surviendront de plus en plus souvent, jusqu'au saccage final de Rome au Véme siécle)
Otto Granpieds
02/06/2008, 09h59
Qui plus est, aprés cette marche triomphale du port de Brindisi jusqu'à Rome, Marc Auréle a encore pris le luxe de ne pas s'installer dans les Palais du Palatin (donc à l'interieur de Rome) mais à Lavinium (une petite ville quelques kilométres plus au sud de la capitale)
Est-ce qu'il n'y avait pas une disposition qui interdisait aux généraux victorieux de rentrer dans Rome avant leur triomphe ?
Est-ce qu'il n'y avait pas une disposition qui interdisait aux généraux victorieux de rentrer dans Rome avant leur triomphe ?
Bonne question !
Mais à l'époque impérial, je ne pense pas que cela concernait l'Empereur(d'autant plus que Marc Auréle avait mis là les grands plats dans les grands : dés son arrivée en Italie, il s'était vétu de sa toge et avait laissé tombé la cuirasse, et apparement l'armée qui le suivait avait fait de même :choc: )
Qui plus est, dans l'enceinte même de Rome, Marc Auréle avait été acclamé Imperator par ses troupes, plus d'un mois avant le triomphe proprement dit.
Apparement, c'était plus un geste trahissant la lassitude de l'homme (que les épreuves avaient considérablement vieilli)
Sinon, pour Schnickeon, les lions ou le bain d'huile bouillante ? :guillo:Machiavel n'en a pas été victime à ce que je sache :mrgreen: et à Rome, les intrigues étaient également monnaie courante... L'intelligence aura raison de la force brute :siffle:
Chapitre 11 : Schnickeon, Chal et Perennis, de l'Affrontement des Favoris
Je reportais quelques instants mes yeux sur le Triomphe qui s’étendait plus bas, impérial. J’avais constaté, amer, que Schnickeon en faisait parti, suivant de quelques pas le char où trônait Commode. J’avais également remarqué un visage impavide qui était loin de m’être inconnu, et même si j’avais espéré me tromper, du fait de la distance qui me séparait de la procession, l’armure et le casque étaient bien celui de Julius Sentencius. Le centurion avait certainement fini sa sordide tâche, même si les rumeurs, encore plus insistantes maintenant que l’on était à Rome, affirmaient qu’un jeune inconnu, certainement un fils adoptif ou l’un des enfants illégitimes d’Avidius Cassius, avait réussi à échapper au massacre qui avait touché tous les membres de la famille du général.
A mes côtés, Lucius Coelius regardait lui aussi le spectacle, un léger sourire aux lèvres – je ne savais pas si je devais y voir du sarcasme ou de l’admiration. L’enquêteur était bon, et déjà de nombreux notables lui avaient confié des missions requérrant un minimum de discrétion dans une ville aussi bavarde que Rome. De plus – et c’était là ce qui avait emporté ma décision – l’homme avait déjà voyagé pendant de nombreuses années en Orient, j’espérais donc que la connaissance qu’il pouvait avoir des peuples de Judée Samarie lui permettrait rapidement de retrouver la trace de mon frère Chazam, disparu 1 an plus tôt.
http://img151.imageshack.us/img151/1699/triompheuv3.jpg
Une poignée de soldats triomphants passant sous l'arc de Titus
Tandis que son fils Jmlus restait sur place, les yeux grands ouverts et les cheveux en bataille, j’entraînais Coelius sous les arcades afin de lui donner toutes les informations qui pouvaient lui être d’une aide quelconque. Si nous étions d’accord que Chazam avait disparu aux environs de Jérusalem, Coelius estimait que son enquête devait débuter à Césarée, le port ou mon frère avait débarqué. Alors que je poussais Coelius à aller directement au cœur du problème, celui-ci me fit sagement remarquer qu’après plusieurs mois, la piste avait largement eut le temps de refroidir et que quelques jours de plus n’y changeraient rien. Coelius espérait surtout trouver des éléments expliquant la disparition de Chazam quelques jours en amont, alors que ce dernier effectuait le voyage entre Césarée et Jérusalem.
L’homme m’avait été chaudement recommandé, mais je découvrais là un homme honnête, patient, et qui s’annonçait méticuleux. J’avais toutes les chances de mon côté pour pouvoir retrouver Chazam. Tandis qu’une bourse pleine passait de ma ceinture à la sienne, je faisais une prière silencieuse aux dieux afin qu’ils guident Coelius sur la bonne voie.
Une semaine s’écoula, et j’imaginais déjà Coelius voguer sur la Méditerranée, quand vint l’heure du second triomphe pour Commode, moins formaliste mais tout aussi important que celui qui avait fêté la victoire de Marc Aurèle sur ses adversaires. Le petit morveux n’avait pas encore fêté ses 16 ans que son père lui offrait le titre de Consul, marquant par là même sa décision que son fils lui succéderait – ce qui était tout sauf évident pour le régime que nous connaissons .
L’année 177 commençait ainsi sous de bien mauvais augures, même si le plébéien de base se félicitait sottement de la décision du vieil empereur.
Je devais admettre que les choses avaient été faites en grand, et l’association de Commode aux victoires de son père laissait chez tous l’image d’un adolescent courageux et amené à rajeunir et revitaliser l’Empire. Le cadeau impérial que reçurent tous les Romains avait également largement favorisé la liesse qui s’étendait à toute la ville : après 8 ans d’absence, et pour fêter son retour et la position occupée par Commode, Marc Aurèle avait fait distribuer 8 pièces d’or, soit 800 sesterces, à chaque citoyen.
Un matin, un esclave apporta chez moi un petit sac de cuir fermé par un cordon, provenant directement du Palatin. Je l’ouvrais, et y trouvais les 8 pièces qui étaient traditionnellement distribuées aux seuls plébéiens. Je prenais l’une des pièces entre mes doigts, sans comprendre pourquoi je recevais ce qui apparemment ne m’était pas destiné, avant de blêmir et de lâcher le tout sur le sol en marbre. L’un des pièces roula sur 2 ou 3 mètres, avant de s’échouer contre la bute qui surélevait la grande cheminée qui réchauffait toute la pièce. La pièce sembla hésiter quelques instants, avant de tomber avec un petit bruit mélodieux.
Je me rapprochais, regardant le côté face de la pièce, parfaitement visible. Je reconnaissais le visage de Faustine, qui semblait cerné de flammes : l’or renvoyait les reflets venant de l’âtre, dans une image qui m’épouvanta. Même disparue, Faustine était appelée à me hanter, me poursuivant dans mes rêves et même ici, chez moi. Je quittais la pièce, sachant qu’à mon retour l’un des esclaves aurait certainement fait disparaître ces pièces qui m’effrayaient tant. C’était la première fois que j’avais sous les yeux le résultat de l’un des souhaits de Marc Aurèle, décidé un an et demi plus tôt à Halala – ou plutôt Faustinopolis. Des pièces à l’effigie de Faustine avaient donc été frappées après sa mort, empêchant quiconque (et surtout moi) d’oublier son visage.
http://www.faulquemont.com/coins/p_faustine_venus.jpg
Oh qu'elle est ... euh... belle !
Mais comme elles étaient rares parmi l’incroyable masse monétaire sortant chaque année du Trésor Romain, je n’avais pas à chercher loin pour trouver l’instigateur de ce cadeau empoisonné : Schnickeon se rappelait à mon bon souvenir, affirmant par là que je lui étais toujours redevable. J’étais surpris qu’il s’intéresse encore à moi alors que l’affrontement avec Perennis et son fils Chal prenait une tournure des plus sérieuses. Commode devenu Consul, il n’y aurait la place que pour un seul favori, qui concentrerait entre ses mains un pouvoir potentiellement illimité. Chacun des coups qui étaient désormais portés à l’autre avait pour but non pas seulement de l’éloigner de Commode, mais de le discréditer, lui faire perdre la face et la vie.
C’est dans ce climat particulièrement étrange que débarqua à Ostie le gouverneur de Cappadoce, Venitius Varon. L’homme avait deux ans auparavant sauvé la mise à l’empereur en Orient, s’assurant de la fidélité de ses troupes et faisant tout pour que la révolte d’Avidius Cassius soit circonscrite à la seule Egypte. Sa venue sembla surprendre agréablement Marc Aurèle, tandis que le reste de la Cour était dans l’expectative, s’attendant à un nouveau coup tordu entre Schnickeon, Perennis et Chal. Les courants se faisaient et se défaisaient au rythme des victoires des uns ou des autres, dans un ballet se révélant mortel pour celui qui se trompait sur le sens d’où soufflait le vent.
J’eus la chance, comme beaucoup d’autres, d’assister à l’entrevue entre Marc Aurèle et Venitius Varon. Celui-ci était suivi d’un jeune homme qui m’était parfaitement inconnu, et que Venitius présenta en ses termes à Marc Aurèle :
"- Altesse, j’étais présent lors du repas où vous avez assuré ne pas rejeter la faute du général Avidius Cassius sur sa progéniture, sa famille ou l’un des quelconques membres de sa descendance. Cette promesse, vous l’avez également faite auprès des Sénateurs, et il n’est pas dit que je laisse par mon inaction votre parole être désavouée, à votre insu, par des comploteurs. Ce jeune architecte s’est jeté à mes pieds alors qu’il fuyait depuis plus d’un an une mort certaine, celle qui s’est abattue sur ses frères, ses sœurs, sa mère, à travers tout l’empire. Altesse, je vous présente le dernier fils du général Avidius Cassius, Caius Avidius, et j’espère que vous trouverez celui qui complote contre votre auguste personne, en vous défiant de la sorte."
http://img187.imageshack.us/img187/6327/theatrebd3.jpg
Avant de construire ça, mange ta soupe ! (Avidius Cassius à son jeune fils Caius Avidius)
Quelques exclamations s’entendirent parmi les témoins, peu habitués à ce qu’un empereur se voit tenu un discours de la sorte. Je savais pourtant que Venitius Varon était certainement l’un des rares gouverneurs, peut être le seul, à pouvoir s’adresser de telle manière à Marc Aurèle : sa fidélité lui conférait une assurance et une liberté de parole que tous ne pouvaient avoir.
Tandis que Marc Aurèle digérait ces paroles, je m’attardais un peu sur les traits d’Avidius Caius. L’homme avait aussi de la trempe, après avoir fuit pendant des mois le glaive de Julius Sentencius, de se jeter ainsi dans la gueule même de l’ennemi. Mais c’était particulièrement judicieux, puisqu’il venait rappeler les paroles proférées par l’empereur et qui avaient été démenties par la suite - se plaçant ainsi sous sa justice, mais surtout celle de Rome, seule à même de le sauver. C’était très bien joué, et celui qui s’avéra un jeune architecte pu ainsi commencer sa carrière pour le bien de Rome, à construire cirques et amphithéâtres, une fois absout des fautes de son général de père.
Dans l’entourage de Commode, à quelques mètres l’un de l’autre, Perennis et Chal jubilaient tandis que Schnickeon présentait un visage livide.
http://img145.imageshack.us/img145/646/schnickyl2.jpg
Sauras tu retrouver qui s'ennuit et n'a plus d'amis ?
Chapitre 12 : Des qualités du jeune Caius Avidius, futur bâtisseur
La révélation faite par le gouverneur de Cappadoce, Venitius Varon, eut des conséquences directes sur l’entourage de Commode. Marc Aurèle, a qui il avait été fait le grief, en public, d’avoir au mieux été dans l’ignorance de l’assassinat commandité sur la famille du général Avidius Cassius, sinon d’avoir délibérément menti, ne pouvait laisser un tel fait entacher une réputation qui jusque là était sans faille. Je découvrais ainsi dans l’intimité un homme finalement assez soucieux de l’image qu’il laisserait dans la postérité. L’égo un tant soit peu exacerbé de tout homme ayant dans ses mains la destiné d’un Empire et de ses 70 millions de sujets ? Ou le philosophe qui ne voulait pas que les actes de toute une vie, appelés à être commentés par ses successeurs, ne soient jugés à l’aune de ce qui révélait, certainement, d’une faute ?
Même au service de cet homme, je n’eux jamais la certitude qu’il fut responsable ou non, directement, des nombreux décès ayant frappé la famille Cassius. Mais le déballage public qui avait suivit l’affaire obligea l’empereur à s’excuser auprès du dernier fils du général, Caius Avidius. L’affaire pu être arrangée par la conclusion d’un contrat visant la réfaction de bâtiments publics à Rome même, et dont Avidius se vit chargé par cooptation impériale. J’eus l’occasion par la suite de me trouver quelques fois en contact avec le jeune Avidius, et l’image qu’il me laissa était particulièrement mitigée. Le jeune architecte était talentueux, certes, mais ses qualités humaines bien plus discutables. Faisant peu de cas des ouvriers qui travaillaient sur les chantiers, il accélérait sans cesse les constructions, rognait sur les coûts et la sécurité, ce qui se traduisit par un nombre anormal d’accidents mortels lors des travaux. Sa réputation fut bientôt faite et Avidius vit rapidement le nombre de travailleurs libres travaillant sous ses ordres chuter, au point qu’il dut avoir recours à un nombre important d’esclaves pour colmater les accidents et les départs.
Chose étrange également chez un homme venant d’une famille illustre - bien que le nom du général ait été effacé des édifices suite à sa sédition – était cette passion que le jeune Avidius semblait avoir pour tout ce qui se rapprochait du monde de l’arène, des gladiateurs et du sable que l’on versait sur le sang encore frais sur la piste. C’était là une passion fort compréhensible pour la plèbe, qui trouvait là un exutoire à sa basse condition, mais bien plus rare chez les patriciens et les chevaliers romains. Les sénateurs continuaient bien à se déplacer dans l’enceinte du Cirque Flavien, mais c’était souvent par nécessité d’être vu, et il n’étaient pas rare d’en voir certains s’endormir sur les gradins tandis que la foule s’enthousiasmait devant une nouvelle hécatombe.
http://img291.imageshack.us/img291/3069/colisewx0.jpg
Avidius Caius regardant l'équivalant du Drucker local
J’avais de mon côté bien du mal à voir un quelconque intérêt à ces spectacles, ce que mon entourage mettait sur le compte de mon origine grecque. La vérité était bien plus crue : suivant Marc Aurèle durant ses 6 années de guerre sur les rives du Danube, j’avais eu sous les yeux une cohorte de blessés et de morts, peut être bien plus que tout autre chirurgien grec ou romain. Aussi voir des hommes s’entretuer pour le seul plaisir de pauvres hères qui emplissaient les cirques, cela dépassait mon entendement.
Avidius semblait donc particulièrement apprécier la vie qu’il menait à Rome, et jamais je n’entendis de sa bouche une quelconque plainte sur le sort qui avait touché sa famille. Je le soupçonnais rapidement d’avoir pris la fuite pour éviter le glaive de Sentencius, mais sans qu’il ait exprimé un quelconque regret quant au sort qui avait frappé ses parents ou sa fratrie.
Dans le même temps qu’il donnait d’une main, Marc Aurèle se vit dans l’obligation de sévir et le coupable fut tout trouvé : Schnickeon, le favori de Commode, celui qui prenait ses consignes du fils de l’empereur et faisait tout pour grader sa place auprès du futur héritier. Marc Aurèle montra là sa fine connaissance de la politique romaine, en n’agissant pas de manière frontale. Inculper Schnickeon aurait signifié discréditer Commode, or l’empereur semblait persister dans sa volonté de mettre sur le trône son fils, qu’il se révèle un incapable, un intrigant ou un assassin. L’homme vieillissant s’était mis des ornières, considérant que la légitimité de ses successeurs était la seule à même d’éviter de funestes écarts, comme avait pu l’être la rébellion du général Cassius.
Le lendemain de l’entrevue entre Venitius Varron et Marc Aurèle, une accusation insistante filtrait des palais du Palatin, mettant en cause le passé de Schnickeon et l’enrichissement démesuré fait sur le dos de l’Empereur et de ses sujets. Il était monnaie courante que des proches des empereurs s’enrichissent ainsi, et on gardait encore à l’esprit les fortunes démesurées des plus connus, comme Sénèque et ses 300 millions de sesterces, un siècle plus tôt. Schnickeon n’avait pu faire une telle razzia sur le trésor, mais les premières estimations parlaient d’une fortune acquise de plus de 40 millions, une somme scandaleuse sachant l’état de dénuement dans lequel était arrivé le proxènete grec 2 ans plus tôt.
Marc Aurèle pressa alors Commode de mettre un terme à la rumeur qui enflait et qu’il avait sciemment initié dans l’un des bureaux de travail de son palais. Son fils, qui perdait contenance de jour en jour, se sépara alors de Schnickeon et l’on vit se dernier, un matin, quitter la colline du Palatin avec or et bagages, amenant avec lui un nombre impressionnant de partisans qui s’étaient trop longtemps mouillé à ses côtés pour rester à la Cour une fois sa disgrâce venue. La procession se délita néanmoins rapidement, les courtisans s’égayant comme des moineaux pour fuir Rome et le destin fatal qui devait certainement frapper Schnickeon. Ce dernier se retrouva rapidement seul, flanqué seulement de quelques hommes de main, avec l’interdiction de quitter la ville le temps qu’une enquête se penche sur ses agissements.
http://img512.imageshack.us/img512/4677/processioncw3.jpg
La procession quitte le Palatin ? Hop, un regard derriére, on est pas sur de revenir ...
Des fenêtres de sa suite, Perennis avait du assister avec délice au départ de son rival. Schnickeon écarté, et avec son fils Chal dans les draps de Commode, Perennis s’était offert la place de favori et les espérances qui allaient avec.
Chapitre 13 : Où Otto reçoit un invité peu orthodoxe
Au bout de quelques semaines, Rome bruissait encore de l’humiliation infligée à Schnickeon, tandis que la multitude, l’échine courbée, se pressait autour de Perennis, espérant ainsi s’attirer les grâces du nouvel homme fort de Commode. Le peuple ne s’était pas trompé, depuis sa nomination comme Consul, Commode s’exerçait à ce qui serait bientôt sa future tâche. Comme en retrait, son père Marc Aurèle consacrait tout son temps à l’écriture de ses mémoires, semblant se désintéresser de ce qui se passait dans l’Empire. Et pourtant les nouvelles semblaient alarmantes de tous les côtés : les Parthes semblaient vouloir de nouveau faire ingérence dans le gouvernement proromain mis en place en Arménie, tandis que les barbares refluaient de nouveau sur les rives du Danube, après seulement quelques années de paix.
Tout cela me laissait de marbre. J’avais même complètement évacué de mon esprit le souvenir de Schnickeon et le chantage qu’il exerçait sur moi. Je ne songeai qu’à Coelius, dont je n’avais plus de nouvelles depuis plusieurs mois, depuis qu’il était parti en Palestine pour retrouver la trace de mon frère Chazam. J’envoyais chaque semaine un serviteur au domicile de Coelius, espérant chaque fois obtenir des nouvelles… il n’y en avait jamais. La femme de Coelius, BenArtistim, était morte d’inquiétude, tant pour son mari que pour son fils, Jmlus, qui avait accompagné son père dans son périple. Pour le former, avait-il dit, mais je commençais à penser qu’il avait mal évalué l’éventuel danger du voyage.
La vie à Rome continuait son lent cheminement, semblant éviter les aléas de ce qui se passait tout autour. Nous fûmes les derniers à entendre parler d’une épidémie de peste qui s’étendait à travers l’Egypte et menaçait, en emportant tous les travailleurs de la région, l’approvisionnement en blé de la capitale. Nous fûmes également les derniers à apprendre la recrudescence de violence qui touchait la Palestine et qui n’était pas du, cette fois, aux Juifs, mais aux Chrétiens.
Une nuit, un serviteur vint me réveiller pour m’annoncer qu’un visiteur tambourinait à la porte de l’insula. Mes hommes avaient beau avoir menacé de l’assommer si c’était le seul moyen pour le faire taire, il insistait pour me voir et affirmait que je le connaissais. Il n’avait bien entendu pas divulgué son nom.
Je passais une dague à mon côté et demandais à mes hommes de fouiller le visiteur, et de se tenir prêt à intervenir s’il se révélait dangereux. Cette manière si brusque de me tirer de mon sommeil était certainement signée Schnickeon.
Tandis que j’attendais dans le patio, sous la surveillance d’un serviteur, le visiteur entrait et, une fois assurée de son inoffensivité, se présentait à moi. Il semblait bien trop menu et trop petit pour être Schnickeon, mais il pouvait toujours s’agir de l’un de ses hommes. Quand je pu distinguer son visage, à la lumière d’une torche, je me rendais compte qu’il s’agissait non d’un enfant, certes, mais d’un adolescent, qui ne m’était pas inconnu. Et cette chevelure … je me jetais aussitôt sur lui, maintenant que j’avais reconnu Jmlus, le fils de Lucius Coelius. Le garçon s’était épaissi et avait gagné en stature, on pouvait déjà deviner l’homme qu’il serait plus tard. Son visage était presque noir, de poussière peut être, ou d’une année passée sous le soleil brûlant de l’Orient. Son regard, surtout, s’était affirmé, et j’y distinguais des éclats de dureté .Il était loin, l’enfant aux yeux papillonnant qui ne pouvait détacher son regard du Triomphe organisé un an plus tôt …
Si sa voix, qui terminait tout juste de muer, décrocha chez moi un sourire instinctif, les nouvelles qu’il m’apportait m’étourdirent au point que je dus m’asseoir pour encaisser toute l’histoire.
Coelius avait donc embarqué à Ostie avec Jmlus, et tous deux avaient vogué d’abord jusqu’au Pirée, afin de suivre le chemin exact de Chazam à son départ de Grèce. La situation sur place s’était dégradée, et la quasi totalité des apprentis de Chazam avaient abandonné le navire avant la faillite qui était inéluctable. Ils avaient ensuite accosté à Césarée, en Judée Samarie, et remonté le chemin jusqu’à Jérusalem, là où sa trace s’était perdue. Si Coelius avait rapidement compris qu’aucun négociant n’avait jamais vu Chazam sur place, il lui avait fallu des trésors d’ingéniosités pour dépasser les problèmes de la langue, de la religion et des cultures différentes pour progresser dans son enquête. Les résultats étaient là, épouvantables : Chazam était bien en vie, certes, mais son penchant déjà prégnant pour la liberté face au poids du monde romain l’avait fait franchir le Rubicon : plongé dans un monde étrange, dans un vaste chaudron de cultures cosmopolites se réclamant toutes bien plus anciennes que les Romains et même les Grecs, Chazam avait fait office d’éponge, emmagasinant toute la rébellion du monde oriental. Se voulant tout d’abord Juif, quand il avait contemplé les restes du dernier temple détruit à Jérusalem, il avait ensuite été conquis par le christianisme, y voyant certainement un exutoire à son rejet de Rome.
http://img296.imageshack.us/img296/1421/romegi9.jpg
Rejeter Rome, c'est rejeter tous les bienfaits de l'humanité ...
Tandis que la gorge nouée, je réclamais à l’un des serviteurs une coupe de vin, que je coupais d’eau avant de la boire d’une traite, Jmlus allait de révélation en révélation. Effectivement la colère grondait en Palestine, où les Chrétiens avaient décidé de partir en guerre contre la moralité romaine. Cela ne devait pas m’étonner, connaissant le caractère aventureux de mon frère, mais c’était bien Chazam qui avait pris les rênes du mouvement, n’hésitant pas à appeler à l’insurrection contre Rome. Quelques crucifixions avaient remis de l’ordre sur place, et Chazam s’était enfuit, décidé à apporter la graine de la rébellion non plus aux marches de l’empire, mais au centre même.
Je m’exclamais aussitôt et interrompais le récit de Jmlus.
-Tu veux dire que mon frère est ici ? A Rome ?
-Non, il a repris un autre bateau à destination de Massilia, et il souhaite remonter ensuite jusqu’à Lugdunum.
J’étais complètement décontenancé. Qu’allait bien pouvoir faire mon frère en Gaule, et quel était le rapport avec sa nouvelle foi ?
Jmlus sembla saisir mon incompréhension et me glissa :
-Tu sais, je les ai entendu parler, et je pense qu’ils veulent se faire soulever les Gaules…
L’idée était grotesque, et je n’osai imaginer dans quel délire obscurantiste avait bien pu tomber Chazam. La Gaule avait été conquise 250 ans plus tôt, et la romanisation y avait été excellente. Tous les aqueducs de Rome pouvaient s’effondrer avant que la Gaule ne fasse sédition comme une quelconque province d’Asie.
http://img372.imageshack.us/img372/9999/lyonsv4.jpg
Les futures pentes de la Croix-Rousse, surplombant Lyon, capitale des Gaules
Mais en y réfléchissant, l’idée n’était pas si ridicule, vu la place prépondérante qu’avait prise la Gaule dans l’économie romaine. Des révoltes en Arménie ou en Egypte étaient une chose, les menaces que pouvaient exercer les Barbares sur le Danube et les Gaulois de l’autre côté des Alpes en était une autre, bien plus grave, et menaçant directement Rome.
Mais qu’est-ce qui avait bien pu passer par la tête de Chazam ? J’étais atterré par cet histoire de conversion, tant les rites chrétiens nous faisaient horreur. J’avais entendu dire que chaque nouveau membre devait planter un poignard dans une épaisse couche de farine, dans laquelle était caché un nouveau né. C’était par cet acte ignoble que les Chrétiens croissaient, dans la culpabilité de chaque nouveau membre devenu un meurtrier de la pire espèce. Soudainement, je tiquais sur ce que venais de dire Jmlus.
-Tu dis que tu les as entendu parlé… de qui s’agissait-il ?
-Hé bien… de Chazam, et de mon père, entre autres ! me répondit Jmlus, en toute innocence.
Je tendais mon verre pour le remplir de nouveau, mais mes doigts tremblaient tellement que le verre m’échappa et se brisa sur le sol en mosaïques.
-Ton père… mais pourquoi va-t-il en Gaule ?
-Mais parce qu’il accompagne Chazam, tout simplement !
Et Jmlus de faire un mouvement d’épaules hautain, comme si tout allait de soi. J’eus soudainement envie de baffer ce mioche débile, qui semblait me prendre pour un crétin et en disait bien moins qu’il n’en savait. Je serrais les poings, et tentait de garder mon calme.
http://img519.imageshack.us/img519/3763/jmlusar4.jpg
Sale gosse ! Une grosse tignasse cachant une tête creuse !
-Mais dis moi… tout cela a encore un rapport avec l’enquête que j’ai confié à ton père ?
Jmlus leva les yeux au ciel, avant de m’achever :
-Non, il y va car il croit en Chazam, tout simplement !
Tandis que j’étranglais mentalement Jmlus et ses « tout simplement », je réalisais avec horreur que les conversions chrétiennes étaient en marche : j’en avais un exemple devant moi.
Maurice Morisson
29/06/2008, 20h30
En fait, c'est plus un AAR, c'est une histoire :lol:, et très bonne de surcroit:)
A mort Otto , vive Jesus ! :mrgreen:
En fait, c'est plus un AAR, c'est une histoire :lol:, et très bonne de surcroit:)
Merci ! :hello:
J'avais commencé vaguement un AAR il y a plus d'1 an sur Civ'Rome (sans histoire au début) mais c'est vrai que sur ce type de jeu, autant en faire quelque chose sinon c'est chiant comme la pluie ... c'est pour ça qu'on a rarement vu des AAR sur Sim City (heureusement...)
En plus j'ai encore de la marge, j'ai un AAR à faire sur Caesar IV :lol:
A mort Otto , vive Jesus ! :mrgreen:
Fais gaffe, toi, avec ta chevelure abondante qui te protége du soleil, il n'est pas impossible que tu ailles finir ta vie à construire des murs croulants en Créte :chicos:
Otto Granpieds
30/06/2008, 14h10
Ah la famille... http://www.leqg.org/forum/images/smilies/icon_mad.gif
C'est vrai que le christianisme s'est répandu rapidement dans l'Empire, dès le 1er siècle ap. J.C., mais d'abord surtout aux marges du judaïsme, dont les observateurs extérieurs pensaient qu'il était une "hérésie" et auprès de gens d'origine orientale.
C'est ainsi que Pothin (http://fr.wikipedia.org/wiki/Pothin_de_Lyon), premier évêque de Gaule (ce qui indique bien qu'il n'y avait pas de communauté organisée en Gaule auparavant) et martyrisé sous Marc Aurèle est d'origine phrygienne. Irénée (http://fr.wikipedia.org/wiki/Ir%C3%A9n%C3%A9e_de_Lyon), son successeur, est de Smyrne. Blandine (http://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte_Blandine), la célèbre martyre, venait probablement d'Asie Mineure.
De fait, les religions nouvelles qui parcourent le monde romain (culte isiaque, mithriacisme...) venaient d'Orient.
Les Grecs de Grèce ne semblent pas avoir été particulièrement attirés par le christianisme. En effet, même si le paganisme était en déclin, leur formation intellectuelle les pousse plutôt vers les écoles philosophiques et leur besoin de salut vers les cultes à mystères (orphisme, éleusisme, isisme...), d'autant qu'ils distinguent mal le christianisme du judaïsme, pour lequel ils éprouvent généralement une forte aversion.
La conversion de Chazam est donc assez surprenante et son projet de soulever les Gaules utopique, sachant qu'il ne devait y avoir au mieux que quelques miliers de chrétiens sur une population estimée à huit ou dix millions d'habitants.
Donc, je propose de ramener ce jeune exalté à la raison à coup de pompe dans le train... :fessée:
Ah... et on peut en garder un peu pour Jmlus :tongue:
A bas Jésus, vive Zénon !
Trés juste, tout cela ... :ok:
Aprés on peut imaginer que le panhéllénisme de Chazam (assez présent dans la communautée grecque ... ainsi en 64 ou 65 Néron avait déclaré une certaine "indépendance" à la Grece - trés limitée, certes, et vite infirmée dans les années qui suivirent ) bref cela l'aurait poussé vers une certaine detestation de Rome (que partageaient particuliérement les Chrétiens de cette époque)... de là, pourquoi pas une admiration qui le pousse à se convertir à la "secte" chrétienne au voisinage de l'Orient (il faut voir l'image qu'avaient le peuple romain des Chrétiens... comme cette histoire de bébé couvert de farine et poignardé, qu'on trouve dans l'imagerie romaine de l'époque de Marc Auréle)
Enfin bon tout cela se terminera soit à Rome, soit à Lyon (la ville qui connut le plus de martyrs dans les années 176-177), on retombe donc un peu sur le côté historique ;)
Résumé des épisodes précédents (pasque c'est un petit peu le bordel :lol: )
Printemps 175. Otto Grandpieos, savant d’origine grecque, suit l’Empereur Marc Aurèle et sa femme Faustine dans leur déplacement, en tant que médecin personnel. L’empereur philosophe, tout juste sorti d’une guerre de plus de 5 ans avec les Germains et d’une grave maladie, quitte la rive du Danube avec 4 légions, marchant en direction de l’Egypte. L’un de ses plus brillants généraux, Avidius Cassius, est brusquement entré en rébellion et s’est proclamé empereur, apportant avec lui l’adhésion des territoires sous son commandement : la Syrie et surtout l’Egypte et son Nil fertile, le grenier à blé de l’empire romain.
Se sentant usé, vieilli et fatigué, Marc Aurèle demande à son fils, Commode, de se joindre au voyage. L’adolescent, au caractère déjà difficile, amène avec lui toute une Cour de parasites, dont un proxénéte notoire chassé d’Athènes, Schnickeon. A force de brutalité et de bassesses, ce dernier devient le favori de Commode, et détient potentiellement un pouvoir considérable.
Le voyage est long, très long, et se fait principalement par voie de terre. Les semaines s’écoulent, et Otto Grandpieos, du rôle de médecin, tombe dans celui d’amant de l’impératrice Faustine. Celle-ci, usant de la naïveté du médecin, soutire depuis longtemps déjà des informations auprès d’Otto quant à la santé de l’empereur.
Otto Grandpieos apprend ainsi que c’est Faustine, se basant sur la très mauvaise santé de Marc Aurèle, qui a en sous-main provoqué la rébellion du général Cassius : Sentant la mort prochaine de son mari, elle promet à Cassius sa main si celui-ci s’empare rapidement du pouvoir qui risque d’être de tomber dans les mains de Commode, encore bien jeune. Faustine espère t’elle régner à nouveau auprès de Cassius, quitte à se débarrasser de son propre fils, Commode ?
Le Général Cassius, justement, connaît des désillusions. Une partie des provinces de l’Orient sont restées fidèles à Rome, à commencer par la Cappadoce, où exerce le gouverneur Venitius Varron. Les troupes ne sont pas non plus toutes prêtes à faire allégeance au rebelle, et un centurion, Julius Sentencius, n’hésite pas à assassiner le général Cassius à l’été 175. Il apportera sa tête en trophée auprès de Marc Aurèle, qui s’en détournera, dégoûté. L’Empereur veut être magnanime, et déclare ne vouloir tirer aucune vengeance auprès de la famille du général assassiné. Dans les faits, il n’en est rien, et Sentencius traverse une partie de l’Empire pour ôter la vie aux membres de la famille Cassius.
Dans le même temps Faustine s’inquiète de plus en plus des révélations qui ne devraient pas tarder à faire surface : les lettres envoyées à Avidius Cassius, et qui révèle son implication dans ce complot. Déjà grandement commotionnée, et après plusieurs tentatives ratées de suicide, elle demande à son amant (et médecin) Otto Grandpieos de lui ôter la vie, n’hésitant pas pour cela à le faire chanter. Otto prépare un poison fulgurant puis, se ravisant, cache la fiole dans ses bagages. Pourtant, le lendemain, il découvre que la fiole a disparue, et que Faustine est morte durant la nuit : c’est son poison qui l’a emporté.
Ne sachant plus trop s’il a été directement ou non l’instrument du crime, Otto apprend, alors que tout l’équipage est enfin arrivé en Egypte, que Schnickeon, le favori de Commode, s’est emparé de la fiole pour faire boire le poison à Faustine. De plus, Schnickeon connait également la relation qui existait entre le médecin et l’impératrice. L’information semble avoir peu de valeur, puisque le corps de Faustine a déjà été incinéré et que la mort est naturelle… comme l’a annoncé le médecin de la Cour, là encore Otto Grandpieos…
Pourtant, Schnickeon dispose désormais d’une arme redoutable contre Grandpieos, qui peut l’amener directement à la décapitation.
Après plusieurs années d’absence, Marc Aurèle décide enfin de revenir à Rome, non sans passer par la Grèce. Otto espère y retrouver son frère, Chazam, qui tient à Athènes une florissante entreprise de commerce. Las, Otto apprend que lors d’un voyage en Palestine, son aventurier de frère a étrangement disparu.
De retour à Rome, fin 176, Otto engage un célèbre privé de la ville, Lucius Coelius, afin d’enquêter sur la disparition de Chazam. Coelius embarque aussitôt pour la Grèce puis la Palestine, entraînant avec lui son jeune fils, Jmlus, qu’il espère voir prendre la succession de son affaire dans les années à venir.
A Rome, l’ambiance devient très étrange. Commode est nommé Consul malgré son jeune âge et son inexpérience, et Marc Aurèle semble se tenir en retrait. Le pouvoir est donc détenu en partie par Commode et son entourage, où les favoris se font la guerre pour obtenir les faveurs du futur empereur. Schnickeon a de plus en plus de difficultés à garder son emprise sur Commode, surtout face à un favori sans scrupule comme Perenis : Ce dernier n’hésite pas à prostituer son propre fils Chal auprès de Commode afin d’avoir son appui. Enfin débarque à Rome le gouverneur de Cappadoce, Venitius Varron, qui fait éclater au grand jour l’odieuse traque au sein de l’Empire : la très grande majorité de la famille du générale Avidius Cassius a été assassinée par le centurion Sentencius, malgré les propos réconfortants de Marc Aurèle un an plus tôt. Venitius Varon présente à l’assistance le dernier fils survivant du général, Caius Avidius, et demande la pitié de l’empereur. Marc Aurèle, qui ne peut se déjuger, lance une enquête sur ces meurtres, dont la paternité rejaillit sur le favori de Commode, Schnickeon. Celui-ci doit abandonner les palais du Palatin et semble en bien mauvaise posture, tandis que Perenis et Chal, qui ont œuvré pour ce coup d’éclat, prennent sa place auprès du futur empereur.
C’est à cette période, courant de l’année 178, que Otto Grandpieos reçoit enfin des nouvelles non pas de Coelius l’enquêteur, mais de son fils Jmlus. Chazam est bien en vie, même si son voyage en Palestine a eu comme conséquence de refaire sortir sa fibre contestataire. Converti au christianisme, Chazam a fait des émules autour de lui, à commencer par Coelius. Les deux hommes ont ainsi embarqué pour Massilia, avec comme objectif final la capitale des Gaules, Lugdunum, où Chazam espère, par son radicalisme, lancer un vaste mouvement de rébellion contre la mainmise romaine.
Endormis depuis quelques décennies, les troubles religieux semblent ressortir un peu partout dans l’Empire, tandis que les Germains se montrent de nouveau menaçants, n’hésitant plus à faire des razzias sur les territoires au nord de la péninsule italienne...
http://img144.imageshack.us/img144/7439/romevk1.jpg
Rome : au fait de sa gloire, ou au début de sa décadence ?
Chapite 14 : le Retour de Baton
Je laissais Jmlus rentrer chez lui, où il trouverait certainement une mère en pleurs, persuadée qu’elle était depuis des mois que son mari et son fils avaient été enlevés par des mercenaires du désert, ou s’étaient retrouvé sur un îlot oublié après le naufrage de leur navire. Ma colère contre l’adolescent était retombée, et j’imaginais maintenant les dangers qu’il courrait du fait de l’insouciance de Coelius. La loi était toujours sévère quant au prosélytisme chrétien, et les actions du père pouvaient fort bien nuire au fils – mais Coelius, malgré son aveuglement, avait du certainement en toucher un mot à Jmlus, puisque ce dernier s’était vu confier la tache de mettre sa famille à l’abris.
Cette notion même d’abris me glaçait le dos, car elle me donnait une idée (bien maigre, certes) de ce que Coelius et donc Chazam souhaitaient faire à Lugdunum. Je secouais la tête, imaginant Chazam à la tête d’une armée de chrétiens, parcourant la ville pour y mettre le feu à chaque lieu de culte romain. L’idée était absurde et aurait pu me faire rire, en d’autres circonstances. Or là, je tremblais pour Chazam. Ces événements m’avaient définitivement coupé le sommeil et je passais le reste de la nuit à visualiser les événements, ne sachant sur quel pied danser. Un instant, je maudissais Chazam et son intrépidité qui l’avait conduit à la ruine, et peut être au crépuscule de sa vie. La minute d’après, j’étouffais un sanglot et tentais d’élaborer une stratégie pour le sortir des griffes chrétiennes et le ramener à la raison. L’aube me surpris, croulant sous la fatigue et l’inquiétude, et je tombais comme une masse.
http://img388.imageshack.us/img388/4346/rome1vg1.jpg
Le soleil se lève et baigne Rome de sa lumière étourdissante, et moi je ronfle …
Après mille atermoiements, je prenais enfin la décision de quitter Rome et de rejoindre Lugdunum à cheval. J’emmènerais avec moi un ou deux serviteurs afin qu’ils assurent ma sécurité, tandis que le climat particulièrement doux en ce fin d’hiver faciliterait le voyage jusqu’en Gaule. Je me rendais donc au Palatin, et faisait part à Marc Aurèle de mon souhait d’être libéré quelques semaines de ma tâche de médecin auprès de sa personne. L’empereur approuva ma demande après que je lui ai expliqué en quelques mots les faits sur la disparition de mon frère. Je prenais garde de cacher l’essentiel, à commencer par ces histoires de christianisme. Connaissant le tempérament de César quant à tout ce qui touchait aux chrétiens, je ne doutais pas une minute que mon expédition aurait été grandement compromise si je n’y avais fais ne serait-ce qu’une allusion.
Une fois obtenue son accord, je retournais chez moi, afin de mettre en place les préparatifs du départ, que je fixais à la semaine suivante.
Il était dit que chaque jour me préparait une nouvelle visite. A ma porte patientait un esclave armé qui me jaugea, avant de m’annoncer que son maître m’attendait à l’intérieur. L’esclave dégageait une forte odeur d’ail et j’en déduisais qu’il s’agissait certainement d’un gladiateur qui, par tradition, en mangeait des gousses entières afin d’inquiéter ses adversaires.
Comme je rentrais dans l’atrium, j’y trouvais, placé sous le regard inquisiteur de deux de mes serviteurs, Schnickeon.
http://img372.imageshack.us/img372/3204/rome3mg7.jpg
La même vue, mais le lendemain
L’homme avait physiquement énormément changé en quelques mois : la disgrâce transforme un homme ! Ayant perdu tout son surpoids, Schnickeon était maintenant presque émacié, il se frottait nerveusement les mains et son regard dansait d’un point à l’autre, ayant du mal à se stabiliser en un endroit précis. Ses yeux… imaginais-je cette lueur malsaine, ou sommeillait-elle vraiment là ? L’homme avait perdu presque tous ses appuis, l’enquête demandée par Marc Aurèle n’avait pas encore abouti mais Schnickeon devait sentir déjà venir le souffle de la prison, d’abord, et de la mort ignominieuse qui allait de pair. Se sentant acculé, Schnickeon n’avait maintenant plus qu’un moyen de survivre : montrer les dents et se faire le plus menaçant possible. Aussi, alors que je lui demandais la raison de sa présence, il me répondit de faire sortir mes serviteurs. Il était désarmé, comme ils avaient pu le constater, et donc inoffensif. Quant à son gladiateur qui était resté à l’extérieur, j’en étais protégé par un mur épais et une solide porte. Je faisais sortir mes hommes, n’attendant qu’une chose, le départ de Schnickeon. Aussi, alors que je lui redemandais le but de sa présence, sa réponse me stupéfia.
« - Tu dois tuer César.
Je reprenais mon souffle, avant de lui lancer, encore choqué :
-Tu es complètement fou …
-Fou, non, déterminé, oui. Débarrasse toi de Marc Aurèle, quel que soit le moyen, et disparaîtra avec lui ton sentiment de culpabilité concernant Faustine. Ce ne doit pas être trop difficile pour toi de t’en approcher, et tu as déjà prouvé que tu étais très fort en poison. Bref démerde toi, mais tue le.
Négligemment, je me pinçais la paume de la main afin de m’assurer de la réalité de toute la scène. Reprenant mes esprits après ces terribles paroles, je pu lui répondre :
-Je ne veux pas discuter de cela plus longtemps ave toi. Tu connais la sortie, tu n’auras pas besoin que mes hommes t’ouvrent le chemin…
-Tue le, ou alors je m’arrangerais pour que après-demain, non demain, même, Marc Aurèle trouve un document prouvant ta participation au complot entre Faustine et Cassius. Comment réagira un empereur cocu, à ton avis ?
-Tu es malade, bon à enfermer… je ne toucherai jamais à la vie de César, quelles que soient les menaces que tu exerces sur moi… Et en quoi la mort de l’empereur te profiterait ?
-Oh, dans un premier temps ça prolongerait certainement ma vie de 30 ou 40 ans. La tienne aussi, par la même occasion, même si je ne pense pas que tu tiendras autant.
Je déglutissais, ayant la désagréable impression d’être un insecte pris dans les filets d’une araignée. Schnickeon avait toujours été dangereux, et maintenant qu’il était aux abois, il était plus que jamais un ennemi mortel.
-J’en parlerais à Commode. Je ne suis pas sur qu’il apprécie pleinement ce que tu projettes, et…
Schnickeon éclata alors d’un rire joyeux, presque enfantin, qui me glaça encore plus.
-Commode ? C’est déjà lui qui m’a demandé de donner le poison à sa mère, quand il a su le sort que Faustine lui aurait réservé avec l’aide de Cassius… Je ne suis pas sur qu’il passerait à l’acte pour son père, mais s’il devait mourir subitement, crois moi, le chagrin causé par la disparition de Marc Aurèle serait très rapidement calmé par son nouveau statut d’empereur.
-Et toi tu espérerais ainsi revenir dans ses bonnes grâces…
Ce fut peut être la pensée de Chazam, de la détermination dont il semblait habité, qui me donna le sursaut de courage qui me manquait jusque là.
J’avançais vers Schnickeon, prenant ce qui devait être mon air le plus menaçant, réellement pris d’une rage que je n’avais pas connue jusque là.
-Tu vas sortir de cette maison, et ne plus jamais y revenir. Par la même occasion, tu vas te fourrer tes menaces où je pense, car elles ne marcheront jamais sur moi. Si tu divulgues quoi que ce soit, ce sera ma parole contre la tienne, et j’y laisserai certainement des plumes, mais tu y laisseras aussitôt la vie, aussi sur que je suis médecin. Maintenant disparais de ton plein gré, ou ce sont mes hommes qui vont te faire sortir à coups de bâtons !
Cela sembla faire son effet sur Schnickeon, qui se détourna de moi et, après quelques instants, sortit de l’atrium en direction de l’entrée. Une exclamation retentit derrière l’un des portiques donnant sur la pièce et je vis l’un de mes serviteurs, Lafritius, s’approcher, un glaive à la main. Il me glissa :
-Maître, ne le laissons pas partir… tant qu’il est dans les murs, nous pouvons nous en débarrasser.
Je posais ma main sur son poignet, et Lafritius baissa son arme. Je n’étais pas comme tous ces Schnickeon, ces Perenis, ces Chal… la vengeance et la violence ne faisaient définitivement pas partie de mes mœurs.
Oh, bien sur, j’avais commis là une faute gigantesque, et jamais Schnickeon n’aurait du sortir de là vivant. Néanmoins, souhaiter la mort de mon ennemi était encore une étape qui me semblait insurmontable. Que j’étais naïf, voir bête !
http://img201.imageshack.us/img201/331/rome2eq3.jpg
Chez moi, ça craint …
Le lendemain, après un passage sur le Forum, je rentrais chez moi et trouvais la porte de ma demeure entrouverte. Alors que je blêmissais à vue d’œil et que j’allais hurler le nom de ma femme et de ma fille, Lafritius, qui m’avait accompagné dans la matinée, sortait son arme et me poussait de côté avant d’entrer le premier dans la propriété. Du coin de l’œil, je notais la présence d’une échelle posée contre le mur extérieur. Enfin, malgré les exhortations à la prudence de Lafritius, je courrais dans les différentes pièces de la maison. Ici et là, des traces de violence inouïe, derrière une porte, le corps inerte du cuisinier, sa poitrine se soulevant difficilement, une plaie béante sur le thorax par laquelle je voyais poindre quelques bulles de sang au rythme de sa respiration. Je détournais la tête, trouvais d’autres corps, mes serviteurs, tous transpercés par de furieux coups d’épée. Je vis Lafritius revenir des chambres à coucher, aussi blême que moi.
Je balbutiais :
-Et … Ma femme… ma fille … Où sont Randoma et …
Lafritius fit seulement un non de la tête qui était plus éloquent que n’importe quel mot. Je reprenais mon souffle avant de hurler dans la pièce dévastée par les hommes de Schnickeon.
PS : Sur cette partie, les images ne correspondent pas forcémment à l’intrigue… disons que je suis en période de rodage, j’ai fais des testes entre Imperium Romanum, Caesar IV et Civ City Rome
Le 1er screen en haut est tiré de Imperium Romanum, tandis que les 2 suivantes viennent de Caesar IV. J’ai essayé de reconstruire dans CaesarIV une ville sur le même fonctionnement que celle dans Imperium Romanum (des champs fertiles, entourés des habitations de la ville qui déborde) et même chose dans CivCity Rome (pas de screen ici : j’ai eu un soucis de sauvegarde… la flemme de recommencer)
Ca permet de se faire une idée sur les qualités graphiques du jeu (A mon avis, Civ Rome devant Caesar IV, lui-même devant Imperium Romanum), la richesse des édifices (Caesar revient en tête) et les possibilités et l’interet (et là aussi c’est Caesar que je priviligierais)
...
Venitius Varron, qui fait éclater au grand jour l’odieuse traque au sein de l’Empire : la très grande majorité de la famille du générale Avidius Cassius a été assassinée par le centurion Jmlus, ...Y'a une coquille : c'est Sentencius l'assassin , pas le gentil jmlus ;)
Granpeos est toujours aussi bête :o: et le récit toujours aussi excellent :ok:
Oups, bien sur ... rectifié ;)
SeNTEnZa
24/07/2008, 11h19
Moi bien aimer zigouillus la moitié de rome! ... on pourra dire que les descendants de Sentencius formèrent un clan, appelé mafia & camorra! :mrgreen:
Chapitre 15 : The Good Otto, the Bad Schnickeon and the Ugly Sentencius
Dans l’heure qui suivit, je fis le tour de la villa et de ses jardins, essayant de trouver des indices sur la disparition de ma femme et de ma fille. J’essayais de me rassurer en me disant qu’elles étaient sorties au moment où les hommes de Schnickeon étaient venus ravager la maison, mais cette petite voix angoissante qui trottait dans ma tête depuis quelques temps ne laissait pas de me renvoyer à des détails inquiétants. Si les femmes étaient sorties, pourquoi toute la toilette de Randoma était encore présente dans l’une des pièces, alors qu’elle ne sortait jamais sans prendre avec elle tout ce qui était bon à lui rajeunir le visage, quel que soit l’heure ? Si nos servantes les avaient accompagnées, comme il se devait, pourquoi avais-je retrouvé le corps de l’une d’entre elles, les yeux remplis de terreur, le visage entaché de sang à moitié plongé dans le principal bassin du jardin ?
La voix s’amplifiait, presque criarde maintenant, m’abjurant de constater de mes yeux ce qui s’était réellement passé. Après avoir posé une échelle contre le mur extérieur donnant sur notre jardin, l’un des hommes de Schnickeon s’était introduit dans la place et avait, le plus silencieusement possible, égorgé l’esclave qui surveillait le portique principal. Il avait du ensuite ouvrir les portes à ses complices, qui avaient alors déferlé dans les jardins et la maison, tuant tous ceux qui tentaient de leur barrer le chemin. L’attaque, d’une violence inouïe, n’avait dû durer que deux ou trois minutes, puisque le voisinage semblait ne pas avoir entendu quoi que ce soit qui sortait de la normal. Qu’il est commode, parfois, de ne voir dans les cris d’une servante qu’on égorge que les simples jérémiades d’une femme que son mari corrige …
Les hommes s’étaient ensuite enfuis avec leurs otages, non sans laisser une marque distinctive qui ne faisait aucun doute sur qui ils étaient. Lafritius avait trouvé les restes d’une gousse d’ail jetée à l’extérieur de la propriété, à proximité de l’échelle. Le gladiateur qui avait enjambé le muret s’en était joyeusement badigeonné l’intérieur de la bouche, or j’avais déjà vu cet homme auparavant auprès de Schnickeon. Ce dernier n’avait donc nullement été découragé par la détermination que j’avais affiché peu auparavant, et disposait désormais du meilleur moyen de pression envisageable pour me pousser à aller dans son sens. Si je me débrouillais pour ôter la vie de Marc Aurèle, Schnickeon laisserait peut être ma famille en vie. Si je m’obstinais, leur sort serait bien plus sombre. Mais dans tous les cas, je n’avais aucune assurance que Schnickeon, dans l’immédiat, tienne sa part du marché. Et même si… la voix était revenue, encore plus cynique, appuyant là où cela faisait mal. Jamais Schnickeon ne laisserait subsister une preuve du complot qu’il avait ourdi. Aussitôt Marc Aurèle disparu, ma famille et moi même serions supprimés, et notre secret s’en irait avec nous.
Avais-je peut être déjà pris ma décision une heure plus tôt, quand j’avais cru comprendre, à voir le visage décomposé de Lafritius, que ma femme et ma fille m’attendaient déjà de l’autre côté du fleuve, sur la rive des morts ? L’image s’imposait sans relâche à mon esprit : je voulais voir Schnickeon crucifié, agonisant misérablement sur une croix comme n’importe quel fugitif, endurant mille calvaires avant d’enfin libérer ce monde de sa sinistre présence. La rage s’était métamorphosée en une haine folle, incontrôlable, qui m’enlevait tout pouvoir de réflexion et me laissait presque tremblant, m’épuisant moralement et physiquement. Une fois mes forces revenues, je me rendis au Palatin.
http://www.maquettes-historiques.net/R86X.jpg
le Mont palatin sous les Césars
Lafritius tenta bien de m’en empêcher, mais je le repoussais, et je le vis, du coin de l’œil, me suivre pour m’éviter tout geste définitif. Arrivé au palais impérial, je regardais en direction des appartements de Marc Aurèle. Le poison qui avait emporté Faustine pouvait faire de même avec son mari, un homme vieilli et qui avait déjà failli succomber, lors de la campagne en Germanie, à des maladies qui l’avaient laissé amoindri. Un instant d’intimité avec l’Empereur, et le tour était joué… un couloir, quelques portes que je passais les unes après les autres, un vestibule que j’avais tant de fois franchi… puis des appartements qu’il m’était déjà arriver de traverser, mais pas depuis un moment. Là, derrière cette porte, l’homme que j’étais venu voir : Perenis.
Le favori de Commode sembla assez étonné de me voir. Et pourtant, derrière ses yeux gras, une lueur froide et intelligente, celle de l’homme qui voit enfin venir à lui ce qu’il attendait, avant même que vous n’ayez pris conscience que vous faisiez parti de son jeu depuis le début.
Perenis m’écouta silencieusement, posant seulement quelques questions quand il voulait plus d’informations. A la fin, il se retourna vers son fils Chal avec un sourire limpide, presque beau, celui de l’homme qui a enfin atteint le but qu’il s’était fixé. Je quittais rapidement le Palatin et rentrait dans ma villa.
Lafritius, voyant que je n’avais pas de pensée néfaste, était revenu depuis plusieurs heures et, après avoir acheté quelques esclaves auprès de ses connaissances, s’était attelé à redonner une certaine allure à la maison. Le sang avait disparu, les corps ne jonchaient plus le sol, de nouvelles tentures étaient en passe de remplacer les précédentes ravagées lors de l’assaut. Sans que j’ai besoin de le lui demander, Lafritius arma la totalité des esclaves, organisant des tours de garde aux abords de la maison.
Je montais sur le toît et regardais, songeur, le soleil se coucher derrière l’Esquilin. Ma colère était tombée, me laissant toujours tremblant, ravagé par ce que j’avais mis en branle. Aux quatre coins du domaine, la nuit s’illumina des torches portées par les esclaves qui guettaient toujours.
http://img118.imageshack.us/img118/1565/feukx6.jpg
J'ai dis d'éclairer, pas de foutre le feu au batiment, non plus ...
Etrangement, je trouvais facilement le sommeil, puis une nouvelle journée remplaça celle qui s’était achevée. Ces quelques heures écoulées m’avait vu plus changer que les 20 ou 30 années précédentes, qui m’avait vu passer du statut d’adolescent à celui d’homme, de grec hésitant à celui d’homme de science respecté. J’étais soudainement passé d’homme à … je tiquais. Impossible de mettre un mot sur ce sentiment étrange, qui me donnait soudainement l’impression d’évoluer dans le corps et l’esprit d’un étranger. Un homme nouveau ? J’avais plutôt la sensation d’une régression.
La journée s’écoula, tandis que la vague de chaleur inattendue qui était tombée sur la ville une semaine plus tôt laissait place à l’odeur pesante qui accompagne la foudre quand les dieux la font tomber sur Terre. Tandis que le soleil faisait place à de lourds nuages, la température sembla chuter instantanément. Dans le voisinage, j’entendais des chiens se mettre à hurler à la mort, et les Romains se mirent à regarder le ciel comme s’il allait soudainement s’effondrer sur la ville et tout ravager jusqu’à ce que toute trace de civilisation ait disparue. Alors que les prêtres faisaient des offrandes dans les temples, les éclairs ravagèrent le ciel, et des flots diluviens s’écrasèrent sur nous, pauvres humains. Tous les habitants se mettaient à l’abris face à cette tempête sauf, pensais-je, quelques mains besogneuses dont j’attendais des nouvelles.
Cette lente attente trouva son épilogue un peu avant la nuit tombée, lorsque le soleil couchant balaya les nuages et que les dieux, calmés par les offrandes, laissaient ressurgir quelques rayons baignant la ville d'un éclat d'incendie.
http://img118.imageshack.us/img118/4294/romekf0.jpg
Aprés la tempête, le calme ?
Le moment venu, les hommes guettant au portique m’annoncèrent l’arrivée d’une petite troupe fortement armée. Je reconnus aussitôt leur chef et le priais de me rejoindre dans l’atrium. Le centurion Sentencius se débarrassa de son casque et me tendit le sac qu’il portait attaché à sa ceinture. La scène me rappela furieusement, le temps d’un instant, le moment ou Sentencius avait apporté de la même manière la tête du général Avidius Cassius à Marc Aurèle. L’empereur s’en était détourné, choqué, et j’avais admiré son honnêteté. Comme le temps pouvait changer un homme ! Sentencius déposa le sac et me laissa le soin de l’ouvrir. Je regardais le centurion droit dans les yeux, ne posant pas la question aurait du me brûler les lèvres. Un instant, je cru voir de la sympathie chez cet homme de violence. Il m’annonça ce que je redoutais, mais que j’avais provoqué sciemment. Ma femme et ma fille avaient été assassinées par les hommes de Schnickeon quand ceux-ci avaient vu la situation leur échapper et qu’ils avaient compris que Sentencius et ses soldats ne feraient pas de quartier.
Je ne ressentais plus rien. Je sortis la tête du sac et scrutait les pupilles fixes de Schnickeon, essayant d’y deviner la souffrance de ses derniers instants avant que Sentencius ne le décapite
ps : Etant parti en vacances sans prendre le jeu avec moi :siffle: les images sont tirées des images sur le net. Par contre étant à Nice, je compte profiter des photos que j'ai pris dans le coin concernant les vestiges romains (nombreux) qu'on trouve dans la région pour la suite :wink:
Otto Granpieds
27/08/2008, 22h43
:clap: :clap: :clap: :clap: :clap: :clap:
En plus, belle description d'adolescent (jmlus) ce mioche débile
Enfin, on en passe tous par là...:siffle:
:mrgreen:
La suite viendra, mais pas tout de suite (vacances, puis boulot, ça n'aide pas à avoir du temps pour soi :lol: ) ... bref ce week-end, ou sinon milieu de semaine prochaine ;)
GA_Thrawn
01/12/2010, 15h02
Sans doute un des meilleurs AAR du forum! :priere:
Ouarf c'est trop :honte:
D'autant plus que je l'ai jamais fini (j'avais bien l'histoire en tête et la fin, des rebondissements, et on découvrait les personnages que j'avais mis dans l'autre AAR, comme Akmar le goth-qui-était-devenu-muet-le-jour-ou-sa-famille-a-été-massacrée) le tout un peu par fainéantise (et surtout parce que j'arrivais plus à trouver un quelconque interêt à Imperium Romanum)
Sinon j'ai écrit une autre histoire sur un jeune sortant de Science Po et devenant l'assistant d'un candidat à une mairie de province, tout ça parce que le candidat en question (qui le fascine) a une fabuleuse tare politique : il est mythomane et donc particuliérement instable :o:
Il faudrait que je trouve un jeu adéquat pour pondre l'AAR :chicos:
Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii! :jumpy:
:foule de jeunes pucelles en délire devant leur Héro Mâle, leur star testostéronée préfée : marlouf l'AARiste!: :banana::banana::banana:
Désolé, je m'auto-cite, mais franchement, c'est pour ne pas me repéter la voix à brailler mon admiration. :):hello:
Et vivement ce prochain AAR ! :a pris note: :mrgreen:
Otto Granpieds
11/09/2011, 09h41
Sinon j'ai écrit une autre histoire sur un jeune sortant de Science Po et devenant l'assistant d'un candidat à une mairie de province, tout ça parce que le candidat en question (qui le fascine) a une fabuleuse tare politique : il est mythomane et donc particuliérement instable :o:
Il faudrait que je trouve un jeu adéquat pour pondre l'AAR :chicos:
Y a pas de simulation de l'ENA ? :mrgreen:
Y'a bien geopolitical simulator... Et comme tous les chiffres sont bidons et les options buggées, effectivement ça simulerait très bien l'ENA :lol:
vBulletin® v.3.7.6, Copyright ©2000-2025, Jelsoft Enterprises Ltd. Tous droits réservés - Version française vbulletin-fr.org