Voir la version complète : AAR Civcity Rome
Voilà, le début d'un AAR sur Civcity Rome (le jeu mixant Civilization et Caesar) :)
Pour ceux qui ne connaissent pas ( de toute façon le jeu a du faire un flop :?: ça donnera une petite idée de comment ça marche - en fait même pas, quand j'y pense :lol: )
CHAPITRE 1 : Panem et Circenses
181-189 après JC
Les cirques voient leurs travées toujours bondées sous le règne de notre empereur, Commode.
Féru de jeux du cirque, il m’a envoyé moi, Caius Avidius, dans la ville de Gortyne, au nord de la Crête, afin d’y fonder une puissante industrie du jeu et de la chair.
A mon arrivée sur l’île, le constat est amer : tout sur place est à construire, même si certains anciens édifices Grecs peuvent nous servir de base. Un avantage certain, les carriéres de pierre à proximité et dans lesquelles mon fidéle ami, le Préfet Venitius Varon, a déjà envoyé des cohortes d’esclaves afin d’en extraire la matiére pour nos futurs édifices.
La charge est importante, puisque confiée par l’Empereur, mais également risquée. L’empereur, loin d’être commode, m’avait en effet annoncé qu’en cas de réussite, il viendrait sur place afin d’affronter quelques gladiateurs dans l’arène, comme il en avait coutume dans la bonne ville de Rome.
Mais si j’échouais, je serais envoyé à la pire des places qui soit quand on gère, comme moi, des cirques : au centre de la piste, entre les mâchoires des lions.
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Mais tout cela n’était encore qu’une pensée bien lointaine dans mon esprit alors que j’arrivais sur l’île.
Je fus logé dans une petite masure, une épouvantable construction qui contrastait avec ma luxueuse villa du Latium, et dont je restais le plus possible éloigné afin d’échapper aux effluves nauséabondes du poissonnier tout proche. Avec du recul, ce logement me fut certainement attribué à dessein puisque ainsi, je passais le plus clair de mon temps au travail, ne quittant les gladiateurs et les carrières de marbre qu’au plus profond de la nuit, quand l’obscurité était si forte que, abruti de sommeil, je ne pouvais que glisser sur les têtes de poissons et le sang séché empestant le varech et la décomposition. Le poissonnier, un affreux bonhomme rougeaud de basse extraction, ne semblait tout simplement pas pouvoir me piffer. Comment je supportais ces menus tourments et je finis par me débarrasser de ce ver, c’est là une autre histoire que je vous conterais un peu plus tard.
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Ceci étant, la ville se situait sur un site admirable, qui déjà me fit envisager une superbe construction, un enchevêtrement de temples, palais et cirques qui contenteraient le peuple, peut être, mais Rome, surtout.
Au bout de plusieurs mois d’un travail acharné, je pu enfin coucher sur une feuille de lin ce plan magnifique qui, des siècles plus tard, en ferait certainement la perle de la Méditerranée.
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Bien sur, une telle vision ne pouvait frapper que les esprits les plus vigoureux, et laisser pantois les plus écervelés. La réponse de César ne se fit pas attendre puisque, 18 jours plus tard, Venitius Varon me faisait mander au port. Un cadeau spécial de Commode m’y attendait, arrivée le matin en même temps que quelques cohortes de légionnaires : 2 tigres et un lion en cage. Je reconnaissais bien là l’humour grossier du Chef suprême du Monde, et essayais d’en rire. Mais le message était bien passé, et il fallait maintenant que je me surpasse afin de ne pas me faire croquer par le cadeau impérial que je venais de recevoir. Je plaisantais même avec Venitius quand celui-ci, hilare, me raconta que Commode avait fait emballé des tripes de gazelle avec le plan que je lui avais envoyé, avant de le donner comme dégustation au fauve.
Je passais l’après-midi au nord est de la ville, observant des esclaves veules, la bouche difforme et le regard sournois, en train d’abattre des arbres séculaires et extraire les pierres pour mes futures créations.
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L’un d’entre eux m’enthousiasma par sa force herculéenne, puisqu’il semblait, le plus simplement du monde, débiter des morceaux de tronc avec le tranchant de la main.
Acte puéril s’il en était, puisqu’il avait à disposition une hache, certes émoussée – la légion sur place veillait à ce que les esclaves n’aient pas à trop se poser de questions et n’aient surtout pas les moyens d’y trouver de réponses – mais c’était sur : j’avais déjà trouvé une superbe recrue pour l’école de gladiateurs.
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Le seul problème résidant dans l’absence d’école – les esclaves, en plus d’être laids, semblaient habités d’une incomparable inertie qui faisait ressembler n’importe quelle menue tache à l’un des travaux d’Hercule.
Soit ! Les cohortes de Venitius allaient y mettre bon ordre...
Otto Granpieds
16/02/2007, 10h24
Un AAR très bien entamé :hello:
Deux remarques :
- je n'ai jamais vu de varech en Méditerrannée :lol:
- attendre du rendement d'une main d'oeuvre servile est utopique : les coups de fouet n'ont jamais été une rémunération très appréciée. C'est d'ailleurs pourquoi l'esclavage a finalement été abandonné ;)
Un AAR très bien entamé :hello:
Deux remarques :
- je n'ai jamais vu de varech en Méditerrannée :lol:
- attendre du rendement d'une main d'oeuvre servile est utopique : les coups de fouet n'ont jamais été une rémunération très appréciée. C'est d'ailleurs pourquoi l'esclavage a finalement été abandonné ;)
Effectivement aprés une petite recherche, on ne trouve pas du tout de varech de ce côté là - merci pour l'info, je l'ignorais complétement (ayant tendance à appeler "varech" toute chose verte présente dans l'eau :lol: )
Pour les esclaves, bien sur je n'en attends rien.
A l'origine dans le jeu, les esclaves sont uniquement présents dans les marchés aux esclaves (vendus au plus riches citoyens pour servir dans leurs maisons) et dans les écoles de gladiateurs - les autres travailleurs (de bucheron à fleuriste en passant par ... professionel de la haute couture des toges :flash: ) étant tous des citoyens libres.
J'ai donc arbitrairement décidé que les forçats des mines et les bucherons seraient esclaves, pour donner un fil conducteur à l'histoire ;)
Sympa c't'AAR! :)
(tu trouves le jeux bien globalement? :hello: )
Otto Granpieds
16/02/2007, 12h36
Sympa c't'AAR! :)
(tu trouves le jeux bien globalement? :hello: )
Même question :)
Hmm... mouais au premier abord il semble pas mal, en reprenant les concepts d'un Caesar (en plus allégé quand même) et en rajoutant des petites touches Civilization : en plus des dépenses en batiment, on peut effectuer un certain nombre de recherches (l'arbre technologique est assez important et balaie tous les domaines) dont les applications sont assez interessantes : telle recherche augmentera la production des mines, la vitesse des charrues sur les routes, fera rentrer plus d'argent ou rendra gratuite la construction des aqueducs, etc.
Ce côté est pas mal, puisqu'il permet de donner une réelle influence sur la ville que l'on construit : s'agit-il de tout miser sur la production, ou d'améliorer la qualité de vie des citoyens, de miser sur les jeux du cirque pour les divertissements ou privilégier un commerce florissant. Un inconvénient, les recherches ne sont pas bloquées donc au bout d'une heure ou 2 (et avec assez d'argent) on peut avoir tout découvert (une orientation qui aurait bloqué d'autres choix scientifiques par la suite, obligeant à des choix, m'aurait semblé plus interessant sur un jeu qui, contrairement à Civilization, ne se joue pas sur 6.000 ans d'histoire mais seulement pendant la construction d'une ville)
Côté construction, c'est classique (je reconnais le systéme qu'on retrouvait dans Caesar III, mais en un peu simplifié quand même) mais assez complet. Cabinet médical, hopital, temples dédiés à des dieux différents, la diversité des batiments me rappele vraiment un trés vieux jeu, Pharaon, avec le même systéme de chaine pour la production (ex: le lin cultivé est stocké, avant d'être utilisé pour faire des toges, qu'un artisan peu encore améliorer en toges de luxes, le tout faisant sans arret des passages obligés par le stock)
Pas étonnant non plus que cette même boîte ait pondu Stronghold, certains mécanismes en sont inspirés.
Le côté militaire est trés basic (mines de fer ---> armurier ---> équipement des légions) avec la mise en place de forts ou sont recrutés les soldats, une petite touche sympa (la possibilité de faire la tortue, c'est trés marrant la premiére fois) mais qu'on peut vite dégager puisque le jeu n'est pas vraiment centré là dessus (les attaques barbares sont assez anecdotiques et les possibilités trés trés limitées)
Visuellement, ça me plait beaucoup, le rendu est assez interessant et permet de pas mal s'immerger dans un jeu qui est sympa, mais pas transcendant. D'ailleurs, si je raconte l'histoire du point de vue d'un gérant de cirque, c'est bien parce que le jeu n'est pas d'une grande difficulté (une fois qu'on connait le fonctionnement de la chaine, il est possible de réussir sur n'importe quelle map) et qu'il peut permettre, pour passer le temps, de s'occuper de détails amusant.
Pour moi, ça a été pour l'instant d'assister aux combats dans les arénes entre rétiaire et mirmillon (le zoom est franchement trés réussi, je ne dis pas qu'on peut compter chaque grain de sable sur la piste du Colisée, mais les premiers combats m'ont quand même scotché pour un simple city-builder) et d'attendre avec impatience de pouvoir envoyer un Thrace combattre un lion :lol:
Bref ça casse pas des briques, mais pour un jeu trés bon marché (trouvé neuf à moins de 20€ ) le résultat est assez réussit.
Le gros avantage à mon avis : une certaine simplification face aux concurrents comme Caesar (le type de jeu que j'adore, mais ou je m'arrache les cheveux quand je m'apperçois que la moindre petite erreur peut ruiner la cité, que l'absence de puit à tel endroit va tout faire s'écrouler) qui permet de rapidement monter une ville qui tient la route, et commencer à s'amuser avec tout ce qui pour moi est "bonus" (gladiateurs, courses de chars dans le Circus Maximus, construction de certaines anciennes Merveilles)
Le gros défaut, c'est également cette simplification. L'ajout des technologies est trés interessante, mais ne va pas assez loin. Et on peut s'ennuyer aprés avoir monté quelques villes, c'est sur.
D'autant plus que les choix de jeux sont réduits au minimum : une campagne (plusieurs missions de plus en plus complexes, qui peuvent être soit pacifiques ou quelques fois un poil guerriéres) et 7 ou 8 cartes pour les modes bac à sable (construction totale)
L'interaction avec l'extérieur est réduite au minimum vital (Rome passe parfois quelques commandes, qu'il faut mieux accepter, et on peut moderement commercer avec 2 ou 3 villes, par terre ou par mer)
Bref, je n'en attendais pas grand chose mais j'ai été quand même bien surpris - l'été dernier, un peu par accident, j'avais testé "glory of the roman empire" qui s'est révélé un jeu franchement infect. Celui ci est bien plus complet, assez interessant pour les joueurs occassionels. Pour les pro de Caesar, hormis certains détails, il vaut mieux passer son chemin.
Ok, merci. Ma tendre te douce cherchait un jeu sur lequel s'occuper avec son portable, et je pense que ça lui plaira (pas trop de temps à passer dessus, joli, gestion façon pusszle/casse-tête pas trop méchant). :) Ca la changera des jeux de console.
Otto Granpieds
16/02/2007, 14h23
Merci. Je vais peut-être me le procurer. J'ai toujours trouvé les Caesar et autres Pharaon trop casse-tête pour moi :honte:
Marrant, j'ai eu la même démarche que Mad. :)
Effectivement, le jeu à un graphisme et des animations marrantes, hormis ce côté là, il est vrai que ces creux de chez creux, trop de simplification par rapport à un pharaon ou Caesar quant même, mais bon c'est du grand public alors !!
Toutefois, pour passer un petit moment agréable sans prétention, ce jeu est parfait.
CHAPITRE 2 : L'esclave gladiateur
La légende de Spartacus, même 2 siècles après sa mort, reste tenace dans l’est de la Méditerranée, et il n’est pas rare que les mouvements d’humeur d’esclaves se transforment en franche rébellion quand nous, Romains, nous montrons faibles.
Les travailleurs employés dans la ville sont pour la plupart d’origine libyenne, même si certains sont des combattants capturés lors de combats en Orient. Une force de travail potentiellement colossale, mais qui tarde à se mettre en marche.
Tout aussi déçu que moi par la lenteur des travaux, Venitius a fait restaurer au sud de la ville d’anciennes latifundia (des exploitations agricoles) construites à l’origine par les Grecs et les transforme en caserne, permettant ainsi à trois cohortes de s’installer durablement en ville.
Les légionnaires et les vélites pouvaient ainsi couvrir rapidement toute la ville et répondre à n’importe quelle insurrection.
Un soir, invité à un repas dans sa magnifique villa, Venitius ne peut s’empêcher de pester contre les esclaves. Rome exige, de lui comme de moi, des résultats, or il ne se passe toujours rien. Pourtant, l’argent est là. Ce qui manque, c’est la motivation. Nous devisons du problème, prenant quelques pauses pour avaler des tripes de gazelle farcies au foie de mésange, des langues de girafes revenues dans du placenta de vache et en noyant furieusement le tout sous des litres de bon vin de Lugdunum.
L’esprit s’échauffant, Venitius se met à glorifier Crassus, qui écrasa Spartacus là ou tout autre avait échoué, puis se mit à réfléchir. Il se leva soudainement de table et retourna dans ses appartements privés, me laissant seul terminer les pieds de rhinocéros confits au pâté d’écureuil.
Le lendemain, Venitius repris tout simplement les vieilles habitudes de Crassus, et procéda à une décimation parmi les esclaves. Un homme sur 10 était passé par le glaive, un deuxième m’était donné pour la formation de gladiateurs. Je m’inquiétais un peu de la perte sèche en esclave, mais Venitius me rassura :
"-Tu sais, l’empire est grand."
Et cela se vérifia. Quelques jours plus tard, de nouveaux esclaves arrivèrent au port, et la cité pu commencer les constructions qui, certainement, passeront à la postérité.
Les carrières de pierre voyaient de véritables processions s’engouffrer en son sein et lui arracher d’énormes blocs, qui étaient stockés en attendant la construction du forum de la ville.
Le déboisage fournissait quant à lui les terrains vierges nécessaires à l’installation de fermes. Blé, dattes, olives, des champs entiers naissaient pour permettre à la ville de vivre. Des chèvres s’échappaient parfois de leurs prés et s’avançaient dans les ruelles nouvellement pavées. Le poisson, quant à lui, continuait autant à puer sur l’étalage de mon voisin.
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Après d’incessants efforts, la ville prenait réellement forme. Comble de la réussite pour moi, un premier cirque fut achevé, avec comme promesse des jeux à volonté pour les citoyens. Mais tout bon jeu nécessitait du sang frais et une lame aiguisée. Or, les écoles de gladiateurs, bâties depuis peu, n’avaient pas encore formé de très bons guerriers. Mais le potentiel était déjà là.
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J’assistais un jour à un combat dit « à sang versé » dans la cour d’entraînement. Le but en était simple : chaque gladiateur se voyait donné, pour ce combat, armes et cuirasses, et tous les coups étaient permis. Le combat était bien plus dangereux qu’habituellement, puisque cette fois les armes des gladiateurs n’étaient pas en bois. Une fois le premier sang versé, le combat pouvait s’arrêter, afin de ne pas sacrifier inutilement un combattant bien plus utile dans une vrai arène.
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Le combat opposait 1 mirmillon à 1 thrace, tous les 2 parfaitement reconnaissables avec leurs long glaive plat, et pour le mirmillon une armure solide et un grand bouclier protégeant des coups les plus robustes. Mais là où le mirmillon gagnait en puissance, il perdait en rapidité. Les deux combattants en présence représentaient une autre inconnue quant à l’issu du combat, puisque le thrace, court sur pattes, semblait d’une souplesse à toute épreuve. L’homme en face était un grand gaillard, donc chaque coup pouvait allégrement assommer un taureau. Je ne fus pas étonné en reconnaissant là l’homme qui, quelques mois auparavant encore, débitait des arbres à la chaîne.
« - Bel homme, non ? » résonna une voix à mes côtés.
Je me retournais et reconnu Oniris Vesperia, l’une des femmes les plus belles de l’île et une intrigante des plus dangereuses à Rome. Certains avançaient que sa présence ici avait beaucoup à voir avec Venitius Veron, mais cela m’étonnait beaucoup : nul n’avait à gagner à rester aussi longtemps éloigné de Rome. Quelques jours perdus, et c’était toute une hiérarchie qui était bousculée, les serviteurs de la veille devenant les adversaires les plus dur à abattre. Si Oniris était présente en Grèce, c’est que dessous se cachait un coup tordu dont elle avait le secret.
Je reportais mes yeux sur le combat, pour voir le grand mirmillon en difficulté : son adversaire, bien plus mobile, portait des coups rapides et semblait totalement le prendre à contre-pied. Sur une feinte, le géant bascula et le thrace lui taillada le mollet.
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Je me retournais de nouveau vers Oniris, mais elle avait déjà disparu derrière la tenture séparant la tribune du corridor, laissant une odeur de parfum reconnaissable entre toutes.
Dans l’arène, le thrace vainqueur retirait son casque, tandis que les servant évacuaient de la piste le corps ensanglanté du perdant. La blessure était vilaine, mais l’homme serait rapidement sur pied, bien assez tôt pour inaugurer les premières festivités du cirque, programmées quelques semaines plus tard.
Des accès sous terrains conduisant à la piste centrale, on n’entendait plus qu’une seule clameur, le cri mêlé des mirmillons, rétiaires et autres thraces, la voix rauque de tous les gladiateurs oubliés, scandant le nom du vainqueur.
D’une seule voix, couvrant le tumulte de cette partie de la ville, faisant se retourner les marchands qui arrangeaient leurs étalages dans les rues avoisinantes, on entendait :
« Chazaaaam ! Chazaaaaam ! Chazaaaam ! »
Très très buen, surtout conté de cette façon ! :)
Sacré Mad, tu arriverais même à rendre captivant un Aar de Tetris.;)
Otto Granpieds
16/02/2007, 17h21
Haaaa, le coup de la belle espionne :jumpy:
GA_Thrawn
17/02/2007, 14h21
Super cet AAR!! :)
Je suis dans ma période Rome en plus...
Continue :hello:
(Merci ! ;) )
...
CHAPITRE 3 : la légende Chazam
Encore sous le coup de la clameur qui surplombait la piste, je quittais l’aréne afin de rencontrer différents ingénieurs de la cité. Les travaux avançaient, le projet d’un très grand colisée avait déjà été avancé et le lieu trouvé. La période des jeux s’ouvrait très bientôt, et le premier amphithéâtre servirait pour les combats. De plus, de nombreux dompteurs avaient débarqué, amenant avec eux les animaux les plus exotiques : éléphants d’Asie, crocodiles d’Egypte, girafes et fauves d’Afrique, et même des autruches dont les combats étaient la dernière mode dont s’était entiché Commode à Rome.
Les mois passant, la ville ne cessait de croître, formant un véritable paradis délaissé par Rome. Le système des aqueducs avait été agrandi, l’eau était maintenant disponible sur la majorité du territoire, et la région devenait agréable à habiter.
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Un matin, quittant l’exiguïté de mon habitation afin de rendre hommage à Mithra, je rencontrais Oniris en bas de l’insulae. Je fus assez étonné de la voir puisqu’elle semblait passer le plus clair de son temps avec le Préfet Varon, ou alors retournait intriguer à Rome. Elle y avait complètement affermi sa position, mettant un terme à l’éternel travail de sape de ses adversaires en se faisant une amie de Marcia.
Marcia ! Difficile de taper plus haut dans la hiérarchie impériale romaine. Cette femme tapageuse (elle sortait souvent sur le Palatin habillée à la mode Amazone, en tunique très courte et seins nus, révoltant par là même les courtisans qui en avaient pourtant bien vu d’autres) était certainement la femme la plus proche de César, la concubine préférée de Commode, qui la noyait sous les bijoux les plus précieux et organisait des jeux uniquement en son honneur.
Forte de cette amitié, Oniris - désormais intouchable – avait regagné la Grèce le cœur léger : en son absence, les langues se délieraient à nouveau, mais elle continuerait à planer bien au dessus de la mêlée.
La rencontre d’Oniris, je m’en doutais, était tout sauf fortuite. Nous commençâmes à marcher, sous le regard noir du poissonnier qui tranchait furieusement au hachoir des têtes de poissons avant de les jeter dans la rigole toute proche. Nos relations, qui n’avaient jamais été celles de bons voisins (je vous en avais déjà parlé) avaient viré en queue de poisson quand, sur mes conseils, Venitius Varon avait lancé un ordre d’expropriation de la plupart des commerces du quartier, pour raison sanitaire.
La peste ressurgissait parfois dans l’Empire, et il n’avait pas été très dur de jouer de cet argument. Venitius, fidèle de Commode, savait très bien ce qui pouvait lui en coûter de laisser des épidémies se développer sans aucun contrôle. Certains commerçants avaient donc reçu l’ordre de partir sous huitaine, et le quartier serait complètement remodelé pour faire place à de larges villas accueillantes et des jardins décoratifs.
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Tout en marchant, Oniris me fit remarquer combien on me voyait souvent aux abords de l’école de mirmillon, ou sur les bancs de l’amphithéâtre lors des combats. Elle accompagna la remarque d’un petit sourire amusé. Je ne pouvais que rougir face à cette pointe, moi qui étendais le plus possible un voile pudique sur ma vie privée. Bien sur, ma tâche aurait pu expliquer ma présence soutenue, d’autant plus que les jeux (étalés sur plus de 120 jours) avaient débuté avec succès, mais comme à son habitude, la belle Oniris avait touché juste.
Etonné par la première victoire du gladiateur Chazam, j’étais revenu plusieurs fois, en premier lieu pour comprendre l’admiration que semblaient lui vouer ses camarades. Par la suite, j’avais pris l’habitude de venir, mais des sentiments nouveaux s’emparaient de mon être à chaque combat.
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Lorsque Chazam rentrait sur la piste, je me mettais à trembler pour lui, et sortait soulagé lorsque, quelques minutes plus tard, il terrassait son adversaire. Toujours aussi rapide, le mirmillon possédait une grâce et une habileté reconnues bien au-delà des seules îles grecques. Son charisme évident avait bien entendu rajouté à la légende qui commençait à se former, et plus je le voyais, plus je tremblais.
Moi, l’homme dont la mort était le métier, je me réveillais en sueur certaines nuits, cherchant des motifs valables pour interdire à Chazam de combattre. Mais le gladiateur, par ses combats et surtout, ses victoires, se rapprochait un peu plus de la liberté. Qui sait, s’il combattait à Rome, serait-il affranchi ? Plus il jouait avec la mort et plus il pouvait sentir la vie couler en lui, plus il prenait de risques et plus je craignais pour lui. Mais que faire, sinon assister, à chaque fois, au petit rituel que Chazam accomplissait avant de se mesurer à des adversaires bien plus lourds et inquiétants, de le voir effectuer ce petit geste qui semblait tant le protéger ?
Je n’osais en parler avec Oniris – cette femme, si elle pouvait être la plus fidèle des amies, pouvait également être la plus cruelle des adversaires, et sa réputation à Rome n’aidait pas à lui faire vraiment confiance.
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Comme nous arrivions devant le temple de Mithra, je demandais à Oniris si elle avait déjà vu le geste qu’effectuais Chazam avant chacun de ses combats.
"-Mais dans quel monde vis-tu ? Me cracha t’elle. Il se signe, tout simplement. Si tu regardais ailleurs que dans des temples pour Mithra, Diane, ou Mercure, tu comprendrais."
Elle m’abandonna là, alors que j’hésitais à gravir les premières marches du temple. Elle se retourna quelques instants pour me crier :
"-Si j’étais venu, c’est parce que Chal arrive demain ! Ils feront un banquet, chez Venitius."
Chal ! L’un des jeunes hommes les plus dangereux de l’Empire. Son père, Perennis, était LE favori de l’empereur Commode, et pouvait ainsi décider de tout, de la vie ou de la mort de quiconque. A Rome, une véritable lutte à coups feutrés opposait d’un côté la concubine Marcia au favori Perennis. Chaque semaine, on pouvait compter les victimes de cette lutte d’influence. Perennis avait récemment pris de l’avancement, en subjuguant totalement Commode. Il avait ainsi obtenu pour son fils Chal une position extrêmement élevée, celle de commandants des armées en Illyrie, sur la côte Adriatique. Bien trop prés pour Oniris, qui si elle pouvait résister à toutes les attaques, pouvait également, du fait de ses amitiés, servir de victime toute trouvée pour Chal ou son père.
Chal en visite en Crête, c’était étonnant (il n’avait aucun pouvoir en cette région) mais assez compréhensible, s’il avait été invité par Venitius, proche de sa mouvance.
Avec l’arrivée de Chal, disparaissait l’insouciance, puisque cela signifiait que Rome se souciait de nouveau de notre province. D’autant plus qu’avec l’arrivée de son bateau, nous provenaient de sombres nouvelles de Rome : Commode venait tout juste de faire décapiter sa propre sœur sur les conseils de Perennis et de son fils, Chal.
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Avant même que les marins ne détendent les voiles du bateau et que Chal ne mette le pied sur la terre Crétoise pour la première fois, un nuage obscurcit le ciel et l’Empire tout à la fois.
CHAPITRE 4 : La vrai nature de Chal
L’arrivée de Chal en Crête correspondait au moment ou la politique de l’empereur de Rome, Commode, prenait un tournant radical. Non content de faire exécuter sa propre sœur, il fit également assassiner la plupart de ses proches, envoya au cirque certains de ses précepteurs et poussa au suicide les dernières conseillers de son père, Marc-Aurèle.
Après plus de 84 ans d’une politique tumultueuse, mais avisée, Rome était reprise par ses vieux démons, et s’offrait au pire des maîtres. Sur tout cela, la main de Perennis était bien sur présente, et donc celle de Chal. Pour autant, comme me l’appris Oniris, la position du favori et de son fils n’était pas forcément établie ad vitam eternam. Venant d’une femme qui depuis des années jouait au plus dangereux des jeux qui soit à Rome, l’information était de taille.
Bien sur, je ne souhaitais pas en savoir plus : qu’il y ait ou non complot, peu m’importait, je devais continuer ici la mission confiée par César : fonder une ville de jeux qui resplendirait dans tout l’est de la Méditerranée.
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La présence de Chal m’inquiétait tout de même, comme une menace diffuse, mais toujours présente. Il conversait souvent avec le Préfet Venitius Varon, que de fait je voyais de moins en moins. Je profitais donc de ce temps pour continuer l’amélioration des cirques dans la ville. On comptait déjà un amphithéâtre et un colisée de taille assez réduite, il était maintenant temps de lancer la construction d’un véritable Colisée pouvant accueillir toutes sortes de jeux, ainsi que d’une piste pour les auriges, les conducteurs de chars.
Entre ces différentes tâches, j’assistais bien sur aux combats auxquels participait Chazam, m’enthousiasmant pour sa vitalité sur le cercle de sable au fond de l’arène, à l’unisson de la population qui en avait fait son héros. A chaque fin de journée, quand le sable n’était plus que sang et poussière mêlés, les citoyens partaient dans les échoppes les plus proches afin de revivre chaque combat, faisant ressortir chaque souvenir avec du vin de Thrace.
Je demandais – et obtint – que les conditions de vie de Chazam soient améliorées. Une nourriture meilleure, une couche plus confortable, une esclave parfois présente dans sa cellule, bref plein de petites choses sans réelle valeur mais qui, je l’espérais, rendait sa vie moins dure. Je me rendais parfois dans sa cellule alors qu’il s’entraînait à l’extérieur, effleurait sa couche et touchait du doigt la petite croix taillée dans de l’obsidienne, cachée dans l’une des infractuosité de la petite pièce.
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Oniris m’avait beaucoup appris sur les Chrétiens et sur leurs rituels. Etonnant comme notre civilisation, qui s’était nourri de toutes les croyances, rejetait totalement celle-ci. Un peu partout, les temples dédiés à des divinités toujours plus nombreuses étaient construits, chaque demeure comptait plusieurs niches pour les dieux protecteurs, et pourtant les chrétiens nous servaient toujours d’épouvantails.
Un soir que j’étais invité chez Venitius, alors que tous les patriciens de la ville étaient présents, je rencontrais enfin Chal. Le jeune homme, au premier abord agréable, ne semblait pas mériter la terrible renommée qui s’attachait à chacun de ses gestes. Certes son père devait être un homme assez terrible pour aussi mal conseiller César, mais je ne voulais pas juger aussi vite. Je remarquais rapidement que Oniris, d’habitude toujours à virevolter autour de Venitius comme pour montrer où sa propriété commençait, semblait très morose.
La discussion tourna rapidement sur ce qui intéressait les citoyens de n’importe quelle province de l’empire : ce qu’il se passait à Rome. Chal nous confirma ce qui n’était encore que rumeurs en Crête : Commode, qui s’exhibait de plus en plus au Colisée (de 120 jours initialement, la durée des jeux avait été poussée à prés de 170 jours) avait, en brillant archer, tué les 100 fauves qui avaient été lâchés sur la piste un après-midi.
Un condamné à mort, qui allait avoir la tête arrachée par la patte d’un lion, fut gracié par Commode après que celui-ci, au dernier moment, ait abattu l’animal d’un trait bien placé.
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Un mois auparavant, plus de 10.000 combattants étaient morts sur la piste le temps d’une seule journée, le plus grand massacre de gladiateurs auquel Rome ait assisté. Ce prodige, pour moi dont la vie tournait autour de l’organisation de ces spectacles, me glaça littéralement le sang. La perte d’un seul gladiateur, celui auquel je pensais sans cesse, avait transformé mon travail en une prison dont je ne savais comment sortir.
Chal se pensa vers moi et, arrachant la cuisse d’une oie rôtie, me lança :
"- Dis moi, Caius, votre Chazam, dont parle toute la Grèce … j’aimerais le mesurer à l’un de mes esclaves, un Goth terrifiant, capable d’écraser un crâne d’une simple pression des doigts. Organise nous ça, veux tu ? Le vainqueur pourrait ainsi se mesurer à notre César ! "
Chal éclata alors d’un rire qui se transforma en quinte de toux quand il s’étrangla avec son oie. Tandis que Venitius lui servait du vin, le félicitant pour cette brillante idée, je fis tout pour ne pas tourner de l’œil. Je courrais vers les jardins, et vomit tripes et boyaux.
Si Chazam devait combattre, ses chances de survie étaient quasi nulles. S’il perdait, il risquait de mourir de la main du Goth. S’il gagnait, il devrait se rendre à Rome, et combattre Commode, qui adorait descendre, nu, sur l’arène, afin de défier les meilleurs gladiateurs.
Aucun esclave n’était jamais ressorti vivant de ces combats, qu’il soit tué des mains de César ou, s’il devenait trop entreprenant et risquait de mettre en danger la vie du Dieu vivant, qu’il soit percé par les lances de la garde prétorienne.
Commode avait ainsi, arguant de ses victoires, lancé une nouvelle taxe, la juste récompense du peuple Romain à son empereur combattant, ajoutant à ses multiples richesses une pension de gladiateur, tout simplement faramineuse, qui gonflait un peu plus son ego.
Je rentrais dans la maison, tentant de retrouver le contrôle de moi-même.
Les convives, plus enivrés que jamais, continuaient de gloser sur Rome.
Chal, renversant son vin sur son voisin, s’écriait :
- Mais la politique de Commode n’est pas encore assez ferme, certes, elle le sera bien assez tôt. Regarde, Venitius, comment nous laissons prospérer nos ennemis, comment nos armées s’affaiblissent…
Voyant passer Oniris, il se mit à ricaner
- Regarde comment nous laissons ces chrétiens, avec leurs mœurs abjectes, prospérer ! Marc-Aurèle, même si je respecte parfaitement son fils César, avait bien compris le problème puisqu’il les désignait pour les fauves, les croix et les flammes. Mais attend Venitius, tout va changer. Une fois écartée cette Marcia, cette maudite femme, Commode comprendra quel est son intérêt en envoyant tous ces adorateurs de Cristos à la mort.
Oniris, qui s’était arrêtée, palissait de plus en plus. Ainsi donc, à Rome, la position de Marcia, la concubine de César, s’effritait en faveur de Perennis. Marcia, elle-même chrétienne, avait beaucoup fait pour que Commode ne reprenne pas les habitudes de son père en arrêtant, torturant et tuant les Chrétiens comme cela avait été le cas jusqu’en 180.
Oniris s’approcha de Chal, et, d’une voix sourde, lui murmura :
- Je te tuerais, j’en fais le serment…
Chal la regarda et éclata de rire
- Tu mourras bien avant moi, chrétienne, ne t’inquiètes pas pour ça !
A moitié assommé par le vin, Venitius les regardait tous les deux la bouche ouverte, complètement hébété.
Dans les pièces à côté, les toges et les tuniques tombaient, les corps s’emmêlaient en une orgie qui semblait tous les dévorer.
Mais je ne voyais rien, je ne comprenais rien de tout cela. Je pensais juste à la journée suivante.
http://img442.imageshack.us/img442/9742/combatlg9.jpg
Le lendemain, la seule chance pour Chazam de ne pas trouver la mort à Rome, de la main même du plus sanguinaire des empereurs, était de perdre face au champion amené par Chal.
(hrp: si je dérive un peu trop à l'extérieur du jeu, n'hésitez pas à me le faire savoir, mais disons que c'est assez dur de rendre une construction de ville trés interessante :lol:
ps : promis, je ne ferais pas d'AAR Tétris :chicos: )
GA_Thrawn
17/02/2007, 21h51
Les évenements dont tu parle sont une pure invention ou il y a des sortes de mission dans le jeu?
Comme par exemple l'empereur qui te met la pression ect...
Sinon c'est toujours très bien. Pauvre Chazam... :mrgreen:
Non non , c'est bien comme ça :ok:
PS : en plus ça lui va comme un gant ce personnage à Chal ! :lol: :mrgreen:
Les évenements dont tu parle sont une pure invention ou il y a des sortes de mission dans le jeu?
Comme par exemple l'empereur qui te met la pression ect...
Sinon c'est toujours très bien. Pauvre Chazam... :mrgreen:
Ah, si seulement, ça donnerait une vrai profondeur au jeu... Mais non, absolument pas, les seules interactions sont des messages, par ci par là (Spartacus qui promet de faire une razzia avec ses esclaves, César qui parle de ses conquétes en Gaule, Néron qui menace de venir chanter dans l'amphithéatre :lol: ) qui donnent ponctuellement un peu de joie (ou en enléve) aux habitants, et les commandes de Rome exigeant des pierres, du vin et du lait de chévre :yeux:
Aprés les différentes missions de la campagne repose vagument sur un fondement historique (comme combattre contre Hannibal en fondant des villes en Italie et en Espagne - avec l'inconvénient que le jeu donne en gros comme date pour cette guerre punique du -150 ou -100 ... enfin bon pourquoi pas) mais c'est finalement plus proche du néant.
PS : en plus ça lui va comme un gant ce personnage à Chal ! :lol: :mrgreen:
Ouais, bien vicelard, un poil tordu, je trouve aussi que ça lui va bien :lol:
Otto Granpieds
18/02/2007, 03h11
Superbe...
:lol: :lol:
Ben voyons, moi un honnête père de famille nombreuse, transformé en dangereux psychopathe Romain. :mrgreen:
Excellent Mad et en plus connaissant le jeu, je suis d'autant plus admiratif devant ton Aar, d'ailleurs cela tiens plus maintenant du récit que de l'Aar.
Quel dommage tout de même, que certains de tes posts fussent effacés.
Enfin, c'est la vie ;)
:shocked: C'est magnifiquement écrit! :ok:
(je tremble aussi pour le pauvre Chazam.. :honte: :honte: :honte: Quel héro! :honte: :p: )
CHAPITRE 5 : les deux Ennemis
L’amphithéâtre de la ville, où se déroulaient les jeux, était bondé pour l’occasion.
Les patriciens et les plus nobles citoyens de la ville avaient accès à des tribunes réservées, surplombant la piste et dotées du plus grand confort : siége en marbre, encensoirs, bassins d’eau, corbeilles de fruits cueillis le matin même et servante servant du vin à profusion.
Puis plus on s’éloignait de la piste, plus on s’éloignait des classes sociales aisées. Les dernières rangées comptaient les hommes les plus pauvres, et les femmes. Incapables de réellement discerner l’action sur la piste, ils poussaient des cris en même temps que les rangées plus basses, heureux de communier à la liesse populaire par la voix à défaut de la vue.
http://img455.imageshack.us/img455/3027/colisefd7.jpg
Certains des spectateurs, assis sur leurs grandes travées en bois, jetaient un coup d’œil envieux en direction des tribunes, contemplant le chatoiement des étoffes de soie d’Orient, la coupe parfaite des tuniques du Latium et les toges d’un blanc éclatant. On comptait également plus de légionnaires qu’à l’accoutumée, puisqu’en plus du Préfet Varon, on pouvait également croiser Chal - qui avait droit, comme commandant des armées d’Illyrie, à sa propre garde rapprochée.
Les deux hommes riaient en regardant plusieurs longues toiles se détendre au fait de l’amphithéâtre, protégeant ainsi tous les spectateurs du soleil ardent de Crête. Un peu en recul, Oniris conversait avec un très riche commerçant venu de Ligurie pour vendre une partie de sa production de textile, puisque la ville n’était pas autosuffisante. L’homme, du nom de Griffon Pertinax, n’était rien moins qu’un ancien Consul, et l’un des proches de Marc-Aurèle. Seul son retrait de toute vie publique avait empêché Commode et Perennis de l’envoyer à une mort certaine, comme tous les conseillers de l’ancien empereur.
Le matin même, quelques mots ayant été échangés entre Griffon et Chal, Oniris semblait s’être découvert un allié. Mais Griffon, imperturbable, évitait tout sujet se rapportant à Rome ou à la gestion de l’empire, préférant longuement converser sur le lainage familial.
Profitant du fait que personne ne me prêtait attention, je quittais la tribune et, suivant plusieurs corridors, arrivaient dans les soubassements de l’amphithéâtre. Les servants s’agitaient en tout sens, les gladiateurs sortaient de leurs cellules afin d’être équipés pour la première partie de la journée. Sur la demande de Chal, le combat que je craignais tant entre Chazam et le guerrier goth serait gardé pour la fine bouche. Les festivités prévoyaient d’abord quelques combats d’autruches, un animal encore inconnu ici, avant que les gladiateurs ne soient envoyés par paquets les uns contre les autres.
http://img130.imageshack.us/img130/1539/autruchesye0.jpg
Le plat principal consistait à des combats opposant des fauves aux gladiateurs ayant survécus à l’épreuve précédente, puis viendrait l’événement que tous attendaient, le combat de la légende grecque contre le champion de Chal. Les paris allaient bon train, dans les tribunes, et tout ceux qui avaient aperçus le goth hésitaient quant au résultat. La plupart des Crétois, néanmoins, misaient sur leur héros. Ce goth, qu’on disait muet, ne les inspirait pas particulièrement. Je demandais à entrer dans la cellule de Chazam et pu enfin lui parler de ce qui me tenaillait depuis la veille. Le héros grec me fixait, essayant de comprendre pourquoi moi, Caius Avidius, mandé par César, je m’intéressais au sort d’un esclave. Hésitant, je lui demandais de perdre son combat, s’il voulait avoir une quelconque chance de survivre. Alors que Chazam s’entêtait dans sa fierté de gladiateur, j’usais de tous les stratagèmes, essayant de le renvoyer à sa condition d’esclave, et ce faisant, je m’apercevait combien lui était bien supérieur à moi, et plus il résistait, plus j’essayais de le rendre misérable, et plus je me haïssais, et plus il prenait l’ascendant. Le suppliant puis le menaçant, usant de cajoleries, je cherchais ce qui pourrait lui faire rendre les armes, et finalement lui promettait la liberté, pas pour tout de suite mais dés que possible, et une place comme travailleur dans la villa que l’on me construisait, une place sous mon toit, une rente, et, qui sait, une vie avec un but, une vie valant bien mieux que tous les maux qu’il endurait, je renversais des empereurs et des nations pour lui, je lui promettais l’univers et la gloire des dieux, je promettais de rajouter son dieu aux miens, je l’implorais de vivre, pour lui, pour moi… je m’arrêtais, essoufflé.
Chazam me regardais, de la pitié dans les yeux. Voilà, c’était fait, j’étais son esclave. Il me questionnait et je lui répondais dans un souffle, oui la litière plus confortable c’était moi, les attentions venaient de moi, les maîtres moins sévères c’était moi également, les liqueurs proposées parfois et les femmes plaisantes, c’était encore et toujours moi. Je voulais être comme lui, car j’aurais voulu être lui, d’ailleurs je m’étais taillé une petite croix dans de l’écorce de bois, comme lui…
"- Tu n’aurais jamais pu être moi. Te priver de liberté, voilà bien quelque chose qui fait reculer les patriciens romains. Quand à ton amulette, peu m’importe, il ne s’agit pas de faire une place à « mon Dieu » auprès des tiens. C’est bien supérieur à tout cela, à tes temples, à tes croyances "
Chazam me fixa encore droit dans les yeux.
"-Pars, maintenant, je combats bientôt, et ta présence m’est trop lourde, tu t’amuseras avec tes semblables pendant que moi, je mourrais ou tuerais pour votre plaisir…"
Ne sachant plus quoi dire, j’appelais pour qu’on ouvre la cellule, et me retrouvais dans le couloir. Le goth… il ne restait que cela.
L’un des servants m’amena jusqu’à sa cellule, et je découvris l’homme pour la première fois. Un véritable colosse, une masse musculaire capable de s’opposer à un taureau, une abomination créée par les dieux pour nous montrer que nous autres, humains, n’étions que des mortels et que notre nature nous empêchait de s’opposer à leurs desseins.
Dans l’absolu, il était fortement probable que Chazam, malgré toute sa vigueur et son agilité, soit effectivement battu par le goth. Vaincu, Chazam resterait sur l’île, son prestige connaîtrait une éclipse, mais au moins il n’irait pas à Rome pour Combattre Commode. Mais un nouveau danger apparaissait maintenant : Chazam risquait de mourir entre les mains du colosse d’ici quelques heures.
http://www.franconaute.org/~redacteurs/marlouf/gladiateurs.wmv
Il fallait que j’agisse vite. Je fis amener plusieurs servants, et entrait dans la cellule du Goth. Ils l’assirent sur un vieux gravât et l’attachèrent aux fers fixés dans la paroi, avant de me laisser avec lui. Seul restait aux alentours l’un des gardiens, au cas ou un quelconque problème m’arriverait. Je regardais le géant en face. L’homme avait un regard franc, sans aucune lueur de sournoiserie comme on en trouvait chez certains gladiateurs. Je n’avais rien à dire au Goth, et il ne m’aurait de toute façon jamais répondu. Les bruits qui courraient sur son compte, le gardien me les avaient confirmé : le Goth étaient muet.
Les coups, les blessures, les femmes, rien n’avait réussit à faire sortir un seul son de sa gorge. Son surnom d’Akmar Nibelung, nul ne savait d’où il venait réellement. Certainement avant sa capture quelques années auparavant. Je me retournais. Le gardien s’était mis à crier après quelque servant un peu maladroit qui avait fait tomber une cuirasse dans la salle principale.
Je fouillais dans ma toge, en sortit une courte dague et la plantait à la base de son aisselle gauche. Le géant fit une grimace horrible tandis que la lame glissait sur sa clavicule, mais ne pouvait toujours faire sortir aucun son. Je rangeais la dague sous ma tunique, et appelais le gardien. Celui-ci me regarda avec de grands yeux ronds en voyant la blessure que portait Akmar, et commença à balbutier. Je lui donnais l’ordre de stopper l’écoulement du sang, et faisait aussitôt équiper le goth de son équipement. Son galerus, cette plaque qui recouvrait la base du cou jusqu’au bras, rejoint par d’autres plaques couvrant le bras gauche et une partie du torse, camouflait parfaitement la blessure.
Quand il se leva, je le vis peiner à manier son bras gauche. Parfait. Tout colosse qu’il était, avec un bras en moins, il aurait bien moins de chance d’écraser son adversaire.
Je quittais rapidement le sous-sol, tandis que résonnaient derrière moi les plaintes du gardien, menaçant d’aller se plaindre à Venitius Varon et de saisir l’édile.
Plus je remontais les corridors, plus forte me parvenait l’exaltation du peuple. Les autruches avaient eu peu de succès, mais les gladiateurs avaient beaucoup plus. Quand je rejoignais la tribune, les trompettes s’étaient tues pour laisser place aux fauves, et les hurlements de la foule accompagnaient telle ou telle prouesse. Un archer qui atteignait un lion en pleine course, et la foule applaudissait. Un Rétiaire qui blessait à mort un fauve, et des travées entières raisonnaient du martèlement des pieds sur le plancher.
Mais la foule atteignait l’apoplexie quand un rétiaire tombait sous les morsures d’un tigre, les hurlements de dégoût et de joie se mêlaient pour former une longue complainte sexuelle quand la patte d’un lion emportait tout un torse. A la tribune, Venitius et Chal se régalaient du spectacle tandis qu’Oniris, plutôt attirée par exploit individuel d’un esclave et non les massacres de groupe, s’ennuyait. Seul Griffon Pertinax, dont le visage imperturbable ne laissait filtrer aucune émotion, s’intéressa à mon retour et me fit soudainement remarquer :
« - Mais, Caius Avidius, ta toge est pleine de sang ?
Tous les invités de la tribune détournèrent leurs yeux du spectacle afin de mieux regarder l’un d’entre eux, enfin redevenu intéressant car couvert de sang. La lame que j’avais rangée précipitamment était encore couverte de sang, et avait entaché ma toge et ma tunique. Je prétextais un léger ennui, une flaque de sang sur laquelle j’avais glissé dans les sous-sols de l’amphithéâtre, alors que je vérifiais la bonne tenue de l’exécution des jeux.
J’allais m’éclipser pour me nettoyer quand les trompettes sonnèrent pour annoncer la fin de la partie de chasse. Tandis que les servants nettoyaient la piste, masquant les traces de sang avec du sable frais et enlevant les plus grosses parties de chairs, animales et humaines, les gladiateurs survivants sortaient de la piste sous les acclamations de la foule. Les jeux avaient été bons, le peuple était presque contenté. Lui manquait le petit bonus, qui le renverrait enfin comblé dans ses pénates : le duel des champions.
Tandis que les cors se faisaient de nouveau entendre, je tombais de tout mon poids sur mon siége, torturé entre le vain espoir et la peur lancinante. La foule hurla de plus belle quand deux des accès à la piste s’ouvrirent, pour laisser place à Chazam et Akmar Nibelung.
http://img250.imageshack.us/img250/9913/combatdn3.jpg
Mirmillon contre rétiaire.
Enfin.
Le tyran a le beau role comme d'habitude ... :(
:mrgreen:
Le tyran a le beau role comme d'habitude ... :(
:mrgreen:
Patience, Jmlus, patience ;)
En plus Akmarus m'a filé du Mo, alors je lui renvoie l'ascenceur :o:
blackwoolf
19/02/2007, 23h02
Un vrai régale vivement la suite:) .
Ahaaaah, tremble, colosse monstrueux! :boxing:
Ah... Ah oui, il est quand même grand... Et musclé aussi... :froid:
Akmar Nibelung
20/02/2007, 00h14
D'habitude je ne lis pas les AAR, c'est long et ça prend trop de temps :loose:
Mais là c'était un jeu dans lequel on ne voit pas vraiment d'AAR, je regrette pas d'avoir lu :chicos:
Le récit, tout en donnant une tournure historique est vraiment très bon :hello:
Ce n'est pas moi qui ferais ça :jaloux: :loose: :chicos:
(Merci :) je vais essayer d'inclure encore quelques personnages, mais en gros le décor est posé)
CHAPITRE 6 : le Duel
Les deux adversaires se jaugeaient du regard, tandis que le bruit de la foule se perdait dans un silence quasi religieux.
Enfin Chazam se rapprocha d’Akmar, le menaçant de son glaive, tout en laissant pendre son bras gauche portant le bouclier le long du corps. Un appel à l’assaut qui avait souvent fonctionné auparavant avec les gladiateurs moins expérimentés, qui prenaient l’attitude de Chazam pour une certaine faiblesse. Restait alors à Chazam à parer le coup sur sa gauche, avant de pousser puissamment sur ses jambes et d’arriver sur le côté droit de son adversaire à qui il décochait un coup mortel.
Technique qui ne pouvait pas fonctionner aussi bien avec un rétiaire, surtout un géant comme le goth. En effet, le rétiaire avait une profonde allonge du fait de la longueur de son trident. La taille du colosse rendait l’adversaire encore plus dangereux, et malgré sa vitesse, Chazam risquait de se retrouver encore trop éloigné d’Akmar pour lui porter un coups, alors que celui-ci pouvait toujours l’empêtrer dans son rete, le filet accroché à son avant-bras. Il fallait donc le laisser venir puis réagir, et user de la taille du colosse contre lui.
http://img53.imageshack.us/img53/56/gladiateursja8.jpg
Dans la tribune, tous les convives se régalaient du spectacle. Les premiers assauts, durant lesquels les 2 gladiateurs semblaient prendre la mesure de l’autre, firent pousser quelques cris à Venitius, tandis que Chal éclatait d’un grand rire à une feinte réussie de son champion. La foule se faisait à nouveau entendre, accompagnant chaque attaque de longs soupirs.
J’étais livide, et je saisis le rapide regard que me jeta Oniris. Sur la piste, Chazam semblait avoir un léger avantage sur Akmar, sa rapidité déstabilisait le géant dont la réactivité ne semblait pas à la mesure de ses promesses. Je repensais à la blessure que j’avais infligée au Goth, et redoutait soudain avec anxiété d’avoir été un peu trop lourd avec ma dague. J’espérais juste rendre le géant moins confiant, et l’empêcher de se servir avec efficacité de son bras gauche. Mais le résultat était catastrophique, il semblait ne plus avoir de réelle volonté à combattre, donnant des coups avec son trident bien loin de là où se trouvait Chazam.
Soudain les gens se levèrent tous dans les travées quand, sur une erreur d’appréciation d’Akmar, celui-ci lança maladroitement son filet et s’exposa à la lame de Chazam. Le coup, plutôt bien ajusté, entama le bras gauche du goth qui du reculer pour éviter un coup plus mortel. Du poignard qu’il tenait dans la main gauche, il taillada le filet emmêlé retenu à son avant-bras tout en essayant de tenir à l’écart Chazam avec les pointes du trident qu’il tenait dans la main droite. Il continuait de reculer, le trident cette fois tenu à 2 mains, tandis que son filet gisait, inutile, au centre de l’arène. Face à un combattant comme Chazam, indemne et disposant toujours de son épée et de son bouclier, un rétiaire blessé et n’ayant plus que son trident avait très peu de chance de s’en sortir.
http://www.franconaute.org/~redacteurs/marlouf/combat.wmv
A la tribune, le visage de Chal s’empourprait un peu plus à chaque assaut porté par Chazam, et il serrait ses poings de rage.
Déjà, Venitius se penchait vers lui afin qu’il reconnaisse la défaite de son champion, quand Akmar sembla sortir de sa léthargie.
Trop confiant face à un adversaire qu’il considérait déjà comme mort, Chazam se jeta sur Akmar afin d’en finir. Alors, à la stupéfaction du public, Akmar fit preuve d’une rapidité qu’un corps aussi imposant rendait surnaturelle. S’écartant de Chazam au dernier instant, il lui décocha un coup de dague au torse, un coup d’une rapidité effrayante et complètement non orthodoxe, les rétiaires utilisant généralement cette arme secondaire pour couper leur filet.
Déstabilisé, Chazam essayait de se rattraper mais le géant lui lança un coup de trident de travers, sur les côtes. Chazam s’écrasa au sol, et le temps qu’il se retourne vers son adversaire, celui-ci avait porté les pointes du trident sur sa gorge.
La rapidité du retournement de situation et le fait que, pour la première fois, leur champion avait été vaincu, semblaient avoir ôté toute voix à la foule. Enfin, elle réagit et salua l’exploit, en un tonnerre de cris et d’applaudissements. Je me mis à respirer à nouveau, demandant aux dieux, et surtout au Dieu de Chazam, qu’il ne soit pas gravement blessé. Dans tous les cas, il n’irait pas à Rome et survivrait encore un peu. Tout serait alors possible, sa liberté envisageable, et puis … Me laissant enfin aller, j’écoutais la foule qui demandait la grâce de Chazam, et saluait également l’exploit d’Akmar.
Puis mon sang se glaça instantanément et je restais tétanisé, sous le choc. Chal s’était levé et, le bras tendu, le poing refermé, le regard sombre, il pointait son pouce vers le bas.
http://img120.imageshack.us/img120/1155/mortfv2.jpg
GA_Thrawn
20/02/2007, 10h31
Akmar! Akmar! Akmar!
Quel suspens...
:ok:
Plus rien a voir avec le jeu mais cela est si bon !!
Manque plus que Russell Crowe et Joaquim Phoenix. ;)
PS : A mort Chazam, Vive Akmar !!
:ok:
Plus rien a voir avec le jeu mais cela est si bon !!
Manque plus que Russell Crowe et Joaquim Phoenix. ;)
PS : A mort Chazam, Vive Akmar !!
:lol:
De toute façon la partie gladiateurs va plus ou moins mourir de sa belle mort (j'ai un peu dérivé alors que je ne comptais pas trop m'attarder sur les combats, effectivement il y a Gladiator pour ça)
Bref retour aux bases du jeu pour la suite, tout en continuant bien sur le récit s'attachant au sort de Chazam et d'Akmar, et la poursuite des intrigues dans la cité en pleine construction.
Quant au méchant de service (désolé Chal :lol: ) on verra bien jusqu'où l'attrait du pouvoir, par lui et Perennis, vont les conduire :chicos:
Akmar Nibelung
20/02/2007, 12h05
Au fait, Caius Avidius semble avoir déjà très bien intégré les moeurs grecques non ? :chicos:
Au fait, Caius Avidius semble avoir déjà très bien intégré les moeurs grecques non ? :chicos:
Apparement jusqu'au bout des doigts :mrgreen:
A mort le barbare , vive chaz ! :mrgreen:
Otto Granpieds
20/02/2007, 13h22
:lol:
De toute façon la partie gladiateurs va plus ou moins mourir de sa belle mort (j'ai un peu dérivé alors que je ne comptais pas trop m'attarder sur les combats, effectivement il y a Gladiator pour ça)
On avait bien senti une de tes sources d'inspiration, mad... :chicos:
Mais rassure toi, Gladiator est lui même pompé(*) sur un film des années 60 "La chute de l'empire romain" d'Anthony Mann (tout ça pour montrer que moi aussi, j'ai une culture cinématographique :mrgreen: ).
(*)Cela me rappelle le mot de Clémenceau à propos de Félix Faure décédé en état d'épectase : "Il a voulu vivre César, il est mort Pompée"
On avait bien senti une de tes sources d'inspiration, mad... :chicos:
Mais rassure toi, Gladiator est lui même pompé(*) sur un film des années 60 "La chute de l'empire romain" d'Anthony Mann (tout ça pour montrer que moi aussi, j'ai une culture cinématographique :mrgreen: ).
(*)Cela me rappelle le mot de Clémenceau à propos de Félix Faure décédé en état d'épectase : "Il a voulu vivre César, il est mort Pompée"
Tiens d'ailleurs en faisant des recherches sur le fonctionnement des combats et des gladiateurs, je suis tombé sur un site qui montrait les grosses erreurs de Gladiator pompées sur le film d'Anthony Mann, à commencer par les 2 films qui ne peuvent pas s'empécher de faire claquer Commode dans l'aréne, au lieu de gentiment le laisser se faire étouffer dans son lit comme dans la réalité. Assez marrant, ça permet de voir où Ridley Scott a trouvé son inspiration :lol:
Autre bourde aussi, Gladiator, dans sa version française (shame... shame ...) placerait le régne de Commode en 180 avant JC :ko: ... c'est énorme :lol:
Pfffftttt !! Des détail Mad rien que des détails sans importance.:lol:
Trés bon Aar, du grand cru marloufien y a pas a dire ;)
Otto Granpieds
20/02/2007, 15h30
à commencer par les 2 films qui ne peuvent pas s'empécher de faire claquer Commode dans l'aréne, au lieu de gentiment le laisser se faire étouffer dans son lit comme dans la réalité. Assez marrant, ça permet de voir où Ridley Scott a trouvé son inspiration :lol:
Je crois même me souvenir que Commode aurait été assassiné avec la complicité de sa favorite, qui aurait été chrétienne (tout cela n'est pas très catholique :lol:).
Comme quoi ta fiction rejoint la réalité (je reconnais là ta vaste culture :cultivé: ).
Autre bourde aussi, Gladiator, dans sa version française (shame... shame ...) placerait le régne de Commode en 180 avant JC :ko: ... c'est énorme :lol:
Ce n'est plus du peplum, c'est de l'anticipation, l'Empire romain, au sens monarchique du terme, n'étant apparu que 150 ans plus tard...
P. S. : Epargne Chazam, même s'il est un peu cureton sur les bords... :priere:
Ouais... même si je suis cureton... je te ferais tout ce que tu veux Marloufounet... :priere: :mrgreen:
Encore que si je suis tant cureton que ça, je me verrais sans doute bien mourrir en une sorte de martyre non? En Gueulant "Vive Zizou Christ! ... Heuuu, non, Vive Zézus Christ! :honte: ...T'façon, z'aime pas le Folliculus pedestris" :siffle2:
Ouais... même si je suis cureton... je te ferais tout ce que tu veux Marloufounet... :priere: :mrgreen:
Encore que si je suis tant cureton que ça, je me verrais sans doute bien mourrir en une sorte de martyre non? En Gueulant "Vive Zizou Christ! ... Heuuu, non, Vive Zézus Christ! :honte: ...T'façon, z'aime pas le Folliculus pedestris" :siffle2:
T'inquiétes pas, ton destin sera des plus héroiques et ta légende gravée pour l'éternité - tout comme pour Akmar, en fait :chicos:
Je mettrais la suite en ligne demain dans la journée, ça prend un peu de temps à l'écriture, tout ce binz ...
:) m'étonne pas que ça te prenne du temps : c'est très très bien écrit.
edit : humm, je veux pas dire par là que d'habitude tu écris comme un manche hein... :lol: Mais juste que tout s'enchaine superbement, qu'on accroche à l'histoire etc... ;)
CHAPITRE 7 : la Tentation de Chal
La foule, en extase après un combat d’une telle qualité, se mit à trépigner des pieds, des travées les plus proches aux plus éloignées. Dans les fondations de l’amphithéâtre, les soldats courraient aux cellules, croyant à une émeute. Les murs tremblaient, la pierre et le bois portaient la vibration tout le long de l’édifice, la rumeur s’étendait au quartier, gagnait la ville et ses alentours. Le peuple avait été rassasié par ces jeux, et ne voulait pas voir la journée se terminer par la mort de Chazam.
Même vaincu, il restait pour eux un héros. La défaite avait fait prendre conscience à tous que la légende s’était forgée sur les épaules d’un homme capable, comme eux, de faiblesse. Une légende pouvait scintiller dans l’inconscient collectif, connaître une éclipse puis revenir sans avoir perdu de son éclat. L’homme qui était derrière, c’était autre chose. La foule avait-elle intégré, cette fois, que la mise à mort de Chazam les priverait de son talent ?
A la tribune, Chal restait de marbre, la main tendue et le pouce tourné vers le bas. Je le fixais des yeux, et était trop troublé pour voir que tous faisaient de même. Oniris quitta son siége et s’approcha de Venitius Varon, avant de lui glisser quelques mots à l’oreille. Toujours sous le choc, j’étais incapable d’émettre le moindre son, alors que les cris et les larmes se disputaient dans mon esprit.
Les autres invités de la tribune, bien moins impliqués que moi, commençaient en revanche à émettre une certaine désapprobation, provoquée par la peur. La peur du peuple qui s’agitait de plus en plus dans les travées. Un décurion se tenait à proximité des hôtes de marque avec des légionnaires pour faire barrage si la foule ne se calmait pas. D’une seule voix, un formidable « hoc habet » (« il a son compte ») montait sur la cité, et la rumeur ne cessait de croître. Ceux qui n’avaient pas pu assister aux jeux courraient en direction de l’amphithéâtre, reprenant la clameur. Dans les travées, tous agitaient leur mouchoir et certains commençaient à se bousculer aux abords de la tribune.
Venitius Varon, qui jusque là s’était montré silencieux, posa une main sur l’avant bras de Chal. Celui-ci, interloqué, se retourna vers lui. Venitius n’osait pas regarder l’homme droit dans les yeux, il ne voulait pas défier directement l’un des hommes potentiellement les plus puissants de Rome.
"- Toi tu partiras, Chal, et quand tu abandonneras ces rivages, tu oublieras tout des gens d’ici. Mais moi, je devrais rester. Et je ne pourrais pas tolérer que la foule se rebelle pour la simple vie d’un esclave."
Tandis que Chal s’asseyait, Venitius étendit le bras, et leva le pouce. La clameur retentit encore plus forte et les fondations vibrèrent une dernière fois. Sur la piste, Akmar ôtait les pointes de son trident de la gorge de Chazam avant de s’écarter. Les servants entrèrent dans l’arène, désarmant Akmar et emportant Chazam. L’un partirait pour Rome afin d’y accomplir son destin face à Commode, l’autre serait soigné par l’un des meilleurs médecins de Crête, afin de combattre à nouveau.
Tandis que tous commençaient à quitter l’arène, Oniris s’approcha de moi et m’annonça son départ imminent pour Rome. Elle serait accompagnée de Griffon Pertinax, qui devait rentrer dans sa propriété de Ligurie, et me conseillait de me méfier aussi bien de Chal que de Venitius. Troublant personnage que cette Oniris, qui semblait évoluer d’un camp à l’autre en fonction de ses intérêts. Encore il y a peu la maîtresse de Venitius, l’arrivée de Chal l’en avait soudainement éloigné, sans que Venitius s’en rende réellement compte.
Je passais les journées suivantes à m’inquiéter du sort de Chazam, dont l’état semblait assez incertain. Outre une méchante blessure au thorax, il comptait plusieurs côtes cassées, quand Akmar l’avait frappé avec son arme. Heureusement, il n’avait été touché que par le plat du trident, et non par les pointes, ce qui lui avait évité une mort atroce. Le médecin qui veillait sur lui se voulait plutôt rassurant, et je n’avais aucune raison d’en douter puisqu’il s’agissait d’un très bon praticien. L’entraînement, la formation de Chazam et le coût des jeux exigeaient qu’il soit bien traité afin de pouvoir à nouveau combattre. Sa mort aurait été, financièrement, une catastrophe.
Je passais de longues heures avec lui, durant lesquelles il me raconta son histoire, celle de sa famille réduite en esclavage depuis son plus jeune âge, et ce qui l’avait fait tenir jusque là.
Mon travail n’en souffrait pas, puisque j’avais confié certaines responsabilités à mon nouveau protégé, Jmlus, un garçon de bonne famille qu’un ami m’avait envoyé afin de l’écarter de Rome, le temps que certaines affaires de mœurs, dans lesquelles Jmlus s’était illustré soient étouffées.
La ville s’agrandissait sans cesse, de nouveaux quartiers sortaient de terre, et la construction du nouveau colisée, au sud de la ville, avançait rapidement. Entièrement en pierre, contrairement à l’amphithéâtre dont une partie des structures était faites de bois, il devait être une copie (très) réduite de l’amphithéâtre Flavien de Rome
http://img54.imageshack.us/img54/4442/colisefu4.jpg
A l’ouest de la ville, les plans du futur stade avaient tout juste été achevés, et il se passerait encore de très longues années avant que les chars ne puissent se mesurer les uns aux autres, au plus grand bonheur des citoyens.
En attendant, les auriges s’entraînaient dans des lieux peu adaptés à la course, et une piste très sommaire servait pour les quelques exhibitions déjà programmées.
Les mois passaient, la ville avait retrouvé sa sérénité. Chal, tout favori qu’il fut, avait du retrouver ses légions d’Illyrie. Depuis, Venitius était devenu morose, comme si la venue du jeune homme lui avait fait comprendre combien sa tâche, bien que des plus nobles, pouvait être des plus ingrates alors que l’avenir, de chaque homme comme de l’empire tout entier, se jouait à Rome. Chazam avait de son côté complètement guéri, et retrouvé les faveurs des spectateurs.
J’étais sur le chantier du nouveau Colisée quand j’appris le retour d’Oniris, après plusieurs mois d’absence. Son arrivée me fit grand bien, puisque j’avais décidé de m’ouvrir à elle : pour gagner définitivement l’amitié de Chazam, j’avais enfin compris par où commencer. Il fallait que j’adopte son Dieu. Et Oniris pourrait tout m’apprendre.
Je réfléchissais à tout cela quand Jmlus arriva sur le chantier et se précipita vers moi. Occupé toute la matinée au port, attendant l’arrivée de statues sculptées à Athènes et devant parer l’une des entrées du colisée, il avait vu débarquer Oniris. Le bateau, qu’il reconnu comme étant celui de Griffon Pertinax, apportait en même temps les dernières nouvelles de Rome, et quelles nouvelles !
Akmar, le gladiateur envoyé par Chal pour mourir dans les arènes de Rome, avait été remarqué par Marcia, la concubine de Commode, qui l’avait supplié de laisser la vie au goth. Commode avait accepté, et Akmar avait rejoint la suite de Marcia, servant désormais dans le palais. Mais Commode, dont c’était là l’un des très rares gestes charitables, s’était également illustré par sa versatilité légendaire, en faisant arrêter Perennis, dont il semblait s’être lassé des faveurs.
Chal, qui avait quitté son commandement afin d’intercéder auprès de Commode, avait également été arrêté, alors qu’il faisait étape à Trieste. Conduit à Rome sous bonne escorte, il n’avait pu voir Commode, et ainsi compris rapidement quel devait être son sort. Chal retrouva son père, mais ils n’eurent jamais l’occasion de défendre leur cause. Tous les deux furent égorgés dans une cellule de Rome, lâchés par ceux qui, la veille encore, leur devaient leur richesse et leur statut.
Sans l’ombre d’un doute, je reconnaissais là la signature d’Oniris, qui n’hésitait pas à noyer ses inimitiés dans le sang.
Je quittais le chantier afin de la retrouver.
http://img148.imageshack.us/img148/773/colls0.jpg
Il est des moments où un homme fait un choix, sans en mesurer les conséquences. Je ne pouvais pas savoir alors que ce colisée que nous construisions, j’en foulerais bientôt le sable, sous le regard hostile de la foule.
...Je ne pouvais pas savoir alors que ce colisée que nous construisions, j’en foulerais bientôt le sable, sous le regard hostile de la foule.
gnéhéhéhé je vais lui piquer sa place à l'aut' pd :diable: :mrgreen:
Comment il se la joue en traitre, le jmlus! :choc:
Et ces affaires de moeurs à Rome, c'était quoi? :o: :mrgreen:
:loose: Ouch je finis égorgé !! Il est pas commode quant même l'empereur ! ;)
Manu Militari
21/02/2007, 17h33
Et ces affaires de moeurs à Rome, c'était quoi? :o: :mrgreen: De petites pécadilles, sans grande importance, foi de centurion romain :chicos: :chicos: :chicos: La preuve, personne n'est mort, même pas un(e) esclave, c'est dire :yeux: Le citoyen Jmlus est d'une famille honorablement connu.
PS : Comment je m'incruste, honte à moi :honte:
Voili, voilou
Otto Granpieds
21/02/2007, 19h36
Aaaaaaah oui :chicos:
Parce que quand on l'a surpris au lit avec trois vestales, il leur apprenait à jouer aux osselets ? Les vigiles venus l'arrêter et qu'il a rossés avec l'aide de ses esclaves, c'était en toute amitié ? Et le char du préfet de la Ville (un quatre chevaux de Numidie tout neuf) qu'il a "emprunté", c'était par erreur ?
C'est sûr qu'il est de bonne et surtout de riche famille : dix millions de sesterces en pots de vin, ça leur a coûté pour le sortir de là :lol:
Manu Militari
22/02/2007, 10h53
Parce que quand on l'a surpris au lit avec trois vestales, il leur apprenait à jouer aux osselets ? Tout à fait Moessieur !!! :o: Ainsi que des cours particuliers afin de rendre des hommages plus "poussé" aux Dieux :yeux: Notamment Bacchus :confus: Quoi !! Qu'est ce que vous avez contre Bacchus, c'est un dieu très honorable et particulièrement dans la XIII ème :lol: :lol: :lol:
Les vigiles venus l'arrêter et qu'il a rossés avec l'aide de ses esclaves, c'était en toute amitié ? Et le char du préfet de la Ville (un quatre chevaux de Numidie tout neuf) qu'il a "emprunté", c'était par erreur ? Depuis quand ces affranchis lâches et serviles ont une quelconque importance ? :bouffid'orgueil: S'ils avaient une once d'honneur ils se seraient engagé dans la légion qui auraient d'eux de digne citoyen romain :o:
Quand à ce sac à vin de Palpatine, ( :chicos: :honte: ;) ) il ne retrouverait pas sa villa sur le pas de sa porte , alors son char ... détail que tout cela :chicos: le Préfêt Palpatine avait EGARE son char et le brave Jmlus le lui ramenait :mrgreen: :excusebidonquel'oncroitmêmepas: :seretientdenepaseclaterderire: .... :lol: :lol: :lol: (trop tard)
Voili, voilou
T'inquiétes pas, ton destin sera des plus héroiques et ta légende gravée pour l'éternité.
Ouaip, coulé dans le marbre d'un nouveau bâtiment :lol:
Ouaip, coulé dans le marbre d'un nouveau bâtiment :lol:
:lol:
Sinon je suis surpris des allégations lancées contre mon fidéle bras droit, Jmlus, qui malgré sa vie de patricien, n'a pas eu une jeunesse facile
(essayez de dire son nom à haute voix, pour voir)
Je suis surtout surpris qu'on fasse ressortir de vieilles affaires mais qu'on oublie de parler de cette fascination qu'avait le jeune Jmlus pour les chevaux, et tout particuliérement pour sa pouliche Amelia. :o:
Las, je ne casserait point de sucrus sur son dos car, fois de Caius Avidius, c'est un éleve satisfaisant et un futur contremaitre prometteur. Certes un peu lent, parfois, mais il a un si bon contact avec les esclaves !
:chicos:
:lol: :lol: :lol: Et bé , y'a beaucoup d'amateur de "Voici" sur le forum :pasvrai: :lol:
Quand à mon très cher ami et patron Caius Davidsus ( :mrgreen: ) je le prierai d'être plus prudent , un malheur étant vite arrivé surtout dans tes chantiers grandioses et magnifiques :priere: :fauxcul: :mrgreen:
Otto Granpieds
22/02/2007, 14h48
Je suis surtout surpris qu'on fasse ressortir de vieilles affaires mais qu'on oublie de parler de cette fascination qu'avait le jeune Jmlus pour les chevaux, et tout particuliérement pour sa pouliche Amelia. :o:
Bon, la pouliche, ce n'est pas trop grave (chacun trouve sont plaisir où il peut), mais les vestales :flash: :flash: :flash: :flash:
Edit :
Sinon je suis surpris des allégations lancées contre mon fidéle bras droit
D'ailleurs, à propos de bras droit, il n'a qu'à s'en servir de son bras droit (et de la main aussi), plutôt que de s'attaquer aux vestales :fouet:
c'est une erreur que ne jamais mettre son nez dans certaines
parties d'un forum !
on passe a coté de "choses" tres intéressantes !:mrgreen:
Du grand mad ! :ok: ;)
Merci ! :)
Je posterai la suite certainement demain, mon boulot (ça m'arrive :lol: ) m'a empéché de me consacrer à la suite du récit - mais j'ai écrit les grandes lignes depuis une bonne semaine, il restera donc 4 ou 5 parties avant le dénouement final. :mrgreen:
CHAPITRE 8 : le destin d'Oniris
http://img187.imageshack.us/img187/4079/commodemb5.jpg
Commode en Hercule
Le règne de Commode aura été, sans nul doute, celui des favoris. L’empereur, qui faisait la fortune de ceux-ci, la défaisait encore plus facilement. Le sort auquel il avait abandonné Perennis, l’homme qui pendant 5 ans avait été le véritable maître de Rome semblait s’être acharné sur toute sa famille. Une fois Chal destitué de son commandement des légions d’Illyrie, avant d’être exécuté dans une cellule exigu sous le regard de son père, on aurait pu penser que la folie furieuse qui semblait s’être emparée de Commode s’arrêterait là. Ce ne fut bien sur pas le cas, puisque la villa de Perennis fut rasée, ses richesses rajoutée au Trésor, et on interdit à quiconque de crier son nom pendant la fin de règne de Commode. Le nom de Chal fut également gommé des registres de la légion, et son nom tomba dans l’oubli.
Pourtant, en Crête, la personnalité de Chal ne pouvait être oubliée aussi facilement. L’homme, par son mépris de la vie humaine, avait fait trembler pendant quelques instants les fondations, pourtant solides, de la nouvelle ville Romaine.
Tandis que je poursuivais mon chemin afin de retrouver Oniris dans sa somptueuse villa, je réalisais peu à peu que cette femme partie de rien avait, par ses manigances, atteint un point de non retour. Elle me la confirma lorsque je la retrouvais dans son patio, profitant de la chaleur du climat grec. L’exécution de Chal, comme elle me l’annonça sans aucune hésitation, c’était son travail. Les menaces que celui-ci avait proférées avaient fait mouche, et Oniris s’était vu contrainte de le faire tomber avant que ce ne soit sa propre position qui s’effondre à Rome. De Griffon Pertinax, ce très riche patricien qu’elle avait rencontré lors du mythique combat entre Chazam et Akmar, elle s’était fait un allié puisque tous deux partageaient la même passion, la plus dévorante qui soit : la haine.
Plus Oniris m’entretenait de Griffon, et plus je me demandais comment leur relation avait pu prendre cette tournure aussi rapidement. Mais c’était bien simple. Oniris haïssait Chal, aussi bien par motif personnel que religieux. Son alliée à Rome, Marcia, la concubine de César, étant aussi chrétienne, c’était leur survie à toutes les deux qui était en cause si les efforts de Chal pour un Empire moins tolérant étaient couronnés de succès. La lutte d’influence entre Marcia et Perennis, c’était finalement ce combat qui avait opposé Oniris à Chal.
Logiquement, Griffon s’était prononcé en faveur de la femme.
L’homme, plus très jeune, ne devait la vie qu’à des circonstances assez troubles. Fidèle de l’ancien empereur Marc-Aurèle, ce n’est qu’en s’éloignant de Rome qu’il avait pu éviter la folie meurtrière de Commode et Perennis, qui mettaient un point d’honneur à éliminer tous les conseillers de l’ancien César. Son retrait de la vie politique, lui qui avait été Consul, il le devait aux hommes qui dirigeaient Rome. Quand il avait compris qu’Oniris pouvait l’aider pour éliminer l’un d’entre eux, il avait sauté sur l’occasion.
Arrivés tous les deux à Rome, ils avaient aussitôt retrouvé Marcia et avaient monté un complot afin de faire tomber Perennis et Chal. Cela n’avait pas traîné. Toujours escortée par l’esclave goth dont elle avait réclamée la vie à Rome, l’ancien gladiateur Akmar, Marcia avait entretenu Commode d’un possible attentat mené contre lui. Elle avait rapidement présenté Akmar comme l’esclave devant éliminer Commode, mettant en avant que le Goth s’était bien sur refusé à commettre pareil forfait à l’encontre du maître du Monde. Elle n’eut qu’à rappeler qui avait fait envoyer Akmar à Rome : Chal.
Le mensonge était gros, et extrêmement dangereux. Que Commode se rende compte qu’Akmar, muet et ne sachant pas lire, n’aurais jamais eu les moyens de se faire comprendre de quiconque, encore moins d’être impliqué dans un attentat et de le dévoiler à Marcia, et s’en était fait d’eux. Mais elle avait misé sur la paranoïa galopante de César, et celui-ci s’était emparé de la rumeur pour asseoir un peu plus son pouvoir. Accusés de vouloir porter atteinte à la vie de Commode, Chal et Perennis étaient tombés sans avoir pu se défendre, mais je me demandais si César avait réellement agit pour ces seuls motifs. La paranoïa, certes, mais également l’ennui avaient transformé la disparition des anciens favoris en simple jeu. D’ailleurs, les corps étaient encore chauds qu’un nouveau favori siégeait aux côtés de Commode : Cléandre Dandyus.
Débarrassé de Perennis, Dandyus, un ancien esclave phrygien, fut nommé Chef de la garde et Chambellan, et pris très rapidement ses repères. Il mit, seul, autant d’acharnement qu’en mettaient auparavant Chal et Perennis pour ruiner la cité et enrichir son trésor personnel. Les bandits les plus sanguinaires profitaient désormais des fastes de l’empire, mangeant ici quelques raisins, avant d’aller violer des servantes sous le nez d’un Commode hilare. Marcia et Oniris profitaient de la situation puisque Dandyus, bien que plus terrible encore que Perennis, n’avait aucune haine contre elles – du moins pensaient-elles.
Oniris arrêta là son récit des mœurs de Rome, et me questionna sur l’évolution de mes rapports avec Chazam. C’était sur désormais, j’obtiendrais bientôt sa grâce et il viendrait s’installer, en homme libre, sous mon toit. Je lui réservais une très bonne surprise, puisque j’avais décidé de me rallier à sa religion afin de lui faire plaisir. J’espérais qu’Oniris me guiderait sur cette pente inconnue pour moi. Qu’elle m’explique ce qu’était le baptême, et pourquoi les Chrétiens adoraient mourir en martyr sous la patte d’un ours ou le glaive d’un soldat, leur cause était-elle si belle ?
Sa réponse me fit m’interroger longuement sur cette décision que j’avais prise presque sur un coup de tête, tout simplement pour me sentir plus proche de Chazam. Le christianisme, m’expliqua t’elle, se voulait une religion de paix, d’amour, de sérénité. Là où je voyais des fous mourir le sourire aux lèvres, elle me parla de martyrs donnant leur vie pour un monde meilleur. Là ou je voyais des gens appelant à l’insurrection et traitant Rome d’empire dégénéré voué aux flammes, elle me parla de la société qu’elle espérait, où le paganisme aurait reculé devant la vrai foi.
Enfin donc, que voulaient les Chrétiens avec cette apocalypse qu’ils appelaient de leur vœux ?
Oniris me répondit d’une voix ferme qui me fit trembler par sa détermination.
- "La chute de Rome ne serait pas une fin, mais un renouveau. S’il faut passer par la disparition de Rome et la mort de César, alors tout adviendra."
Tandis que je ressassais ces paroles - n’avait-elle pas proféré des menaces à l’encontre de Rome et, surtout, de Commode ? – j’entendis de l’agitation à l’intérieur de la villa, et une servante vint retrouver Oniris en criant. Un décurion et quelques hommes en armes venaient de forcer l'accés à la villa.
http://img187.imageshack.us/img187/6303/arretri3.jpg
Les hommes venaient arréter Oniris, sur ordre direct de Venitius Varon.
Cette femme avait apparement une incroyable capacité à se faire des ennemis...
CHAPITRE 9 : le retour des Gladiateurs
A travers l’arrestation d’Oniris, c’était un homme que je redécouvrais. Trop pris par la construction des cirques la mise en place des jeux, passionné par le sort de Chazam, ayant peut être l’impression d’être l’un des acteurs de Rome par le biais des complots d’Oniris, croisant la route des plus grands, m’intéressant à une nouvelle religion… j’avais oublié mon ancienne vie et tout ce qui y avait trait.
Depuis combien de temps n’avais-je pas réellement prêté attention à Venitius Varon, lui que je considérais comme un ami ? Des mois, des années ? L’homme s’était renfermé, lui qui au contact de Chal avait pu effleurer l’Histoire, se retrouvait à son poste de Préfet d’une province finalement misérable, une ville de cirques et d’apparat qui voulait être une réplique de Rome et qui au final, n’était qu’une pustule sans intérêt entourée par la Méditerranée.
Oniris resta un long, très long moment dans l’une des geôles de la prison crétoise. Je continuais mon travail, au côté du fidèle Jmlus, à qui j’apprenais la passion du métier.
Le Colisée grandissait et la foule passait souvent à proximité du chantier, pour voir ce nouvel édifice dédié aux plaisirs. La ville, dans son ensemble, s’était énormément modernisée, accueillant ainsi des thermes spacieux, des écoles d’excellente qualité pour les enfants des patriciens et des marchés aux étalages toujours fournis. Le temps passait et Oniris restait en prison, sans réelle raison, et son alliée de Rome, Marcia, semblait s’être détachée de son sort. Griffon Pertinax tentait bien de faire sortir Oniris, sans pour autant se risquer à revenir sur l’île.
Car que voulait exactement Venitius ? Faire payer à Oniris le fait de l’avoir abandonné, lui qui espérait tant pour les siens ? Ou lui reprochait-il plus simplement la mort de Chal, dont la carrière éblouissante lui aurait peut être permis de s’extraire de son poste de subalterne ?
Dans tous les cas Oniris était en première ligne, et par là même Griffon également.
Je passais donc mon temps à visiter Chazam, apprenant beaucoup sur la religion chrétienne tout en ayant l’impression d’être un intrus, essayant d’oublier ces demi-succès sur les pistes des auriges, où j’applaudissais tour à tour un cheval, puis l’autre.
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Le temps s’écoulait sous la chaleur sèche de la Grèce, et Oniris végétait toujours en prison.
La discussion que j’avais maintes et maintes fois débuté avec Venitius sans jamais oser la poursuivre, cette discussion que nous fuyons tous les 2, nous l’eûmes une fin d’après midi, sur les marches même du Colisée.
Nous assistions tous les deux à la fin des travaux, et Venitius m’appris finalement qu’il relâcherait prochainement Oniris. Les mois et les années qu’il avait perdu sur cette île, il avait réussit à les lui faire sentir, elle qui avait partout claironné sa liberté. La maintenir en prison avait finalement été assez simple, le motif religieux était bien suffisant.
Le règne crépusculaire de Commode, dont même les passions de son mauvais génie Dandyus commençaient à le lasser, avait jusqu’ici été assez favorable aux Chrétiens – l’influence de Marcia était certes bien présente. Ainsi Commode avait, à sa demande, déjà gracié des chrétiens, pourtant condamnés pour prosélytisme et appel à la rébellion, les sortant ainsi des bagnes de Sardaigne où ils auraient du finir leur vie.
Venitius avait intelligemment manœuvré, emprisonnant Oniris non pas pour la religion qu’elle défendait, mais en avançant des motifs plus pervers. Elle aurait été vue en public s’en prenant aux religions de Rome. Elle avait proféré des insultes à proximité du temple de Mithra, et certaines témoins (les pires voleurs que j’ai eu l’occasion de voir sur l’île) affirmèrent même qu’elle voulait saccager le temple avec l’aide de ses co-religionnaires.
La chose était entendue, Commode ne pouvait supporter qu’on s’en prenne au culte de Mithra. En effet, ce dieu oriental, arrivé un siècle auparavant à Rome après les incursions romaines au-delà de Jérusalem, avait enthousiasmé Commode, qui en avait fait une affaire personnelle. Depuis plus de dix ans, un culte impérial était donc voué au dieu, mêlant intimement culte de Mithra, de César et du pouvoir.
Les efforts de Griffon pour libérer Oniris avaient donc une portée bien limitée.
Venitius consentait finalement à la faire sortir, à condition qu’elle quitte rapidement la province et n’y remette plus les pieds. Nous quittâmes le Colisée, chacun satisfait, tandis que les travailleurs, sous la supervision de Jmlus, terminaient les derniers travaux. Dans 3 mois, la nouvelle saison, comptant 170 jours de jeux, commencerait ici même.
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Tandis que nous marchions, Venitius était lointain, distant, et pourtant il me toucha au plus profond de mon âme, agissant pour la dernière fois en ami. Il accordait sa grâce à Chazam, qui sortirait le soir même comme un homme libre. J’éclatais de joie et embrassait copieusement Venitius, appelant sur lui tous les bienfaits des dieux, chrétien et païens.
Comment décrire mon état quand je vis Chazam quitter son arène, son soupirail et son univers de mort ?
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Je l’installais dans ma grande villa, le choyant sans cesse, découvrant réellement ce qu’était la vie. Lui y prenait goût également, partant pour de longues randonnées dont il ne revenait que bien tard, alors que je l’imaginais déjà tombé d’une falaise ou fait prisonnier par des pirates, dont les rares incursions balayaient parfois les rivages de cette partie de la Mer.
En cette treizième année du règne de Commode – et qui serait sa dernière – les bruits venus du large semblaient assez effrayants. Les pirates revenaient à l’assaut, certes, comme ils le faisaient parfois – mais les défenses de la région, depuis plus de 10 ans, étaient parfaitement adaptées à ce possible danger. En cette année, que Chazam m’annonça comme étant l’an 192 après Jésus Christ, le danger venait de Rome même, la ville lumière que consumait le dernier empereur de la dynastie des Antonins.
Sur notre île, pourtant bien éloignée des problèmes de Rome, le grain vint à manquer, les greniers se vidèrent et la pauvreté, d’un seul coup, sembla s’installer. Les nouvelles de Rome étaient bien plus dramatiques, puisque la famine était organisée des mains mêmes de Cléandre Dandyus, à qui Commode laissait toute liberté. Les moissons étaient saisies sur place et stockées par Dandyus, qui les répartissait ensuite au plus fort de la famine, en échange des richesses des Romains. La colère grondait, et la foule se heurtait parfois à la cavalerie que Dandyus lâchait sur elle. Les morts étaient de plus en plus nombreux, l’Empire sombrait peu à peu.
Plus violent que Chal, plus inhumain que Perennis, Dandyus s’accrochait encore au pouvoir, construisant tout autour de Commode un monde de paranoïa et de complots. La tête de Dandyus tomberait bientôt, c’était une certitude. Mais le règne de Commode ayant été celui d’un monstre, éclipsant même les folies de Néron un siècle plus tôt, ses chances de conserver le pouvoir, et surtout la vie, étaient bien minces.
Et pendant ce temps là, en Crête…Le temps s’était écoulé sur le visage d’Oniris, creusant des sillons sur sa peau autrefois lisse, baignant ses yeux d’un éclat triste. Lorsqu’elle sortit de geôle, la femme pétillante et retord que j’avais connu semblait complètement transformée. J’étais incapable de savoir encore si c’était en bien ou en mal, mais la différence était notable. Mais le temps ne nous avait-il pas tous touché ? J’avais l’impression de connaître le véritable bonheur, Chazam enfin à mes côtés. Naïveté… Mais l’homme au bord du précipice, avant de sauter, est-il véritablement habité par le vertige ? Je profitais de ces joies toutes simples, sans prendre conscience que j’avais déjà mis un pied au dessus de l’abîme.
Mais la vie à Rome nous rattrapait …
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S’étalant sur plusieurs mois, les troubles s’étaient enfin calmés dans la capitale, le peuple ayant mis à bas le dernier favori de César.
Un soir, alors qu’il rentrait chez lui, Dandyus avait tout simplement eu la tête emportée par un formidable coup d’épée. Le meurtre était certainement du fait même de Commode, mais certains avaient reconnu dans le geste la présence de Marcia.
D’ailleurs, n’avait on pas vu l’un de ses esclaves, ce grand goth privé de la parole, dans le quartier quelques minutes avant le meurtre ?
Et quelques-uns de se rappeler que des années auparavant, cet Akmar Nibelung était un gladiateur, que Marcia avait sauvé de la mort dans le Colisée de Rome afin qu’il entre à son service.
Quelques légionnaires auraient également pu attester que bien avant sa capture, cet homme avait été un solide soldat, combattant avec acharnement contre les troupes romaines et maniant l’épée avec une grande dextérité.
D’autres enfin – mais vivaient-elles encore, ces ombres d’une vie révolue ? – auraient pu parler de la magnifique voix du Goth, qu’il faisait résonner lors des assemblées, une voix qui s’était tue lorsque les troupes romaines, balayant son village sur les ordres de Marc-Aurèle, avaient emporté la vie de sa femme et de ses fils.
Otto Granpieds
02/03/2007, 15h26
Super, mad :ok:
C'est décadent, c'est crépusculaire, c'est magnifique. :)
C'est décadent, c'est crépusculaire, c'est magnifique. :)
Certe :ok: mais ça ne réponds pas à la seul question intéressante ... :o: :mrgreen:
GA_Thrawn
02/03/2007, 18h09
C'est très fort Marlouf !
Courage, Commode sera bientot mort :)
:) Merci beaucoup (comment ça, vous savez que Commode va mourir ? :lol: )
Certe :ok: mais ça ne réponds pas à la seul question intéressante ... :o: :mrgreen:J'en connais qui voudraient finir calife à la place de l'entrepreneur :o: :fourbe: :moi qui t'es tout appris:
Chapitre 10 : Jusqu'au dernier Souffle
http://img49.imageshack.us/img49/7119/villely7.jpg
12 ans.
J’avais donné 12 ans de ma vie à bâtir une ville de cirques, pour le compte de César. Cloîtré à Rome, fuyant le peuple et s’adonnant plus que jamais à la luxure et à la boisson, Commode ne viendrait certainement jamais visiter l’une de ses lubies. Craignant plus que jamais que son entourage ne l’assassine, lui qui avait échappé à tant de complots, il s’était mis à massacrer à tour de bras ce qui étaient ses derniers proches. Seule Marcia semblait encore tenir face à la fureur de César.
J’avais donné tout mon temps pour le prestige de Rome, mais les choses se précipitaient ces derniers temps, m’empêchant de profiter pleinement de ce qui était ma réussite. Chazam à mes côtés, nous nous préparions à la nouvelle période de festivité, dans moins d’un mois. 170 jours de jeux, de combats d’animaux, de courses de chars, de représentations théâtrales, de distribution de nourriture sur les grandes places de la ville. Ma réussite était là, pleinement visible, et pourtant je sentais inconsciemment que le malheur ne pouvait que s’abattre, moi qui avait été béni des dieux.
Je ne m’étais pas trompé, puisque Oniris causa ma perte. Causa notre perte à tous.
J’aurais du le voir, Oniris avait beaucoup changé lorsqu’elle avait quitté sa cellule. Cette femme politique, capable de survivre à tous les complots, d’échafauder les coups les plus bas, de séduire et détruire en même temps, tenait sa force de cette capacité à vouloir vivre. Tout avait bien changé, puisqu’elle ne souhaitait maintenant plus qu’une seule chose au monde : détruire son ancien amant, Venitius.
Avait-elle mûri sa vengeance pendant sa longue détention ? Très certainement. J’aurais du m’en apercevoir, lui faire comprendre que les conditions posées par Venitius – qu’elle quitte l’île – étaient finalement bien légères. D’autant plus qu’Oniris n’avait rien à gagner à rester végéter sur l’île, alors qu’elle pouvait retrouver toute sa splendeur à Rome.
Je ne fis rien, et ma responsabilité dans la catastrophe à venir fut des plus évidente.
Oniris ne parti pas de l’île, ce n’était absolument pas son intention. Aurait-elle manigancé en se rendant directement à Rome, et bien des choses auraient pu être évitées. Mais elle voulait voir le visage de Venitius quand elle provoquerait sa perte. Dut elle pour cela s’exposer à sa haine.
En deux jours, la chose fut faite. Oniris se rendit directement dans le bâtiment où Venitius gérait les affaires de la cité, et le menaça sous le regard ébahi des patriciens présents sur place. Oniris lui affirma tout simplement qu’elle quittait l’île, pour aussitôt retourner à Rome. La déclaration, qui aurait pu réconforter Venitius, le rendit fou furieux quand Oniris lui expliqua tranquillement qu’avec l’appui de Marcia, elle rencontrerait Commode, et l’entretiendrait de la grande amitié qu’un temps Chal et Venitius avaient eu. Dans l’atmosphère paranoïaque qui pesait à Rome, il était évident que Commode en tirerait des conclusions drastiques. Tant qu’un quelconque proche des anciens favoris restait en vie, un complot était parfaitement imaginable. Venitius finirait certainement égorgé, ou décapité, sur l’ordre direct de Commode.
Oniris imaginait-elle pouvoir révéler ses intentions à Venitius sans que celui-ci fasse tout son possible pour l’en empêcher ? La prison devait avoir émoussé son sens des réalités, et Venitius la fit aussitôt arrêter de nouveau. Elle n’avait pu profiter que de quelques jours de liberté, et son séjour à venir serait certainement beaucoup plus cruel. D’ailleurs, une rumeur ne tarda pas à courir : Oniris avait joué là sa dernière manche, puisque Venitius avait tout simplement exigé qu’au premier jour des jeux, elle soit décapitée.
En me rendant au Colisée le lendemain, je me demandais comment Oniris comptait sortir de ce mauvais pas. Je ne voyais aucune solution, et m’accusait d’avoir laissé la situation pourrir. N’avais-je pas compris qu’Oniris, une fois relâchée, avait tout simplement basculé dans la folie, ne souhaitant plus que la mort de Venitius ?
Mais une fois de plus, je sous-estimais Oniris. Elle avait encore fait preuve de cette intelligence destructrice, cette part d’elle-même qui la rendait aussi dangereuse qu’un serpent.
De la journée, je n’eus pas de nouvelles de mon aide, Jmlus.
Le surlendemain, surpris, je me rendais chez lui afin de voir comment allait le jeune homme. Je ne trouvais personne. La femme qui gérait l’habitation me fit accéder à l’étage qui lui était réservé, et je commençais à saisir une petite partie du problème. La niche habituellement réservée aux dieux gardant la maison, toujours encombrée d’encens et de menues offrandes dans les habitations traditionnelles de la bonne société romaine, était ici presque complètement nue, un dépouillement d’autant plus choquant quand je prenais dans les mains le seul objet que j’y trouvais : une croix.
C’est Oniris qui fit toute la lumière sur la disparition de Jmlus, en lançant ses dernières menaces à Venitius, qui la regardait fixement de l’autre côté des barreaux. Jmlus, qui était rapidement entré sous le charme de la nouvelle religion et s’était ainsi beaucoup rapproché d’Oniris lors de la célébration de leur culte, avait embarqué sur un navire à destination de Rome. Deux lettres, l’une pour Marcia, l’autre pour Griffon Pertinax, seraient bien suffisantes pour que Commode soit rapidement informé des actions menées par Venitius. Le fait que Jmlus soit également d’une riche et solide famille apporterait d’autant plus de poids à ses affirmations visant à détruire toute la crédibilité de Venitius. Seulement deux heures après l’arrestation d’Oniris, Jmlus voguait déjà sur les flots de la Méditerranée.
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La colère de Venitius dépassa tout ce à quoi j’aurais pu m’attendre. La ville bruissait du cliquetis des armes, les patrouilles quadrillaient tous les quartiers, mais à la recherche de quoi ? Quand je quittais le Colisée ce soir là, j’ignorais bien sur que ma prochaine visite sur place serait au centre de l’arène. J’ignorais que bien des visages, je les voyais pour la dernière fois.
Quand j’arrivais dans ma villa, je découvris un spectacle de désolation. Les portes avaient été forcées, certains meubles avaient été détruits, mais surtout la moitié du personnel manquait. J’appelais en tout sens, mais Chazam ne répondait pas. Etait-il encore parti pour l’une de ses excursions sans fin ? Enfin l’intendant arriva, le visage meurtri par les coups, et m’appris ce que je redoutais. Les hommes de Venitius étaient venu et avaient arrêté tous ceux qu’ils soupçonnaient d’être chrétiens. Outre certains des hommes et femmes qui travaillaient sur le domaine, ils s’étaient saisis de Chazam et les avaient emmené dans la prison de la ville. De telles arrestations, il y en avait eu tout l’après-midi, dans chaque quartier.
J’espérais me rendre directement à la prison, mais l’intendant m’indiqua que les légionnaires empêchaient à quiconque de s’en approcher. Il fallait que je me rende directement au forum, pour que Venitius m’entende en audience.
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Les gardes me laissèrent entrer sans faire de difficultés – j’étais une figure très connue de l’île – et je retrouvais Venitius dans un état d’excitation que je ne lui avais jamais vu. Mes questions, mes supplications pour libérer les chrétiens – et surtout Chazam ! – le laissèrent de marbre.
Quel homme était-il donc devenu, un monstre comme Chal ?
Comme perdu en lui-même, Venitius me parla de la trahison d’Oniris, de sa tête qui roulerait bientôt sous la hache du bourreau. Je lui parlais de l’arrestation des chrétiens, et lui revenait au sort d’Oniris, et au sien bien sur. Commode ne l’épargnerait pas, c’est sur, et pourtant jamais il n’avait réellement soutenu Chal ou Perennis, tout au plus les avait-il envié lorsqu’ils siégeaient haut dans le ciel de Rome, mais leur chute lui avait bien montré que comme Icare, ils avaient trop voulu s’approcher du soleil. Lui n’avait jamais participé à aucun complot, et sa mort serait partagée par tous ceux qui avaient trahis.
Je le regardais, abasourdi.
« - Mais tu ne peux pas ?! Tu ne peux pas détenir les chrétiens pour épancher ta haine ?
Venitius me répondit, les yeux comme vide de toute émotion.
- Si, c’est très simple. Un puit empoisonné, et tous les chrétiens sont coupables. Un incendie qui se déclare, et tous les chrétiens sont coupables.
Tu ne devrais pas pleurer, Caius ! Chazam et tous tes chrétiens mourront pendant les jeux, mais toi tu vivras. Sois heureux que je t’épargne, du fait de notre ancienne amitié. »
Fou de douleur et de rage, je prenais le stylet posé sur la table de Venitius, et l’en frappait d’un coup au thorax. Les yeux écarquillés de stupeur, Venitius poussa un long cri puis recula, essayant de se protéger des coups que je portais maintenant avec la fureur du désespéré. Les portes s’ouvrirent, je lâchais le stylet couvert du sang de Venitius et sombrait dans le désespoir tandis qu’un centurion, les yeux ronds, me dévisageait comme s’il me découvrait pour la première fois.
Emporté par les soldats, je laissais des empreintes sanglantes en dérapant sur le sang qui imprégnait les mosaïques au sol. Prés de la fenêtre, gisait le corps sans vie de mon ancien ami.
Akmar Nibelung
02/03/2007, 19h19
C'est honteux de faire un AAR aussi bon :lol:
Cela devrait être interdit, rien que pour préserver mon égo :tongue: :lol:
j'ai des frissons... :froid:
j'ai des frissons... :froid:
Ba mon lapin, t'inquiétes donc pas, Caïus Avidius va venir te réchauffer dans ta cellule :chicos:
veille bien à ne rien donner à bouffer aux lions !
manquerait plus qu'ils soient repus le jour du spectacle ! :(
et pour leur éviter d'etre malade
il faudrait peut etre clouer 1 ou 2 suspects sur une croix ? (JMLUS ? )
bien que cela soit passé de mode depuis quelque temps !
Ah, Grifffon, je reconnais en toi un homme de coeur ! S'occuper des habitudes alimentaires de ces animaux, voilà ce qui nous sépare des bêtes :)
Ce qui me fait penser que la (presque) derniére partie, je ne sais pas si je la poursuivrais dans le forum Civilization ou s'il ne serait pas plus avisé que je la poste directement dans le forum "Cuisine" :chicos:
Otto Granpieds
02/03/2007, 22h33
C'est honteux de faire un AAR aussi bon :lol:
Cela devrait être interdit, rien que pour préserver mon égo :tongue: :lol:
C'est excellent : juste ce qu'il fallait... de la folie, de la fureur, du sang...
"Une histoire pleine de bruit et de fureur" dixit Shakespeare.
Mais est-ce encore un AAR ?
Chapitre 11 : du Pain et des Jeux
Les cellules regorgeaient de prisonniers. Je passais les 2 semaines qui suivirent à ressasser sans cesse ce qui m’avait conduit ici, sans comprendre. J’avais … tué ?
L’époque, le lieu, mais également mon métier m’avaient immunisé à la notion de mort. La mort, c’était pour les autres et non pour moi, c’étaient les autres qui la donnaient ou la recevaient. J’avais finalement basé une partie de mon existence là-dessus, et pourtant la mort m’apparu dans toute sa crûe vérité durant cet insurmontable moment de solitude, entouré de tous les condamnés qui, comme moi, périraient le premier jour des jeux. De chaque soupirail montait le concert des lamentations, souvent suivi de prières. Puis toutes les voix entonnaient le chant, les pleurs laissaient place à une psalmodie qui préparait tous les chrétiens au jugement qu’ils attendaient.
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Dans ce puit sans fond ou mon âme avait été jetée, je comprenais qui j’étais réellement : ce Dieu que tous imploraient, je le haïssais soudainement pour ce qu’il laissait faire. Ainsi donc leur dieu n’était pas plus miséricordieux que ceux qui avaient été les miens auparavant !
Et je reniais tout, leur dieu et mon amour pour Chazam, et l’heure d’après je revenais sur mes sentiments, et plus que tout je ne savais qu’une seule chose : je voulais vivre. Lâchement, égoïstement, je pensais que ma vie valait mieux que celle des autres, que si une seule personne méritait encore de vivre, cela devait être moi. Je passais les jours qui suivirent dans un rêve perpétuel, séparé de ceux que je connaissais, que cela soit Chazam ou Oniris.
Une nuit, on nous transféra des sous-sols lugubres de la prison à ceux du Colisée que j’avais fait construire. Je vis Chazam, mais pas Oniris. J’attendais un miracle – mais quoi ? Et il ne vint pas.
Le jour se leva, la fraîcheur du sous-sol laissa place aux relents de la chaleur venant de l’extérieur, de la piste recouverte de sable, du lieu de notre supplice. Les murs épais n’empêchaient pas la rumeur de nous atteindre, et nous savions que la foule prenait place pour nous voir mourir.
On ouvrit toutes les cellules, et on nous fit sortir. Je connaissais certains de ses hommes, certains de ses gardiens, mais eux ne nous voyaient déjà plus. Nous n’étions plus des hommes, nous étions des animaux que l’on envoyait sous le couperet de l’équarisseur. On fit entrer les hommes, les femmes, et même quelques enfants dans l’un des couloirs menant à l’arène, je suivais le mouvement mais une main se prit à l’épaule, et m’envoya valser contre l’un des murs.
"- Non, toi tu passeras après !"
Le gardien continuait de pousser la foule vers la piste, la clameur à l’extérieur se faisait déjà plus lourde, les premiers du cortége avaient du commencer à fouler la piste.
Un bruit sourd de chaînes, on refermait l’accès à la piste. Je regardais autour de moi, je reconnaissais Chazam, tout au fond certainement en train de prier. Et des hommes, que des hommes parmi ceux qui étaient encore là, dont je pensais reconnaître certains sans savoir d’où me venait cette impression. A l’extérieur la foule poussa un long soupir, et des rugissements d’animaux résonnèrent dans les travées bondées. Puis des cris, un chant qui tentait de couvrir la charge des fauves, une prière qui était reprise par des dizaines de voix, mais qui se transforma rapidement en des hurlements de peur.
Je connaissais ces scènes, je savais très bien ce qui se passait exactement. Les chrétiens s’étaient rassemblés pour prier leur dieu, mais la plus grande ferveur est rarement efficace à combattre la peur face à un lion ou un tigre qui charge. Le groupe avait commencé à se disperser dans l’arène, et les animaux, d’une violente poussée des pattes arrière, se jetaient sur les hommes, sur les femmes, dans une joie sadique, presque humaine. Sous le soleil implacable de Crête, les ombres se coursaient, se rattrapaient, et ne faisaient plus qu’une, sous la clameur de la foule en délire.
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Je tentais de me rattraper à ce que je pouvais, je tentais d’épuiser le flot des émotions qui me parvenait à chaque clameur, je fixais une lézarde dans le mur, et me concentrais dessus, essayant de la suivre jusqu’à une pierre, m’imaginant pousser une pierre et puis l’autre, être dehors, dans un port, sur un bateau à la dérive, loin de toute terre, de tout homme.
Chazam, qui m’avait enfin aperçu, se glissa jusqu’à moi et me murmura :
« - Surtout tu me suivras, et tu resteras derrière moi, quoi qu’il arrive. »
J’avais la réponse, je savais pourquoi je voulais vivre, c’était lui là seule raison. Pourrais-je donner ma vie pour lui ? Oui, peut être, certainement même. Et que savait-il que j’ignorais ? Pourquoi n’avais-je pas été conduit avec tous les chrétiens pour mourir dans la gueule d’un fauve ? J’étais un assassin, or le sort de l’assassin était, lors des jeux, d’être jeté aux fauves.
Et Chazam avait encore une fois la solution. Oniris, la veille, avait demandé que je ne sois pas envoyé avec les autres chrétiens contre les fauves, mais que je sois mêlé aux gladiateurs.
Un ancien meneur de cirque mélangé aux créatures qu’il devait habituellement faire mourir, c’était bien là le cynisme romain auquel j’étais habitué. Que je meurs avec Chazam, alors que nos relations étaient connues de toute l’île, voilà un spectacle qui ravirait la foule. Surtout, la renommée dont bénéficiait encore Oniris au plus haut niveau en Crête avait certainement pu permettre à la demande d’aboutir.
Je m’effondrais dans les bras de Chazam, soudain saisi d’une envie, presque animale, de survivre. Mais déjà les cors sonnaient dans le Colisée, et on nous menait devant des larges tables posées sur tréteaux, et on nous passait des armes, des boucliers, des armures.
Quel ridicule que cette situation, de me voir enfiler tout un attirail que je connaissais un peu – j’avais déjà fait quelques combats organisés, plus de 15 ans auparavant, mais c’était par pure vanité, je ne savais pas manier un glaive, ignorais tout des feintes, et pourtant on m’écrasait avec tout ce fatras. Des milliers de combats auxquels j’avais assisté, je n’en retenais soudain plus rien. En gladiateur ou sous les crocs d’une lionne, j’étais déjà mort.
Et l’on nous pousse, je suis Chazam qui se retourne toujours vers moi en me disant de le suivre et de me protéger derrière lui, nous franchissons une grille et déboulons sous un soleil aveuglant au centre de l’arène. Le sol est rougi par endroits, malgré les efforts des servants pour nettoyer la piste et rajouter du sable fin, et je surprends un regard, dix regards, des centaines, des milliers, tous ces yeux tournées vers nous, et qui n’auront éprouvé l’extase qu’une fois que chaque corps aura été lardé de coups. Je suis Chazam, je me sens pataud avec ce glaive dans la main droite et ce petit bouclier rond dans la gauche, je vois le dos de Chazam, surtout continuer à le suivre, se concentrer sur son dos noué par l’effort, ne pas regarder la foule, ne pas entendre les cris et les cors, suivre Chazam, toujours, jusqu’au centre de l’arène, tous ces yeux fixés sur moi, son dos, du sang par terre, son dos noué, magnifique, que je ne verrais plus jamais…
Il se retourne, me crie quelque chose qui se perd dans le bruit de la foule qui nous dévore, se jette sur un homme à mes côtés, je sens un choc au front qui m’assomme presque, ma tête résonne sous le casque déformé, de la sueur me pique les yeux et m’aveugle, me laisse un goût cuivré dans la bouche. Du sang. Je bascule, j’ai envie de mourir, d’être encore dans le ventre maternel, je n’entends plus rien, je sens qu’on m’enjambe, le bruit du fer atteint mes oreilles et explose comme une bulle à la surface, j’ouvre les yeux et l’homme est allongé sur le sol, le corps parcouru de soubresauts, du sang partout, la carotide transformée en fontaine macabre.
J’essaye de me relever, Chazam me pousse d’un coup par terre pour me protéger d’un autre gladiateur, il prend des coups mais les rend tous, il terrasse, il découpe, il transperce… la Crête retrouve sa légende.
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Les gladiateurs tombent les uns après les autres, je tente d’en éloigner certains en faisant des moulinets avec le bras, une pointe de métal me charcute l’épaule jusqu’à l’os et m’arrache des larmes de douleur, mais toujours Chazam fait une ronde autour de moi, comme une chatte protégerait ses petits. Une énorme clameur, allongé par terre je ne vois rien, que le ciel et quelques oiseaux qui le traverse en poussant des petits cris.
Je m’assoie, ma vision bascule et je vois la foule en extase dans les travées, et la piste rougie par le sang, avec ça et là quelques corps inertes, et Chazam devant moi, le seul debout. Je me relève péniblement, lâche mon bouclier complètement déformé, j’ai tout juste encore mon épée dans la main droite, je vais la lâcher également, mais Chazam la voit, et pourquoi me charge t’il, je vais lâcher mon épée, je vais… Je suis bousculé comme si un éléphant m’avait chargé, je m’écrase au sol, et j’entends Chazam soupirer :
« - Tu es le dernier… tu vas vivre … Je t’attendrais, Caius … »
Et je le vois, la foule trépigne dans toutes les travées, Chazam s’écroule, mon glaive enfoncé à hauteur du ventre. Je rampe vers lui, le supplie de vivre, couvre son corps de tous les morts qui nous guettent, le berce en lui demandant pourquoi il s’est jeté sur mon glaive, lui parle d’Oniris et de Rome, de la vie que nous allons retrouver, des excursions pour lesquelles je l’accompagnerais…
Je bascule, je ne vois plus rien. Dans le Colisée tout le monde s’est tu, tous les regards sont tournés vers la tribune qui connaît un remous croissant. La rumeur passe sur la foule, tout comme elle parcoure la ville depuis l’arrivée au port d’un bateau arrivé de Rome moins d’une demi-heure auparavant. Une voix, celle de Jmlus, crie mon nom, mais déjà je ne suis plus là, j’appelle la mort de mes vœux. La garde prétorienne sécurise les accès au Colisée, le peuple de Crête se tait, tous voient pour la première fois le maître de Rome gagner la tribune. Peu l’avaient déjà vu auparavant, mais les plus riches patriciens de l’île font serment à Griffon Pertinax, successeur de Commode assassiné quelques jours plus tôt.
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Tandis que j’épuisais mes dernières forces au centre de l’arène, tenant Chazam dans mes bras, Griffon Pertinax dévisageait les officiels présents à la tribune, jaugeant ces hommes qui lui juraient fidélité. Essayant de savoir qui avait fait transférer les chrétiens au Colisée durant la nuit et, au même moment, fait décapiter Oniris, sa maîtresse, dans les sous-sols de la prison..
Chapitre 12 : Où tout a une Fin
Le temps s’est écoulé, certains souvenirs se sont effacés, mais la douleur ne s’est jamais arrêtée. Je n’ai pas eu le courage de mourir, de la main d'un autre ou de la mienne. L’arrivée de Griffon Pertinax aurait du mettre fin à mon tourment, il n’a fait que l’aviver. Depuis plus de 10 ans que les faits se sont déroulés, je continue à fuir mon passé, ma lâcheté et une vie que tant de fois j’ai reniée. J’ai quitté la Crête, j’ai laissé derrière moi les îles grecques, j’ai fui l’héritage romain, et me suis enfoncé à l’est, de plus en plus loin. Sur certains noms, je n’arrive déjà plus à mettre de visages, certains faits me semblent altérés, comme d’une autre réalité. Ah, pourtant, j’ai bien encore toute ma tête pour me rappeler de l’essentiel. Mais déjà certains faits me semblent irréels, Ainsi Jmlus criant mon nom de la tribune…
Jmlus, dépêché à Rome par Oniris, avait pu rencontré Marcia et Griffon Pertinax. Les deux se sont retrouvé sur une idée commune, l’assassinat de Commode.
Marcia, parce qu’elle savait que Commode n’allait plus épargner la vie de sa concubine. D’ailleurs, Commode n’avait-il pas inscrit sur un papier le nom de ses derniers proches qu’il ferait exécuter dans la semaine ? Le nom de Marcia y figurait en première place.
Griffon, parce que seule la mort de Commode pouvait le propulser à nouveau au sommet de l’Etat, lui permettant de sauver Oniris.
Leur première tentative avait été un échec cuisant : la nourriture empoisonnée que Commode avait avalé, il n’avait pu la conserver : ses beuveries en faisait déjà une épave, et il avait régurgité nourriture et poison. Pourtant le lendemain à l’aube, on retrouvait son corps inerte dans son lit. Marcia enleva rapidement le cadavre, pour que jamais quiconque ne voit les marques que portait Commode au visage.
Ainsi personne ne vit cet esclave toujours muet entrer dans la chambre de Commode, son ombre gigantesque se poser sur le corps endormi de Commode, et lui poser une main détermine sur la bouche tandis que l’autre lui écrasait le nez. Personne ne vit jamais Commode souffrir tel que pu le voir Akmar Nibelung, lorsque le Goth scrutait les dernières lueurs de vie dans les rétines dilatées de Commode. Personne n’eut jamais l’âme en paix comme Akmar quand celui-ci, tuant de ses mains le propre fils de Marc-Aurèle, se vengeait enfin du vieil empereur qui lui avait enlevé sa famille. Du goth, on n’entendit plus jamais parler, et j’aime à penser qu’il a rejoint ses anciennes terres, à l’abri de Rome.
Griffon Pertinax fut le même jour proclamé empereur, et embarquait pour la Crête. Il arriva trop tard pour sauver Oniris, mais il pu observer un homme ensanglanté, moi, tenant dans ses bras le gladiateur le plus valeureux que la Grèce eut connu.
Pendant des mois, j’évoluais dans un monde d’ombres, ou nul ne pouvait m’atteindre. Mais je ne mourrais toujours pas.
Je n’assistais pas aux émeutes qui ravagèrent l’île, pendant les 2 mois que durèrent le règne de Griffon. Pertinax avait repris le pouvoir au plus mauvais moment, les caisses avaient été vidées par Commode et Griffon décida de réduire les subsides de la garde prétorienne à Rome, et de baisser la solde de certaines légions pour renflouer les caisses. La Légion crétoises commença à terroriser la foule, pillant les greniers et se servant dans certains quartiers. Les pirates s’enhardirent jusqu’à s’attaquer aux bateaux qui mouillaient dans le port, maintenant que plus aucune chaîne et plus aucun soldat n’en défendait l’accès.
Le mécontentement atteint des proportions difficilement croyables pour un empire aussi organisé que Rome, et l’apogée en fut certainement – du moins en Grèce – l’incendie qui dévasta la ville, réduisant à néant tous les efforts mis en place depuis 13 ans.
Des quartiers entiers, construits principalement à base de bois, furent tout simplement calcinés, tandis que les constructions les plus solides étaient dévastées par la chaleur et par la foule devenue comme folle. Des constructions auxquelles j’avais participé, la plupart furent balayées, tandis que les plus prestigieuses souffraient de destruction partielle. Le Colisée vit toutes ses parties en bois disparaître – cela concerna particulièrement toutes les travées faites pour recevoir le peuple, construites en bois ,de même qu’une partie du dôme utilisé pour protéger les spectateurs du soleil. Certaines statues furent arrachées par la main de l’homme, des colonnes furent mises à bas, et tout une ville disparue ainsi dans le chaos le plus total.
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A Rome, Griffon Pertinax fut assassiné par l’un des membres de sa garde, laissant un empire rongé par la discorde. Tandis que Rome désignait un nouvel empereur, Didius Julianus, trois des grandes provinces de l’Empire désignaient comme empereur le commandant de leurs légions.
Quand je revenais dans le monde des vivants, ayant été finalement trop lâche pour mourir, je quittais l’île au plus vite, profitant de l’un des derniers bateaux de pêche encore en état de naviguer. J’accostais en Syrie, tandis que les 4 empereurs se battaient pour la succession de Griffon et de Commode.
Je m’enfonçais dans le désert, tandis que Didius Julianus, lâché par le Sénat, était assassiné à Rome.
J’entrais dans l’ancien territoire mésopotamien tenu par les Parthes quand Septime Sévère, l’empereur acclamé en Illyrie, prenait la mer afin de chasser de Syrie l’empereur d’Orient. Sur son passage, il finit de réduire à néant les îles grecques qui combattaient pour ses ennemis, et la ville que j’avais quittée y laissa un très lourd tribu.
Quand je quittais le territoire des Parthes pour entrer dans la riche Orient qu’Alexandre avait traversé des siècles plus tôt, Septime Sévère détruisait l’armée d’Orient, et retournait en gaulle pour combattre le dernier des candidats à la succession.
Ce furent les derniers échos que j’eus de Rome et de cet empire maudit. Loin, très loin à l’est, certains commerçants parlaient d’un empire magnifique qui jouxtait un océan sans fin, aux richesses illimitées et à la population innombrable.
J’avançais, et je tentais d’oublier. Toujours plus loin, cherchant la paix, et ne découvrant que l’amertume d’être en vie, habité pour toujours par la haine de moi-même. Je fuyais, et je fuis toujours.
quand Marlouf s'est tu
le silence qui suit
c'est encore du Marlouf :clap:
Majestueux, Impériale même Monsieur Mad.:priere:
Manu Militari
06/03/2007, 12h53
:ok: Félicitation, du très grand récit :clap:
Voili, voilou
Y'a pas à tortiller : c'est fort probablement le plus bel AAR que j'ai pu lire, tous AAR confondus. :)
Merci beaucoup :honte:
(en plus je n'avais pas vraiment imaginé d'histoire à l'origine, mais c'est la remarque d'Otto sur "la belle espionne" qui m'a donné envie de poursuivre sur cette voie que je n'avais pas prévue)
Bon sinon maintenant, je pense que je vais revendre le jeu :lol:
GA_Thrawn
07/03/2007, 10h03
Bravo! Félicitation!
He bé dit ptiot, c'est du grand art ! Si on ne peut pas dire qu'on en sait beaucoup plus sur Civcity, ton AAR est delicieusement romanesque. Bravo maestro !
Merci ;) (...) Si on ne peut pas dire qu'on en sait beaucoup plus sur Civcity (...)
Mouais, finalement Chal était dans le vrai dans l'un de ses premiers posts, le jeu est marrant quelques instants mais finalement s'essoufle trés vite.
J'allais dire à éviter ? mais non je n'irais pas jusque là (le mode libre est assez interessant, malgré l'absence notoire de challenge, alors on fait ce qu'on peut pour tromper l'attente : regarder les jeux du cirque ou essayer au maximum de transformer les masures insalubres en palais, à la SimCity)... donc certainement pas un jeu qui restera dans les mémoires. :?:
Aprés le désastreux Glory of the Roman Empire (une daube aussi grosse que Economic War pour donner une idée :chicos: ) il ne resterait donc que Caesar IV de viable, mais les avis que j'ai lu dessus m'ont franchement effrayé (bourré de bugs, de défauts graphiques, et aucune évolution aprés Caesar III ?)
Donc je me tate, soit je trouve Caesar 4 pas cher et je le prends, soit je vais finir par me rabattre sur Caesar 3 ...
Du trés bon, où comment faire passer un Aar d'un jeu de gestion en 12 leçons :mrgreen:
Otto Granpieds
11/03/2007, 22h12
Du grand art, mad... :trone:
Il faudrait créer une section "nouvelles" rien que pour toi.
Bitoun Larouffik
29/02/2008, 19h56
ne serait il pas temps d'en pondre un autre ? ;) :hello:
Ca tombe bien, j'y pense depuis 1 semaine (histoire de féter les 1 an de cet AAR :lol: )
Je comptais réutiliser le même héros et pourquoi pas, raconter son passé à Rome (j'ai acheté Rome Total War, au cas ou, mais là Akmar a fait bien mieux que ce que je pourrais faire)
Ou plus interessant, raconter son périple à travers l'empire Parthe puis son arrivée en Chine (il y a bien un jeu de type construction se déruoulant dans la Chine impériale, nan ?)
Bref faut que je trouve un jeu sur lequel baser l'AAR (sinon ça n'a plus de sens)
;)
Pour la Chine il y a "Empereur: l'empire du milieu" qui est vraiment très sympa :hello: .
Bitoun Larouffik
01/03/2008, 12h24
Ca tombe bien, j'y pense depuis 1 semaine (histoire de féter les 1 an de cet AAR :lol: )
Je comptais réutiliser le même héros et pourquoi pas, raconter son passé à Rome (j'ai acheté Rome Total War, au cas ou, mais là Akmar a fait bien mieux que ce que je pourrais faire)
Ou plus interessant, raconter son périple à travers l'empire Parthe puis son arrivée en Chine (il y a bien un jeu de type construction se déruoulant dans la Chine impériale, nan ?)
Bref faut que je trouve un jeu sur lequel baser l'AAR (sinon ça n'a plus de sens)
;)
c'est tout trouvé !
Roma Universalis va bientot sortir en version 1.00 !
c'est tout trouvé !
Roma Universalis va bientot sortir en version 1.00 !
ça oui, si le but est de faire un AAR à partir d'un jeu tout pourri ! :lol:
Sinon Mad peut prendre le mode EB pour RTW (mais je ne sait pas si un Total war peut convenir pour ce genre d'AAR :?: )
Tiens, c'est quoi ce mode EB ? (je me suis mis à RTW depuis 2 jours et j'avoue que je reste scotché à l'écran :) )
Sinon je vais peut être me rabattre sur Caesar, je ne sais pas trop...
Mais RTW, pourquoi pas, ça permettrait de faire un petit AAR juste avant Commode, à l'époque de Marc Auréle et des guerres en Germanie...
Bref pour l'instant je ne sais pas, mais ça me titille :lol:
J'ai vu Caesar IV à 15€ chez virgin mégastore :hello:
J'ai vu Caesar IV à 15€ chez virgin mégastore :hello:
C'est noté ;)
(je lache l'affaire concernant l'Empire du Milieu, parce que pour l'Histoire chinoise, en dehors des films de Kurosawa, je n'y connais que dalle :lol: )
Bitoun Larouffik
01/03/2008, 19h43
Tiens, c'est quoi ce mode EB ? (je me suis mis à RTW depuis 2 jours et j'avoue que je reste scotché à l'écran :) )
Sinon je vais peut être me rabattre sur Caesar, je ne sais pas trop...
Mais RTW, pourquoi pas, ça permettrait de faire un petit AAR juste avant Commode, à l'époque de Marc Auréle et des guerres en Germanie...
Bref pour l'instant je ne sais pas, mais ça me titille :lol:
Europa Babaorum
ou un truc comme cela !
cela améliore grandement le jeu
beaucoup de réalisme et de difficultés ! :)
je ne sais pas si vous etes comme moi
mais durant l'Hiver je suis sec coté AAR
mais des le printemps ca me démange ! :lol:
Tiens, c'est quoi ce mode EB ?
:enerve: ici quand on parle pas des histoire de cul d'ar sparfell tout le monde s'en fout ! :crise: :lol:
J'avais parlé de ce mode :
http://www.franconaute.org/forum/showthread.php?t=5213
Maintenant il est fini (http://www.europabarbarorum.com/downloads_mod.html) :) A noter que tout les ans il y a un résumé des évènements historiques .
Mais perso je me suis mis à MTW 2 qui est plus amusant :honte: (mais pas vraiment historique :lol: ) et plus réussi que Rome TW.
Akmar Nibelung
02/03/2008, 19h52
Faire un scénario romain avec civ IV doit être possible non ? Sinon je sais que ça existe sous civ II :p: (oui bon ok c'est pas tout jeune...)
Je sens que je vais finir par pondre un AAR en me basant sur Pax Romana :lol:
(d'ailleurs je m'aperçois trés serieusement que j'ai le jeu, mais que je ne l'ai jamais ouvert :yeux: )
Emp_Palpatine
02/03/2008, 23h17
Ben ne l'ouvre pas dans ce cas! :lol:
J'ai testé la démo de Caesar IV, et franchement... j'ai pas accroché :?:
Je ne désespére pas de trouver un jeu sur lequel pondre un 'tit AAR sympa (j'ai déjà un début d'intrigue) mais pour l'instant, je ne trouve pas mon bonheur :ouin:
Akmar Nibelung
04/03/2008, 16h51
Tu tiens absolument à faire un AAR sur Rome ou tu cherches juste un jeu adéquat ? Si c'est la seconde option, je pense que j'ai tout un tas de propositions après quelques instants de réflexions :chicos:
Ba disons que j'aimerai bien un jeu gravitant autour de Rome (et sans vouloir faire les délicats, autour du régne de Marc Auréle :o: :lol: )
Pourquoi, tu pensais à quoi ?
14/20 pas trop mal
http://www.jeuxvideo.com/articles/0000/00008739-imperium-romanum-test.htm
Ah oui, c'est celui dont tu avais déjà parlé ailleurs, Lafrite, nan ?
Ba ça pourrait m'aller :) (en plus il sort d'ici 10 jours)
Edit : en fait c'est Otto qui en avait parlé ;)
L'a l'air pas mal le bestiau : http://www.strategyinformer.com/pc/imperiumromanum/review.html
Otto Granpieds
07/03/2008, 19h59
Me fait penser qu'il faudrait que je teste la demo :honte:
Je crois que clubic le trouve bien aussi...
Je lis aussi du bien de la serie des 'anno'
Le plus recent Anno 1701. ou son add on je sais plus. Une sorte de mix colonization/settlers/city builder.
Je le vois sur gamer's gate.
Est ce que quelqu'un y joue / a joué pour confirmer son interet ?
Est ce que quelqu'un y joue / a joué pour confirmer son interet ?
Si tu n'as jamais joué à la série et que tu aimes les city builder alors fonce.
Par contre si tu as joué au précédent (Anno 1503) tu risques d'être un peu déçu, il est moins riche niveau gestion.
J'y ai joué deux semaines puis il est parti sur Ebay (alors que 1503 je l'ai toujours)
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